Texte intégral
Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Chers amis,
C'est un plaisir particulier de vous recevoir aujourd'hui, un an presque jour pour jour après la chaleureuse visite d'Etat du Président Jorge SAMPAIO. Et je conserve pour ma part un excellent souvenir de ma dernière visite à Lisbonne, il y a un peu plus de deux ans, en tant que Ministre des Affaires étrangères.
1. Nos rencontres sont davantage que des rendez-vous politiques. Elles sont l'occasion de célébrer une histoire partagée, une proximité des cultures et un brassage des hommes.
Entre le Portugal et la France, les échanges, les influences et les affinités sont aussi anciennes que multiformes. Tout au long de leur histoire, nos deux pays, vieilles nations aux plus anciennes frontières d'Europe mais qui ont su ouvrir de nouveaux horizons, ont noué des liens particulièrement étroits.
Il y a tout juste deux siècles et demi, le tremblement de terre de Lisbonne nourrissait autour de Voltaire le débat des philosophes français.
Cette proximité, cette affection, c'est aussi l'esprit de nos peuples chanté par nos artistes, nos intellectuels, nos écrivains et nos poètes.
Eça DE QUEROZ disait avoir, dès son plus jeune âge, « respiré la France ». Mais je pense aussi au séjour de Robert et Sonia DELAUNAY au Portugal, aux amitiés de VIEIRA DA SILVA, figure de l'Ecole de Paris, pour René CHAR et Fernand LEGER. Je pense également à nos cinéastes, à Paulo ROCHA, assistant de Jean RENOIR puis de Manuel DE OLIVEIRA, qui nous honore de sa présence.
Aujourd'hui le public français sait apprécier, après l'éternel PESSOA, José SARAMAGO, mais également Antonio LOBO ANTUNES ou Lidia JORGE.
Parmi les grandes figures portugaises, qui ont honoré notre pays de leur présence, permettez-moi de rendre un hommage particulier à Fernando GIL qui nous a quitté très récemment.
La France est également fière d'avoir pu accueillir d'autres de vos compatriotes, aux moments difficiles. Intellectuels et militants ont préparé en France le renouveau démocratique du Portugal.
Notre histoire partagée, c'est aussi celle de ces migrants dont la réussite et l'intégration, à force de courage et de détermination sont un exemple. Les enfants de cette émigration, ces « luso-descendants », sont des citoyens d'Europe par excellence dont la France est fière.
2. Forts de cette proximité, nous nous sommes fixés aujourd'hui deux priorités :
La première, c'est la compétitivité.
Avec la stratégie de Lisbonne, votre capitale, l'un des hauts lieux de l'esprit européen, est devenue aussi le synonyme de l'ambition européenne dans ce domaine. Vous avez entrepris avec détermination, depuis un an, un projet audacieux de réforme et de modernisation. C'est pourquoi il est si important que nous mettions en commun, comme nous en avons parlé, les idées et les expériences.
Notre deuxième priorité, c'est de mettre la jeunesse au coeur de nos coopérations.
C'est tout le sens des échanges que nous avons eus ce matin : favoriser l'apprentissage de la langue de l'autre, encourager la mobilité de nos étudiants, la reconnaissance des diplômes, c'est stimuler l'intelligence, mais aussi préparer les futures réussites économiques.
Monsieur le Premier Ministre,
3. Cette coopération, elle doit se déployer dans le cadre européen.
Aujourd'hui, c'est l'un de vos compatriotes qui dirige la Commission et l'année prochaine vous assumerez la Présidence de l'Union à un moment crucial.
Nous devons faire en sorte, comme le souhaite le Président de la République, que l'Europe soit au rendez-vous de tous ceux qui l'attendent dans le monde.
Je pense d'abord à la rive sud de la Méditerranée qui nous est si proche et avec laquelle nous devons relever les défis de l'immigration et de la sécurité.
Je pense également à l'Afrique sub-saharienne en faveur de laquelle nous devons sans cesse nous mobiliser.
Je n'oublie pas enfin notre attachement partagé à l'Amérique latine, et au partenariat avec le Brésil.
Monsieur le Premier Ministre,
Pour parler comme CAMOES, le conteur des exploits des navigateurs portugais : « et s'il y avait encore plus de monde à découvrir, nous l'aurions découvert ». C'est ensemble que nous pouvons gagner ces nouvelles frontières.
Je vous propose de porter un toast à l'amitié entre nos deux pays. Vive le Portugal ! Vive la France ! Vive l'amitié franco-portugaise !
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 11 avril 2006