Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Je vais être assez bref. Je crois que tout le monde connaît les enjeux. Je voudrais simplement remercier Monsieur l'Ambassadeur Holbrooke et le président Collomb de leur engagement. Si nous sommes ici c'est grâce à vous. Je sais que nous partageons, avec Michèle Barzac qui est à côté de vous, Monsieur l'Ambassadeur, les mêmes valeurs. Nous nous rendons compte que le sujet de la santé publique devient, aujourd'hui, un des plus grand sujet de politique internationale.
Qui aurait dit, il y a 15 ans que, au G8 où à l'Assemblée générale des Nations unies, pratiquement tous les chefs d'Etat parleraient, comme le président de la République, de démographie, certes, mais aussi de cette différence colossale de mortalité infantile entre le Sud et le Nord.
Cela devient un des plus grands sujets du 21ème siècle. Nous sommes tous des citoyens du monde. Ce n'est pas seulement une question d'ordre éthique, moral ou sanitaire, c'est un sujet politique. La grande pauvreté aboutit, en effet, aux grandes pandémies : le sida, la tuberculose, le paludisme. Mais comme le dit souvent Bernard Kouchner : "ne parlons pas seulement de celles-ci, car il faut aussi penser à la banale diarrhée, encore plus meurtrière".
Arrêtons de faire croire que la question de l'immigration entre l'Afrique et l'Europe se réglera avec des lois. C'est faux. Ce n'est pas avec une armée, avec des lois, que l'on peut arrêter ce mouvement. Parce que l'instinct de conservation existe et que lorsque votre enfant meurt de tuberculose et que les antibiotiques se trouvent à 3 000 km, eh bien vous allez les chercher.
Le problème qui se pose aujourd'hui est celui de la lutte contre le sida. Plus de 40 millions de personnes vivent aujourd'hui avec le VIH/Sida et 5 millions de personnes sont nouvellement infectées chaque année. Le président de la République a été un des premiers à en parler, notamment à Abidjan, en 1997. Ce fut un discours important et, depuis, la France fait partie de ces pays qui se sont le plus investis dans la lutte contre le sida.
Je voudrais également vous parler d'un sujet essentiel, celui de l'accès aux traitements. Il a d'abord fallu d'abord convaincre de la "faisabilité" de l'accès au traitement : ceci a été rendu possible grâce au Fonds de solidarité thérapeutique international initié par Bernard Kouchner, sans oublier naturellement l'initiative "Access" par laquelle des entreprises pharmaceutiques s'engageaient à pratiquer des prix différenciés pour les pays du Sud. Cela fait partie des choses qui ont probablement beaucoup aidé à changer la manière de voir ces sujets dans le monde.
S'agissant du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme, et je me tourne vers Michel Kazatchkine, qui est ici, sachez que la France a été à l'avant-garde en affectant 300 millions d'euros à ce Fonds.
Je terminerai en disant que jamais nous n'avons eu autant besoin d'un partenariat entre le public et le privé. C'est probablement ce qui va beaucoup changer dans les années à venir dans le cadre de cette relation public-privé. Il y a, bien sûr, la Fondation Clinton et la Fondation Gates. Il y a ce que vous faites, Monsieur l'Ambassadeur, Monsieur le Président et il y a aussi cette idée de financements innovants, de financements nouveaux.
Je voudrais vous engager à lire le rapport Landau. Il s'agit d'un rapport, écrit par un haut fonctionnaire français du ministère de l'Economie et des Finances, qui trace de nouvelles voies de financements qui ne seraient pas purement budgétaires, provenant des prélèvements fiscaux.
On pourrait, par exemple, percevoir un cents par baril de pétrole ou un dollar par billet d'avion. Ce n'est pas une taxe de plus, "à la française", comme certains pourraient le croire. Si on est sûr que cet argent est bien dépensé et que les médicaments arriveront aux malades, je crois que l'on a intérêt à inventer une nouvelle démarche citoyenne et mondiale. Une démarche qui permet à un homme ou une femme, dont on ne connaît ni le nom, ni le pays, de donner à un homme ou une femme dont on ne connaît ni le nom, ni le pays. C'est une démarche révolutionnaire. C'est une forme de régularisation de la mondialisation.
Je vous remercie de m'avoir permis d'ouvrir ce colloque et je remercie les entreprises. Les entreprises françaises sont parmi celles qui sont au rendez-vous de cette solidarité. Il n'y a rien de pire que de caricaturer les entreprises en disant qu'elles ne sont intéressées que par le profit. Elles le sont, bien sûr, mais pas uniquement car il y a une dimension sociale chez ceux qui s'intéressent au monde de l'entreprise. On ne le dit pas suffisamment et votre présence ce matin le prouve.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 octobre 2006