Déclaration de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national,sur les thèmes de l'Etat, du service public et de la fonction publique, Metz le 19 novembre 2006.

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Circonstance : Meeting à Metz le 19 novembre 2006

Texte intégral

Mes chers compatriotes,
Ne voyez pas un effet du hasard dans le choix de Metz et de la Lorraine, patrie de Jeanne dont le destin fut de servir pour vous parler du service de l'Etat, du service public et de la fonction publique.
Mais avant d'évoquer la noblesse et la grandeur de ces missions, vous pardonnerez cette terrible répétition, cette effroyable litanie, ce constat toujours renouvelé de 30 ans d'errements.
En effet, pendant cette période le nombre des fonctionnaires ne cessait d'augmenter sous tous les gouvernements de Droite comme de Gauche.
En 1981, leur nombre s'élevait à 4 millions. Ils sont 5 millions aujourd'hui.
Et, en réalité leur nombre dépasse les 6,3 millions si l'on y ajoute tous ceux qui travaillent pour les administrations ou sont payés par des fonds publics !
Dans le même temps, notre industrie et notre agriculture perdaient 3 millions d'emplois que vous comparerez aux 2,3 millions d'emplois publics créés pendant la même période.
Dans notre pays, 1 emploi sur 4 est un emploi public (contre 1/10 en Allemagne).
Alors que dans l'OCDE, depuis 1990, la part de la population active employée par le secteur public s'établit aux alentours de 15 %, elle atteint 28 % en France.
Il existe par exemple un fonctionnaire du ministère de l'agriculture pour dix agriculteurs, qui craignent plus aujourd'hui l'inflation des réglementations que les aléas du climat ou les maladies du bétail !
Le coût de cette Fonction publique donne le vertige.
Les dépenses induites par ce secteur représentent 699 Milliards de Francs, soit 44 % du budget de l'Etat.
Soit 14 % du PIB alors que l'investissement n'en représente que 2 % !
Les missions régaliennes de l'Etat, qui représentaient en 1832 61 % des dépenses, n'en représentent plus aujourd'hui qu'à peine 30 %.
Pendant ce temps, l'Etat se dilatait dans des missions multiples, devenait boursouflé, obèse, inefficace.
Pesant de plus en plus lourd dans nos équilibres économiques, il exige sans cesse plus d'impôts, produit toujours plus de réglementations, absurdes pour la plupart, réduisant nos espaces de liberté, comme peau de chagrin.
Écrasant le secteur productif par les prélèvements fiscaux, il l'alourdit dans la compétition internationale en l'enserrant dans une réglementation étouffante, impossible à respecter.
Cette bureaucratie fait du chef d'entreprise, du commerçant, du professionnel libéral, de l'artisan, le héros des temps modernes, s'ils survivent à son action destructrice, s'ils gardent chevillée au corps et au coeur la volonté d'entreprendre et de survivre !
Car bien sûr comme toute institution humaine, elle tend à justifier son existence en réglementant pour réglementer, en réglementant la réglementation, la réglementation de la réglementation ...
Complexités, contradictions, impossibilités d'application, un pas en avant, un pas en arrière, comme un navire sans capitaine, la fonction publique erre au gré des modes, de l'évènement, des lubies européennes et des effets d'annonce.
Elle est bien à l'image des politiques qui la dirigent.
Mais ne sont-ils pas les mêmes, sortis des mêmes Ecoles, partageant les mêmes valeurs, éloignés des réalités de la vie économique, des préoccupations des Français qu'ils ne connaissent pas !
Néanmoins, nous ne les confondons pas, ni moi, ni le Front National, ces millions de fonctionnaires courageux, dignes, qui dans leur immense majorité se dévouent au service de nos concitoyens dans des conditions de plus en plus difficiles.
59 % des fonctionnaires et des agents publics souhaitent d'ailleurs la réforme de l'Etat et du secteur public.
Je sais que 95 % d'entre eux veulent mieux répondre aux exigences des usagers, que 75 % sont favorables au service minimum en cas de grève, que 80 % sont favorables au lancement de démarches de qualité dans l'administration et 2 sur 3 désirent le développement de la promotion et la rémunération au mérite !
Oui, je sais enfin que 44 % souhaitent améliorer la performance de l'économie française
La voilà donc cette fonction publique française que je distingue des hauts fonctionnaires, des politiques et des hiérarques syndicaux confits dans la défense de leur situation et non dans celle de leurs adhérents !
En effet, en multipliant les exigences impossibles à réaliser, en défendant des privilèges de castes et non les intérêts professionnels de leurs adhérents les syndicats se font les véritables complices objectifs de ceux qui veulent la mort du service public, incarnation de l'égalité et de la fraternité nationale dont nous sommes les derniers et ...authentiques défenseurs !
La privatisation de la SNCM vous en fournit un éclatant exemple.
Alors trahis par leurs syndicats, abandonnés par l 'Etat qui n'assure ni leur sécurité physique dans les banlieues par exemple, face aux délinquants qui à l'école, dans les transports en commun, à la Poste agressent les agents publics, ambulanciers, pompiers nos compatriotes fonctionnaires se réfugient dans l'absentéisme, la dépression et le découragement.
Et otages involontaires de leurs hiérarchies syndicales qui les soumettent à leurs volontés par le chantage aux avantages acquis et par un corporatisme stérile ils participent à des grèves à motifs politiques dont le résultat sera à terme la destruction des services publics et leur privatisation.
Car ces prélèvements fiscaux monstrueux, ces réglementations étouffantes, ces agents publics innombrables que produisent-ils ?
Presque rien sinon des services publics inefficaces, toujours plus d'insécurité, une santé publique dégradée, des policiers agressés injuriés, des instituteurs injuriés, blessés, des pompiers caillassés, des pompiers pourchassés et des conducteurs de bus, enfermés maintenant dans des cages de verre !
Mais le pire n'est jamais sûr !
Et la France qui, toujours au plus profond de la détresse sut chaque fois trouver en elle le ressort du renouveau, se redressera encore.
Le service de l'Etat est une grande et noble mission qui s'exerce par la Fonction publique et le service public.
Notre Nation et notre république française ont besoin d'eux car ils sont les garants de l'Etat et de la solidarité nationale donc de nos libertés.
Service public, fonction publique, incarnent les valeurs de fraternité française que je défends depuis si longtemps, depuis trop longtemps, cette égalité entre tous nos compatriotes aujourd'hui livrés pour les plus démunis d'entre nous à la loi des marchands.
Car il n'est pas admissible de raisonner les services publics en terme de simple rentabilité commerciale sous la pression de la mondialisation.
Comme je le disais au Bourget, qui peut croire qu'une entreprise privée remplacerait le poteau télégraphique endommagé qui dessert les 54 habitants du hameau de montagne ?
Mais ces 54 habitants sont des Français.
Eux et leurs parents payent des impôts pour avoir droit à l'eau, au gaz, à l'électricité, à recevoir leur courrier et c'est aussi cela l'égalité.
Une grande réforme est possible et je la mènerai,
Le Système ne nous enfermera pas entre un démantèlement des services publics aventureux et un immobilisme destructeur.
Pour réformer il convient d'énoncer les principes qui président à notre action.
C'est un honneur et une noble mission que celle de servir ses compatriotes.
La volonté de servir la République et l'Etat national pour ceux qui sont aux avants postes de la République dans des conditions de plus en plus difficiles implique un attachement fort à sa patrie.
Nous restaurerons donc d'abord la condition de nationalité à l'embauche n'en déplaise aux messieurs de Bruxelles.
Cette condition nécessaire garantira la loyauté de l'agent public vis-à-vis de l'Etat et marquera au yeux de tous le caractère de vocation qui s'attache au service public.
C'est d'ailleurs pour cela que nous accorderons une préférence à l'embauche dans la fonction publique à ceux qui se seront portés volontaires pour le service militaire de 6 mois que nous voulons instaurer.
Nous mettrons en oeuvre les moyens nécessaires pour assurer la neutralité de la fonction publique, et son nécessaire pendant : la laïcité.
Nous instaurerons donc l'incompatibilité entre un emploi public et une fonction politique.
Plus de congé avec ou sans solde.
Il faudra faire un choix et démissionner.
La fonction publique ne peut être le refuge alimentaire des recalés du suffrage universel.
Et chacun le comprend.
Imagine-t-on dans un village, l'instituteur, par ailleurs maire socialiste, UMP ou même Front National, enseigner la neutralité et la laïcité aux enfants de ses adversaires politiques !
Nous entamerons une politique d'ouverture du service public sur la société civile.
La fonction publique ne peut ignorer le monde extérieur.
Pour cela, nous favoriserons le recrutement de salariés du privé ou de professions libérales, qui après 45 ans par concours ou sur titre viendront confronter leurs expériences à celles des agents publics.
De même, la formation de ces mêmes agents comprendra de véritables stages dans les métiers où leur administration exercera son activité.
Mais parallèlement nous durcirons les conditions du pantouflage qui permettent aux hauts fonctionnaires après une formation payée par l'Etat de vendre leur réseau de relations aux grandes entreprises en constituant ainsi une des poutres du Système.
Le deuxième volet s'incarnera dans la mobilité que nous instaurerons dans la fonction publique.
Il existe près de 900 corps différents d'agents publics aux statuts variés et souvent inadaptés à leurs missions d'aujourd'hui.
Avec les organisations représentatives, nous organiserons la Fonction publique en 3 corps.
Un corps civil, un corps militaire et un corps de police pour prendre en compte la spécificité des missions.
Cela offrira donc la possibilité de déplacer les fonctionnaires selon les besoins géographiques ou en fonction des priorités que définira le gouvernement.
Je vous rappelle qu'il y a aujourd'hui autant de magistrats judiciaires que sous napoléon III alors que le contentieux judiciaire a explosé.
Réduire à l'aveugle le nombre des fonctionnaires alors que dans les 5 ans à venir la moitié des policiers va prendre sa retraite n'est qu'un des exemples de l'incompétence et de l'irresponsabilité de nos gouvernants.
Ce n'est qu'après un audit des missions et des moyens qui leur sont affectés que nous réduirons le nombre des agents publics par le non - remplacement d'une partie à déterminer des départs en retraite.
Cette solution sera rendue possible, chers camarades, puisque la politique économique et fiscale que nous mènerons en parallèle aura réduit le chômage relancé l'activité et que bien évidemment nous ne recruterons plus de fonctionnaires pour faire baisser les statistiques du chômage !
Source http://www.frontnational.com, le 20 novembre 2006