Texte intégral
P.-L. Séguillon - Merci d'être là ce matin, c'est d'autant plus courageux qu'à 1h00 du matin, vous étiez encore à l'Assemblée nationale, pour défendre le projet de loi sur la recherche. Ce projet de loi est débattu en urgence, puisqu'il n'y a eu qu'une lecture au Sénat et qu'une lecture à l'Assemblée nationale, mais il vient deux après que le président de la République l'avait en quelque sorte promis. Pourquoi avoir tant tardé ?
R - Oui, il y a eu une phase très naturelle de concertation, avec la communauté scientifique, avec des milieux de la recherche, l'élaboration du projet et il a, comme vous l'avez rappelé, été examiné à la fin de l'année dernière au Sénat. Il vient maintenant à l'Assemblée nationale, le calendrier parlementaire est assez encombré. Mais vous savez, nous n'avons pas attendu pour travailler. Il y a eu des budgets, des budgets en augmentation forte, en 2005, en 2006. Et puis également des mises en place d'organismes qui ne demandaient pas la loi. Donc nous avons commencé à réformer la recherche française et on achève cette réforme avec la loi qui est en cours de discussion.
Q - Vous parlez de "budgets", c'est l'un des reproches qui vous est fait par l'opposition, qui estime que vous êtes un peu pingre. Vous avez dit que ce sera 6 milliards d'euros, si je ne me trompe, en trois ans...
R - C'est cela.
Q - L'opposition nous dit que c'est une "aumône". Et F. Hollande promet une augmentation, lui, si d'aventure la gauche vient au pouvoir, de 10 %...
R - Non mais, c'est extraordinaire ! Effectivement, F. Hollande promet des choses qui, naturellement, n'avaient jamais été réalisées auparavant. C'est la première fois qu'on met autant d'argent pour la recherche. 6 milliards d'augmentation de crédits...
Q - Il y a beaucoup de retard, vous le reconnaissez ?
R - D'abord, tout est relatif. C'est vrai que l'Europe, d'une façon générale, est en retard par rapport aux Etats-Unis, par rapport au Japon. Mais en Europe, nous sommes plutôt bien placés. A part les Pays scandinaves, qui ont une tradition de recherche appliquée sur toute réforme...
Q - Pardonnez-moi une seconde, vous dites que l'on est 'plutôt bien placés", mais, ce matin...
R - Oui, nous sommes bien placés, nous le deuxième pays de recherche en Europe, après l'Allemagne, devant la Grande-Bretagne, très loin devant l'Italie. Donc il ne faut pas noircir le tableau. Nous sommes un grand pays de recherche.
Q - Mais en matière de brevets par exemple...
R - C'est vrai qu'il y a des retards et c'est vrai que la recherche privée est en retard en France, c'est incontestable. La recherche publique a des crédits, plutôt plus que la moyenne européenne, et la recherche privée a du rattrapage à faire, mais ce rattrapage est en cours. Dans les chiffres de l'emploi de l'année dernière, les emplois de recherche-développement dans les entreprises ont beaucoup augmenté, et c'est plutôt bon signe.
Q - Un autre reproche qui vous est fait, c'est l'absence de lien ou de coopération, entre l'université d'un côté, et les organismes de recherche de l'autre.
R - Ce n'est pas exact. La plupart des laboratoires sont au sein de nos universités. Alors, ce sont des coopérations entre le CNRS, entre l'Inserm, les grands organismes de recherche, et les universités. Donc l'université est partie prenante de cette politique de recherche. D'ailleurs, nous créons 3.000 emplois cette année pour la recherche, ce qui jamais n'avait été fait à cette hauteur-là. Eh bien, la majorité de ces emplois-là, sont des emplois d'enseignants-chercheurs, donc concernent l'université. Il y a un lien indissociable entre la recherche et l'enseignement supérieur. Alors, il est vrai qu'il faut aller plus loin, il est vrai que toutes les universités doivent développer des recherches et on doit faire en sorte que l'enseignement supérieur soit tiré vers le haut par la recherche...
Q - Est-ce que vous n'avez pas le sentiment aujourd'hui qu'il y a un décalage entre la recherche immédiate, souhaitée par les entreprises, et la recherche fondamentale ?
R - Vaste sujet. D'abord, cette distinction entre "'recherche fondamentale" et "recherche appliquée" est nécessaire, mais quelquefois, on va très vite de l'une à l'autre. Quand vous faites des recherches sur la cryptologie, c'est-à-dire le codage des messages, on a des applications en télécommunications quasiment immédiates. Donc on peut partir très vite de la recherche fondamentale et aboutir à des applications. Et puis dans d'autres cas, cela prend des années. Donc c'est un sujet qui est compliqué. Mais il est vrai qu'en France, nous pourrions faire de progrès en utilisant mieux le potentiel de la recherche. Et c'est l'un des volets de la politique que nous menons, c'est de faire en sorte que ce qu'on appelle "la valorisation de la recherche", c'est-à-dire, l'utilisation par la société, par les entreprises, soit améliorée par rapport à ce que nous faisons aujourd'hui.
Q - Prenons quelques exemples concrets. On parle beaucoup de la chikungunya aujourd'hui. La recherche est en retard, semble-t-il. Le Premier ministre est allé à La Réunion, il a annoncé la création d'un organisme de recherche. Mais est-ce que ce n'est pas un peu tardif ?
R - Vous savez, l'année dernière - donc ce n'est pas cette année, c'est l'année dernière -, nous avons lancé un programme de recherche sur ce qu'on appelle les "maladies émergentes", donc, avant que nous parlions de chikungunya à l'île de La Réunion. Cela concerne des pathologies nombreuses, des maladies qui apparaissent sur la planète. Nous travaillons sur ces sujets. Sur le chikungunya, la réalité est que nulle part au monde, on n'avait de connaissances sur cette maladie. Elle était considérée comme relativement bénigne, elle ne l'est pas ; on pensait qu'il n'y avait pas d'épidémie se développant aussi rapidement, c'est une découverte aujourd'hui, malheureusement. Donc bien sûr, il faut faire des recherches, mais ce sur quoi je voudrais insister, c'est que dès qu'on a pris conscience qu'il y avait épidémie et qu'il y avait un problème sanitaire majeur, tous les organismes de recherche étaient mobilisés et la France est en avance sur ces sujets. En virologie, nous sommes en avance. En médecine tropicale, en agronomie tropicale, nous avons des points forts dans ces domaines...
Q - Je reste un instant sur la chikungunya : écartez-vous le risque d'une épidémie en France, et notamment en PACA, où le fameux moustique, porteur de ce virus, est aujourd'hui présent ?
R - C'est une affaire compliquée, parce que, il y a ce qu'on appelle des "réservoirs", c'est-à-dire des animaux qui sont porteurs de ce virus. Alors, c'est vrai que le moustique existe, pas très nombreux, mais qu'il existe dans le Sud-Est de la France. Les scientifiques aujourd'hui n'ont pas de réponses, nous travaillons sur le sujet. Mais naturellement, nous sommes très en amont d'une situation d'épidémie.
Q - En ce qui concerne le virus H5N1, là aussi, estimez-vous qu'il y a beaucoup de retard dans la recherche sur ce virus de la grippe aviaire ?
R - Non. Vous savez, la grippe aviaire, donc on en parle maintenant depuis des mois et des mois...
Q - Ou en tout cas, s'il n'y a pas retard, peu de connaissances ?
- Non, là, c'est assez différent. Le Chikungunya, on le connaissait très mal, il y a eu très peu de recherche dans aucun pays du monde. Sur la grippe aviaire, tout le monde est mobilisé depuis longtemps. Et ce que nous avons fait en France, c'est de prendre des mesures de précaution, se préparer au cas où. Il y a ce qui concerne les animaux ? c'est malheureusement, cette maladie qui se développe actuellement - et ce qui concerne l'homme. Le grand risque est qu'un jour, ce virus connaisse une mutation et devienne transmissible de l'homme à l'homme. Mais tant que cette mutation n'a pas eu lieu, on ne peut pas, par exemple, fabriquer un vaccin, puisqu'on ne connaît pas le virus qui sera le produit de cette mutation. Donc on est dans une phase malheureusement d'attente, mais nous avons fait tout ce qu'on pouvait faire pour se préparer à la réaction, à la fabrication du vaccin. Et ce que je peux vous dire, c'est que dès l'année dernière, nos laboratoires - et je disais qu'en virologie, nous avons des laboratoires qui sont parmi les meilleurs au monde - sont totalement prêts à agir, travaillent sur ce virus, essayent de le connaître, de mieux comprendre ses mécanismes d'intrusion dans les cellules du corps humain, pour réagir le plus vite possible.
Q - Vous êtes ministre de la Recherche, les chercheurs étaient hier dans la rue. Mais vous êtes aussi ministre...
R - Si vous permettez, il y avait à Paris 700 chercheurs dans la rue. Bon...
Q - Oui, mais il y avait parmi eux des noms assez connus : A. Khan...
R - Oui, et puis beaucoup de noms connus qui n'étaient pas dans la rue et qui approuvent ce que nous faisons, c'est toujours comme cela.
Q - Alors, vous êtes aussi ministre de l'Enseignement supérieur. Un certain nombre d'universités sont bloquées autour de la question du CPE. Peut-être aussi, se conjuguent à cela, des mécontentements sur la situation des universités. Avez-vous le sentiment que le mouvement prend de l'ampleur et qu'il risque de créer un blocage pour le Gouvernement ?
R - Vous savez, je vais chaque semaine dans une université et, à chaque fois, je rencontre des étudiants. Très franchement, les étudiants ont bien sûr des préoccupations, et notamment la préoccupation de l'emploi, de l'entrée dans l'entreprise. Et d'une façon générale, cela n'est pas un rejet du CPE. Des interrogations sont tout à fait légitimes et compréhensibles. Mais les jeunes, plus peut-être que d'autres, ont vraiment conscience qu'il y a un problème français, celui de la difficulté d'entrer dans l'entreprise pour eux, après l'obtention d'un diplôme.
Q - Craignez-vous le blocage ?
R - Le "blocage" ? Vous savez, il y a quelques facultés dans lesquelles il y a quelques dizaines d'étudiants...
Q - Mais sentez-vous que le mouvement prend de l'ampleur ou non ?
R - Je crois qu'il y a beaucoup d'organisations qui préparent activement le 7 mars. Après, nous verrons.Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 1er mars 2006
R - Oui, il y a eu une phase très naturelle de concertation, avec la communauté scientifique, avec des milieux de la recherche, l'élaboration du projet et il a, comme vous l'avez rappelé, été examiné à la fin de l'année dernière au Sénat. Il vient maintenant à l'Assemblée nationale, le calendrier parlementaire est assez encombré. Mais vous savez, nous n'avons pas attendu pour travailler. Il y a eu des budgets, des budgets en augmentation forte, en 2005, en 2006. Et puis également des mises en place d'organismes qui ne demandaient pas la loi. Donc nous avons commencé à réformer la recherche française et on achève cette réforme avec la loi qui est en cours de discussion.
Q - Vous parlez de "budgets", c'est l'un des reproches qui vous est fait par l'opposition, qui estime que vous êtes un peu pingre. Vous avez dit que ce sera 6 milliards d'euros, si je ne me trompe, en trois ans...
R - C'est cela.
Q - L'opposition nous dit que c'est une "aumône". Et F. Hollande promet une augmentation, lui, si d'aventure la gauche vient au pouvoir, de 10 %...
R - Non mais, c'est extraordinaire ! Effectivement, F. Hollande promet des choses qui, naturellement, n'avaient jamais été réalisées auparavant. C'est la première fois qu'on met autant d'argent pour la recherche. 6 milliards d'augmentation de crédits...
Q - Il y a beaucoup de retard, vous le reconnaissez ?
R - D'abord, tout est relatif. C'est vrai que l'Europe, d'une façon générale, est en retard par rapport aux Etats-Unis, par rapport au Japon. Mais en Europe, nous sommes plutôt bien placés. A part les Pays scandinaves, qui ont une tradition de recherche appliquée sur toute réforme...
Q - Pardonnez-moi une seconde, vous dites que l'on est 'plutôt bien placés", mais, ce matin...
R - Oui, nous sommes bien placés, nous le deuxième pays de recherche en Europe, après l'Allemagne, devant la Grande-Bretagne, très loin devant l'Italie. Donc il ne faut pas noircir le tableau. Nous sommes un grand pays de recherche.
Q - Mais en matière de brevets par exemple...
R - C'est vrai qu'il y a des retards et c'est vrai que la recherche privée est en retard en France, c'est incontestable. La recherche publique a des crédits, plutôt plus que la moyenne européenne, et la recherche privée a du rattrapage à faire, mais ce rattrapage est en cours. Dans les chiffres de l'emploi de l'année dernière, les emplois de recherche-développement dans les entreprises ont beaucoup augmenté, et c'est plutôt bon signe.
Q - Un autre reproche qui vous est fait, c'est l'absence de lien ou de coopération, entre l'université d'un côté, et les organismes de recherche de l'autre.
R - Ce n'est pas exact. La plupart des laboratoires sont au sein de nos universités. Alors, ce sont des coopérations entre le CNRS, entre l'Inserm, les grands organismes de recherche, et les universités. Donc l'université est partie prenante de cette politique de recherche. D'ailleurs, nous créons 3.000 emplois cette année pour la recherche, ce qui jamais n'avait été fait à cette hauteur-là. Eh bien, la majorité de ces emplois-là, sont des emplois d'enseignants-chercheurs, donc concernent l'université. Il y a un lien indissociable entre la recherche et l'enseignement supérieur. Alors, il est vrai qu'il faut aller plus loin, il est vrai que toutes les universités doivent développer des recherches et on doit faire en sorte que l'enseignement supérieur soit tiré vers le haut par la recherche...
Q - Est-ce que vous n'avez pas le sentiment aujourd'hui qu'il y a un décalage entre la recherche immédiate, souhaitée par les entreprises, et la recherche fondamentale ?
R - Vaste sujet. D'abord, cette distinction entre "'recherche fondamentale" et "recherche appliquée" est nécessaire, mais quelquefois, on va très vite de l'une à l'autre. Quand vous faites des recherches sur la cryptologie, c'est-à-dire le codage des messages, on a des applications en télécommunications quasiment immédiates. Donc on peut partir très vite de la recherche fondamentale et aboutir à des applications. Et puis dans d'autres cas, cela prend des années. Donc c'est un sujet qui est compliqué. Mais il est vrai qu'en France, nous pourrions faire de progrès en utilisant mieux le potentiel de la recherche. Et c'est l'un des volets de la politique que nous menons, c'est de faire en sorte que ce qu'on appelle "la valorisation de la recherche", c'est-à-dire, l'utilisation par la société, par les entreprises, soit améliorée par rapport à ce que nous faisons aujourd'hui.
Q - Prenons quelques exemples concrets. On parle beaucoup de la chikungunya aujourd'hui. La recherche est en retard, semble-t-il. Le Premier ministre est allé à La Réunion, il a annoncé la création d'un organisme de recherche. Mais est-ce que ce n'est pas un peu tardif ?
R - Vous savez, l'année dernière - donc ce n'est pas cette année, c'est l'année dernière -, nous avons lancé un programme de recherche sur ce qu'on appelle les "maladies émergentes", donc, avant que nous parlions de chikungunya à l'île de La Réunion. Cela concerne des pathologies nombreuses, des maladies qui apparaissent sur la planète. Nous travaillons sur ces sujets. Sur le chikungunya, la réalité est que nulle part au monde, on n'avait de connaissances sur cette maladie. Elle était considérée comme relativement bénigne, elle ne l'est pas ; on pensait qu'il n'y avait pas d'épidémie se développant aussi rapidement, c'est une découverte aujourd'hui, malheureusement. Donc bien sûr, il faut faire des recherches, mais ce sur quoi je voudrais insister, c'est que dès qu'on a pris conscience qu'il y avait épidémie et qu'il y avait un problème sanitaire majeur, tous les organismes de recherche étaient mobilisés et la France est en avance sur ces sujets. En virologie, nous sommes en avance. En médecine tropicale, en agronomie tropicale, nous avons des points forts dans ces domaines...
Q - Je reste un instant sur la chikungunya : écartez-vous le risque d'une épidémie en France, et notamment en PACA, où le fameux moustique, porteur de ce virus, est aujourd'hui présent ?
R - C'est une affaire compliquée, parce que, il y a ce qu'on appelle des "réservoirs", c'est-à-dire des animaux qui sont porteurs de ce virus. Alors, c'est vrai que le moustique existe, pas très nombreux, mais qu'il existe dans le Sud-Est de la France. Les scientifiques aujourd'hui n'ont pas de réponses, nous travaillons sur le sujet. Mais naturellement, nous sommes très en amont d'une situation d'épidémie.
Q - En ce qui concerne le virus H5N1, là aussi, estimez-vous qu'il y a beaucoup de retard dans la recherche sur ce virus de la grippe aviaire ?
R - Non. Vous savez, la grippe aviaire, donc on en parle maintenant depuis des mois et des mois...
Q - Ou en tout cas, s'il n'y a pas retard, peu de connaissances ?
- Non, là, c'est assez différent. Le Chikungunya, on le connaissait très mal, il y a eu très peu de recherche dans aucun pays du monde. Sur la grippe aviaire, tout le monde est mobilisé depuis longtemps. Et ce que nous avons fait en France, c'est de prendre des mesures de précaution, se préparer au cas où. Il y a ce qui concerne les animaux ? c'est malheureusement, cette maladie qui se développe actuellement - et ce qui concerne l'homme. Le grand risque est qu'un jour, ce virus connaisse une mutation et devienne transmissible de l'homme à l'homme. Mais tant que cette mutation n'a pas eu lieu, on ne peut pas, par exemple, fabriquer un vaccin, puisqu'on ne connaît pas le virus qui sera le produit de cette mutation. Donc on est dans une phase malheureusement d'attente, mais nous avons fait tout ce qu'on pouvait faire pour se préparer à la réaction, à la fabrication du vaccin. Et ce que je peux vous dire, c'est que dès l'année dernière, nos laboratoires - et je disais qu'en virologie, nous avons des laboratoires qui sont parmi les meilleurs au monde - sont totalement prêts à agir, travaillent sur ce virus, essayent de le connaître, de mieux comprendre ses mécanismes d'intrusion dans les cellules du corps humain, pour réagir le plus vite possible.
Q - Vous êtes ministre de la Recherche, les chercheurs étaient hier dans la rue. Mais vous êtes aussi ministre...
R - Si vous permettez, il y avait à Paris 700 chercheurs dans la rue. Bon...
Q - Oui, mais il y avait parmi eux des noms assez connus : A. Khan...
R - Oui, et puis beaucoup de noms connus qui n'étaient pas dans la rue et qui approuvent ce que nous faisons, c'est toujours comme cela.
Q - Alors, vous êtes aussi ministre de l'Enseignement supérieur. Un certain nombre d'universités sont bloquées autour de la question du CPE. Peut-être aussi, se conjuguent à cela, des mécontentements sur la situation des universités. Avez-vous le sentiment que le mouvement prend de l'ampleur et qu'il risque de créer un blocage pour le Gouvernement ?
R - Vous savez, je vais chaque semaine dans une université et, à chaque fois, je rencontre des étudiants. Très franchement, les étudiants ont bien sûr des préoccupations, et notamment la préoccupation de l'emploi, de l'entrée dans l'entreprise. Et d'une façon générale, cela n'est pas un rejet du CPE. Des interrogations sont tout à fait légitimes et compréhensibles. Mais les jeunes, plus peut-être que d'autres, ont vraiment conscience qu'il y a un problème français, celui de la difficulté d'entrer dans l'entreprise pour eux, après l'obtention d'un diplôme.
Q - Craignez-vous le blocage ?
R - Le "blocage" ? Vous savez, il y a quelques facultés dans lesquelles il y a quelques dizaines d'étudiants...
Q - Mais sentez-vous que le mouvement prend de l'ampleur ou non ?
R - Je crois qu'il y a beaucoup d'organisations qui préparent activement le 7 mars. Après, nous verrons.Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 1er mars 2006