Déclaration de M. Léon Bertrand, ministre du tourisme, sur le développement des mesures prises en faveur des personnes handicapées dans le domaine du tourisme, Solignac le 17 mars 2006.

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Circonstance : Invitation de l'Association Handicap et qualité de vie à Solignac le 17 mars 2006

Texte intégral

Monsieur le Maire (M. DEVAUD),
Monsieur le Président de l'Association Handicap et Qualité de Vie (Bernard DESCOTTES),
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Permettez-moi, en premier lieu, de vous remercier pour votre accueil très chaleureux et pour la grande qualité de la visite organisée ce matin.
Je suis toujours soucieux de découvrir les ressources touristiques, inépuisables, de notre pays et de mieux appréhender les difficultés rencontrées pour valoriser les richesses patrimoniales et culturelles de nos régions.
A cet égard, le Limousin constitue un bel exemple : territoire rural, enclavé et menacé par le départ des jeunes générations, il doit miser sur le développement de son économie touristique pour renforcer son attractivité.
Ses atouts sont nombreux : la beauté de ses paysages, sa nature préservée qui se prête avec bonheur à l'exercice de nombreuses activités de plein air et aussi et surtout la vitalité de son patrimoine historique.
Mais ce patrimoine, si prestigieux soit-il, doit pouvoir s'adapter aux contraintes de la modernité. L'accessibilité des sites à tous les types de publics fait partie assurément de ces obligations nouvelles, qui ne sont pas seulement morales mais aussi économiques.
C'est pourquoi j'ai souhaité répondre à l'invitation de l'Association Handicap et Qualité de Vie, qui se donne pour objectif de mieux prendre en compte les besoins spécifiques des personnes handicapées au quotidien, y compris dans l'accès aux vacances et aux loisirs.
J'ai été également particulièrement séduit par les efforts déployés par la commune de Solignac pour adapter les bâtiments publics et offrir aux touristes déficients ou à mobilité réduite un accès facilité aux sites les plus fréquentés : l'Abbatiale, le château de la Borie, le gîte communal ou l'hôtel Saint Eloi.
Ces aménagements s'inscrivent dans une démarche globale de labellisation « Tourisme et Handicap », qui monte en puissance puisque deux sites régionaux ont été récemment labellisés, les Haras nationaux de Pompadour et le musée de Feeriland à Oradour sur Vayres.
Il n'est pas inutile de rappeler ici, je crois, le rôle joué par l'association Tourisme et Handicap depuis 2001 pour sensibiliser les prestataires touristiques et le grand public à l'accueil des personnes en situation de handicap.
Née d'une initiative conjointe de professionnels du tourisme et d'organismes représentant les personnes handicapées, cette association est chargée, au travers d'une convention, de la coordination des travaux liés à l'attribution du label « Tourisme et handicaps ».
Ce label se décline en fonction des 4 handicaps : moteur, visuel, auditif et mental. Il permet à la fois d'accompagner les prestataires dans leur démarche et d'informer les personnes handicapées du degré d'équipement des sites.
Toute la conception de ce label et ce qui fonde sa reconnaissance résident dans sa démarche partenariale.
Il a été créé, négocié et il est accompagné par les associations de personnes handicapées et les professionnels du tourisme, dont les organisations se sont investies pleinement dans cette action.
Un grand nombre d'entre elles, parmi lesquelles le Syndicat National des Agences de Voyages, la Fédération nationale des Offices de Tourisme et Syndicats d'initiative ou encore l'Union des Métiers de l'Hôtellerie ont d'ailleurs signé avec moi, en juin 2004, la Charte de l'accessibilité lors des premières Assises nationales, organisées dans le cadre du Salon Autonomic, salon international sur le handicap.
L'association Tourisme et Handicaps fait vivre, à côté de l'Etat, ce partenariat au quotidien. Et on ne peut que s'en réjouir.
La démarche partenariale prévaut également au niveau territorial où se mettent en oeuvre les actions concrètes. Elle a permis d'enclencher une véritable dynamique pour l'accès des personnes handicapées aux vacances et aux loisirs.
Au sein de ce partenariat, on retrouve les pays d'accueil touristique, les offices de tourisme et syndicats d'initiatives, les élus locaux, les Comités Régionaux du Tourisme, les Comités Départementaux du Tourisme, les services déconcentrés et bien sûr les Délégations Régionales au Tourisme.
Il est également important de souligner que 600 évaluateurs et près de 40 formateurs contribuent à la mise en oeuvre du label Tourisme et Handicap. Le chemin parcouru depuis 2001 est impressionnant puisque j'ai remis, le 7 mars dernier, le 1500ème label à la péniche Cap Vert à NANTES, en présence d'Alexandra Rosenfeld, Miss France 2006, marraine de l'Association,.
Cette mobilisation est à la hauteur des enjeux. Le nombre de personnes souffrant, à titre temporaire ou définitif, de déficiences motrices, sensorielles ou intellectuelles atteint près de 40% de la population française. Selon l'OMS, 10% de la population française souffre de déficiences ou d'incapacités permanentes.
En Europe, on dénombre 37 millions de personnes en situation de handicap. Il s'agit donc d'un véritable marché, au-delà du principe d'équité et de cohésion sociale.
Ces personnes veulent pouvoir voyager et trouver les prestations correspondant à leurs besoins. Ne pas y répondre est plus qu'une injustice, c'est une incohérence économique.
Cette préoccupation, nous l'avons faite nôtre au Ministère délégué au Tourisme.
Ainsi, au-delà du soutien financier que nous apportons à la mise en oeuvre du label, un guide de savoir-faire « Tourisme et Handicap » a été édité en 2005 par ODIT France, notre agence d'ingénierie, d'observation et de veille.
Cette publication apporte une connaissance technique aux professionnels du tourisme qui souhaitent aménager ou construire un équipement pour un accueil adapté à la clientèle en situation de handicap. Ce guide intègre également les critères d'accessibilité pour l'obtention du label.
De même un volet de formation à l'accueil des publics spécifiques a été intégré dans les cursus de formation et en particulier au niveau du BTS tourisme-loisirs.
L'agence nationale pour les chèques-vacances (ANCV) et la Bourse Solidarité Vacances (BSV) contribuent également au développement des loisirs et des vacances en faveur de publics spécifiques, au travers d'actions adaptées visant à intégrer les personnes handicapées.

Enfin, la loi du 11 février 2005 sur l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées institue un agrément « vacances adaptées organisées ».
Cet agrément, demandé par la direction générale de l'action sociale, vise à sécuriser « les activités de vacances avec hébergement d'une durée supérieure à 5 jours destinées spécifiquement à des groupes constituées de plus de 3 personnes handicapées majeures ».
Je précise que cette nouvelle réglementation ne se substitue pas au label qui reste une référence de qualité et de fiabilité reconnue par tous.
N'oublions pas, enfin, les prix « action, innovation et accessibilité des communes » que j'ai créé en partenariat avec le Ministère délégué aux Personnes handicapées et à la Famille en septembre 2003, lors du 1er Comité interministériel du Tourisme.
Ce prix, qui a été remis pour la première fois à 13 communes le 23 novembre 2005 lors du Salon des Maires de France, permet de valoriser les communes qui intègrent les besoins propres aux personnes handicapées ou à mobilité réduite dans leurs aménagements et leurs équipements.
Je vous encourage d'ailleurs, Monsieur le Maire, à concourir l'année prochaine. Je peux d'ores et déjà vous assurer que votre candidature sera étudiée avec une amicale bienveillance.
Mesdames et Messieurs, voilà les quelques mots que je souhaitais vous adresser ce matin sur ce sujet passionnant de l'accès des personnes en situation de handicap aux loisirs et aux vacances.
La France accuse encore un retard considérable dans la culture du handicap, en comparaison de nombreux pays, en particulier les pays nordiques. Nous devons sortir d'une vision misérabiliste du handicap et accepter l'idée que chacun de nous peut se retrouver en état de déficience passagère ou permanente.
Le Limousin, qui se veut département pilote en matière de développement durable, peut trouver dans l'accessibilité des sites touristiques une bonne pratique idéale pour accroître son attractivité.
Car, selon une étude réalisée par le CDT du Gard auprès des sites labellisés « Tourisme et Handicap » du département, la fréquentation augmente de manière significative dès l'obtention du label.
Je suis donc très confiant sur l'avenir du tourisme régional puisqu'une vingtaine de dossiers de labellisation sont en cours et devraient aboutir dans le courant de l'année 2006. Cette vitalité méritait d'être soutenue et encouragée et je vous adresse mes sincères et chaleureuses félicitations pour ces efforts.
Je vous remercie.
Source http://www. Tourisme.gouv.fr, le 5 avril 20 &