Texte intégral
Je voudrais saluer les organisateurs du sommet européen des Entreprises de la Global Business Coalition, d'abord parce que je suis très heureux que ce premier sommet européen se déroule en France, autour de nombreuses entreprises françaises actives dans la lutte contre le Sida. Je crois que chacun des acteurs a sa part de responsabilités dans la mobilisation contre le sida. Je pense aux Etats naturellement mais aussi aux personnes infectées, aux associations, aux entreprises privées, aux Fondations.
Ensuite, c'est évidemment fondamental car la santé est un axe majeur de notre action diplomatique : les questions de santé sont porteuses d'implications lourdes pour la stabilité et la sécurité des pays et des régions tout entières. La fracture sanitaire que l'on constate aujourd'hui entre les pays du Sud et les pays du Nord est bien sûr inacceptable sur le plan moral, éthique, sanitaire, mais surtout porteuse d'énormes déséquilibres sur des sujets politiques comme l'immigration, la violence et le terrorisme. La France est particulièrement attentive à ce que la santé soit traitée au plus haut niveau politique, à ce que des moyens suffisants lui soient alloués, à ce que des solutions innovantes soient proposées et mises en oeuvre. Qui aurait dit, il y a encore 15 ans qu'au G8, qu'à l'Assemblée générale des Nations unies, les chefs d'Etats et de gouvernements parleraient de santé publique ?
Pour ce qui concerne les moyens, je souligne qu'en 2007, la France consacrera plus de 600 millions d'euros à la lutte contre les trois pandémies, dont 300 millions d'euros pour le Fonds mondial, 200 millions d'euros à UNITAID et 100 millions d'euros au titre des actions de coopérations bilatérales : je pense à l'OMS, ONUSIDA et à la Banque mondiale.
Ensuite je trouve et je le dis ici, devant M. Holbrooke, en le remerciant ainsi que M. Colomb, la mobilisation des secteurs privés, commerciaux et industriels dans la lutte contre le sida est un atout majeur. L'accès universel à la prévention, au traitement, aux soins, comme nous nous y sommes engagés lors du G8 de Gleneagles ou lors de l'Assemblée générale des Nations unies, peut bénéficier de la mobilisation des entreprises qui sont des lieux pilotes pour la non-discrimination, pour l'intégration, pour la prévention. Nous venons d'entendre le PDG d'Accor nous dire qu'il mettait des préservatifs gratuits dans ses milliers de chambres d'hôtel... Et même pour l'accès aux traitements, les entreprises de la Global Business Coalition ont compris tout l'intérêt de préserver le capital humain qui fait leur force en proposant des services à leurs employés : ces services pourraient être étendus aux communautés, dans le cadre d'accords de co-investissement privé-pulics, comme le Fonds mondial le favorise. Au-delà, nous devons engager Etats et entreprises dans la recherche de partenariats au service d'objectifs et d'intérêts partagés. Je vais bientôt signer la Constitution d'une alliance pour le développement, avec quelques entreprises pour débuter, Véolia, Sanofi-Aventis, l'Agence française de Développement, l'Institut Pasteur, pour mener ensemble des projets concrets qui favorisent l'amélioration des conditions de vie et de santé dans les pays en développement et enfin, bien sûr il y a l'initiative UNITAID que je ne présente pas.
Avant de conclure, je voudrais juste dire que je suis très très heureux de pouvoir féliciter le plus chaleureusement possible, le nouveau Prix Nobel de la paix, M. Mohammed Yunus du Bangladesh ainsi que la Grameen Bank puisque ce sont eux qui viennent d'obtenir, il y a quelques minutes, le Prix Nobel de la paix. C'est important car, au moment où nous parlons, avec vous, Monsieur l'Ambassadeur, des pays du Sud et de la lutte contre la maladie, en réalité, c'est une lutte contre la pauvreté et en réalité, la Grameen Bank et ce Bangladais exceptionnel ont travaillé sur ce qu'est le micro-crédit, sur ce qu'est le développement. Il ne faut pas considérer les pays du sud de l'Afrique compassionnellement mais, au contraire, en partenaires, en leur donnant une sorte de responsabilité et en faisant confiance aux micro-projets.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 octobre 2006