Texte intégral
Monsieur le Premier Ministre, Cher Ami,
Messieurs les Ministres,
Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais tout dabord remercier lInstitut pour lInvestissement, le Commerce et le Tourisme du Portugal et la Chambre de Commerce et dIndustrie Luso-Française, remercier leurs présidents, qui ont organisé cette manifestation. Je suis heureux de conclure, avec vous, Monsieur le Premier Ministre, Mon Cher Antonio, cette rencontre entre hommes daffaires portugais et français, une rencontre qui a permis de faire le point du travail accompli par nos entreprises, mais aussi, je lespère, de jeter pour lavenir les bases dune coopération encore plus ambitieuse que justifient à la fois nos intérêts économiques et notre étroite et chaleureuse coopération politique.
Désormais, le Portugal et la France partagent la même monnaie. Cest dire que nous avons destin lié.
Je me réjouis que votre pays soit parmi les membres fondateurs de lEuro. Votre participation à la monnaie unique, vous lavez ardemment voulue. Elle est le fruit dune volonté politique continue, sans faille, à laquelle, comme tout le monde, je tiens à rendre hommage : celle de larrimage de votre pays à lEurope. Les résultats exceptionnels obtenus reflètent et justifient lambition du Portugal de figurer aujourdhui en Europe et dans le monde parmi les meilleurs. Et les chiffres évoqués en matière dinvestissement, il y a quelques instants, par le Premier Ministre apportent bien un témoignage concret de la légitimité de cette ambition.
Le temps nest pas linéaire, parfois il semble se ralentir, sassoupir, dautres fois il saccélère. Le passé récent du Portugal offre lexemple dune de ces formidables accélérations. En moins dune génération votre pays sest métamorphosé.
Bientôt, un bordelais, un lyonnais, commerceront, échangeront avec Lisbonne ou Porto comme ils le font aujourdhui avec Lille ou Marseille. Quel changement en Europe !
LEuro était indispensable au grand marché unique des biens et des services. Il le complète. Il lapprofondit. Il renforce la concurrence et lefficacité de nos marchés. LEuro est promesse de plus de croissance et donc demplois et vous savez le souci commun qui est celui du Portugal et de la France, dans le domaine de lemploi au sein de la politique européenne. Et nous entendons poursuivre ladaptation nécessaire de nos économies.
Car rien ne serait pire, aujourdhui, que de ralentir le rythme de notre modernisation. LEuro nest pas un aboutissement, cest en réalité une clé de lavenir. A nous de profiter de sa force pour construire la prospérité de nos peuples. Et à ce sujet, je voudrais faire trois brèves remarques.
La première, cest que lEuro doit nous conduire à plus de coordination économique. Le cadre est aujourdhui tracé, les outils de la concertation existent : ce sont lEuro XI, lEcofin, le Conseil Européen. Il nous appartient de bien faire vivre cette coordination et dabord, bien sûr, de respecter les engagements souscrits dans le pacte de stabilité et de croissance.
Sans aucun doute, lEuro nous conduira à plus dharmonisation y compris dans des domaines tels que la fiscalité. Mais gardons à lesprit quen matière fiscale lharmonisation ne sera comprise et acceptée par nos peuples que si elle va dans le sens dune baisse des prélèvements obligatoires, des impôts et des taxes.
Deuxième remarque, lEuro est aujourdhui la monnaie dun ensemble fort de 300 millions de femmes et dhommes. Cela nous confère des responsabilités nouvelles, notamment dans le domaine monétaire. Hier, divisée, morcelée et faible, lEurope est aujourdhui la première puissance économique du monde. Elle dispose dun instrument monétaire solide et puissant, qui sera très vite lune des deux grandes monnaies des transactions internationales.
Nous devons donc exercer nos responsabilités dans ce domaine. Et tout dabord, définir, notamment avec nos partenaires américains et japonais, les modalités dune coopération plus étroite en matière de monnaie et de change.
Enfin, la dernière remarque : lEurope ne réussira pleinement que si elle sait conjuguer ses succès économiques avec l'amélioration du sort des hommes, comme lévoquait tout à lheure le Premier Ministre. Je sais que nous partageons un même attachement à lambition sociale de lEurope. La tâche est lourde, mais nous devons aller de lavant.
Sur tous ces sujets, le Portugal et la France ont une communauté de vues et dobjectifs. Nous pouvons compter lun sur lautre, cest ce qui est apparu clairement, encore ce matin, à loccasion de nos entretiens approfondis sur lavenir de lEurope et aussi sur nos intérêts communs dans les affaires du monde.
Votre réussite économique nous impressionne. Lannée dernière a été, pour vous, lannée de tous les succès. Parmi ceux-ci, lorganisation dExpo 98 et lachèvement, dans les délais, des nombreux aménagements quelle a nécessités, ont montré la qualité de la planification du projet, lefficacité des entreprises portugaises et aussi dailleurs étrangères qui lont réalisé, la fiabilité de lensemble économique portugais et la capacité de mobilisation de la population portugaise. Les dix millions de visiteurs, parmi lesquels dailleurs de nombreux français, ont pu constater par eux-mêmes le succès de ce dernier grand rendez-vous du siècle et la capacité du Portugal à assumer de façon admirable les projets dimportance.
Et tout au long de ces années qui ont changé le visage du Portugal, la France sest montrée un partenaire économique très proche, tant sur le plan des échanges commerciaux que sur celui des investissements et de la réalisation des grands projets, le Premier Ministre lévoquait tout à lheure.
Quel dynamisme dans nos échanges ! Ils ont triplé depuis 1986 et cest une performance considérable. Aujourdhui, la France est votre troisième fournisseur, votre troisième client, votre deuxième ou troisième investisseur. Cest dire limportance de nos relations et le caractère croissant de leur intensité, et donc la confiance mutuelle que nous nous faisons, et pour ceux qui nont pas encore lhabitude, en France, de travailler avec leurs homologues portugais ou au Portugal avec leurs homologues français, cest un témoignage de confiance et un encouragement à créer ensemble des richesses.
Lexamen de ces échanges montre une nette évolution. C'est l'un des signes de lintégration réussie de léconomie portugaise dans lEurope. Bien sûr, la France continue dacheter de grandes quantités de porto, dont elle est, je le rappelle, parce quon ne le sait pas toujours, le premier client, avant la Grande-Bretagne, mais désormais elle importe surtout des biens de consommation, des textiles, des biens déquipement professionnels ou des composants automobiles et bien dautres produits élaborés. Elle accueille aussi en nombre croissant vos investissements, pour ne citer quun événement récent dans lindustrie papetière, et là encore, la volonté portugaise dinvestir, en Europe et dans le monde, bénéficie également à la France. Quand je dis la volonté, la volonté et la capacité.
Dans lautre sens, depuis 1986, les investissements nets français ont été en moyenne chaque année de près dun milliard de francs. La France est ainsi devenue, selon les statistiques, le troisième ou le deuxième investisseur étranger au Portugal. En 1998, 300 filiales de sociétés françaises implantées au Portugal ont été recensées, employant 37 000 personnes, auxquelles sajoutent les centaines de créations de petites entreprises par des français, souvent eux-mêmes dorigine portugaise, et qui contribuent à développer le courant des affaires dans les deux sens. Je cite tout cela, notamment à lintention non seulement des responsables économiques qui sont ici, mais en particulier à lintention des entrepreneurs français qui mont accompagné, et qui observent léventualité de créer des liens déchanges ou de production avec le Portugal. Je les y encourage vivement, lexpérience des dernières années montre quils y ont intérêt.
Si la présence économique française est ancienne, cest en effet votre entrée dans lUnion Européenne qui a marqué un tournant décisif. Les implantations se sont multipliées, accompagnant dabord le développement de la production industrielle au Portugal, puis celle des services, et mettant à profit les privatisations que vous avez résolument engagées. Aujourdhui, les entreprises françaises sont réparties dans tous les secteurs de léconomie, ceux de lindustrie, du commerce ou des services.
Jai été particulièrement frappé par le nombre de projets menés à bien, au cours de ces dernières années, par des associations dintérêts portugais et français ou dans le cadre des groupements dentreprises. Je pense naturellement au magnifique et prestigieux pont Vasco de Gama, qui fut lun des plus grands chantiers dEurope. A lextension des lignes du métro de Lisbonne. A la fourniture de matériel pour la traversée ferroviaire du pont du 25 avril. A la modernisation de lignes de chemin de fer. A la création dune société de téléphonie sans fil. Et à bien dautres exemples qui ont donné lhabitude aux entreprises françaises et portugaises de travailler ensemble. La participation de plusieurs de ces entreprises à des opérations en concession montre leur confiance légitime dans la poursuite du développement économique du Portugal, qui est évidente.
Mais surtout, comme vous lavez fait vous-même au cours de cette rencontre, si jai bien compris ce qua dit tout à lheure le Ministre des Finances, je voudrais dire un mot pour parler davenir. Le foisonnement des projets est impressionnant. Je sais que de nombreuses infrastructures restent à réaliser dans le domaine routier, aéroportuaire, dans léquipement ferroviaire, ou dans celui du transport urbain. Dans le secteur de lénergie, avec des projets de réalisation de terminal gazier, de centrale à cycle combiné, mais aussi louverture plus large du secteur gazier et pétrolier. En matière denvironnement et de rénovation urbaine qui compte désormais parmi nos grandes préoccupations communes. Pour la mise en place dun second opérateur de téléphonie fixe face à lexplosion de la demande. Dans le secteur du tourisme, où les entreprises françaises possèdent, cest vrai, un savoir-faire reconnu, et où les projets se multiplient.
Voilà quelques domaines, parmi de nombreux autres, dans lesquels les entreprises françaises bénéficient dune solide expérience et dune bonne réputation. Les liens quelles ont tissés avec les entreprises portugaises devraient leur permettre dintervenir avec succès et pourquoi pas denvisager des interventions conjointes en pays tiers, nous évoquions ce problème ce matin avec le Premier Ministre en pensant notamment à lAfrique, dont le développement nous tient à coeur, mais aussi à lAsie, à lEurope de lEst ou à dautres endroits où lhistoire nous a conféré des compétences ou des responsabilités.
Ce dynamisme de nos échanges et de nos investissements repose sur une communauté daffaires dont je tiens à souligner la vitalité, quelle soit portugaise ou française. Fer de lance de nos échanges économiques bilatéraux, vous avez à cur daller de lavant et vous apportez une contribution essentielle aux relations luso-françaises.
Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs, aussi satisfaisantes soient-elles, nos relations économiques et commerciales ne sauraient en rester là, compte tenu des liens de confiance et destime qui se sont noués, depuis déjà longtemps mais renforcés sans cesse ces derniers temps, entre les entrepreneurs de nos deux pays. Les résultats obtenus nous font -vous font- obligation daller encore plus loin et je me réjouis de votre présence aujourdhui qui augure bien de lavenir.
Je terminerai par une réflexion dordre plus général, pour reprendre ce que disait tout à lheure le Premier Ministre portugais. Nous avons, en vérité, une même vision de lEurope, chacun le sait, ce nest pas la peine dy revenir. Mais nous avons également une même vision du monde et de son évolution.
Nous souhaitons un monde multipolaire, qui soit naturellement équilibré et pacifique. Ce qui suppose un effort commun pour faire entendre la voix de la sagesse. Et nous souhaitons un monde qui bénéficie réellement de la mondialisation. Elle se développe, rien ne larrêtera, elle exprime un état de la technologie, elle peut apporter le meilleur en termes de croissance, damélioration du niveau de vie, de partage des richesses, espérons-le, à léchelon de la planète. Mais elle est aussi porteuse de dangers très sérieux, qui sont les dangers classiques lorsque les choses saccélèrent. Les conséquences pour ceux qui ne peuvent pas suivre au rythme qui simpose, quil sagisse des hommes et des femmes dans une nation, ou des pays à léchelon de la communauté internationale. Et cest ainsi que le risque dexclusion au sein dun pays ou dans le monde que représente la mondialisation est un risque extrêmement sérieux. Et nous devons donc tout faire pour que la mondialisation à la fois se développe, mais tout faire aussi pour en maîtriser les effets, et pour faire en sorte quelle soit humanisée, cest-à-dire quelle bénéficie réellement à toutes et à tous.
Et cette conception de lévolution du monde, cest une conception que, profondément, portugais et français, nous avons en commun, qui est non seulement dans notre tête mais aussi dans notre cur. Et cest comme cela que lon crée des liens forts et donc une capacité à aller de lavant. Et cest cette capacité que nous souhaitons voir mettre en uvre au niveau de nos entreprises et du développement économique et donc social de nos deux grandes et vieilles nations qui se connaissent bien et qui saiment bien.
Je vous remercie.
Messieurs les Ministres,
Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais tout dabord remercier lInstitut pour lInvestissement, le Commerce et le Tourisme du Portugal et la Chambre de Commerce et dIndustrie Luso-Française, remercier leurs présidents, qui ont organisé cette manifestation. Je suis heureux de conclure, avec vous, Monsieur le Premier Ministre, Mon Cher Antonio, cette rencontre entre hommes daffaires portugais et français, une rencontre qui a permis de faire le point du travail accompli par nos entreprises, mais aussi, je lespère, de jeter pour lavenir les bases dune coopération encore plus ambitieuse que justifient à la fois nos intérêts économiques et notre étroite et chaleureuse coopération politique.
Désormais, le Portugal et la France partagent la même monnaie. Cest dire que nous avons destin lié.
Je me réjouis que votre pays soit parmi les membres fondateurs de lEuro. Votre participation à la monnaie unique, vous lavez ardemment voulue. Elle est le fruit dune volonté politique continue, sans faille, à laquelle, comme tout le monde, je tiens à rendre hommage : celle de larrimage de votre pays à lEurope. Les résultats exceptionnels obtenus reflètent et justifient lambition du Portugal de figurer aujourdhui en Europe et dans le monde parmi les meilleurs. Et les chiffres évoqués en matière dinvestissement, il y a quelques instants, par le Premier Ministre apportent bien un témoignage concret de la légitimité de cette ambition.
Le temps nest pas linéaire, parfois il semble se ralentir, sassoupir, dautres fois il saccélère. Le passé récent du Portugal offre lexemple dune de ces formidables accélérations. En moins dune génération votre pays sest métamorphosé.
Bientôt, un bordelais, un lyonnais, commerceront, échangeront avec Lisbonne ou Porto comme ils le font aujourdhui avec Lille ou Marseille. Quel changement en Europe !
LEuro était indispensable au grand marché unique des biens et des services. Il le complète. Il lapprofondit. Il renforce la concurrence et lefficacité de nos marchés. LEuro est promesse de plus de croissance et donc demplois et vous savez le souci commun qui est celui du Portugal et de la France, dans le domaine de lemploi au sein de la politique européenne. Et nous entendons poursuivre ladaptation nécessaire de nos économies.
Car rien ne serait pire, aujourdhui, que de ralentir le rythme de notre modernisation. LEuro nest pas un aboutissement, cest en réalité une clé de lavenir. A nous de profiter de sa force pour construire la prospérité de nos peuples. Et à ce sujet, je voudrais faire trois brèves remarques.
La première, cest que lEuro doit nous conduire à plus de coordination économique. Le cadre est aujourdhui tracé, les outils de la concertation existent : ce sont lEuro XI, lEcofin, le Conseil Européen. Il nous appartient de bien faire vivre cette coordination et dabord, bien sûr, de respecter les engagements souscrits dans le pacte de stabilité et de croissance.
Sans aucun doute, lEuro nous conduira à plus dharmonisation y compris dans des domaines tels que la fiscalité. Mais gardons à lesprit quen matière fiscale lharmonisation ne sera comprise et acceptée par nos peuples que si elle va dans le sens dune baisse des prélèvements obligatoires, des impôts et des taxes.
Deuxième remarque, lEuro est aujourdhui la monnaie dun ensemble fort de 300 millions de femmes et dhommes. Cela nous confère des responsabilités nouvelles, notamment dans le domaine monétaire. Hier, divisée, morcelée et faible, lEurope est aujourdhui la première puissance économique du monde. Elle dispose dun instrument monétaire solide et puissant, qui sera très vite lune des deux grandes monnaies des transactions internationales.
Nous devons donc exercer nos responsabilités dans ce domaine. Et tout dabord, définir, notamment avec nos partenaires américains et japonais, les modalités dune coopération plus étroite en matière de monnaie et de change.
Enfin, la dernière remarque : lEurope ne réussira pleinement que si elle sait conjuguer ses succès économiques avec l'amélioration du sort des hommes, comme lévoquait tout à lheure le Premier Ministre. Je sais que nous partageons un même attachement à lambition sociale de lEurope. La tâche est lourde, mais nous devons aller de lavant.
Sur tous ces sujets, le Portugal et la France ont une communauté de vues et dobjectifs. Nous pouvons compter lun sur lautre, cest ce qui est apparu clairement, encore ce matin, à loccasion de nos entretiens approfondis sur lavenir de lEurope et aussi sur nos intérêts communs dans les affaires du monde.
Votre réussite économique nous impressionne. Lannée dernière a été, pour vous, lannée de tous les succès. Parmi ceux-ci, lorganisation dExpo 98 et lachèvement, dans les délais, des nombreux aménagements quelle a nécessités, ont montré la qualité de la planification du projet, lefficacité des entreprises portugaises et aussi dailleurs étrangères qui lont réalisé, la fiabilité de lensemble économique portugais et la capacité de mobilisation de la population portugaise. Les dix millions de visiteurs, parmi lesquels dailleurs de nombreux français, ont pu constater par eux-mêmes le succès de ce dernier grand rendez-vous du siècle et la capacité du Portugal à assumer de façon admirable les projets dimportance.
Et tout au long de ces années qui ont changé le visage du Portugal, la France sest montrée un partenaire économique très proche, tant sur le plan des échanges commerciaux que sur celui des investissements et de la réalisation des grands projets, le Premier Ministre lévoquait tout à lheure.
Quel dynamisme dans nos échanges ! Ils ont triplé depuis 1986 et cest une performance considérable. Aujourdhui, la France est votre troisième fournisseur, votre troisième client, votre deuxième ou troisième investisseur. Cest dire limportance de nos relations et le caractère croissant de leur intensité, et donc la confiance mutuelle que nous nous faisons, et pour ceux qui nont pas encore lhabitude, en France, de travailler avec leurs homologues portugais ou au Portugal avec leurs homologues français, cest un témoignage de confiance et un encouragement à créer ensemble des richesses.
Lexamen de ces échanges montre une nette évolution. C'est l'un des signes de lintégration réussie de léconomie portugaise dans lEurope. Bien sûr, la France continue dacheter de grandes quantités de porto, dont elle est, je le rappelle, parce quon ne le sait pas toujours, le premier client, avant la Grande-Bretagne, mais désormais elle importe surtout des biens de consommation, des textiles, des biens déquipement professionnels ou des composants automobiles et bien dautres produits élaborés. Elle accueille aussi en nombre croissant vos investissements, pour ne citer quun événement récent dans lindustrie papetière, et là encore, la volonté portugaise dinvestir, en Europe et dans le monde, bénéficie également à la France. Quand je dis la volonté, la volonté et la capacité.
Dans lautre sens, depuis 1986, les investissements nets français ont été en moyenne chaque année de près dun milliard de francs. La France est ainsi devenue, selon les statistiques, le troisième ou le deuxième investisseur étranger au Portugal. En 1998, 300 filiales de sociétés françaises implantées au Portugal ont été recensées, employant 37 000 personnes, auxquelles sajoutent les centaines de créations de petites entreprises par des français, souvent eux-mêmes dorigine portugaise, et qui contribuent à développer le courant des affaires dans les deux sens. Je cite tout cela, notamment à lintention non seulement des responsables économiques qui sont ici, mais en particulier à lintention des entrepreneurs français qui mont accompagné, et qui observent léventualité de créer des liens déchanges ou de production avec le Portugal. Je les y encourage vivement, lexpérience des dernières années montre quils y ont intérêt.
Si la présence économique française est ancienne, cest en effet votre entrée dans lUnion Européenne qui a marqué un tournant décisif. Les implantations se sont multipliées, accompagnant dabord le développement de la production industrielle au Portugal, puis celle des services, et mettant à profit les privatisations que vous avez résolument engagées. Aujourdhui, les entreprises françaises sont réparties dans tous les secteurs de léconomie, ceux de lindustrie, du commerce ou des services.
Jai été particulièrement frappé par le nombre de projets menés à bien, au cours de ces dernières années, par des associations dintérêts portugais et français ou dans le cadre des groupements dentreprises. Je pense naturellement au magnifique et prestigieux pont Vasco de Gama, qui fut lun des plus grands chantiers dEurope. A lextension des lignes du métro de Lisbonne. A la fourniture de matériel pour la traversée ferroviaire du pont du 25 avril. A la modernisation de lignes de chemin de fer. A la création dune société de téléphonie sans fil. Et à bien dautres exemples qui ont donné lhabitude aux entreprises françaises et portugaises de travailler ensemble. La participation de plusieurs de ces entreprises à des opérations en concession montre leur confiance légitime dans la poursuite du développement économique du Portugal, qui est évidente.
Mais surtout, comme vous lavez fait vous-même au cours de cette rencontre, si jai bien compris ce qua dit tout à lheure le Ministre des Finances, je voudrais dire un mot pour parler davenir. Le foisonnement des projets est impressionnant. Je sais que de nombreuses infrastructures restent à réaliser dans le domaine routier, aéroportuaire, dans léquipement ferroviaire, ou dans celui du transport urbain. Dans le secteur de lénergie, avec des projets de réalisation de terminal gazier, de centrale à cycle combiné, mais aussi louverture plus large du secteur gazier et pétrolier. En matière denvironnement et de rénovation urbaine qui compte désormais parmi nos grandes préoccupations communes. Pour la mise en place dun second opérateur de téléphonie fixe face à lexplosion de la demande. Dans le secteur du tourisme, où les entreprises françaises possèdent, cest vrai, un savoir-faire reconnu, et où les projets se multiplient.
Voilà quelques domaines, parmi de nombreux autres, dans lesquels les entreprises françaises bénéficient dune solide expérience et dune bonne réputation. Les liens quelles ont tissés avec les entreprises portugaises devraient leur permettre dintervenir avec succès et pourquoi pas denvisager des interventions conjointes en pays tiers, nous évoquions ce problème ce matin avec le Premier Ministre en pensant notamment à lAfrique, dont le développement nous tient à coeur, mais aussi à lAsie, à lEurope de lEst ou à dautres endroits où lhistoire nous a conféré des compétences ou des responsabilités.
Ce dynamisme de nos échanges et de nos investissements repose sur une communauté daffaires dont je tiens à souligner la vitalité, quelle soit portugaise ou française. Fer de lance de nos échanges économiques bilatéraux, vous avez à cur daller de lavant et vous apportez une contribution essentielle aux relations luso-françaises.
Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs, aussi satisfaisantes soient-elles, nos relations économiques et commerciales ne sauraient en rester là, compte tenu des liens de confiance et destime qui se sont noués, depuis déjà longtemps mais renforcés sans cesse ces derniers temps, entre les entrepreneurs de nos deux pays. Les résultats obtenus nous font -vous font- obligation daller encore plus loin et je me réjouis de votre présence aujourdhui qui augure bien de lavenir.
Je terminerai par une réflexion dordre plus général, pour reprendre ce que disait tout à lheure le Premier Ministre portugais. Nous avons, en vérité, une même vision de lEurope, chacun le sait, ce nest pas la peine dy revenir. Mais nous avons également une même vision du monde et de son évolution.
Nous souhaitons un monde multipolaire, qui soit naturellement équilibré et pacifique. Ce qui suppose un effort commun pour faire entendre la voix de la sagesse. Et nous souhaitons un monde qui bénéficie réellement de la mondialisation. Elle se développe, rien ne larrêtera, elle exprime un état de la technologie, elle peut apporter le meilleur en termes de croissance, damélioration du niveau de vie, de partage des richesses, espérons-le, à léchelon de la planète. Mais elle est aussi porteuse de dangers très sérieux, qui sont les dangers classiques lorsque les choses saccélèrent. Les conséquences pour ceux qui ne peuvent pas suivre au rythme qui simpose, quil sagisse des hommes et des femmes dans une nation, ou des pays à léchelon de la communauté internationale. Et cest ainsi que le risque dexclusion au sein dun pays ou dans le monde que représente la mondialisation est un risque extrêmement sérieux. Et nous devons donc tout faire pour que la mondialisation à la fois se développe, mais tout faire aussi pour en maîtriser les effets, et pour faire en sorte quelle soit humanisée, cest-à-dire quelle bénéficie réellement à toutes et à tous.
Et cette conception de lévolution du monde, cest une conception que, profondément, portugais et français, nous avons en commun, qui est non seulement dans notre tête mais aussi dans notre cur. Et cest comme cela que lon crée des liens forts et donc une capacité à aller de lavant. Et cest cette capacité que nous souhaitons voir mettre en uvre au niveau de nos entreprises et du développement économique et donc social de nos deux grandes et vieilles nations qui se connaissent bien et qui saiment bien.
Je vous remercie.