Déclaration de M. Bernard Accoyer, président du groupe parlementaire UMP à l'Assemblée nationale, en réponse au débat sur la motion de censure du PS, dans le contexte de l'affaire Clearstream et des "rumeurs", et sur le bilan positif de l'action du gouvernement, à l'Assemblée nationale le 16 mai 2006.

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Circonstance : Débat sur la motion de censure, à l'Assemblée nationale le 16 mai 2006-réponse à François Hollande (PS)

Texte intégral

Monsieur le Président,
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mes chers collègues
Cette sixième motion de censure déposée par le Parti Socialiste, en quatre ans de législature est totalement étrangère aux préoccupations des Français, décalée par rapport à leurs attentes, marquée avant tout par des petits calculs électoraux et des arrières pensées politiciennes.
Nous attendions que le Parti Socialiste esquisse enfin un projet crédible. Nous n'avons entendu qu'un nouveau réquisitoire, outrancier et caricatural.
Une première dans l'histoire parlementaire, une motion de censure exclusivement centrée, motivée et développée sur une simple rumeur.
Cela, Monsieur HOLLANDE, ne vous honore pas !
Nous attendions les idées nouvelles du PS sur l'emploi.
Rien, le mot emploi ne figure pas dans la motion. Pourtant, il s'agit de la première priorité des Français.
Il est vrai que, depuis un an, le nombre de chômeurs a diminué de 185 000 sous l'effet de la politique volontariste du gouvernement.
Nous attendions des suggestions pour le logement, autre priorité pour nos compatriotes.
Rien. Le mot logement ne figure pas davantage dans la motion.
Il est vrai qu'en 2005, il a été construit deux fois plus de logements sociaux qu'en 2000 et que 530 000 permis de construire ont été déposés durant les douze derniers mois. Un record.
Nous attendions des idées nouvelles pour lutter contre la délinquance.
Rien. Le mot ne figure pas, lui non plus, dans la motion.
Il est vrai que la délinquance a reculé de 8 % depuis 2002, alors que la gauche l'avait laissée exploser, par « naïveté », par angélisme.
Monsieur HOLLANDE,
Au-delà de vos déclarations incantatoires, voilà la réalité des chiffres qui intéressent les Français.
Mais vous intéressez-vous encore à eux ?
Faute de propositions concrètes pour les Français, l'opposition essaie maintenant d'entraîner le Parlement là où il n'a rien à faire.
Elle tente d'exploiter la confusion actuelle provoquée par l'emballement des rumeurs, des manipulations et de la violation répétée du secret d'une instruction pour dénonciation calomnieuse.
Après « l'opposition frontale », après « l'opposition caoutchouc », c'est maintenant le temps de « l'opposition inquisition ». Celle des bûchers médiatiques, des mises au pilori, des chasses à l'homme organisées et des condamnations sans jugement.
Une « opposition inquisition » qui, en consacrant la totalité du texte de sa motion à ce qui relève d'abord de la justice, ne fait que reprendre les vieilles méthodes des extrêmes : l'anathème, l'amalgame et la dénonciation de prétendus « complots ».
Faut-il que le PS doute de lui-même pour préparer les échéances en faisant ainsi la courte échelle aux extrêmes ?
Cette tentative délibérée d'intrusion dans le champ de la justice revient à bafouer, à la fois, le principe de la séparation des pouvoirs, fondateur de notre démocratie, et celui de l'indépendance de la justice. Le PS jette le masque !
Il est vrai que, par le passé, certains de ses membres ne se sont pas toujours embarrassés de ces principes.
C'est une tentation récurrente pour des ténors du Parti Socialiste, depuis des années, de vouloir transformer nos institutions en Tribunal Révolutionnaire.
Les pseudos procureurs, les vrais imprécateurs, les ayatollahs de la gauche bien pensante, qui siègent sur les bancs de l'opposition confondent souvent travail législatif et effets de manche.
Nous, Députés UMP, sommes reconnaissants au Président de la République d'avoir rappelé, avec force et détermination, que « la République, c'est la loi. Ce n'est pas la dictature de la rumeur, ni celle de la calomnie ».
Aucun d'entre nous, sur ces bancs, ne peut s'accommoder du règne de la dénonciation calomnieuse et de la suspicion permanente.
Aujourd'hui, en France, tout responsable, tout citoyen peut se retrouver accusé publiquement des pires choses à partir de fuites orchestrées, de prétendues pièces tronquées, couvertes par le secret de l'instruction.
C'est pour cela qu'il faut laisser la justice faire son travail sereinement.
D'autant que je sache, que ni l'autorité de l'Etat, ni l'action de nos services de renseignements ne sont en cause.
L'autorité de l'Etat, c'est vous qui l'avez affaiblie. N'ayez pas la mémoire sélective. Rappelez-vous de votre bilan, celui de la dernière législature.
Une justice oubliée, sans moyens financiers
Un droit à la sécurité violé
Une défense nationale sans moyens et désemparée
Tandis que, l'autorité de l'Etat, c'est bien la majorité qui l'a rétablie,
En rendant moyens et respect à notre justice.
En faisant reculer massivement et durablement l'insécurité.
En redonnant fierté et crédibilité à nos forces armées.
Voilà la vérité, les Français le savent.
Quant à l'action des services de renseignements, faut-il rappeler la conception, pour le moins curieuse, que vous en avez eu par le passé ?
Ces mêmes services que vous avez envoyé mener, aux antipodes, des opérations de guerre à l'étranger pour couler les bateaux d'ONG.
Ces services que vous avez détourné de leur mission pour protéger des secrets de famille, en mettant tout Paris sur écoute : politiques, journalistes, écrivains et même actrices.
Aujourd'hui, dans le dossier que vous tentez d'exploiter, les services ont fait leur travail.
Ils ont vérifié des informations qui relevaient de la sécurité et de la défense nationale, mettant en cause des hauts fonctionnaires et des industriels de l'armement.
Tout gouvernement responsable aurait agi ainsi.
Les enquêtes menées par les services ont toutes conclu que les faits allégués étaient infondés et qu'il s'agissait d'une grossière tentative de manipulation.
Laissons maintenant travailler l'institution judiciaire pour établir la vérité des faits et rendre justice aux personnes calomniées.
Mes Chers Collègues,
Si l'opposition cherche à exploiter politiquement ce ténébreux dossier de dénonciation calomnieuse pour camoufler le vide de ses propositions, nous, députés UMP, nous ne nous détournerons pas de notre action au service des Français et dans l'intérêt des générations à venir.
Le Gouvernement et la majorité sont au travail. Les résultats sont là. Ils sont bons.
Avec la baisse du chômage, la plus forte depuis cinq ans, qui profite à toutes les catégories de demandeurs d'emploi.
410 000 Contrats Nouvelle Embauche signés en 9 mois, démontrant l'efficacité de ce dispositif tellement contesté par la gauche.
Dans la lutte contre le chômage des jeunes, notre majorité a multiplié les mesures depuis quatre ans.
Ce sont plus de 300 000 Contrats Jeune en Entreprise signés qui ont permis à des jeunes sans qualification d'accéder à un CDI.
La loi pour l'Egalité des Chances, que vous avez également combattue par tous les moyens, étend le bénéfice du Contrat Jeune en Entreprise à tous les jeunes sans qualification, au chômage depuis plus de six mois.
Avec l'augmentation sans précédent du nombre de jeunes en contrat d'apprentissage : Près de 400 000 à ce jour. Les objectifs fixés par le Plan de Cohésion Sociale seront atteints.
Ce sont 170 000 jeunes qui bénéficient d'un accompagnement personnalisé vers l'emploi avec le Contrat d'Insertion dans la Vie Sociale.
Le Contrat Première Embauche a été mal compris. Il est apparu que « les conditions nécessaires de confiance et de sérénité n'étaient pas réunies, tant du côté des jeunes que des entreprises, pour permettre son application. »
Nous lui avons substitué, dans le consensus social, des mesures immédiatement opérationnelles en faveur de l'accès des jeunes les plus en difficulté à la vie active dans l'entreprise.
A l'inverse, au-delà de la désinformation et des contre-vérités qu'elle a complaisamment relayé contre le CPE, que propose l'opposition en faveur de l'emploi des jeunes ?
Toujours les mêmes recettes éculées. Ces contrats aidés sans formation, ni véritables débouchés dans l'entreprise.
Vous n'y croyez même pas vous-même. Ainsi le dispositif E.V.A. proposé par Martine AUBRY, qui se résumait en réalité à un enfermement dans l'assistanat, a suscité de telles interrogations dans vos propres rangs, que la direction du PS n'a même pas jugé nécessaire de donner une nouvelle chance à la « Dame des 35 heures » pour revenir dans cette assemblée.
Autre bonne nouvelle pour notre pays, la croissance. Elle dépasse les 2 %, plaçant la France dans le peloton de tête des pays de l'Union européenne.
Le rythme annuel record de création d'entreprises de 230 000 par an, une progression de plus de 5 % des investissements industriels, la plus forte hausse depuis 2000, constituent autant de résultats encourageants.
Autre sujet essentiel aux yeux de nos compatriotes : la maîtrise des flux migratoires.
Là encore, les résultats sont là.
Le flux global de l'immigration régulière s'est stabilisé pour la première fois depuis dix ans, alors qu'il avait augmenté de 40 % depuis 1997.
Le nombre de reconduites à la frontière a doublé en trois ans.
Le nouveau projet de loi défendu par Nicolas SARKOZY, que nous adopterons demain, va encore renforcer la maîtrise de ces flux migratoires, en lien avec nos capacités d'accueil et d'intégration.
C'est un projet juste, ferme et équilibré que nos compatriotes soutiennent massivement, sans que l'opposition soit capable de présenter d'autres propositions que celle de recourir, encore et toujours, à des régularisations massives, aveu d'impuissance et appel d'air à l'immigration clandestine.
Décidément, il n'y a rien de nouveau sur la planète socialiste.
Ces résultats positifs et encourageants s'appuient sur le socle des réformes que notre majorité a conduites depuis le début de la législature, sous l'impulsion de Jacques CHIRAC, et des gouvernements de Jean-Pierre RAFFARIN et de Dominique de VILLEPIN.
Oui, c'est bien notre majorité qui a voté les réformes indispensables pour préserver notre Pacte Social :
La réforme des retraites, que vous avez toujours renoncé à mettre en oeuvre, réformes de l'assurance-maladie, de la solidarité en faveur des personnes handicapées et des personnes âgées dépendantes, Plan de Cohésion Sociale.
Autant de décisions essentielles pour l'avenir pour lesquelles la gauche n'avait eu ni la volonté, ni le courage.
C'est notre majorité qui a conduit les réformes indispensables pour la modernisation et le redressement économique de notre pays :
Réforme fiscale pour mieux récompenser le travail et l'effort,
aménagement du temps de travail pour permettre à ceux qui veulent travailler plus de gagner plus,
réforme de la formation professionnelle, réforme de la filière énergétique, réforme de l'école.
Autant de réformes vitales pour lesquelles vous avez été incapable de présenter des propositions alternatives crédibles. Des réformes rendues indispensables par vos initiatives calamiteuses, démagogiques, irréalistes, telles que les 35 heures.
Mais la triste vérité est que, faute de réalisme et d'imagination, le projet du PS se résume encore aujourd'hui à un catalogue d'abrogation :
Abrogation de la réforme des retraites, avez-vous dit
Abrogation de la réforme de l'assurance-maladie, avez-vous répété
Abrogation de la réforme fiscale
Abrogation de la réforme de l'école
Abrogation de la réforme de la filière énergétique
Abrogation de la réforme de la décentralisation
La réforme, voilà l'ennemi pour le Parti Socialiste qui préfère vivre dans le passé. Un parti qui a pris l'habitude de sacrifier l'avenir à un immobilisme absolu, démagogique et coûteux, coupable pour nos compatriotes et les générations futures.
Mes Chers Collègue,
Le texte de la motion de censure le reconnaît, la déroute du Parti Socialiste, le 21 avril 2002, a privé notre pays d'un vrai débat de fond. Ce faisant, le PS avoue que le dépôt de cette motion n'est motivée que par des arrières pensées électoralistes.
Eh bien parlons-en !
Nous sommes d'accord. L'élection présidentielle, l'année prochaine, doit être l'occasion d'un vrai débat sur l'avenir de notre pays, à la lumière des mauvais coups que la gauche lui a portés. Un débat projet contre projet. Entre le projet réformiste, ambitieux et populaire que nous défendrons et un « projet socialiste », à la condition que le candidat du PS présente, cette fois, un vrai projet et qu'il ait, cette fois, le courage de le qualifier de « socialiste ».
Notre pays a besoin d'un débat de fond sur son avenir ! Pas de l'éternel retour d'un Lionel JOSPIN qui a pourtant annoncé aux Français qu'il se retirait définitivement de la vie politique.
Notre pays a besoin d'un débat clair ! Pas du discours flou, à la fois sectaire et moralisateur de Madame ROYAL qui déclare avoir les idées de son public sans les connaître !
Notre pays a besoin d'un débat réaliste ! Pas des têtes à queue idéologiques de Monsieur FABIUS qui, après avoir incarné, si longtemps, l'aile libérale du PS, défile désormais sous la bannière alter-mondialiste avec l'ultra-gauche.
Notre pays a besoin d'un débat responsable ! Pas du discours-paillettes, chic, toc et démago de Jack LANG.
Notre pays a besoin d'un débat sincère ! Pas du double-langage d'un Dominique STRAUSS-KAHN, hier favorable à l'ouverture du capital d'EDF, et aujourd'hui à sa renationalisation à 100 %.
Notre pays a besoin d'un débat imaginatif ! Pas du discours cotonneux, « caoutchouc » dirait Monsieur FABIUS, d'un François HOLLANDE empêtré dans l'impossible gestion quotidienne des équilibres internes du Parti Socialiste.
Sans parler de la « privatisation » familiale du Parti dénoncée encore hier par Jean-Christophe CAMBADELIS ou de Vincent PEILLON fustigeant les rivalités entre les présidentiables du PS qualifiés, je le cite, de « nains de jardin qui se déshonorent et nous déshonorent » Fin de citation.
Monsieur HOLLANDE, avez-vous, vous-même, encore la confiance de tous les socialistes ou cette motion de censure n'est-elle qu'une nouvelle manoeuvre pour tenter de camoufler les divisions profondes qui déchirent votre parti ?
Décidément, c'est sous l'oeil consterné des sociaux-démocrates du monde entier que la gauche socialiste française entretient la confusion programmatique, sous la tutelle idéologique et menaçante de l'extrême gauche à laquelle elle est, à l'évidence, inféodée.
Il est temps pour elle de renoncer à l'ambiguïté et aux faux semblants, en regardant le monde tel qu'il est, pour en tirer les conséquences.
Il est temps pour elle de proposer plutôt que de se complaire dans des postures profitant aux extrêmes, à moins qu'il ne s'agisse là, alors dites-le, d'une tactique délibérée.
Chacun en jugera. Car, on ne tire jamais longtemps les bénéfices d'une collusion avec les extrêmes.
Notre pays a besoin d'hommes et de femmes politiques fidèles à leurs convictions, fidèles à la confiance que leur ont accordée les Français en 2002 sur leurs engagements. Pas de politicien girouette qui, par calcul personnel, jouent désormais les supplétifs d'une gauche en mal de projet.
Mes chers Collègues, ceux qui ont déposé cette motion de censure, ceux qui vont la voter pensaient nous diviser. Ils nous soudent. Ils pensaient, ainsi, pouvoir l'emporter en 2007, ils perdront.
Les députés UMP rejetteront cette motion de censure. Elle ne peut rassembler que les suffrages d'opposants sectaires ou de quelques parlementaires infidèles aux engagements pris devant leurs électeurs.
Les députés UMP, quant à eux, veulent continuer à travailler pour les Français, dans l'intérêt de la France.Source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 17 mai 2006