Texte intégral
J.-J. Bourdin - Avez-vous une question à poser aux auditeurs de RMC ?
R - Je voudrais savoir quel geste au quotidien ils seraient prêts à faire pour l'écologie, pour sauver la planète. C'est vrai que c'est un grand mot, mais un petit geste qui ne change pas leur comportement, chacun multiplié par 60 millions, cela apporterait beaucoup.
Q - Vous-même, faites-vous des efforts ? Qu'est-ce que vous avez changé dans votre vie ?
R - Je ne tiens plus mes appareils en veille et cela rapporte. Ce n'est pas pour moi que je le dis mais quand on sait que cela peut économiser 10 % de l'énergie, et 10 % sur les factures, c'est énorme. Je ne fais plus couler l'eau du robinet quand je me lave les dents, j'éteins les lumières dès que je sors d'une pièce. Ce n'est pas grand-chose, c'est vrai que cela n'a pas changé ma vie mais ça change en tout cas beaucoup de choses.
Q - Roulez-vous avec une voiture propre ?
R - Je roule avec un filtre à particules, parce que pour le moment, les voitures propres, il y en a très peu, et vous savez que nos voitures, quelquefois, nous servent de bureau. Mais par contre, je suis très fière de dire que je fais du co-voiturage depuis longtemps, y compris quand j'étais le maire de Garges : je ne partais jamais dans ma voiture toute seule, j'avais toujours...
Q - Mais vous, ministre, aujourd'hui, vous faites du co-voiturage ?!
R - J'emmène mes conseillers avec moi, parce que j'estime que c'est inutile de faire suivre une voiture quand le conseiller peut monter dans ma voiture. Quelquefois, on est trois derrière, et cela ne nous dérange pas.
Q - Je regarde quelques chiffres, chiffres qu'il faut avoir présent à l'esprit : 80 % des ressources mondiales sont utilisées par 20 % de la population ; 1,2 milliard d'habitants vivent avec moins d'un dollar par jour ; 1,3 milliard n'ont pas accès à l'énergie ; 1,4 milliard habitants n'ont pas accès à l'eau potable. 5 millions de personnes meurent chaque année d'ingestion d'eau contaminée, provoquant malaria, diarrhée, dengue ; 50 % de l'augmentation annuelle de la demande énergétique proviendra dans les années à venir de l'Asie. Les Etats-Unis émettent le quart des gaz responsables de l'effet de serre. Si tous les habitants de la planète consommaient comme un Français, il faudrait trois planètes comme la nôtre pour subvenir à leurs besoins.
R - Vous avez tout résumé. Ce qui est quand même un constat extrêmement alarmant. Ce n'est pas pour autant qu'il faille dire que cela ne sert à rien de faire quelque chose, parce qu'il est trop tard. Non, il n'est pas trop tard ! Mais vraiment, si on se mobilise en France et que les autres pays du monde se mobilisent - je ne parle pas des Etats-Unis qui restent braqués sur le "non" à Kyoto. Ceci étant, je suis assez rassurée, parce qu'aux Etats-Unis, toutes les villes commencent à s'engager ou de nombreuses villes...
Q - La Californie aussi.
R - Oui, et puis maintenant les Etats. Les gouverneurs se sont mobilisés, la victoire viendra aussi aux Etats-Unis, mais par les gens de terrain. Je suis ravie de cela.
Q - Hier, le Premier ministre, D. de Villepin, a consacré une très large partie de sa conférence de presse à l'environnement. Qu'est-ce qu'un Codevi ?
R - Un Codevi, c'est un livret d'épargne sur lequel on pouvait déposer jusqu'à aujourd'hui 4.600 euros et qui rapporte un petit peu, que l'on peut utiliser à tout moment, donc, c'est comme un livret de caisse d'épargne - le Livret A par exemple, où vous pouvez aller retirer, remettre - plafonnée, malheureusement, et je trouve que le plafond était très bas.
Q - Il va passer à 6.000.
R - Le Codevi va être remonté à 6.000 euros. L'important, c'est que ce n'est pas un outil complémentaire, on l'a à disposition donc autant l'utiliser. On va l'appeler, maintenant, "le livret du développement durable", peut-être, mais en tout cas, cette mobilisation de fonds va mettre à la disposition, on va dire en gros de l'écologie et du développement durable, 10 milliards d'euros.
Q - Cela veut dire que 10 milliards d'euros, c'est le montant de l'argent déposé sur les Codevi ?
R - Tout à fait. C'est d'autant plus intéressant aujourd'hui que normalement dans quelques jours, on met les étiquettes Energie en place dans les habitations, que lorsque vous revendrez, il y aura un diagnostic de fait et cela permettra soit d'augmenter la maison si la maison est aux normes énergétiques, soit de diminuer sur le prix de vente parce qu'il y aura des travaux à faire. Et c'est le moment où jamais parce que je pense qu'aujourd'hui, la facture énergétique coûte cher à tout le monde et que plus on fera de travaux avec l'aide de ce livret, justement, plus on arrivera à économiser de l'énergie.
Q - Concrètement, ce livret, comment vais-je pouvoir l'utiliser à des fins écologiques ? C'est-à-dire que je vais pourvoir emprunter ?
R - Concrètement, vous avez 6.000 euros de placés [sur un Codevi] qui vont déclencher... Alors ou ces gens prennent leurs 6.000 euros, avec 2,75 % le taux que cela rapporte, mais ils peuvent aussi déclencher via les banques des emprunts, des prêts, à des taux extrêmement réduits, des taux très, très réduits, bien en dessous de ce qui existe aujourd'hui.
Q - Des prêts pour quoi faire ?
R - Simplement pour pouvoir, par exemple, acheter une chaudière à bois, mettre des panneaux sur les toits, changer leur système électrique parce qu'il est usagé et qu'il dépense beaucoup. Donc tout ce qui pourra économiser : mettre des doubles vitrages...
Q - C'est-à-dire des prêts à des fins écologiques ?
R - Voilà, des prêts uniquement à des fins écologiques. Je crois qu'aujourd'hui, c'est un excellent levier à un moment où l'on est interpellé sur le changement climatique.
Q - Beaucoup d'associations d'ONG disent que ce n'est pas suffisant, qu'il fallait aller plus loin, qu'il fallait créer, par exemple, un livret climat, un livret d'épargne spécifique.
R - On ne va pas recréer un livret alors qu'il existe déjà. Recréer un livret, c'est encore retarder les choses. Ce Codevi existe, il est facile à utiliser. Nous n'allons pas recréer encore des systèmes difficiles.
Q - Je fais ce prêt, j'ai un Codevi, je contracte un prêt pour aménager...
R - Avec un taux tout à fait réduit...
Q - Est-ce que je bénéficie toujours des arrangements fiscaux ?
R - Bien sûr, vous avez toujours les arrangements fiscaux. Donc, si vous voulez, c'est gagnant-gagnant.
Q - C'est important. Donc tous les titulaires des Codevi pourront bénéficier de ces prêts mais si je ne suis pas titulaire d'un Codevi ?
R - Rien ne vous empêche d'en ouvrir un !
Q - Est-ce que ce prêt sera valable pour l'achat d'une voiture hybride, par exemple ?
R - Pour le moment, ce n'est pas encore envisagé. A part la Prius, nous n'avons pas encore, hélas, de voiture hybride en France. Je pense que cela va arriver, d'autant que le Gouvernement a mis 100 millions d'euros pour l'Agence industrielle recherche et développement. Il faut que ce soit vraiment un levier là aussi, pour aller plus vite.
Q - Quand cela sera-t-il en place, ces Codevi, ces prêts ?
R - Eh bien là, c'est prêt. Tous ceux qui l'ont - moi, j'en ai un, je le dis tout de suite, mais beaucoup en ont, c'était quand même quelque chose d'assez facile.
Q - Et tout de suite, je peux souscrire un prêt ?
R - En tout cas, dans quelques jours.
Q - Les banques joueront le jeu ?
R - Les banques sont très mobilisées. Et sur la partie énergie, sur la partie écologique, sur la partie environnement, les prêts accordés seront vraiment à des taux d'intérêt très réduits.
Q - Les HLM qui consomment peu d'énergies, là aussi, vous avez un objectif...
R - Oui, qu'est ce que je suis contente ! Je suis contente parce que cela fait plus de quinze mois que je dis qu'on ne pourra pas construire les nouveaux logements sans les mettre aux normes haute qualité environnementale, ou haute protection environnementale. Je pense que cela aurait été irresponsable, au moment où l'on sait que le logement, c'est 25 % d'énergie dépensés, et surtout d'émissions de gaz à effet de serre. Ce n'est peut-être pas parlant pour nos concitoyens, mais ce sera parlant pour la planète.
Q - Donc, l'objectif du Gouvernement est de multiplier par quatre la part de HLM consommant peu d'énergie, c'est ça ?
R - Cela a été difficile, je dois le dire.
Q - Pourquoi ?
R - C'est difficile parce que chacun peut dire que cela va coûter un peu plus cher dans la construction. Mais chacun pourrait penser que cela va rapporter beaucoup plus après. Donc ne pensons pas à ce que l'on dépense maintenant, pensons à ce que l'on va économiser après. Et surtout dans les HLM, où les gens ont des revenus bien modestes parfois, eh bien leur facture d'énergie, d'électricité, va diminuer d'autant. Et c'est quand même eux qui seront les premiers bénéficiaires avant la planète.
Q - Les carburants propres ?
R - Je pense qu'il faut y aller !
Q - J'ai des quantités d'auditeurs qui me disent rouler avec de l'huile dans leur réservoir, et ils me disent qu'ils sont hors-la-loi, s'ils roulent avec de l'huile ; pourquoi ne pas leur permettre ?
R - Premièrement, ils sont hors-la-loi parce que les carburants, telles que ces choses-là ne sont pas encore suffisamment testées pour savoir ce que cela peut donner.
Q - Mais ils testent depuis des années !
R - Je ne sais s'ils testent depuis des années, mais il y avait encore un reportage récemment à la télévision - il m'arrive quand même de la regarder -, où les moteurs n'étaient pas faits pour cela. Donc leur moteur à eux qui peut durer des années, va durer moitié moins de temps. Donc, qu'ils aient un tout petit peu de patience. On va sortir des biocarburants qui conviendront aux moteurs et qui conviendront aux voitures.
Q - Vous allez sortir des biocarburants avec de l'essence mais pas avec du diesel, pas beaucoup. Où en êtes-vous ?
R - On avance. Personne ne peut dire que l'on est très en avance mais personne...
Q - Vous êtes même en retard.
R - ...Mais tout le monde dit qu'il est temps que l'on s'y mette réellement.
Q - Mais quand vous voyez, par exemple, une ville, une communauté de communes, comme celle de Villeneuve-sur-lot qui fait rouler ses camions de ramassage des ordures avec de l'huile végétale, et quand je vois que cette communauté est poursuive devant le tribunal administratif, je ne comprends plus rien ! Alors qu'on fait sans cesse la promotion des biocarburants, franchement !
R - Il y a des règles. Je suis d'accord avec vous, il faut qu'on aille plus vite sur les biocarburants et je suis la première à le dire depuis longtemps.
Q - Mais pourquoi ? Il y a une pression...
R - Non, il n'y a pas de lobby.
Q - Il n'y a pas de pression des pétroliers, franchement ?
R - Je pense que personne ne subit de pression aujourd'hui. Je crois que tout le monde a bien compris les dangers que nous courrions et tout le monde veut aller de l'avant. On ne peut pas aller de l'avant sans avoir fait d'études suffisantes et connaître les impacts. Les impacts sur les voitures, aujourd'hui, c'est désastreux. Je pense que tout le monde n'a pas les moyens de changer sa voiture très souvent. Donc faisons attention à ce que l'on met dans son moteur, pour ne pas avoir le moteur dans quelques années, ou très vite, cassé. Après, ces gens là iront dire : "on ne savait pas" ; mais si, on savait ! Donc quand les biocarburants seront mis en place, testés et que chacun sera en sécurité, là oui. Donc vous avez raison, il faut encore aller plus vite par contre. Là, je vous donne raison.Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 9 octobre 2006
R - Je voudrais savoir quel geste au quotidien ils seraient prêts à faire pour l'écologie, pour sauver la planète. C'est vrai que c'est un grand mot, mais un petit geste qui ne change pas leur comportement, chacun multiplié par 60 millions, cela apporterait beaucoup.
Q - Vous-même, faites-vous des efforts ? Qu'est-ce que vous avez changé dans votre vie ?
R - Je ne tiens plus mes appareils en veille et cela rapporte. Ce n'est pas pour moi que je le dis mais quand on sait que cela peut économiser 10 % de l'énergie, et 10 % sur les factures, c'est énorme. Je ne fais plus couler l'eau du robinet quand je me lave les dents, j'éteins les lumières dès que je sors d'une pièce. Ce n'est pas grand-chose, c'est vrai que cela n'a pas changé ma vie mais ça change en tout cas beaucoup de choses.
Q - Roulez-vous avec une voiture propre ?
R - Je roule avec un filtre à particules, parce que pour le moment, les voitures propres, il y en a très peu, et vous savez que nos voitures, quelquefois, nous servent de bureau. Mais par contre, je suis très fière de dire que je fais du co-voiturage depuis longtemps, y compris quand j'étais le maire de Garges : je ne partais jamais dans ma voiture toute seule, j'avais toujours...
Q - Mais vous, ministre, aujourd'hui, vous faites du co-voiturage ?!
R - J'emmène mes conseillers avec moi, parce que j'estime que c'est inutile de faire suivre une voiture quand le conseiller peut monter dans ma voiture. Quelquefois, on est trois derrière, et cela ne nous dérange pas.
Q - Je regarde quelques chiffres, chiffres qu'il faut avoir présent à l'esprit : 80 % des ressources mondiales sont utilisées par 20 % de la population ; 1,2 milliard d'habitants vivent avec moins d'un dollar par jour ; 1,3 milliard n'ont pas accès à l'énergie ; 1,4 milliard habitants n'ont pas accès à l'eau potable. 5 millions de personnes meurent chaque année d'ingestion d'eau contaminée, provoquant malaria, diarrhée, dengue ; 50 % de l'augmentation annuelle de la demande énergétique proviendra dans les années à venir de l'Asie. Les Etats-Unis émettent le quart des gaz responsables de l'effet de serre. Si tous les habitants de la planète consommaient comme un Français, il faudrait trois planètes comme la nôtre pour subvenir à leurs besoins.
R - Vous avez tout résumé. Ce qui est quand même un constat extrêmement alarmant. Ce n'est pas pour autant qu'il faille dire que cela ne sert à rien de faire quelque chose, parce qu'il est trop tard. Non, il n'est pas trop tard ! Mais vraiment, si on se mobilise en France et que les autres pays du monde se mobilisent - je ne parle pas des Etats-Unis qui restent braqués sur le "non" à Kyoto. Ceci étant, je suis assez rassurée, parce qu'aux Etats-Unis, toutes les villes commencent à s'engager ou de nombreuses villes...
Q - La Californie aussi.
R - Oui, et puis maintenant les Etats. Les gouverneurs se sont mobilisés, la victoire viendra aussi aux Etats-Unis, mais par les gens de terrain. Je suis ravie de cela.
Q - Hier, le Premier ministre, D. de Villepin, a consacré une très large partie de sa conférence de presse à l'environnement. Qu'est-ce qu'un Codevi ?
R - Un Codevi, c'est un livret d'épargne sur lequel on pouvait déposer jusqu'à aujourd'hui 4.600 euros et qui rapporte un petit peu, que l'on peut utiliser à tout moment, donc, c'est comme un livret de caisse d'épargne - le Livret A par exemple, où vous pouvez aller retirer, remettre - plafonnée, malheureusement, et je trouve que le plafond était très bas.
Q - Il va passer à 6.000.
R - Le Codevi va être remonté à 6.000 euros. L'important, c'est que ce n'est pas un outil complémentaire, on l'a à disposition donc autant l'utiliser. On va l'appeler, maintenant, "le livret du développement durable", peut-être, mais en tout cas, cette mobilisation de fonds va mettre à la disposition, on va dire en gros de l'écologie et du développement durable, 10 milliards d'euros.
Q - Cela veut dire que 10 milliards d'euros, c'est le montant de l'argent déposé sur les Codevi ?
R - Tout à fait. C'est d'autant plus intéressant aujourd'hui que normalement dans quelques jours, on met les étiquettes Energie en place dans les habitations, que lorsque vous revendrez, il y aura un diagnostic de fait et cela permettra soit d'augmenter la maison si la maison est aux normes énergétiques, soit de diminuer sur le prix de vente parce qu'il y aura des travaux à faire. Et c'est le moment où jamais parce que je pense qu'aujourd'hui, la facture énergétique coûte cher à tout le monde et que plus on fera de travaux avec l'aide de ce livret, justement, plus on arrivera à économiser de l'énergie.
Q - Concrètement, ce livret, comment vais-je pouvoir l'utiliser à des fins écologiques ? C'est-à-dire que je vais pourvoir emprunter ?
R - Concrètement, vous avez 6.000 euros de placés [sur un Codevi] qui vont déclencher... Alors ou ces gens prennent leurs 6.000 euros, avec 2,75 % le taux que cela rapporte, mais ils peuvent aussi déclencher via les banques des emprunts, des prêts, à des taux extrêmement réduits, des taux très, très réduits, bien en dessous de ce qui existe aujourd'hui.
Q - Des prêts pour quoi faire ?
R - Simplement pour pouvoir, par exemple, acheter une chaudière à bois, mettre des panneaux sur les toits, changer leur système électrique parce qu'il est usagé et qu'il dépense beaucoup. Donc tout ce qui pourra économiser : mettre des doubles vitrages...
Q - C'est-à-dire des prêts à des fins écologiques ?
R - Voilà, des prêts uniquement à des fins écologiques. Je crois qu'aujourd'hui, c'est un excellent levier à un moment où l'on est interpellé sur le changement climatique.
Q - Beaucoup d'associations d'ONG disent que ce n'est pas suffisant, qu'il fallait aller plus loin, qu'il fallait créer, par exemple, un livret climat, un livret d'épargne spécifique.
R - On ne va pas recréer un livret alors qu'il existe déjà. Recréer un livret, c'est encore retarder les choses. Ce Codevi existe, il est facile à utiliser. Nous n'allons pas recréer encore des systèmes difficiles.
Q - Je fais ce prêt, j'ai un Codevi, je contracte un prêt pour aménager...
R - Avec un taux tout à fait réduit...
Q - Est-ce que je bénéficie toujours des arrangements fiscaux ?
R - Bien sûr, vous avez toujours les arrangements fiscaux. Donc, si vous voulez, c'est gagnant-gagnant.
Q - C'est important. Donc tous les titulaires des Codevi pourront bénéficier de ces prêts mais si je ne suis pas titulaire d'un Codevi ?
R - Rien ne vous empêche d'en ouvrir un !
Q - Est-ce que ce prêt sera valable pour l'achat d'une voiture hybride, par exemple ?
R - Pour le moment, ce n'est pas encore envisagé. A part la Prius, nous n'avons pas encore, hélas, de voiture hybride en France. Je pense que cela va arriver, d'autant que le Gouvernement a mis 100 millions d'euros pour l'Agence industrielle recherche et développement. Il faut que ce soit vraiment un levier là aussi, pour aller plus vite.
Q - Quand cela sera-t-il en place, ces Codevi, ces prêts ?
R - Eh bien là, c'est prêt. Tous ceux qui l'ont - moi, j'en ai un, je le dis tout de suite, mais beaucoup en ont, c'était quand même quelque chose d'assez facile.
Q - Et tout de suite, je peux souscrire un prêt ?
R - En tout cas, dans quelques jours.
Q - Les banques joueront le jeu ?
R - Les banques sont très mobilisées. Et sur la partie énergie, sur la partie écologique, sur la partie environnement, les prêts accordés seront vraiment à des taux d'intérêt très réduits.
Q - Les HLM qui consomment peu d'énergies, là aussi, vous avez un objectif...
R - Oui, qu'est ce que je suis contente ! Je suis contente parce que cela fait plus de quinze mois que je dis qu'on ne pourra pas construire les nouveaux logements sans les mettre aux normes haute qualité environnementale, ou haute protection environnementale. Je pense que cela aurait été irresponsable, au moment où l'on sait que le logement, c'est 25 % d'énergie dépensés, et surtout d'émissions de gaz à effet de serre. Ce n'est peut-être pas parlant pour nos concitoyens, mais ce sera parlant pour la planète.
Q - Donc, l'objectif du Gouvernement est de multiplier par quatre la part de HLM consommant peu d'énergie, c'est ça ?
R - Cela a été difficile, je dois le dire.
Q - Pourquoi ?
R - C'est difficile parce que chacun peut dire que cela va coûter un peu plus cher dans la construction. Mais chacun pourrait penser que cela va rapporter beaucoup plus après. Donc ne pensons pas à ce que l'on dépense maintenant, pensons à ce que l'on va économiser après. Et surtout dans les HLM, où les gens ont des revenus bien modestes parfois, eh bien leur facture d'énergie, d'électricité, va diminuer d'autant. Et c'est quand même eux qui seront les premiers bénéficiaires avant la planète.
Q - Les carburants propres ?
R - Je pense qu'il faut y aller !
Q - J'ai des quantités d'auditeurs qui me disent rouler avec de l'huile dans leur réservoir, et ils me disent qu'ils sont hors-la-loi, s'ils roulent avec de l'huile ; pourquoi ne pas leur permettre ?
R - Premièrement, ils sont hors-la-loi parce que les carburants, telles que ces choses-là ne sont pas encore suffisamment testées pour savoir ce que cela peut donner.
Q - Mais ils testent depuis des années !
R - Je ne sais s'ils testent depuis des années, mais il y avait encore un reportage récemment à la télévision - il m'arrive quand même de la regarder -, où les moteurs n'étaient pas faits pour cela. Donc leur moteur à eux qui peut durer des années, va durer moitié moins de temps. Donc, qu'ils aient un tout petit peu de patience. On va sortir des biocarburants qui conviendront aux moteurs et qui conviendront aux voitures.
Q - Vous allez sortir des biocarburants avec de l'essence mais pas avec du diesel, pas beaucoup. Où en êtes-vous ?
R - On avance. Personne ne peut dire que l'on est très en avance mais personne...
Q - Vous êtes même en retard.
R - ...Mais tout le monde dit qu'il est temps que l'on s'y mette réellement.
Q - Mais quand vous voyez, par exemple, une ville, une communauté de communes, comme celle de Villeneuve-sur-lot qui fait rouler ses camions de ramassage des ordures avec de l'huile végétale, et quand je vois que cette communauté est poursuive devant le tribunal administratif, je ne comprends plus rien ! Alors qu'on fait sans cesse la promotion des biocarburants, franchement !
R - Il y a des règles. Je suis d'accord avec vous, il faut qu'on aille plus vite sur les biocarburants et je suis la première à le dire depuis longtemps.
Q - Mais pourquoi ? Il y a une pression...
R - Non, il n'y a pas de lobby.
Q - Il n'y a pas de pression des pétroliers, franchement ?
R - Je pense que personne ne subit de pression aujourd'hui. Je crois que tout le monde a bien compris les dangers que nous courrions et tout le monde veut aller de l'avant. On ne peut pas aller de l'avant sans avoir fait d'études suffisantes et connaître les impacts. Les impacts sur les voitures, aujourd'hui, c'est désastreux. Je pense que tout le monde n'a pas les moyens de changer sa voiture très souvent. Donc faisons attention à ce que l'on met dans son moteur, pour ne pas avoir le moteur dans quelques années, ou très vite, cassé. Après, ces gens là iront dire : "on ne savait pas" ; mais si, on savait ! Donc quand les biocarburants seront mis en place, testés et que chacun sera en sécurité, là oui. Donc vous avez raison, il faut encore aller plus vite par contre. Là, je vous donne raison.Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 9 octobre 2006