Texte intégral
Monsieur le Président, Cher Jacques,
Madame et Messieurs les Ministres,
Madame la Ministre, Chère Catherine,
Chers amis gabonais et français,
Mesdames,
Messieurs,
Permettez-moi tout d'abord de remercier l'association France-Gabon, et son président, le sénateur Pelletier d'avoir organisé ce colloque. Comme vous le savez, la coopération française intervient de façon importante dans l'aide à la gestion durable de la forêt gabonaise.
1 - La gestion durable des forêts, credo de toute politique forestière depuis le sommet de Rio de 1992, prend une signification particulière au Gabon.
La forêt gabonaise peut être considérée, comme une réserve mondiale de diversité biologique ; les études récentes ont montré une richesse de la faune et la flore au moins égale à celle des forêts tropicales d'Amérique de Sud. Mais la préservation de ce capital unique relève avant tout de l'intérêt du peuple gabonais. La forêt joue en effet un rôle majeur sur les plans économiques et sociaux ; elle constituera à l'avenir un élément clef de la diversité de l'économie du Gabon.
Le Gabon a souscrit à l'objectif An 2000 de l'Organisation internationale des bois tropicaux qui prône une mise sur le marché international de bois tropicaux provenant uniquement de forêts gérées durablement. Des progrès notables vers cet objectif ambitieux ont déjà été réalisés, notamment grâce au soutien actif de la Coopération française. L'adoption du nouveau code forestier devrait favoriser une gestion plus rationnelle de la forêt et l'industrialisation de la filière.
La certification des massifs forestiers et de leur gestion peut contribuer efficacement à la pérennité des ressources forestières. Les marchés pour les produits du bois certifiés se développent régulièrement dans les pays occidentaux, encouragés par les organisations environnementalistes.
La table ronde de l'OAB qui s'est tenue à Libreville en décembre dernier a permis des avancées significatives dans la mise au point de critères et indicateurs de gestion durable des forêts du Bassin du Congo. Le Gabon développe la traduction nationale de ces critères et indicateurs.
La certification ne peut seule garantir la gestion durable des forêts gabonaises. Une large part des produits de la forêt ne sont pas concernés. De plus, l'intérêt pour l'exploitant de s'engager dans la certification ne vaut que si le marché d'exportation est localisé dans un pays sensible aux thèses environnementalistes. La part prépondérante de l'exportation des bois vers le marché asiatique (près de 60%) tempère quelque peu la portée de la certification. Elle doit être considérée comme un outil de promotion de la gestion durable mais elle ne peut en aucun cas se substituer aux politiques nationales. La réalisation des plans d'aménagement est donc bien la priorité.
2 - La filière bois, secteur clef de l'économie gabonaise
Le développement durable de la forêt gabonaise doit d'abord bénéficier aux populations locales et être un facteur de leur développement.
Le gouvernement a compris que la restructuration du secteur forestier est vitale pour le pays. Outre les aspects touchant à l'exploitation, les efforts s'orientent vers l'essor de la transformation locale et la modernisation des équipements. Toutefois la part des bois transformée localement n'excède pas 15% des grumes produites.
Une plus grande transformation des bois augmentera la valeur des exportations et limitera la dépendance vis-à-vis des cours du bois.
Cette orientation figure explicitement dans la loi forestière. Ainsi, le plan d'aménagement d'une "concession forestière sous aménagement durable" devra nécessairement intégrer un plan d'industrialisation. Les permis forestiers associés rattachés à ces concessions seront liés à elle par des contrats d'approvisionnement d'unités de transformation.
Certains industriels n'ont pas attendu l'entrée en vigueur du texte pour investir dans le pays. L'un des principaux opérateurs, la Compagnie équatoriale des bois (CEB), filiale du groupe français Thanry, a engagé la construction d'une importante usine de déroulage de bois à Owendo. Cette usine pourrait permettre le traitement annuel de 50 000 m3 d'okoumé en placage. Cinq autres usines de transformation sont actuellement en chantier.
Le développement de l'industrialisation doit accroître les retombées pour l'économie nationale. Cependant, force est de constater que les populations riveraines des massifs exploités n'ont pas connu de retour significatif, ni en terme d'activité périphérique à l'exploitation, ni en infrastructure sociale et économique. Elles ne bénéficient qu'à la marge de l'exploitation de leur territoire traditionnel.
Les dispositions législatives en faveur des forêts communautaires et de la gestion locale des ressources forestières vont dans le bons sens.
La démarche de co-gestion à l'intérieur des concessions sous aménagement doit également être encouragée.
Les fonds de développement sociaux pourraient être mis en place à l'instar de l'expérience conduite par la CEB en faveur des collectivités villageoises : une somme de 1000 FCFA est versée pour chaque mètre cube de bois de qualité "export" pendant toute la durée de l'exploitation du permis. Cette retombée financière importante devrait contribuer considérablement au développement local sous réserve, bien sûr, d'une bonne utilisation des fonds perçus.
3 - Le renforcement du cadre institutionnel
L'investissement au Gabon est caractérisé par la faiblesse des investissements privés. L'aide publique au développement ne peut pas pourvoir seule à la gestion durable des forêts. De nouvelles sources de financement (fonds de pension et d'investissement, permis d'émission de carbone, etc.) devront être recherchées. Or, l'environnement économique et politique est le facteur déterminant de l'investissement privé en faveur de la gestion durable des forêts.
L'administration est bien structurée, composée de fonctionnaires compétents et de jeunes cadres motivés, doit être poursuivi. Toutefois, le contrôle de la bonne application des règlements nécessite un renfort déconcentré des moyens humains et en équipement.
Les outils matériels de gestion pour l'ensemble du secteur forestier sont encore insuffisants. L'investissement dans la recherche et la formation professionnelle doit être renforcé, afin de disposer des techniciens et ouvriers du bois et des ingénieurs et techniciens forestiers, pour rédiger et appliquer les aménagements forestiers.
4 - Le rôle de l'aide publique française
Pour aider le Gabon à faire face aux enjeux de la gestion durable des forêts, la France mobilise l'ensemble des acteurs de sa coopération.
Le ministère des affaires étrangères apporte un appui institutionnel à l'administration forestière gabonaise. La France contribue activement à la définition d'une stratégie forestière orientée vers la gestion à long terme des forêts : appui au Plan d'action forestier et Projet FAC sur "Aménagement des forêts et Environnement". Globalement, le volet "aménagement forestier" de l'aide française s'élève à près de 40 MF pour le Gabon.
La recherche forestière est également soutenue à travers deux interventions :
- un programme de recherche en sylviculture à Oyane (estuaire) sur la régénération de la forêt d'okoumé ;
- une opération de capitalisation régionale des résultats de la recherche et des expériences pilotes d'aménagement puis un transfert aux utilisateurs.
Le financement par l'AFD des aménagements forestiers est une démarche originale. Elle consiste à impliquer directement les investisseurs privés dans la gestion durable des forêts. L'engagement des principaux exploitants forestiers en faveur de l'aménagement forestier témoigne du bien fondé de cette action.
L'intervention du FFEM est destinée à promouvoir la gestion participative des concessions forestières en impliquant plus étroitement les populations locales ; elle contribue à une meilleure prise en compte de la diversité biologique dans l'aménagement forestier (exploitation à faible impact, inventaires faunistiques et floristiques). Cette démarche est soutenue par les grandes ONG environnementalistes.
Le Gabon bénéficie du soutien de nombreux partenaires étrangers et d'organisations internationales. Cependant, les interventions ont souvent été dispersées et non coordonnées, limitant de fait la portée et l'efficacité des aides consenties.
Il convient aujourd'hui d'encourager une meilleure synergie entre les partenaires financiers, tant publics que privés. Le Programme sectoriel Forêt Environnement coordonnée par la Banque mondiale à la demande du gouvernement gabonais devrait fédérer les différents projets.
La Coopération française doit naturellement s'insérer dans cette dynamique en faisant valoir l'originalité et l'efficacité de ses interventions.
L'amélioration du bien être des populations locales, le développement des capacités industrielles et la protection d'un patrimoine forestier unique sont quelques-uns uns des défis que devra relever le Gabon. Dans un contexte économique difficile, le Gabon peut compter sur le soutien et le savoir-faire de la coopération française.
Je vous remercie.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 février 2001)
Madame et Messieurs les Ministres,
Madame la Ministre, Chère Catherine,
Chers amis gabonais et français,
Mesdames,
Messieurs,
Permettez-moi tout d'abord de remercier l'association France-Gabon, et son président, le sénateur Pelletier d'avoir organisé ce colloque. Comme vous le savez, la coopération française intervient de façon importante dans l'aide à la gestion durable de la forêt gabonaise.
1 - La gestion durable des forêts, credo de toute politique forestière depuis le sommet de Rio de 1992, prend une signification particulière au Gabon.
La forêt gabonaise peut être considérée, comme une réserve mondiale de diversité biologique ; les études récentes ont montré une richesse de la faune et la flore au moins égale à celle des forêts tropicales d'Amérique de Sud. Mais la préservation de ce capital unique relève avant tout de l'intérêt du peuple gabonais. La forêt joue en effet un rôle majeur sur les plans économiques et sociaux ; elle constituera à l'avenir un élément clef de la diversité de l'économie du Gabon.
Le Gabon a souscrit à l'objectif An 2000 de l'Organisation internationale des bois tropicaux qui prône une mise sur le marché international de bois tropicaux provenant uniquement de forêts gérées durablement. Des progrès notables vers cet objectif ambitieux ont déjà été réalisés, notamment grâce au soutien actif de la Coopération française. L'adoption du nouveau code forestier devrait favoriser une gestion plus rationnelle de la forêt et l'industrialisation de la filière.
La certification des massifs forestiers et de leur gestion peut contribuer efficacement à la pérennité des ressources forestières. Les marchés pour les produits du bois certifiés se développent régulièrement dans les pays occidentaux, encouragés par les organisations environnementalistes.
La table ronde de l'OAB qui s'est tenue à Libreville en décembre dernier a permis des avancées significatives dans la mise au point de critères et indicateurs de gestion durable des forêts du Bassin du Congo. Le Gabon développe la traduction nationale de ces critères et indicateurs.
La certification ne peut seule garantir la gestion durable des forêts gabonaises. Une large part des produits de la forêt ne sont pas concernés. De plus, l'intérêt pour l'exploitant de s'engager dans la certification ne vaut que si le marché d'exportation est localisé dans un pays sensible aux thèses environnementalistes. La part prépondérante de l'exportation des bois vers le marché asiatique (près de 60%) tempère quelque peu la portée de la certification. Elle doit être considérée comme un outil de promotion de la gestion durable mais elle ne peut en aucun cas se substituer aux politiques nationales. La réalisation des plans d'aménagement est donc bien la priorité.
2 - La filière bois, secteur clef de l'économie gabonaise
Le développement durable de la forêt gabonaise doit d'abord bénéficier aux populations locales et être un facteur de leur développement.
Le gouvernement a compris que la restructuration du secteur forestier est vitale pour le pays. Outre les aspects touchant à l'exploitation, les efforts s'orientent vers l'essor de la transformation locale et la modernisation des équipements. Toutefois la part des bois transformée localement n'excède pas 15% des grumes produites.
Une plus grande transformation des bois augmentera la valeur des exportations et limitera la dépendance vis-à-vis des cours du bois.
Cette orientation figure explicitement dans la loi forestière. Ainsi, le plan d'aménagement d'une "concession forestière sous aménagement durable" devra nécessairement intégrer un plan d'industrialisation. Les permis forestiers associés rattachés à ces concessions seront liés à elle par des contrats d'approvisionnement d'unités de transformation.
Certains industriels n'ont pas attendu l'entrée en vigueur du texte pour investir dans le pays. L'un des principaux opérateurs, la Compagnie équatoriale des bois (CEB), filiale du groupe français Thanry, a engagé la construction d'une importante usine de déroulage de bois à Owendo. Cette usine pourrait permettre le traitement annuel de 50 000 m3 d'okoumé en placage. Cinq autres usines de transformation sont actuellement en chantier.
Le développement de l'industrialisation doit accroître les retombées pour l'économie nationale. Cependant, force est de constater que les populations riveraines des massifs exploités n'ont pas connu de retour significatif, ni en terme d'activité périphérique à l'exploitation, ni en infrastructure sociale et économique. Elles ne bénéficient qu'à la marge de l'exploitation de leur territoire traditionnel.
Les dispositions législatives en faveur des forêts communautaires et de la gestion locale des ressources forestières vont dans le bons sens.
La démarche de co-gestion à l'intérieur des concessions sous aménagement doit également être encouragée.
Les fonds de développement sociaux pourraient être mis en place à l'instar de l'expérience conduite par la CEB en faveur des collectivités villageoises : une somme de 1000 FCFA est versée pour chaque mètre cube de bois de qualité "export" pendant toute la durée de l'exploitation du permis. Cette retombée financière importante devrait contribuer considérablement au développement local sous réserve, bien sûr, d'une bonne utilisation des fonds perçus.
3 - Le renforcement du cadre institutionnel
L'investissement au Gabon est caractérisé par la faiblesse des investissements privés. L'aide publique au développement ne peut pas pourvoir seule à la gestion durable des forêts. De nouvelles sources de financement (fonds de pension et d'investissement, permis d'émission de carbone, etc.) devront être recherchées. Or, l'environnement économique et politique est le facteur déterminant de l'investissement privé en faveur de la gestion durable des forêts.
L'administration est bien structurée, composée de fonctionnaires compétents et de jeunes cadres motivés, doit être poursuivi. Toutefois, le contrôle de la bonne application des règlements nécessite un renfort déconcentré des moyens humains et en équipement.
Les outils matériels de gestion pour l'ensemble du secteur forestier sont encore insuffisants. L'investissement dans la recherche et la formation professionnelle doit être renforcé, afin de disposer des techniciens et ouvriers du bois et des ingénieurs et techniciens forestiers, pour rédiger et appliquer les aménagements forestiers.
4 - Le rôle de l'aide publique française
Pour aider le Gabon à faire face aux enjeux de la gestion durable des forêts, la France mobilise l'ensemble des acteurs de sa coopération.
Le ministère des affaires étrangères apporte un appui institutionnel à l'administration forestière gabonaise. La France contribue activement à la définition d'une stratégie forestière orientée vers la gestion à long terme des forêts : appui au Plan d'action forestier et Projet FAC sur "Aménagement des forêts et Environnement". Globalement, le volet "aménagement forestier" de l'aide française s'élève à près de 40 MF pour le Gabon.
La recherche forestière est également soutenue à travers deux interventions :
- un programme de recherche en sylviculture à Oyane (estuaire) sur la régénération de la forêt d'okoumé ;
- une opération de capitalisation régionale des résultats de la recherche et des expériences pilotes d'aménagement puis un transfert aux utilisateurs.
Le financement par l'AFD des aménagements forestiers est une démarche originale. Elle consiste à impliquer directement les investisseurs privés dans la gestion durable des forêts. L'engagement des principaux exploitants forestiers en faveur de l'aménagement forestier témoigne du bien fondé de cette action.
L'intervention du FFEM est destinée à promouvoir la gestion participative des concessions forestières en impliquant plus étroitement les populations locales ; elle contribue à une meilleure prise en compte de la diversité biologique dans l'aménagement forestier (exploitation à faible impact, inventaires faunistiques et floristiques). Cette démarche est soutenue par les grandes ONG environnementalistes.
Le Gabon bénéficie du soutien de nombreux partenaires étrangers et d'organisations internationales. Cependant, les interventions ont souvent été dispersées et non coordonnées, limitant de fait la portée et l'efficacité des aides consenties.
Il convient aujourd'hui d'encourager une meilleure synergie entre les partenaires financiers, tant publics que privés. Le Programme sectoriel Forêt Environnement coordonnée par la Banque mondiale à la demande du gouvernement gabonais devrait fédérer les différents projets.
La Coopération française doit naturellement s'insérer dans cette dynamique en faisant valoir l'originalité et l'efficacité de ses interventions.
L'amélioration du bien être des populations locales, le développement des capacités industrielles et la protection d'un patrimoine forestier unique sont quelques-uns uns des défis que devra relever le Gabon. Dans un contexte économique difficile, le Gabon peut compter sur le soutien et le savoir-faire de la coopération française.
Je vous remercie.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 février 2001)