Interview de M. Christian Jacob, ministre de la fonction publique, à RFO le 8 septembre 2006, sur la surrémunération, la titularisation et la progression des agents publics dans l'île de La Réunion.

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Circonstance : Déplacement à La Réunion le 8 septembre 2006

Média : Aitv/Rfo - RFO

Texte intégral

Surrémunération, titularisation et modernisation de la fonction publique, ce sont les principaux thèmes abordés aujourd'hui par Christian Jacob.
Le ministre est ce soir notre invité.
La visite de Christian Jacob dans notre île : Le ministre s'est rendu à l'ancien hôtel de ville de Saint-Denis ce matin, où il a rappelé aux représentants de la fonction publique d'Etat, territoriale et hospitalière les grandes lignes de son projet de loi déposé en juin 2006. En réponse, les syndicats ont pu faire part de leurs préoccupations.
Le projet de loi de juin dernier se veut la concrétisation d'accords signés entre le gouvernement et 3 syndicats, en début d'année.
Christian Jacob est venu l'exposer dans les grandes lignes. Enjeux principal : favoriser la progression des agents
Extrait :C. Jacob :
ce que nous mettons en place, c'est la reconnaissance de l'expérience professionnelle que nous allons généraliser de façon très importante à partir du 1er janvier ;
Mise en place donc du REP et de la VAE, afin de permettre aux fonctionnaires d'évoluer dans leurs professions, mais aussi la création d'échelons supérieurs pour ne pas bloquer les carrières. Mais les syndicats, eux, attendent le ministre sur la question des journaliers. C'est 18 000 permanents non titulaires de la fonction publique.
Extrait :C. Jacob :
j'ai fait voter une loi à l'Assemblée qui va permettre à tous les agents qui sont en CDD depuis 6 ans de pouvoir accéder au CDI.
CDI ne veut pas dire titularisation, pas de surrémunération à 53% donc pour ses fonctionnaires. Si cela devait être le cas, il en coûterait 83 millions d'euros aux collectivités locales. Autre question en suspens, les retraites vécues comme un injustice par rapport à la fonction publique d'Etat. Sur ce sujet, pas de réponse ministérielle. Quant aux problèmes des concours locaux, c'est-à-dire des concours ouverts exclusivement aux réunionnais, la question n'a pas été abordée.
Et cet après-midi, le ministre de la fonction publique s'est rendu au CHU des Belles pierres, au service des urgences. Il a pu se rendre compte des dispositifs pour l'accueil et le traitement des malades atteints du chicungunia.
Cette visite comporte un certain nombre d'attentes et de questions, dont celle de la surrémunération des fonctionnaires. Lors de la convention de l'UMP en juillet dernier, Nicolas Sarkozy a souhaité rouvrir le débat sans tabous. En début de semaine François Baroin s'est montré prudent. Même échos aujourd'hui à la région et au conseil régional. Pour René Paul Victoria, la question n'est pas prioritaire.
Interview Ch. Jacob - JT
Journaliste :
Cette question de la surrémunération est abordée avec beaucoup de précaution. Est-ce que c'est le premier pas pour préparer l'opinion à une éventuelle réforme ?
C. Jacob :
Non, je crois que sur ce sujet qui n'est pas un sujet nouveau, il faut que l'on puisse avoir une évaluation qui soit objective à la fois sur les coûts, c'est-à-dire l'évolution du pouvoir d'achat et des coûts du niveau de la vie à la Réunion. Regarder aussi l'ensemble des points négatifs qui peuvent être apportés par la surrémunération mais aussi ceux positifs, c'est-à-dire, à la fois pour des familles qui en bénéficient et plus globalement sur cet argent qui est remis dans l'économie locale. Donc il faut évaluer tout ça pour ensuite voir si effectivement le moment sera venu ou non de faire une réforme. Aujourd'hui, ce qu'on peut dire très clairement, c'est que les conditions ne sont pas réunies pour une réforme de surrémunération.
Journaliste :
alors, vous parlez d'une évaluation à mettre en place. Quand et comment pourra-t-elle se mettre en place ?
C. Jacob :
Alors, écoutez, je crois que François Baroin a eu l'occasion de l'évoquer, de voir avec l'Insee dans quelles conditions on peut effectivement regarder l'évolution du niveau de la vie et du coût de la vie à la Réunion, et ensuite, il faudra faire des évaluations objectives, et encore une fois le sujet n'est pas d'actualité parce que l'ensemble des éléments, des conditions , ne sont pas réunis pour cette réforme.
Journaliste :
Nicolas Sarkozy a suggéré que tout de même cette question soit abordée avant les élections. Est-ce que c'est un calendrier qui sera tenu ?
C. Jacob :
Non pour moi les conditions ne sont pas réunies. Le jour où elles seront réunies, on en parlera. Elles ne le sont pas.
Journaliste :
Le PCR plaide aussi pour la préférence régionale en demandant notamment l'ouverture des concours régionaux pour le recrutement local. Est-ce que cela vous paraît justifié ?
C. Jacob :
D'une manière générale, je ne suis pas favorable à une approche de préférence régionale, ce n'est pas la tradition de nos principes républicains et l'attachement à nos valeurs de la république veut qu'il y ait l'équité, notamment pour présenter les concours ou pour se présenter dans les différents métiers de la fonction publique. En revanche, il peut y avoir un certain nombre de difficultés, notamment en matière de formation et nous allons regarder comment on peut accompagner au mieux, notamment les jeunes, qui auront peut-être plus de difficultés à rentrer dans la fonction publique pour les préparer à ses concours, vous savez, un peu à l'image des prépas qu'on fait en quelque sorte dans les formations supérieures , et bien regardons comment on peut le mieux possible préparer ces jeunes aux concours de la fonction publique, ça c'est une première réponse, il y a d'autres réponses que nous avons mis en place à la demande de Dominique de Villepin et du Président de la république, c'est la reconnaissance de l'expérience professionnelle, c'est-à-dire, on a une certaine catégorie d'agents qui vont avoir des difficultés pour préparer un concours parce qu'il y aura une partie trop académique et puis il y a 20 ans qu'ils sont sortis des circuits de formation, donc ils seront moins performants qu'un jeune sorti de l'école, et bien nous allons valoriser ces expériences et permettre ainsi de pouvoir présenter les concours.
Journaliste :
Est-ce que ça veut dire qu'aujourd'hui, la fonction publique peut rester une solution pour répondre au taux de chômage qui touche notre département ?
C. Jacob :
Bien entendu, la fonction publique, quand on regarde les niveaux d'âge moyen, il y a un renouvellement des agents de la fonction publique qui est important et ce qui compte, et bien c'est d'avoir le maximum de jeunes qui puisse être attiré et qui puisse être bien formé. Il faut une fonction publique qui offre des perspectives, des déroulements de carrières, et c'est un autre élément sur lequel, à la fois le Président de la république et le Premier ministre ont assigné, en quelque sorte, une mission, c'est de faciliter l'accès à la préparation de ces concours et surtout, et bien, qu'on entende plus un agent de la fonction publique dire, et bien au bout de 15 ans d'activité je n'ai plus de possibilité de déroulement de carrière, je n'ai plus d'opportunité, donc aidons les à progresser . Nous allons doubler le nombre d'agents qui vont passer de la catégorie C en catégorie B et doubler également le nombre d'agents de catégorie B en catégorie A. Tout ça, se sont des efforts pour valoriser leur action au quotidien.
Journaliste :
Il y a aussi une autre interrogation, ce matin vous avez présenté votre projet de modernisation pour la fonction publique, comment peut-elle se mettre en oeuvre par rapport à tout ce que vous avez dit et aussi par rapport aux agents territoriaux qui dénoncent aujourd'hui une certaine précarité de leur statut ?
C. Jacob :
Il y a effectivement une partie des gens qui travaille dans les collectivités qui sont aujourd'hui sur un statut qui n'en est pas un, je pense notamment aux journaliers, ça représente environ 10 000 personnes qui sont concernées. J'ai demandé au Préfet de prendre une circulaire qui va permettre à ces agents qui, aujourd'hui n'ont pas de statut en tant que tel puisqu'ils sont journaliers, et bien de pouvoir, à partir du moment où ils ont 6 ans d'activité dans la fonction publique de passer en CDI, c'est une avancée extrêmement importante puisque ça va permettre très concrètement à des milliers de personnes concernées d'avoir un véritable statut et dans le cadre de ce CDI, des clauses de rendez-vous, de négociations salariales tous les 3 ans, c'est aussi un point que nous avons bouclé avec les organisations syndicales et une mobilité entre collectivités territoriales, donc ces agents auront aussi ces perspectives de carrière.
Journaliste :
Une dernière question, en venant à la Réunion, vous avez répondu à une invitation du député maire de St Denis, René Paul Victoria. Est-ce que vous êtes aussi venu apaiser les tensions au sein de l'UMP et dans l'Ile ?
C. Jacob :
Je ne sais pas, mission, en tant que responsable ou représentant de l'UMP, mais en tant que ministre, mais par ailleurs, c'est l'occasion de témoigner à la fois toute mon amitié et ma reconnaissance à René Paul Victoria et de saluer l'action formidable qui est la sienne en tant que député, en tant que maire de Saint-Denis, en tant qu'élu de la République tout simplement.
Journaliste :
Merci Christian Jacob.Source http://www.fonction-publique.gouv.fr, le 3 octobre 2006