Entretien de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, avec "Marie-Claire" le 13 juillet 2006, sur l'accord signé entre la France et le Cambodge autorisant l'adoption d'enfants au Cambodge et sur sa mise en oeuvre.

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Q - Vous avez signé un accord avec votre homologue cambodgien. Quand la reprise des adoptions dans ce pays sera-t-elle effective ?
R - Je ferai tout pour que ce soit le plus vite possible. Pour l'instant, un seul organisme agréé pour l'adoption (OAA) a manifesté sa disposition à oeuvrer au Cambodge. Dans un premier temps, nous estimons à une cinquantaine le nombre d'enfants qui seront adoptés chaque année. Je m'engage à ce que les premiers enfants quittent le Cambodge début 2007.

Q - Avec l'annonce de cette réouverture, des centaines de couples ne risquent-ils pas de partir dès demain pour Phnom Penh à la recherche d'enfants dans les orphelinats ?
R - Cette annonce va évidemment susciter de nombreux espoirs. Il s'agit d'une "reprise" certes, mais certainement pas d'un "retour au passé". Cet accord définit des règles posées avec les autorités cambodgiennes. La première étape sera l'OAA en France, puis la transmission de la demande via notre ambassade à Phnom Penh. Les adoptants ne devront et ne pourront se rendre au Cambodge que sur invitation des autorités khmères après leur acceptation de principe de la proposition d'un enfant, pour le rencontrer et donner ou nom leur accord définitif. Les adoptions individuelles ne seront donc plus possibles - c'est une caractéristique nouvelle de l'adoption internationale : de plus en plus de pays se ferment à l'adoption individuelle.

Q - Que va-t-il se passer pour les couples - une quinzaine - qui ont déjà des apparentements avec des orphelins au Cambodge ?
R - Ils pourront adopter ces enfants, et ils seront prioritaires, mais au préalable, ils devront s'adresser aux OAA, ou bien encore passer par l'Afa, qui devrait être en mesure d'intervenir assez rapidement au Cambodge.

Q - Un "résident adoption" sera-t-il nommé à l'ambassade pour accompagner les adoptants dans leurs démarches sur place ?
R - Oui. Et c'est une nouveauté. Il est indispensable que l'OAA ait un correspondant sur place, et il est prévu qu'un "référent adoption" soit nommé à l'ambassade de France à Phnom Penh.

Q - Va-t-on rétablir un "coût" défini afin d'éviter d'éventuelles dérives ?
R - Les autorités cambodgiennes fixeront ce coût. Mais je tiens à ce que la contribution internationale soit la même pour tous les adoptants.

Q - On a parfois le sentiment que l'adoption internationale gêne les politiques...
R - En matière d'adoption, il n'y a que l'amour qui compte pour les enfants. Ne mettez pas de la politique là où il n'y en a pas. C'est une affaire d'amour, et s'il n'y avait pas d'adoptants, des enfants en seraient à jamais privés.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 juillet 2006