Déclaration de Mme Nellu Olin, ministre de l'écologie et du développement durable, sur la qualité de l'eau, la recherche et l'innovation pour améliorer le rendement des réseaux d'eau, Le Pecq (Yvelines) le 26 juin 2006.

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Circonstance : Déplacement dans les Yvelines le 26 juin 2006 : visite de l'usine d'eau potable du Pecq et de Croissy et inauguration de la "coulée verte" des Yvelines

Texte intégral

Monsieur le Sénateur,
Madame la Sénatrice,
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
C'est pour moi un grand plaisir d'être avec vous aujourd'hui pour inaugurer cette « coulée verte ».
C'est aussi l'occasion de visiter ce site de réalimentation artificielle des nappes phréatiques particulièrement innovant et performant.
Un tel dispositif est encore assez peu développé en France.
Il permet pourtant de faire face aux problèmes de pollution de la Monsieur le Président.
La politique que je mène en matière d'eau porte notamment sur ces deux aspects que sont la réduction de la pollution et une meilleure prise en compte des épisodes de sécheresse.
Je rappelle que la qualité de l'eau distribuée n'est plus un problème en France à l'exception de quelques situations très localisées.
Tous paramètres pris en compte, 99 % des analyses sont conformes au niveau national. La situation s'est fortement améliorée au cours des dernières décennies.
Les collectivités locales conduisent une action remarquable qu'elles agissent en qualité de maître d'ouvrage comme les communes, ou de co-financeurs comme les Conseils généraux.
L'aide de l'Etat, directement ou par l'intermédiaire des Agences de l'eau, a également contribué à cette réussite, qui doit aussi beaucoup au savoir-faire des professionnels de l'eau.
L'unité de traitement où nous nous trouvons illustre parfaitement cet effort et la recherche de l'innovation. Cette filière garantit une disponibilité et une qualité d'eau conforme aux normes en permanence, notamment lors des épisodes de pollution inévitables sur une ressource particulièrement sensible comme la vôtre.
Si le besoin de traitement est sauf exception nécessaire, nous devons tout faire pour préserver la ressource en eau et réduire ainsi le coût des traitements nécessaires.
Mieux vaut prévenir que guérir !
La qualité de l'eau dans le milieu naturel n'a malheureusement pas connu les mêmes progrès que celle de l'eau distribuée. La reconquête de cette qualité à la source, est une problématique qui s'adresse à nous tous.
Elle concerne bien sûr l'Etat et le Ministre de l'Ecologie en particulier, responsable de la politique de l'eau et dont les établissements publics que sont les agences de l'eau investissent de l'ordre de 2 milliards d'euros par an pour préserver les milieux aquatiques.
Elle concerne aussi les collectivités locales qui interviennent largement dans le cadre des SAGE, et ont une responsabilité importante pour le traitement des eaux résiduaires urbaines, mais encore les industriels pour la gestion de leurs rejets, les particuliers dans leur gestion quotidienne de l'eau, et la profession agricole en matière de lutte contre les pollutions par les nitrates et les pesticides.
Le traitement des pollutions ponctuelles a fortement progressé dans les 30 dernières années. Notre action aujourd'hui doit tourner se prioritairement vers les pollutions diffuses, quelles qu'en soient leur nature ou leur origine.
Le projet de loi sur l'eau qui a été adopté en 1ère lecture, le 30 mai dernier, prévoit plusieurs mesures en ce sens, notamment des actions par bassins d'alimentation des ressources en eau potable. D'ores et déjà une action est lancée sur quinze sites.
En ce début d'été, le sujet de la sécheresse préoccupe les esprits. Le dernier comité de suivi des effets de la sécheresse, que j'ai réuni le 15 juin, a souligné que la situation restait préoccupante dans certaines régions. A ce jour, plus de 22 départements ont pris des mesures de restrictions.
Le sud de la France, et notamment le pourtour méditerranéen où les précipitations sont absentes depuis trois mois, est particulièrement touché.
La situation est également difficile pour les nappes souterraines du bassin parisien qui cumulent un déficit de recharge important depuis trois ans.
Ainsi, la nappe de Champigny qui sert essentiellement à l'alimentation en eau potable de l'Est du bassin parisien est proche des plus bas niveaux connus.
La gestion de crise doit s'anticiper au niveau local. C'est pourquoi dès janvier dernier, j'ai demandé aux préfets de préparer, avec les acteurs locaux, les arrêtés qui définissent le cadre des restrictions d'usage de l'eau qui pourraient être nécessaires à l'été.
Nous avons également, avec Dominique BUSSEREAU, sensibilisé le monde agricole en adressant au printemps un courrier à chaque irriguant pour l'inciter à privilégier des cultures faiblement consommatrices d'eau.
Je viens également d'écrire aux associations nationales de maires pour sensibiliser les élus et les services qui assurent la distribution d'eau potable sur la situation et la nécessité d'une gestion économe de la ressource en eau cet été.
Enfin, nous avons conduit une campagne de communication au printemps dans la presse régionale. Elle sera relancée par voie audiovisuelle cet été.
Nous avons tous un rôle à jouer pour réduire les effets de la sécheresse.
L'objectif prioritaire du Ministère de l'Ecologie est avant tout la mise en place de mesures qui réduisent structurellement notre vulnérabilité à la sécheresse.
L'année dernière, j'avais souligné le rôle important des travaux d'inter-connexion d'eau potable engagés depuis 1976.
C'est dans cet esprit que j'ai lancé en octobre dernier un plan d'action pour la gestion de la rareté de l'eau, qui doit nous permettre de mieux partager la ressource en eau entre les différents usages et de mieux valoriser les ressources disponibles.
De nombreuses pistes existent : amélioration du rendement des réseaux d'eau ; réutilisation des eaux usées ou des eaux pluviales ; évolution des cultures pour réduire les volumes prélevés pour l'irrigation ; mobilisation de ressources alternatives ; projets innovants.
Ainsi, des travaux sont en cours avec le BRGM afin d'identifier les possibilités en France de recourir à la réalimentation des nappes souterraines ainsi que vous le faites sur le site du Pecq. L'expérience que vous avez acquise est un gage de réussite pour les futurs projets.
Ceci m'amène à saluer l'importance capitale de l'innovation en matière d'environnement.
L'intégration de la dimension environnementale dans la définition des process, dans les cahiers des charges des futurs produits qui seront réalisés est un enjeu central pour réduire les nuisances sur notre environnement et sur notre santé.
Ces écotechnologies représentent de plus un potentiel important de croissance économique.
La recherche et l'innovation sont inscrits depuis longtemps sur le site du Pecq, avec la présence du Centre International de Recherche sur l'Eau et l'Environnement (CIRSEE) créé en 1934.
Sont regroupées au CIRSEE des compétences en matière de recherche qui lui permettent d'être un lieu de référence au niveau international dans son domaine d'intervention.
C'est ici qu'ont été créées dans les années 1980, les technologies de l'ultrafiltration par membranes, véritable rupture technologique qui a permis d'améliorer la qualité de l'eau distribuée en France et dans le monde.
Aujourd'hui, à l'échelle mondiale, le marché de l'environnement est évalué à 500 milliards d'euros. Dans ce domaine, la France peut s'appuyer sur des grands groupes industriels, mais aussi sur un tissu de petites et moyennes entreprises qui ont un potentiel d'innovation et d'exportation formidable.
Comme l'a souligné le Premier ministre devant les Etats généraux des entreprises et du développement durable, nous devons maintenant nous donner les moyens de garder une longueur d'avance.
La recherche et l'innovation doivent permettre aux Français de s'équiper avec des produits dont le cycle de vie génère un impact le plus faible possible sur notre environnement.
D'ores et déjà, parmi les 66 pôles de compétitivité qui ont été labellisés, plus d'une trentaine prévoient des innovations dans le champ des technologies environnementales.
Pour que les consommateurs puissent être mieux orientés vers les produits les plus écologiques, nous devons leur fournir une meilleure information environnementale.
C'est ce que nous avons fait pour les véhicules, en rendant obligatoire un étiquetage simple de leur consommation.
Il conviendra de généraliser une telle pratique à tous les produits consommateurs d'énergie.
Pour favoriser l'achat de produits plus écologiques, nous avons mis en place des incitations fiscales fortes.
Je pense au renforcement des crédits d'impôts en matière d'isolation ou d'équipements en chauffe-eau solaire. Je pense également à la réforme de la fiscalité automobile et au crédit d'impôt pour les véhicules propres.
Le groupe de travail que j'ai lancé avec mon collègue Thierry BRETON sur les outils économiques au service de l'environnement nous fera bientôt de nouvelles propositions pour aller plus loin.
Avant de conclure, je voudrais saluer la mise en place de la coulée verte.
Elle témoigne du souci d'intégration paysagère de vos installations, et plus largement de votre volonté de participer à l'amélioration du cadre de vie dans la commune du Pecq.
La coulée verte sera un lieu d'accueil et de découverte pour des élèves, qui sur un même site entendront parler de botanique, d'ornithologie et de gestion des eaux. Quelle belle synthèse environnementale.
Ceci complétera les actions d'éducation environnementale que réalise déjà le centre régional des Yvelines de la Lyonnaise par l'animation notamment de classes d'eau.
Cette sensibilisation est essentielle pour que les générations futures accordent davantage d'importance aux questions écologiques.
Je le disais précédemment nous devons accroître notre offre de produits écologiques.
Mais nous devons surtout générer chez nos concitoyens une exigence, une demande plus forte et solvable en matière d'écologie.
L'investissement en matière d'environnement est pour la collectivité dans son ensemble très rentable. Encore faut-il qu'individuellement nous acceptions un léger surcoût immédiat.
Nous le voyons ce site crée un véritable cercle vertueux, qui conjugue protection de l'environnement, économie et social.
La Coulée Verte, véritable patrimoine naturel, créée sur le concept de « promenade jardin » fera, j'en suis certaine, des émules.
Je tiens à nouveau à vous féliciter pour cette mise en pratique du développement durable. Et je souhaite sincèrement que cet observatoire de la nature connaisse rapidement le succès qu'il mérite au près du plus grand nombre.
Je vous remercie de votre attention. Source http://www.ecologie.gouv.fr, le 27 juin 2006