Interview de M. Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, à France-Inter le 22 août 2006, sur la politique d'immigration et l'expulsion des étrangers sans-papiers, et sur les candidatures à l'élection présidentielle de 2007.

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Circonstance : Evacuation de 200 étrangers d'un squat de Cachan (Val-de-Marne) le 17 août 2006

Média : France Inter

Texte intégral

Q- Comme en 2002, il y aura beaucoup de candidatures présidentielles à
gauche. Et à gauche de la gauche. Et à droite, comment cela se
présente-t-il ? Y a-t-il une place à droite de la droite entre N.
Sarkozy et J.-M. Le Pen ? Cette place, un homme veut l'occuper, c'est
P. de Villiers, président du Mouvement pour la France, député européen,
et quasiment candidat depuis un an... Vous êtes en ligne de La Roche-
sur-Yon, dans les studios de France Bleu Loire-Océan. Dimanche, S.
Royal a lancé un appel pour que cela change et pour que la France se
redresse. Vous êtes d'accord ?
R- S. Royal m'apparaît comme à beaucoup de Français, comme une bulle
médiatique, aussi légère qu'une bulle de savon. J'ai écouté son
discours, je l'ai lu et relu : elle n'a pas de programme ; elle
appliquera donc le programme qui existe, celui du Parti socialiste, c'
est-à-dire les 35 heures, les règlementations, les charges, qui
détruisent à petit feu nos entreprises, et qui affaiblissent le goût du
travail ; la régularisation massive des sans-papiers ; l'immigration
incontrôlée ; le mariage homosexuel et l'adoption des enfants par les
couples homosexuels, qui finira par détruire la cellule de base qui est
la famille ; et l'impôt systématique, la machine à creuser les
déficits. C'est cela le programme du Parti socialiste et ce sera cela
S. Royal, si elle est élue !
Q- Mais vous n'êtes pas sensible à ces pistes de réforme
institutionnelle ? Par exemple, non cumul des mandats, meilleure
représentation des Français à l'Assemblée, prise en compte de la parole
des citoyens ?
R- Bien sûr. Mais tout le monde peut dire cela. Il y a des questions
plus graves qui se posent à nous, ce sont les trois questions qui
commandent notre avenir. D'abord, la question du travail et du pouvoir
d'achat. Le travail, qui part en Chine, qui part en Inde, avec l'
hémorragie des délocalisations. Et quelle est la réponse de S. Royal ?
Encore plus de charges sur le travail français, et encore moins de
protection douanière aux frontières de l'Europe. C'est exactement le
contraire que je propose : moins de charges sur les PME, suppression de
50% des charges sur les PME - et là, on crée 1 million d'emplois en une
année -, et plus de protection européenne, par exemple, une préférence
agricole qui a aujourd'hui, hélas !, disparu. La deuxième question, c'
est la question de l'immigration, avec un véritable changement de
peuplement sur le territoire français. S. Royale propose finalement l'
immigration subie ; c'est-à-dire encore plus d'immigration ; N.
Sarkozy, propose l'immigration choisie, c'est-à-dire encore plus d'
immigration. Moi je propose l'immigration zéro. Quant au lien social,
que S. Royal évoque souvent, avec le mot « famille », il faut savoir
quelle est sa conception de la famille. S. Royal et N. Sarkozy,
proposent, l'une, demain, et l'autre, après-demain, le mariage
homosexuel et l'adoption des enfants par les couples homosexuels. Je
m'y oppose, et je propose le revenu parental d'éducation réservé aux
familles françaises.
Q- On va revenir sur certains de ces grands thèmes. Mais tout de suite,
une question qui se pose à la France, immédiate et brûlante, c'est l'
envoi de Casques Bleus français au Liban. La France tergiverse et n'
envoie ses soldats qu'au compte-gouttes. Au point, qu'Israël demande à
l'Italie de prendre le commandement de la future Finul et Rome dit «
d'accord ».Et vous, M. de Villiers, que préconisez-vous ?
R- Je comprends les réticences du président de la République et des
militaires français. Parce que la France, bien sûr, doit maintenir ses
liens avec deux pays amis, Israël et le Liban, ce qu'elle fait. Elle
doit être sans complaisance pour l'Iran et pour le Hezbollah, ce qu'
elle ne fait pas assez. Mais elle doit surtout en cet instant, demander
à l'ONU des garanties, notamment sur les règles d'engagement de troupes
françaises éventuellement envoyées là-bas, dans le Liban Sud, puisqu'il
n'est pas question aujourd'hui apparemment de désarmer le Hezbollah. La
France a un souvenir cuisant en Bosnie et au Liban, avec l'affaire du
Drakkar, vous vous en souvenez, en 1983, d'une situation dans laquelle
elle se trouverait prise entre deux feux, c'est le cas de le dire, c'
est-à-dire le feu israélien, d'un côté, le feu du Hezbollah, de l'
autre. Et tant que l'on n'aura pas trouvé une solution pour désarmer le
Hezbollah, tant que le gouvernement libanais, l'Etat libanais, n'aura
pas pris la décision, sous le contrôle du chapitre 7 de l'ONU, de
désarmer le Hezbollah, c'est-à-dire, une milice qui ne devrait pas
avoir d'armes, eh bien il est dangereux pour le gouvernement français
d'envoyer des soldats français au Liban-Sud.
Q- Donc, on doit rester solides face aux appels de l'ONU, des
Américains, des Anglais, ces deux pays d'ailleurs n'envoyant pas de
soldats au Liban ?
R- Exactement. C'est facile d'aller se faire tuer jusqu'au dernier
Français ! Dans l'actualité française, il y a en ce moment les expulsés
du squat de Cachan qui campent dans un gymnase. La moitié d'entre eux
est en situation régulière, beaucoup d'entre eux, réguliers ou non, ont
un travail, sont salariés, ils font souvent d'ailleurs des jobs que les
Français ne veulent pas faire. Que fait-on alors ?
R- Sur Cachan, d'abord, un constat : voilà le résultat d'années et d'
années de laxisme en matière d'immigration. Quand on laisse entrer chez
nous des familles africaines entières, déracinées, alors que l'on sait
qu'on n'a pas de travail, pas de logement, pas de quoi leur donner les
moyens de subsistance sur le territoire français, eh bien voilà, ces
familles s'entassent dans des squats...
Q- Alors, cela c'est une position générale, mais encore une fois il y
en a qui sont réguliers et qui travaillent. Et ils vivaient dans un
squat, parce que il y a des travailleurs pauvres dans ce pays aussi !
R- Oui, absolument mais il y a aussi beaucoup de travailleurs pauvres
qui sont des citoyens français et qui attendent cinq ans, parfois plus,
pour obtenir un logement. Et là, qu'ai-je entendu, hier soir, sur les
antennes ? Que l'on allait reloger à l'hôtel ces familles ! Alors,
écoutez, s'il y a des familles irrégulières, elles doivent quitter le
territoire national. Je propose, non pas les parrainages républicains
mais l'inverse, des charters républicains, pour que le ministre de
l'intérieur fasse preuve de fermeté, et renvoie chez eux les
clandestins, les illégaux, qui n'ont rien à faire sur le territoire
national. Il y en a 400.000, selon les statistiques officielles ! Quant
aux familles régulières, il est normal qu'elles se relogent par leurs
propres moyens, comme tous les citoyens français car il n'y a aucune
raison d'installer en France une préférence étrangère.
Q- Il y a aussi des enfants qui n'ont connu que la France, qui vont à
l'école, au lycée, qui sont parfaitement intégrés. Mais comme leurs
parents étaient irréguliers au départ et le sont toujours aujourd'hui,
faut-il jeter toutes les familles dehors ?
R- Non... Il y a un principe, il devrait y avoir un principe, qui est
respecté dans tous les pays sauf la France : la France est le seul pays
où l'on peut inscrire à l'école des enfants de familles en situation
irrégulière. Et du coup, l'inscription automatique à l'école devient
une voie détournée d'installation
pour l'immigration clandestine et un encouragement, un appel d'air pour
toute la misère du monde.
Q- Donc, vous ne voulez pas qu'ils aillent à l'école ?
R- Ecoutez ! Un irrégulier - on dit " un sans-papiers ", quel beau mot
" un sans-papiers ", mais c'est " irrégulier " que l'on devrait dire,
irrégulier ou illégal - quelqu'un qui est en situation illégale,
quelqu'un qui, par exemple, à une caisse d'un supermarché décide de ne
pas payer, immédiatement, il est arrêté par la police. Eh bien quelqu'
un qui ne respecte pas la loi française, doit quitter le territoire
national !
Q- D'accord, mais ces enfants sont scolarisés depuis 20, 10, 5 ans, ils
ont un cursus français, ils n'ont connu que la France !
R- Eh bien que fait aujourd'hui le ministre de l'Intérieur ? Il annonce
qu'il y a 30.000 dossiers dans les préfectures, 30.000. En réalité, c'
est sans doute beaucoup plus. Et sur ces 30.000 il en régularise 6.000.
Cela veut dire qu'il y a 6.000 personnes supplémentaires sur le
territoire national. Et les 24.000 autres, que vont-elles devenir ?
Elles vont rester sur le territoire national, et s'ajouter aux 400.000
migrants irréguliers qui sont sur le territoire national. Ce dont la
France a besoin aujourd'hui, c'est d'une vraie rupture, pas celle d'
apparence de N. Sarkozy, une vraie rupture pour la politique d'
immigration comme pour le reste, c'est-à-dire le rétablissement des
contrôles aux frontières, la fin du regroupement familial - le
regroupement familial devra se faire dans les pays d'origine ; la fin
des avantages sociaux qui sont accordés aux clandestins, par exemple,
l'aide médicale d'Etat : 160.000 familles irrégulières ont bénéficié
cette année de l'aide médicale d'Etat, alors que vous avez des Français
qui n'ont plus la Sécurité sociale !
Q- De façon générale, vous qui avez beaucoup rencontré les sondeurs ces
temps-ci, vous piétinez à 3-4% dans les sondages, ils vous disent tous
que vous êtes coincé entre MM. Sarkozy et Le Pen. Qu'est-ce qui vous
différencie de l'un et de l'autre ?
R- D'abord, soyons prudents sur les sondages...
Q- Oui, d'accord, on est à huit mois, etc...
R- Oui, absolument. Et d'ailleurs, je voudrais dire que je suis très
choqué, comme beaucoup de Français, par le fait que nous assistons
aujourd'hui à un véritable détournement de la démocratie. Une partie de
la presse, importante, organise aujourd'hui son deuxième tour - vous
l'avez vu depuis dimanche - à la place du peuple français. C'est-à-dire
qu'elle a choisi ses candidats, et ce faisant, elle vole aux Français
leur premier tour. Il y a donc deux catégories de candidats qui ne sont
pas forcément les mêmes : les candidats des médias, Royal et Sarkozy,
et les candidats du peuple français, parmi lesquels je me place.
Q- Alors, où vous situez-vous entre MM. Sarkozy et Le Pen ?
R- C'est très simple : Royal c'est l'application du socialisme, Sarkozy
c'est la soumission au socialisme : il régularise comme la gauche, il
est favorable au mariage homosexuel comme la gauche, il recule sur le
CPE comme la gauche, il est favorable au communautarisme et au
mondialisme comme la gauche. Moi, c'est la rupture avec le socialisme.
Q- Et la différence avec J.-M. Le Pen, alors ? Vous êtes de plus en
plus proche de lui. Qu'est-ce qui vous sépare finalement, à part la
différence de génération ?
R- Moi, je suis proche des Français, des Français qui souffrent. Et je
ne me place pas par rapport à tel ou tel candidat. Je me place dans une
situation d'accueil et de rassemblement de tous les patriotes qui ne
veulent pas que la France disparaisse, alors que nous avons une classe
politique qui lamine la France par le bas, avec le communautarisme
notamment islamique, et par le haut, avec le mondialisme.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 22 août 2006