Déclaration de M. Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, sur sa candidature et son projet politique en vue de l'élection présidentielle de 2007, Guidel (Morbihan) le 10 septembre 2006.

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Circonstance : Université d'été du Mouvement pour la France (MPF) à Guidel (Morbihan) les 9 et 10 septembre 2006

Texte intégral

Mes chers amis,
La campagne présidentielle commence. Demain, je prends la route. Je commence un tour de France. J'irai partout, dans tous les départements, vous rejoindre, vous rencontrer vous, vos amis et tous les curieux qui viendront se faire une idée tant il est vrai qu'une élection, c'est une comparaison...
Le moment est venu ce matin de divulguer les grandes lignes de notre projet, de mon projet présidentiel. Mais auparavant je voudrais vous dire en confidence ce que je ressens ce matin : une charge, un honneur. J'ai eu deux vies, la troisième commence.
«Il n'y a pas de limite pour la volonté quand elle est portée par le patriotisme».
Ma première vie a été au Puy du Fou celle d'un créateur et aussi d'un entrepreneur. Je suis sans doute, dans cette campagne, le seul entrepreneur qui, sur ses temps de loisir, lit un compte d'exploitation et sait lire un bilan.
J'ai conçu le Puy du Fou comme un hymne à la France. Aujourd'hui, c'est une aventure qui est connue dans le monde entier : le Puy du Fou est devenu un fleuron français.
Je n'en tire aucune fierté. J'en tire simplement deux leçons pour la vie. Deux leçons qui dépassent le cadre de cette grande communauté humaine, artistique, culturelle, touristique, économique qu'est le Puy du Fou.
- La première leçon, c'est qu'il n'y a pas de limite pour la volonté quand la volonté est portée par le patriotisme, le sentiment d'appartenance.
- La deuxième leçon, c'est que la performance, aussi bien pour une nation que pour n'importe quelle entreprise humaine n'est pas liée - n'est plus liée - dans le monde dans lequel nous entrons, à la taille, à la masse, à l'échelle mais au contraire, bien souvent à l'agilité, à la mobilité, à la souplesse, à l'adaptation, à l'anticipation, à la vision.
Nous sommes entrés dans un monde qui est pour nous une révolution de l'esprit, la combinaison contradictoire de l'infiniment petit et de l'infiniment puissant. On peut concevoir une nation petite et en même temps puissante. Et bien souvent l'inverse. Ce qui est vrai pour les entreprises humaines est vrai pour les nations.
«J'ai voulu faire de la Vendée un laboratoire pour tester mes idées. Aujourd'hui, les résultats sont là»
La deuxième vie, c'est celle de gouverneur territorial, comme l'on dit aux Etats-Unis. Là-bas, on regarde ce que les candidats ont fait chez eux, selon le mot de Lincoln : «dis-moi ce que tu as fait chez toi, je te dirais ce que tu pourras faire pour moi».
Président du Conseil général de la Vendée, j'ai voulu faire de la Vendée un laboratoire pour tester mes idées. Aujourd'hui, les résultats sont là. Ils sont connus.
J'ai voulu faire de la Vendée une terre d'entreprises. Elle compte aujourd'hui une entreprise pour 14 habitants, contre une entreprise pour 30 habitants au niveau national. Et au dernier palmarès de l'Express, la Vendée était classée première pour le dynamisme économique.
J'ai voulu faire de la Vendée une terre d'humanité et de proximité en m'appuyant sur la famille, les réseaux de proximité, les voisinages affectifs et associatifs, plutôt que la puissance publique en considérant que, bien souvent, le bien-être social est en relation inverse avec la dépense publique.
Aujourd'hui, 74% des Vendéens sont propriétaires de leur logement : c'est le record de France. L'âge d'entrée dans les maisons de retraite est le plus tardif de France. Et c'est en Vendée qu'il y a le plus grand nombre d'assistantes maternelles, permettant la conciliation moderne de la vie professionnelle et de la vie familiale. Au dernier palmarès de l'Express la Vendée était classée première pour les familles.
J'ai voulu faire de la Vendée une terre sans immigration. J'ose le dire, parce que je percevais déjà, il y a quelques années, que les sociétés multiculturelles deviennent rapidement des sociétés multi conflictuelles, voire multi racistes.
Partout dans le monde d'aujourd'hui, et spécialement en Europe, que ce soit aux Pays-Bas, en Angleterre ou en Espagne, on voit le prix payé par l'idéologie multiculturelle qui a saisi nos élites.
Mais j'ai tout de suite pensé qu'on ne pourrait pas imposer un discours de fermeté sur l'immigration si on ne commençait pas par appliquer le principe de générosité. A l'inverse de ce qui se passe aujourd'hui : aujourd'hui, c'est générosité chez nous, fermeté et cécité en amont pour les pays de la misère.
En Vendée, j'ai fait le contraire. En mettant en place une grande politique de co-développement notamment avec des pays comme le Maroc, Madagascar ou le Bénin.
Une politique de co-développement qui multiplie des réseaux de santé, les réseaux d'hôpitaux, d'école, d'aide à la micro-entreprise...
Une politique de co-développement qui est saluée en Afrique comme exemplaire. Elle m'a convaincu, chers amis, que si nous y mettions les moyens - notamment par la coopération décentralisée qui opère de visage à visage, en évitant donc l'obstacle de l'éventuelle corruption dont on nous parle si souvent - que si nous y mettions les moyens, alors nous pourrions résoudre non pas 100% du problème de l'immigration clandestine, mais sans doute la moitié.
J'ai voulu faire de la Vendée une terre connue dans le monde entier avec le Vendée Globe : une politique de communication offensive, qui allie la tradition et la modernité. Aujourd'hui les résultats sont là.
«Je suis candidat à l'élection présidentielle pour remettre la France en ordre»
Et puis est venu le référendum. J'ai pris une part active avec le Mouvement pour la France dans la victoire du «non». Et l'été 2005, je me suis posé la question suivante : «Vais-je, à 57 ans, me mirer dans mes succès ?» Oh, comme c'est agréable ! Et ce n'est pas injuste. Ce n'est pas une vanité mal placée. «Vais-je, au contraire, mettre la même énergie, gardant ce que j'ai fait, pour aller vers la France qui aujourd'hui s'abîme ?».
J'ai choisi : je suis scénariste du dimanche au Puy du Fou ; je fais mon devoir de Président du Conseil général de la Vendée ; et je consacre mon énergie pour construire patiemment cette grande force politique qui rassemble et qui rassemblera demain tous les patriotes d'où qu'ils viennent et auxquels ce matin je fais un vibrant et solennel appel.
Je pense souvent à la phrase de Montesquieu : «Si je savais quelque chose qui fut utile à ma famille et qui fut nuisible à mon pays, je ne le ferai pas». Si je savais quelque chose qui fut utile à mon petit pays, la Vendée, mais qui fut nuisible à mon pays qui, pendant ce temps là s'abîme, je ne le ferais pas.
«Honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle sauf à prendre la voix et la lyre de Néron.» Rome brûle, la France brûle. La France s'enfonce. Elle est au bord de l'abîme. Elle perd en même temps sa souveraineté, son identité, sa vitalité...
Et c'est la raison pour laquelle, tout bien réfléchi, je le dis ce matin dans le regard de chacun d'entre vous qui représentez la France : Je suis candidat, oui, à l'élection présidentielle pour remettre de l'ordre en France. Pour remettre la France en ordre.
«La politique ne consiste pas à apporter des bonheurs privés»
Remettre la France en ordre, cela veut dire la remettre au coeur de nos préoccupations. Cela veut dire lui restituer sa liberté dans le monde, sa liberté externe, sa liberté interne.
Parce qu'il n'y a pas de politique s'il n'y a pas de cadre politique. Quand il n'y a plus le cadre politique - le cadre territorial pour que s'exprime la politique - c'est-à-dire pour que s'expriment les choix de la politique, il n'y a plus que le protocole compassionnel.
Alors on apprend à aller sangloter au «20 heures» avec toutes les margots de France. On apprend à se précipiter devant une carcasse d'avion en Martinique, embrasser les familles pour qu'en face, derrière l'écran, les gens se disent : «Comme il est humain !».
Mais la politique, ce n'est pas cela, mes chers amis, la politique ne consiste pas à vous apporter des bonheurs privés - ce n'est pas mon métier - mais à vous éviter les grands malheurs civiques.
«Je propose cinq piliers, cinq choix fondamentaux»
Pour remettre la France en ordre, je propose cinq piliers, cinq choix fondamentaux :
premier choix : la France rurale plutôt que les techno-parisiens ;
deuxième choix : la famille plutôt que le mariage homosexuel ou le contrat d'union civile homosexuel ;
troisième choix : la suppression des 35 heures qui briment, qui brident le pouvoir d'achat des salariés plutôt que l'asphyxie de la France au travail ;
quatrième choix : l'immigration zéro plutôt que l'immigration subie proposée par le Parti socialiste ou l'immigration choisie proposée par le Président de l'UMP, Nicolas Sarkozy ;
cinquième choix : une nouvelle Europe avec les Patries plutôt que l'ancienne Europe avec la Turquie.
Premier pilier : la France rurale plutôt que les techno-Parisiens.
Mes chers amis, la France est en train de gâcher une chance historique : l'équilibre de son territoire.
Nous assistons impuissants au chassé-croisé de deux France : une France congestionnée, invivable, irrespirable parfois, et une France tuméfiée, délaissée où la vie s'en va. D'un côté la sur concentration urbaine, de l'autre la désertification rurale. C'est la grande déchirure de notre territoire. C'est la fracture territoriale.
Vous avez travaillé, nous avons travaillé sur des pistes de réflexion. J'en retiendrai devant vous quelques unes après avoir dit notre volonté - celle du MPF et la mienne comme candidat à l'élection présidentielle - de défendre demain les 30 000 communes rurales qui se sentent abandonnées pendant qu'on déverse des milliards d'euros sur les banlieues qui parfois partent en fumée.
Nous préférons écouter la France oubliée - celle de nos terroirs - que la France oublieuse - celle des technocrates. Et nous proposons parmi cinquante mesures, qui sont toutes des mesures fortes, quelques novations majeures, et pour nos villes auxquelles nous sommes attachés, pour qu'elles redeviennent vivables demain, et pour nos campagnes aujourd'hui asphyxiées, déchirées.
Il faut rétablir la liberté communale, aujourd'hui démembrée par des structures supra-communales, qui dissocient peu à peu le pouvoir et la responsabilité. Il faut réintroduire l'idée d'une intercommunalité de projets et non plus de gestion : La coopération, oui, la fusion, non.
Il faut ramener dans nos territoires les services publics ruraux. Il faut rompre avec cette idéologie abstraite des techno-parisiens qui préfèrent réintroduire des ours slovènes ou des loups de Sibérie plutôt que de remettre des instituteurs catalans ou des postiers savoyards.
Il faut imposer l'exception agriculturelle à l'Organisation Mondiale du Commerce, sortir des produits agricoles de l'OMC, parce que les produits agricoles ne sont pas des produits comme les autres. Ils sont, comme les produits culturels, des produits attachés à nos territoires qui doivent être ainsi soustraits à la mondialisation sauvage.
Il faut réintroduire, au niveau européen, la préférence européenne et affirmer haut et fort que le statut de l'agriculteur avec nous, demain, ne sera plus celui d'un jardinier sovkhozien, mais celui d'un entrepreneur rémunéré par des prix sur un marché.
Il faut un plan Marshall pour nos campagnes afin de lutter contre les délocalisations et faire de la France rurale une zone franche fiscale pour attirer les entreprises et multiplier les créations d'emplois.
Il faut un grand plan de désenclavement numérique. C'est une chose à laquelle nous nous sommes attachés avec le Sénateur Bruno Retailleau qui a conçu ce plan en Vendée, et qui m'a alerté sur le fait suivant : à savoir que nous sommes devant un drame pour la France rurale. A la fracture géographique risque de s'ajouter la fracture numérique.
Il faut rétablir la liberté de chasser, la liberté de pêcher, la liberté de défendre nos terroirs, nos traditions et nos coutumes. Il faut récupérer, rapatrier les libertés perdues de nos campagnes.
Il faut évidemment interdire dans nos campagnes les raves-parties parce que la France n'est pas, et ne doit pas être, le terrain de jeu des bobos et des apparatchiks parisiens.
Il faut instaurer la retraite à la maison plutôt que la maison de retraite, avec un grand plan d'enracinement des personnes âgées à leur domicile pour retarder le moment où se fait le grand voyage pour aller dans une maison de retraite. C'est un problème que je connais par expérience, qui est un drame à venir compte tenu du vieillissement. Toute la France a basculé dans des usines à retraite, des mouroirs à canicule alors qu'il faut garder l'humanité.
Enfin, les deux dernières mesures : nous voulons supprimer la loi SRU qui, dans une vision autoritaire et artificielle de la mixité sociale, veut imposer la diffusion de l'immigration dans nos campagnes. Et je veux faire de la France dans la décennie qui vient le premier pays producteur mondial de pétrole vert avec une fiscalité favorable à l'agro-ressource.
Il n'y a pas d'un côté nos villes, d'un autre nos campagnes, les unes qui vivraient bien, les autres qui vivraient mal. Tout le monde vit mal parce que le territoire étant déséquilibré, il y a sur concentration d'un côté, désertification de l'autre.
Deuxième pilier : la famille plutôt que le mariage homosexuel ou le contrat d'union civile homosexuelle.
La famille a une mission irremplaçable : la survie de la sécurité sociale. Pas d'enfants, pas de cotisants ; pas de cotisants, pas de pensionnaires ; pas de pensionnaires, pas de retraites. Pas de famille, pas d'enfants ; pas d'enfants français, pas de famille française...
C'est la raison pour laquelle je propose qu'à partir de 2007 les allocations familiales soient versées aux familles de nationalité française.
Cette mission des familles doit être solennisée dans la Constitution. Je propose qu'on inscrive dans la Constitution la phrase suivante: «le mariage est l'alliance d'un homme et d'une femme».
Je propose que notre édifice juridique renforce les avantages, les droits des couples hétérosexuels, des droits patrimoniaux, successoraux, fiscaux. Et je récuse la proposition de Nicolas Sarkozy qui voudrait imposer demain le contrat d'union civile homosexuelle avec des avantages et des droits strictement équivalents aux mariages hétérosexuels. Cette proposition de l'UMP, c'est un mariage bis. Je m'y oppose formellement.
Cette mission irremplaçable des familles doit être encouragée.
Je propose un revenu parental d'éducation de 1 000 euros par mois pour encourager le troisième enfant.
Je propose le prêt familial à taux zéro d'accession à la propriété pour le logement. Et je propose la suppression immédiate des droits de succession pour que celui qui travaille, puisse transmettre.
Cette mission irremplaçable des familles doit être affichée au sommet de l'Etat. Je propose la création d'un ministère d'Etat, ministère des Familles au sommet de l'Etat.
Qui dit famille, dit éducation. Il faut que l'Education nationale redevienne une éducation et qu'elle redevienne nationale. Il y a une immense majorité de professeurs qui attend cela ; qui attend qu'on fonde l'école sur les principes de l'effort, du mérite, du travail et donc de la sélection par le mérite, par l'effort et par le travail. Qu'on rétablisse l'autorité, l'autorité des maîtres, l'autorité des savoirs, l'autorité des diplômes.
A cet égard, la discrimination positive n'est pas une bonne solution parce qu'elle dévalue les diplômes quand on ne passe plus les concours.
Il faut que l'éducation éduque, c'est-à-dire que les professeurs soient formés dans des instituts d'excellence. Je propose la suppression des IUFM ; la suppression de la carte scolaire que nous avons été les premiers à demander l'année dernière à Grasse ; l'établissement de la liberté de choix de l'école pour tous les parents ; le remplacement du collège unique par un collège du mérite.
Il faut que l'Education nationale redevienne nationale, c'est-à-dire qu'elle ne soit plus kidnappée par les syndicats, ce qui est le cas aujourd'hui, et qu'elle soit restituée à la nation pour que l'Education nationale transmette les valeurs du patriotisme.
Troisième pilier : plus de travail, moins d'impôts.
Mes chers amis, je propose - et je suis le seul, si vous écoutez bien les nuances introduites par les autres candidats -, je propose la suppression des 35 heures obligatoires, au nom même du pouvoir d'achat des salariés plutôt que l'asphyxie lente, et pour tout dire l'abandon de la France du travail.
On nous dit que les chiffres de l'emploi s'améliorent. Cette amélioration est largement artificielle, due en grande partie à des causes démographique et à des causes extérieures, la croissance mondiale qui finit par nous tirer un peu.
Le pouvoir d'achat lui se rétracte, sous l'influence du pétrole. Ils sont beaux les bénéfices des sociétés multinationales ! Ils vont vers les dividendes plutôt que vers les usagers de la station-service.
Et puis l'euro... Qui osera dire que l'euro est un mensonge, un échec formidable qui n'a tenu aucune de ses promesses ?
Oui le pouvoir d'achat se rétracte et les délocalisations continuent à s'étendre.
La France de l'économie et l'économie de la France vivent selon un principe qui est l'inversion du bon sens : on privilégie l'assistanat au travail, on privilégie l'impôt à la liberté. Et bien moi, je préfèrerai toujours l'artisanat à l'assistanat et la liberté créatrice à l'impôt spoliateur. Mon projet présidentiel sur l'économie française peut ainsi se résumer : plus de travail et moins d'impôts.
Plus de travail, c'est-à-dire qu'il faut aujourd'hui encourager le travail, tourner la société vers le travail plutôt que vers le loisir. Il faut protéger le travail français. Je ne demande pas le protectionnisme. Je demande qu'on pratique en France le libre-échange à l'américaine, à la chinoise, à la japonaise. Eux protègent leur travail.
Alors, pourquoi le patriotisme économique chez nous susciterait-il l'ostracisme alors que, quand il s'agit de la Chine, des Etats-Unis ou du Japon, on se pâme devant leur exercice de protection de leurs grands secteurs stratégiques ?
Moi je demande qu'on protège à l'extérieur et qu'on libère à l'intérieur. Protéger le travail à l'extérieur, libérer le travail à l'intérieur : protéger à l'extérieur avec une protection douanière, une protection européenne : l'Union européenne est aujourd'hui l'union commerciale la moins protégée du monde.
Je pense en cet instant à tous ceux que j'ai déjà visités : les agriculteurs, les viticulteurs, les arboriculteurs, mais aussi le textile, la chaussure, le tertiaire, la haute technologie, tout notre travail qui, petit à petit, part en Chine avec cette dissociation moralement insupportable du capital, qui prospère à Paris et du travail, qui part en Inde pour que nos vêtements soient fabriqués demain, et déjà aujourd'hui, par des enfants de douze ans en situation d'esclaves. Quelles sont les voix qui s'élèvent, les voix morales, les voix politiques devant un tel scandale ?
Une protection européenne et aussi une protection nationale. Quand vous pensez que le Président des Etats-Unis a un système de veto pour protéger les vingt entreprises stratégiques, tandis que la France, elle, voit son décret pris récemment par le Premier ministre entre les mains de la Commission de Bruxelles qui l'a refusé.
Protéger le travail et libérer le travail : c'est libérer la durée du travail et libérer le travail dans la durée de la vie, c'est-à-dire mettre fin à l'âge couperet de la retraite.
C'est aussi - on l'entend tous les jours avec les artisans et les petits patrons de PME -, libérer le travail de la paperasse. Je propose que, demain, ce ne soit plus l'entreprise qui remplisse la paperasse de l'administration qui la contrôle, mais l'inverse.
Plus de travail et moins d'impôts : nous assistons à un spectacle incroyable pour chacun des foyers français. D'un côté la grande hémorragie la fuite des meilleurs ou de ceux qui ont de l'argent. La fuite des cerveaux, la fuite des capitaux, la fuite des sièges sociaux. Voilà le spectacle ! Et puis à côté de cela, pendant ce temps là, on voit les hommes politiques qui tirent des chèques sur le compte courant, sur le compte bancaire de nos petits-enfants. C'est insupportable et inacceptable !
Je propose que l'on reparte sur les bonnes bases. L'ordre économique, c'est un ordre dans lequel deux impératifs sont respectés demain.
Premièrement, inscrire dans la Constitution le taux maximal de prélèvements obligatoires fiscaux et sociaux à 33%.
Deuxièmement, baisser de 50% la charge fiscale des 2,5 millions de PME qui créent les 4/5 des emplois sur le territoire national
Vous me direz : «Mais où trouverez-vous l'argent ?». C'est un autre débat, mais je peux déjà vous dire que si vous supprimez les 35 heures, vous récupérez 100 milliards d'euros ; si vous appliquez le principe de l'immigration zéro, 36 milliards d'euros ; si vous supprimez l'AME, 2 milliards d'euros ; si vous ne remplacez pas un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite, 50 milliards d'euros. Vous avez de quoi faire toutes les réformes dont je viens de parler à l'instant.
Quatrième pilier : l'immigration zéro plutôt que l'immigration subie ou que l'immigration choisie.
Le 24 août dernier, l'INSEE a publié un rapport explosif sur la question de l'immigration avec un aveu : les chiffres ont été jusqu'à présent sous-estimés. Cela change tout. Depuis cinq ans, les chiffres explosent : on croyait qu'ils étaient maîtrisés !
Nous, nous refusons l'immigration subie que Ségolène Royal appelle l'immigration partagée parce que c'est une immigration qui conduit tout droit au changement de peuplement de la France.
Et nous n'acceptons pas non plus l'immigration choisie. Je m'opposerai de toutes mes forces au droit de vote pour les étrangers préconisé par Nicolas Sarkozy à titre personnel - mais là on est dans une élection personnelle - ; je refuse également la discrimination positive qui nous fait basculer dans le communautarisme, le financement public des mosquées, et la suppression de la double peine ce qui revient à accorder un droit de séjour perpétuel aux étrangers délinquants. Je refuse enfin sa dernière proposition passée inaperçue : la suppression de l'impôt sur le revenu pour les immigrés.
Je veux une immigration zéro fondée sur deux principes : la fermeté chez nous mais la générosité en amont avec une grande politique de co-développement menée au niveau national et au niveau européen, avec un grand ministère d'Etat, un ministère du Co-développement.
Tout ce que je vous dis a été préconisé par un homme d'Etat africain, le Président Wade, président du Sénégal, qui a parlé non seulement d'immigration zéro mais de migration zéro.
Tarir la source plutôt que de pratiquer la traite des cerveaux en pillant les forces vives pour les faire venir chez nous.
- L'immigration zéro, cela veut dire rétablissement des contrôles aux frontières ;
- cela veut dire la fin du regroupement familial qui, naturellement, pourra s'effectuer, mais dans le pays d'origine ;
- cela veut dire également la fin des avantages sociaux exorbitants pour les sans-papiers avec la suppression de l'Aide Médicale d'Etat, des soins gratuits sans ticket modérateur - c'est inadmissible, inacceptable et moralement et juridiquement ! - ;
- cela veut dire aussi une charte républicaine pour la construction des mosquées avec des conditions draconiennes ;
- cela veut dire évidemment le changement du droit de la nationalité pour que la nationalité française ne soit plus automatique.
Cinquième pilier : une nouvelle Europe avec les Patries plutôt que l'ancienne avec la Turquie.
Je propose deux choses. D'abord, la reconquête de nos libertés. Plutôt que d'essayer d'obtenir un accord hasardeux avec nos vingt-quatre voisins, il suffit d'inscrire dans la Constitution la phrase suivante : «Le droit français est désormais supérieur au droit européen». Alors nous pourrons tout faire.
C'est au peuple français et à lui seul de se prononcer sur les OGM. C'est au peuple français et à lui seul, à ses gouvernants de pouvoir demain faire ce que nous n'avons pas pu faire hier : baisser la TVA pour les restaurateurs.
La deuxième chose que je propose, c'est de construire la nouvelle Europe puisque l'ancienne est morte, le 29 mai 2005. Seuls les politiciens ne s'en sont pas encore aperçus puisqu'ils veulent nous refourguer la Constitution européenne en kit, en la passant non plus par la porte, parce que la porte est barrée par le suffrage universel, mais par la fenêtre du Parlement. C'est plus sûr ! Le Parlement béni oui-oui de l'UMPS.
Je propose une Europe qui soit européenne donc sans la Turquie. Et si je suis élu Président de la République, mon premier voyage sera pour Bruxelles. Je dirai à mes collègues : «Voilà, je retire le négociateur français sur la négociation avec la Turquie. Ou bien vous faites l'Europe avec la France, ou bien vous faites l'Europe avec la Turquie mais sans la France !»
Deuxièmement, dans une Europe redéfinie dans son périmètre, une Europe démocratique : il n'est pas normal que ce soit vingt-cinq commissaires et dix banquiers qui régentent la vie quotidienne de 450 millions d'Européens.
A cet égard, il nous sera donné de proposer aux Français, le jour venu, de se prononcer sur l'euro par référendum parce qu'ils ont droit à ce débat.
Enfin, une Europe qui soit harmonieuse, une Europe de la coopération. Pendant que l'Europe cherche à s'intégrer, elle ne coopère pas.
Je propose trois champs nouveaux de coopération : le premier, c'est naturellement le co-développement ; le deuxième, c'est la lutte commune contre le terrorisme qui nous assaille ; et le troisième champ, c'est le combat commun que nous avons à mener sur la question du climat.
Ce faisant, la France libre, la France redevenue libre, devra elle-même fabriquer de nouveaux atouts de puissance. J'en vois trois :
- le premier, c'est la francophonie : nous devons faire de la francophonie un cercle géostratégique qui permette à la France de devenir, de redevenir ou de demeurer une puissance d'équilibre et de contrepoids face à l'américanisation du monde.
- le deuxième atout de puissance, c'est la question du climat : c'est à la France d'être le premier pays au monde à s'attaquer au problème de la dérive climatique.
- le troisième atout de puissance, c'est la conception, la fabrication par la France, avec sa puissance militaire, d'un bouclier anti-missiles qui permettra à la France de demeurer dans les décennies qui viennent une puissance mondiale.
«Je veux sortir le peuple français de sa prostration».
Mes chers amis, nous sommes devant une question vitale :
Est-ce que la France va demeurer une nation, gardant le goût de son patrimoine et tendue vers la promesse d'un destin commun ou va-t-elle devenir un espace multiculturel mondialisé qui perd ses forces vives ?
Va-t-elle devenir une juxtaposition d'alvéoles ethniques, religieuses, sexuelles, une addition de mémoires particulières, ou va-t-elle demeurer la France, une communauté d'un seul tenant assise sur les principes de la citoyenneté, de l'unité et de l'égalité ?
Si nous choisissons de ne pas laisser à l'extérieur de la communauté nationale des enclos multiples, de bouts de Sahara, d'appendices d'Afrique, d'enclaves du Maghreb, alors il y a une voie, une seule voie, ce n'est pas celle de l'intégration, c'est celle de la francisation : on intègre des communautés, des groupes, on francise des individus.
Cela suppose un double effort :
- un effort pour celui qui arrive et qui veut aimer la France, un effort pour aimer la France, c'est-à-dire pour participer dans une harmonie nouvelle à notre histoire commune, pour partager en son for intime nos mots, nos héritages, nos rêves tramés dans la même étoffe des songes.
- et puis un effort pour que la France soit aimable. Je veux sortir la France de la repentance. Je n'accepte pas l'expression si souvent entendue : «cette France rassie, cette France moisie, cette France tachetée de mille bassesses».
Je veux sortir le peuple français, auquel je m'adresse, de sa prostration, de sa torpeur, un peuple dont on a anéanti les défenses immunitaires, qu'on a condamné à la pénitence perpétuelle, au point que ses chefs préfèrent fêter les défaites plutôt que les victoires.
Si je suis élu Président de la République, je rétablirai, j'établirai le droit de fêter à nouveau Austerlitz, pour mettre au coeur des petits Français un peu du soleil d'Austerlitz ;
j'établirai, je rétablirai le droit de rendre hommage à l'oeuvre positive de la France outre-mer ;
j'établirai, le rétablirai le droit de rendre hommage aux hussards noirs de la République qui nous ont appris que la nation est le bien de ceux qui n'ont rien.
Nous ferons flotter tous ensemble le drapeau tricolore chaque matin dans les cours d'école.
Je rétablirai le droit d'aller vanter chaque année les mérites immenses de ces hommes debout à Douaumont, cette commune sans habitant. Oui, debout, la main en l'air, la bouche ouverte parce qu'au moment où ils ont été fauchés par la mort ils criaient : «Vive la France». Ils sont debout, ensevelis vivants dans la tranchée des baïonnettes.
Oui, le droit de rendre hommage aux résistants de l'ombre, de Dompierre ou d'Oradour face à cette occupation allemande qui a été inhumaine...
Et puis, j'établirai une nouvelle fête nationale : nous fêterons chaque année le 30 mai 68, c'est-à-dire le jour du sursaut patriotique. 2 millions de Français sont descendus dans la rue en brandissant le drapeau tricolore et ont mis fin à la chienlit soixante-huitarde et renvoyé Cohn-Bendit dans ses foyers.
Rapatrier le pouvoir, faire sauter les blocages politiques et syndicaux...
Mes chers amis, pour réformer, il faut trois choses :
- d'abord avoir le pouvoir, rapatrier le pouvoir. Aujourd'hui, il est dispersé à Genève, à Francfort, à Bruxelles, à l'OTAN... ;
- deuxièmement, faire sauter les blocages politiques. Nous passerons les grandes réformes par référendum - la démocratie directe, le peuple, c'est plus sûr !
- troisièmement, faire sauter les blocages syndicaux : nous supprimerons le monopole de représentativité syndicale de 1946 et nous permettrons à chaque Français de se présenter aux élections professionnelles pour faire naître en France un grand syndicalisme d'entreprise et non plus un syndicalisme idéologique qui bloque les réformes en descendant dans la rue.
Nous ferons aussi cesser sur le territoire national les ingérences étrangères. Il n'y a pas d'Etat assis sur l'autorité, la fermeté, l'unité quand il y a un Etat dans l'Etat. Je supprimerai le Conseil Français du Culte Musulman.
Enfin, pour réformer il faut être entendu, obéi, estimé, respecté. Pour que l'Etat soit respecté, il faut que les élus soient respectables : je propose la suppression de l'immunité parlementaire pour les députés ; la suppression naturellement de toute forme d'amnistie politique ; et l'impossibilité pour un homme politique condamné pour corruption de revenir dans la vie publique.
«Peuple français, saisis-toi de ton drapeau qu'on piétine sous tes yeux».
Mes chers amis, pendant que les autres se battent entre eux sans jamais s'écouter, nous écoutons la France et nous allons à la rencontre des Français.
Je ne me bats contre personne. Chacun entendra la différence... Les propositions que j'ai faites, ici ce matin, seront reprises, développées et confrontées avec les suggestions des Français du terrain que je vais rencontrer pendant trois mois sans discontinuer...
Je voudrais, en cet instant, m'adresser à travers vous, au peuple français qui nous est si cher et dont nous sommes le coeur battant : j'ai été un des vainqueurs du référendum, je serai un des vainqueurs de la présidentielle. Les gagnants seront les perdants ; les perdants seront les gagnants.
Peuple français, il est temps, relève la tête, saisis-toi de ton drapeau qu'on piétine sous tes yeux, lève les couleurs et espère. Souviens-toi et espère. Espère tout des retrouvailles de la France avec la grandeur. Merci.
Source http://www.pour la france.fr, le 21 septembre 2006