Déclaration de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, en réponse à une question sur le contrat première embauche (CPE) et la politique pour l'emploi des jeunes, à l'Assemblée nationale le 31 janvier 2006.

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Circonstance : Séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale le 31 janvier 2006-question d'Alain Joyandet (UMP)

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député Joyandet,
L'emploi, c'est l'enjeu majeur pour les Françaises et les Français aujourd'hui, et tout particulièrement, l'emploi des jeunes. Et je souhaite, face à ce problème, que nous avancions en refusant l'idéologie, et avec le seul souci de l'intérêt général.
C'est vrai qu'à la suite de ma demande la semaine dernière, les propositions se sont multipliées de la part de l'opposition au cours du week-end. Et je m'en réjouis. Mais elles restent très en deçà des attentes et des besoins des Français. François Hollande propose une forme de contrat en alternance : c'est bien. Mais cela existe déjà. Laurent Fabius propose pour sa part un CDD réservé aux jeunes.
C'est moins bien, et je ne crois pas que ce soit la bonne idée pour lutter contre la précarité. Alors, je souhaite qu'ensemble, cet après-midi, nous regardions en face la réalité à laquelle sont confrontés les jeunes de notre pays. Je le rappelle : 23 % de jeunes chômeurs dans notre pays ; 40 % pour ceux qui ne sont pas qualifiés, c'était vrai il y a cinq ans, c'est vrai aujourd'hui ; c'était vrai il y a 15 ans ; c'est vrai aujourd'hui ; c'est la réalité de la France depuis 25 ans !
Si nous partons de cette réalité, je ne crois pas que nous ayons beaucoup de difficultés à tomber d'accord sur les solutions pour nos compatriotes. Alors, ce que le Gouvernement propose - encore un petit effort -, c'est à la fois, plus protecteur, c'est en même temps plus moderne et c'est aussi plus ambitieux pour nos compatriotes.
Le contrat "première embauche" est un vrai contrat à durée indéterminée. C'est un contrat avec une pleine rémunération, et c'est un contrat qui permet de répondre à l'inquiétude des jeunes. En matière de crédit, la Fédération bancaire française s'est engagée dans ce domaine. En matière de logement, -et vous ne l'ignorez pas, que c'est la première préoccupation des jeunes. - eh bien, ce contrat "première embauche" ouvrira droit au système Loca Pass.
C'est dire que la caution sera prise en charge, sera garantie, et sera étalée pour permettre aux jeunes de payer la caution. Et nous allons plus loin, dans d'autres garanties, qui n'ont jamais été prévues, ni imaginées pour les jeunes, et qui appartiennent au contrat à durée indéterminée : droit à la formation individuelle ; garantie en cas d'indemnisation chômage, autant de garanties indispensables, et qui ne sont pas prévues dans les systèmes que vous avez envisagés.
Mais nous voulons aller plus loin, et c'est un véritable parcours d'accès à l'emploi que nous voulons mettre en place. Nous le faisons dans le domaine de l'orientation, avec un service public de l'orientation, qui permettra aux jeunes de suivre leur voie en connaissant les débouchés. Nous le faisons avec l'alternance, en leur permettant d'accéder et d'avoir un métier, et nous savons tous que c'est un des grands problèmes de notre pays. Nous le faisons pour les stages, où il y a trop d'abus. Et ces stages seront désormais rémunérés, au-delà de trois mois ; ces stages désormais seront intégrés au cursus professionnel et au cursus universitaire des jeunes.
Mais nous voulons prévoir également un accompagnement personnalisé des jeunes et c'est tout le travail que nous faisons avec le service public de l'emploi. Chaque jeune, tous les mois, aura accès à la même personne dans le cadre de ce service public, avec une réponse personnalisée. Cela n'a jamais été fait. Vous avez cité les chiffres du chômage : là encore, c'est une invitation à l'humilité pour chacun d'entre nous.
François Hollande, je vous avais donné rendez-vous pour cette fin de mois. Nous avons près de 20.000 chômeurs en moins à la fin du dernier mois. Ce rendez-vous, je le redis, ici, solennellement, c'est un rendez-vous que nous prenons avec tous les Français, tous les mois, jusqu'à la fin de la mission qui m'a été confiée, pour répondre à leur inquiétude. Mais pas avec les vieilles lunes et les vieille recettes d'hier, mais avec les solutions modernes d'aujourd'hui."source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 1 février 2006