Extraits d'une déclaration de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, sur les relations franco-luxembourgeoises et la construction européenne, à Luxembourg le 12 juin 2006.

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Circonstance : Point de presse conjoint avec le ministre délégué aux affaires européennes et à l'immigration du Luxembourg, M. Nicolas Schmit, à Luxembourg le 12 juin 2006

Texte intégral

Je voudrais commencer par vous remercier de votre présence, et remercier Nicolas Schmit de son invitation. Nous nous voyons régulièrement, nous nous parlons aussi souvent qu'il le faut, mais il était utile de prendre le temps d'aller un peu plus loin aujourd'hui. Tout comme lui, je dirais que nous sommes deux partenaires proches, et, m'exprimant pour la France, je dois souligner que nous avons la chance d'avoir dans le Luxembourg un pays dont nous nous sentons particulièrement proches sur l'ensemble des questions européennes, un pays qui partage la même vision de l'Europe que nous : une Europe politique, une Europe qui a de l'ambition pour ses peuples. Nous avons aussi la chance que, dans le même temps, ce pays soit un pays raisonnable et pragmatique. Voilà deux qualités alliées comme on ne les trouve pas si souvent que cela dans la famille européenne, qui font que nous nous sentons toujours heureux d'être là !
Comme le ministre vous l'a dit, nous avons parlé des questions européennes et aussi des questions bilatérales. Sur les questions européennes, nous nous sommes penchés sur la préparation du prochain Conseil européen. Nous avons répété, en particulier, notre conviction que l'Europe a besoin d'institutions rénovées pour continuer à bien fonctionner. Nous souhaitons que ce moment vienne. Dans l'intervalle, il serait utile d'avoir un certain nombre d'améliorations dans le fonctionnement des institutions, des améliorations qui sont possibles avec les textes actuels, dans le domaine de la justice et des affaires intérieures, pour le rôle des parlements, pour la cohérence et la visibilité de la politique extérieure commune, et un certain nombre d'autres sujets sur lesquels nous souhaiterions que le Conseil européen donne des directions tout à fait claires. Nous avons aussi parlé de la poursuite du processus d'élargissement, qui doit être piloté politiquement comme il convient. Nous avons parlé de l'OMC, et d'autres sujets sur lesquels vous pourrez nous interroger, si vous le souhaitez.
Sur le bilatéral, nous sommes suffisamment proches pour qu'il n'y ait pas de difficultés, mais nous avons refait le point sur l'avancement de ce grand projet Belval. Nous nous étions vus du côté français il y a quelques mois, en septembre dernier, et j'ai redit à Nicolas Schmit l'intention du gouvernement français de pouvoir avoir achevé les procédures d'échanges de territoires, qui passent par une ratification, d'ici la fin de l'année 2006. Voilà, pour résumer, l'essentiel de nos conversations.
(...)
Q - L'Europe est quand même en panne. Le référendum français y est un peu pour quelque chose. D'ici 2007, les élections, est-ce que la France est prête à reprendre un rôle moteur dans la construction européenne, ou est-ce qu'il faut s'attendre à plusieurs années d'attente, au moins deux années encore ?
R - Il y a plusieurs questions dans votre question, me semble-t-il, Monsieur. Sur le plan des institutions, l'avenir du traité reste ouvert, c'est d'ailleurs ce qui a encore été redit au Conclave des 25 près de Vienne, il y a deux semaines. Dans le même temps, son avenir est incertain. Il n'y a peut-être pas de solution à court terme, sachant que nous sommes convaincus que l'Europe a besoin d'institutions rénovées, plus efficaces, plus démocratiques pour continuer à répondre aux attentes des citoyens.
Néanmoins, sans attendre que nous ayons ces nouvelles institutions, il est possible d'avoir des améliorations dans un certain nombre de domaines - non seulement c'est possible, mais ce serait utile, et même nécessaire.
L'autre volet de votre question concerne plutôt le rythme de fonctionnement de l'Europe. Je ne partage pas tout à fait les critiques qui sont faites, selon lesquelles l'Europe serait en panne. Dans un contexte qui est difficile, au contraire, elle a le mérite de poursuivre son chemin et de prendre les décisions qu'il lui faut prendre. Nicolas Schmit vous parlait des migrations : je crois que le travail qui est en préparation depuis Hampton Court, et avec l'étape importante qui sera celle de la Conférence ministérielle de Rabat, montre que nous faisons face, comme il convient, aux grands défis de l'avenir.
Le travail qui est engagé maintenant sur l'élargissement, la capacité d'absorption, la façon de piloter le processus de l'élargissement, est un autre exemple. Il y a aussi ce que nous mettons en place sur l'énergie : il n'y avait pas, à proprement parler, de politique européenne de l'énergie. Après Hampton Court, après le livre vert de la Commission, les premiers pas ont été faits au Conseil européen de mars et il faut que le Conseil européen de juin poursuive. C'est un autre exemple et je pourrais les multiplier.
Et puis commençons par dire l'essentiel : nous avons pu, en 2005, dans le contexte que vous connaissez, doter l'Europe d'un budget. Les discussions budgétaires sont toujours particulièrement difficiles, le Luxembourg le sait bien. Nous avons pris un peu plus de temps, mais les 25 ont réussi à le faire, en plus en se mettant d'accord pour un budget qui est un budget en croissance, un budget ambitieux qui répond aux besoins de l'Europe élargie. Donc, l'Europe continue d'avancer, de prendre les décisions qu'il faut, même si parfois on pourrait souhaiter qu'elle le fasse à un rythme plus rapide.
(...)
Q - Que pensez-vous de l'idée du chancelier autrichien d'organiser un référendum européen ?
(...)
R - C'est en réalité une réflexion qui avait déjà été faite dans plusieurs enceintes, qui garde, de mon point de vue, toute sa pertinence, mais qui est peut-être davantage une réflexion prospective, pour l'avenir, que le moyen de faire entrer aujourd'hui un texte en vigueur.
(...)
Je vais rebondir sur quelque chose que Nicolas Schmit disait il y a quelques instants : il est important, et même essentiel, dans la période actuelle, que l'Europe montre qu'elle a une véritable valeur ajoutée, qu'elle démontre par des politiques efficaces, concrètes et qui répondent aux attentes des citoyens qu'elle est utile. C'est la raison pour laquelle nous avons donné la priorité, depuis un an, à cette Europe qu'on appelle Europe des résultats ou Europe des projets, c'est-à-dire une Europe qui soit capable de décider. Je le dis exactement comme Nicolas l'a dit, une Europe qui continue à prendre des décisions et qui montre à ses citoyens qu'elle est là et qu'elle est utile.
Merci Nicolas et rendez-vous au Conseil européen.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 juin 2006