Déclaration de M. Christian Estrosi, ministre délégué à l'aménagement du territoire, sur les priorités des contrats de projets Etat - Région (CPER) 2007-2013 pour la Guyane, Dégrad des Cannes (Guyane) le 27 août 2006.

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Circonstance : Voyage officiel en Guyane les 27 et 28 août 2006

Texte intégral

Je suis particulièrement heureux d'être présent parmi vous ici au port de Dégrad des Cannes, véritable noeud d'échange entre la Guyane et le reste du monde pour le fret. Ma visite en Guyane s'inscrit dans la continuité de celle du Ministre d'Etat, Ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du territoire, Nicolas SARKOZY, en juin dernier.
Pour ma première visite en Guyane, j'avais étudié avant de venir les statistiques qui m'ont été communiquées sur la Guyane :
- une superficie équivalente à celle du Portugal, dont 94 % recouvert par la forêt, rendant la problématique de l'aménagement du territoire et des transports particulièrement sensible ;
- une situation économique difficile avec un taux de chômage de 25 %, et bien plus encore dans les communes de l'intérieur ;
- une population en très forte croissance - déjà 200 000 habitants, soit 30 % de plus qu'au recensement de 1999 - et très jeune, caractérisant des besoins énormes en matière d'éducation.
Mais la réalité du terrain que j'ai observée parle infiniment mieux que toutes les statistiques de l'INSEE. J'y ai vu certes des difficultés et un besoin de rattrapage énorme. Mais j'y ai vu aussi un potentiel et des atouts forts, comme cette jeunesse dont je viens de parler. Bien formée, elle fera la richesse de demain. La Guyane, c'est aussi le centre spatial de Kourou
Il y a sans aucun doute une spécificité guyanaise, non seulement vis-à-vis de la métropole, mais même vis-à-vis des autres départements d'Outre-Mer. Ici, il ne s'agit pas seulement de consolider une économie de transition, mais véritablement de construire des bases économiques. Bien sûr, des efforts importants ont déjà été accomplis à l'initiative des élus, des chefs d'entreprises, des chambres consulaires notamment. L'Etat vous a d'ailleurs largement accompagné. Pourtant, on ne peut que constater que la situation actuelle n'est pas encore satisfaisante par rapport aux attentes légitimes des Guyanais.
Pour progresser, il est essentiel de concentrer les efforts sur les domaines les plus prioritaires pour le développement de la Guyane
1. Les moyens affectés à la Guyane.
A cet égard, nous sommes actuellement sur une année charnière, l'année où nous préparons pour la période 2007-2013 la nouvelle génération des contrats de plan, rebaptisés contrats de projets, et la nouvelle génération de fonds européens.
D'ores et déjà la Guyane bénéficie en 2006-2007 d'un plan d'urgence de 121 Meuros décidé par le Gouvernement pour assurer la transition entre la fin des programmation européennes et nationale qui s'achèvent cette année, et le lancement des nouvelles programmations pour 2007-2013. Il s'agit bien là de crédits nouveaux mobilisés sur des opérations prioritaires comme la santé, l'éducation, la lutte contre l'immigration irrégulière, le logement, le développement économique et touristique. Je sais que la mise en place des crédits prévus n'est pas toujours parfaite. Pour améliorer la situation d'ici la fin 2007, je soutiendrai la démarche du Ministre de l'Outre Mer auprès des Ministères concernés.
Par ailleurs, l'Etat n'a pas oublié la Guyane dans les arbitrages qu'il a été amené à rendre pour les programmations à venir.
Ainsi, la nouvelle génération de contrats de projet 2007-2013 accorde à la Guyane une dotation quatre fois supérieure à la moyenne nationale par habitant (640 euros contre 154 euros), soit une montant de 125Meuros de crédits d'Etat.
Cette enveloppe ira prioritairement :
- au désenclavement de la Guyane à travers les travaux du port et de l'intérieur grâce à une action sur les aérodromes,
- au développement du potentiel humain à travers la consolidation du pôle universitaire guyanais et de sa capacité de recherche ;
- aux besoins de base d'assainissement et de traitement des déchets.
Ces sommes s'ajoutent aux investissements engagés par l'Etat hors contrat de projets, d'un montant ainsi bien supérieur, et qui concernent des domaines aussi essentiels que l'éducation ou l'aménagement routier par exemple.
Ainsi, à titre tout à fait exceptionnel, l'État aidera les collectivités sur une compétence qui n'est pourtant plus la sienne : la construction d'écoles, collèges et lycées. La croissance démographique de la Guyane l'exige. le Gouvernement vient d'adresser au recteur un mandat de négociation. L'Etat fera un effort accru en matière de constructions scolaires par rapport au CPER 2000-2006. Cet effort prolongera le plan d'urgence. Il se déclinera en périodes plus courtes (deux fois trois ans plutôt qu'une fois six ans), ce qui garantit un financement plus régulier et un ajustement à l'évolution des besoins plus satisfaisant.
Les crédits d'Etat seront également complétés par les crédits européens. L'Etat a ainsi décidé de réserver 481 Meuros pour la Guyane dans l'enveloppe des fonds européens pour 2007-2013, soit 25 % de plus que la génération 2000-2006.
L'enveloppe de la Guyane augmente aussi beaucoup plus vite que celle des autres DOM : le Gouvernement a fait un choix volontariste en faveur de cette région, compte-tenu du défi de développement économique qu'elle a devant elle.
Même si j'ai bien conscience que les montants peuvent encore vous paraître insuffisants par rapport à vos besoins, il s'agit malgré tout d'un effort tout à fait significatif et je compte sur la mobilisation de tous les Guyanais, des élus et de la société civile, pour en tirer partie et développer des projets à la hauteur des enjeux de ce territoire. Soyez assuré que les services de l'Etat seront toujours à vos côtés pour vous soutenir dans cette démarche.
2. La modernisation des infrastructures portuaires de Dégrad des Cannes
Je souhaite à présent revenir plus spécifiquement sur le port de Dégrad des Cannes, qui représente l'ouverture sur le monde de la Guyane au niveau du transport de marchandises. C'est pourquoi sa remise à niveau et l'augmentation de sa capacité sont l'une des toutes premières priorités pour la Guyane que l'Etat souhaite, avec je le crois le soutien des élus, inscrire dans le futur contrat de projets.
La reconstruction du quai n°1, l'adaptation du gabarit du chenal d'accès au port et à moyen terme le confortement du quai n°2 permettront d'améliorer significativement le niveau de service du port, ce qui revêt un caractère vital pour le développement économique et social de la Guyane.
Il sera aussi nécessaire, parallèlement à ce programme d'investissements indispensables, d'améliorer les performances d'exploitation, notamment pour ce qui concerne l'application des mesures de sûreté portuaire, l'optimisation des services portuaires et leurs tarifications. Je sais pouvoir compter sur la chambre de commerce et d'industrie de Guyane, qui assure la concession du port pour oeuvrer en ce sens.
3. Les transports de passagers
L'ouverture de la Guyane sur le monde n'est pas uniquement basée sur les marchandises. Il est également essentiel pour la Guyane de disposer d'une desserte aérienne internationale efficace et compétitive pour le transport de passagers, et tout particulièrement à destination de la métropole.
Sur le long terme, l'évolution de la desserte aérienne extérieure a été plutôt positive, se caractérisant par une augmentation sensible du trafic aérien et par une baisse constante des tarifs.
Mais sur le court terme, la situation est plus préoccupante. Alors qu'il existait une certaine concurrence entre les compagnies aériennes et notamment Air France, Air Liberté (AOM), Corsair, la desserte est redevenue oligopolistique en Guyane et le trafic a chuté.
Nicolas SARKOZY a proposé des mesures concrètes pour améliorer la desserte aérienne outre-mer, en agissant à la fois sur le levier de la demande et celui de l'offre. Pour ce qui concerne la demande, les modalités de prise de congés bonifiés des fonctionnaires pourraient être modifiées, afin d'y introduire davantage de souplesse. Cela permettrait de lisser les pics de haute saisons qui favorisent l'augmentation des tarifs. Du côté de l'offre, les obligations de service public qui pèsent sur les compagnies desservant l'outre mer pourraient être assouplies pour permettre à une compagnie des vols charters dits « secs », c'est-à-dire sans séjour associé. Ces mesures doivent naturellement faire l'objet d'une concertation et devront également être évaluées pour vérifier leur efficacité. A cet effet, sous l'impulsion de Nicolas SARKOZY, le Gouvernement a décidé de lancer la création de conférences paritaires des transports dans chaque département d'outre-mer. Ces conférences seront chargées plus largement de faire des propositions pour diminuer le coût des transports outre-mer. Elles devraient tenir leurs premières réunions à la rentrée.
Au-delà des besoins en terme d'infrastructures de base, le développement économique de la Guyane passe par un investissement fort et assumé dans l'éducation et la formation, y compris le supérieur. La Guyane doit être capable de former les cadres et les entrepreneurs dont elle a besoin, que ce soit pour son économie locale mais aussi pour développer la filière de sous-traitance de l'industrie spatiale de Kourou. De plus en plus, la Guyane doit être capable de créer des emplois dans le secteur privé, et les Guyanais doivent en être fiers car ce sont ces emplois qui créent de la richesse pour la Guyane.
Permettez-moi pour conclure de vous dire que malgré les défis énormes auxquels est confronté ce territoire, je crois en la volonté des Guyanais et au dynamisme qu'ils sont capables de développer au service de leur territoire. C'est un territoire et une population particulièrement attachant que je découvre aujourd'hui et je suis convaincu les réalisations de la prochaine période de programmation 2007-2013 marqueront un réel tournant pour la Guyane et les Guyanais.
Je vous remercie.Source http://www.guyane.pref.gouv.fr, le 26 octobre 2006