Interview de M. Léon Bertrand, ministre du tourisme, au "Figaro" le 20 juin 2006, sur l'action menée contre la pratique du tourisme sexuel.

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Texte intégral

Q - Plusieurs Français sont impliqués dans des affaires de pédophilie ou de délinquance sexuelle à l'étranger. Quelle est votre politique ?
R - Je n'interfère pas dans des dossiers individuels. La justice des États souverains doit s'exercer. Mon ministère travaille en amont avec les pays concernés. Il s'agit avant tout d'informer le public, de sensibiliser les tours opérateurs et les professionnels du tourisme.
Q - Quel type de collaboration avez-vous avec le Maroc ?
R - Pour l'instant, elle est limitée. Cependant, le Maroc est l'un des premiers pays dans lesquels nous avons décidé de créer un poste de référent au sein de l'ambassade. Il s'agit d'une personne spécialement chargée d'établir une sorte de veille et d'apporter les informations nécessaires au pays d'origine sur des agissements individuels. Nous sommes également prêts à aider les associations qui souhaiteraient se mobiliser contre ce fléau. Avec les Etats nous devons agir avec tact, car la plupart d'entre eux ne veulent pas admettre qu'ils sont une destination de tourisme sexuel. Il n'y a guère que quelques pays "matures", comme l'Indonésie et le Brésil, qui acceptent de regarder les choses en face.
Q - Comment lutter, à l'heure de la mondialisation, des échanges par Internet, des rendez-vous pris d'un bout à l'autre de la planète ?
La France a tous les outils juridiques pour poursuivre un délinquant qui sévit à l'autre bout de la planète. Les populations sur place ne connaissent pas toujours les droits de recours. Mon ministère doit permettre de nouer des liens avec les associations de terrain pour faire connaître ces droits. Enfin, je plaide pour que ces questions soient désormais traitées au niveau européen. J'ai déjà abordé le sujet lors de rencontres à Malte et à Vienne. Il y avait des réticences. Mais, dans quelques semaines, à Bruxelles, nous organisons une réunion spécifiquement dédiée à ce thème.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 juin 2006