Texte intégral
Monsieur le président Jean-Claude EBRARD,
Mesdames et messieurs les membres du conseil national des exploitants thermaux,
C'est pour moi un grand plaisir de me retrouver ce midi parmi vous qui, au travers du thermalisme, contribuez à la vie de certains de nos territoires.
L'implantation majeure du thermalisme, dans sa définition initiale du terme, est très majoritairement concentrée dans les petites villes de moyenne montagne. Ceci revêt pour moi un double intérêt. Elu d'un canton rural situé à 1500 m d'altitude dans la Haute vallée de la Tinée, je connais bien les hommes, les difficultés, mais aussi les ressources de ces territoires. En tant que ministre de l'Aménagement de territoire, je suis institutionnellement le Ministre chargé de la coordination de la politique de la Montagne. Je vis ce que vous vivez en tant que montagnard, je pense comme vous pensez. Je connais vos problèmes : ce sont les miens, même si je n'ai pas la chance d'avoir une station thermale dans ma circonscription.
Le tourisme de santé et de bien être, qui en plus du thermalisme regroupe désormais les centres de remise en forme développés par les stations thermales et les centres de thalassothérapie, représente un secteur économique important. Avec ses 108 stations thermales, ses 1 200 sources d'eau minérale, plus de un demi-million de curistes chaque année, le thermalisme génère des ressources touristiques induites essentielles pour l'économie de certaines zones. A ce titre, il est un élément structurant de l'attractivité des territoires.
Cet après midi, vos travaux vont porter sur l'enjeu économique de développement des territoires. Je relève que plus de 110 000 personnes travaillent grâce au thermalisme. Et quand on ajoute que 75 % du milliard d'euros de chiffre d'affaires du thermalisme bénéficient à l'économie locale, on comprend assez vite que votre secteur est un moteur économique, social et de surcroît bénéfique pour la santé de nos concitoyens. Il convient donc de l'aider à surmonter ses difficultés.
Bien sur, ce secteur est de la double responsabilité directe du ministre de la santé et du ministre du tourisme. Mais comme je le disais, je suis très attentif aux évolutions du thermalisme, et veille à lui donner comme aux autres secteurs économiques, les moyens de se développer harmonieusement.
C'est ainsi que les mesures que je prends en faveur de la compétitivité des territoires contribuent au développement du thermalisme.
Ceci me donne l'occasion de vous faire partager mon action sur l'aménagement et la compétitivité des territoires.
Depuis que je m'occupe d'aménagement du territoire au sein de ce gouvernement, je n'ai eu de cesse d'élargir le champ couvert par mon ministère, et de lui donner de nouvelles ambitions.
L'aménagement du territoire ce n'est pas, comme on le croit parfois, une politique dédiée avant tout aux territoires ruraux, aux bassins d'emploi en crise économique, sur fond de grandes envolées lyriques sur le devenir de notre territoire à 20 ou 30 ans.
J'ai voulu que l'aménagement du territoire s'empare de grands sujets concrets qui donneront à notre pays toute sa chance dans la compétition mondiale : la compétitivité de nos territoires, la politique des transports, les nouvelles technologies de l'information et de la communication, les contrats Etat région, l'urbanisation, les fonds européens...
Aujourd'hui, j'axerai mon propos sur les éléments qui concourent à l'attractivité et à la compétitivité des territoires et notamment des conditions économiques de leur développement, sujet au coeur de votre table ronde de cet après midi.
En remarque liminaire, je vous dirai que je refuse toute idée de fatalisme, qui condamnerait des territoires en difficulté, ou les contraindrai à demeurer dans une spécialisation perçue comme secondaire. Le développement des territoires passe par la mise en valeur de leur compétence et de leur richesse propre, leur interconnexion modale de transport, et leur équipement en technologie de la communication et de l'information. L'ensemble de ces facteurs doit tenir compte des impératifs du développement durable et notamment des objectifs du protocole de Kyoto et du plan français "facteur 4" sur la réduction des gaz à effets de serre. Ce sont donc sur ces trois priorités que j'ai principalement conduit mon action.
Première priorité : le développement par l'innovation.
Désormais, on ne peut plus dissocier aménagement du territoire de compétitivité des territoires.
D'autre part, et vous le savez bien tous, dans quelque endroit de France, fut il le plus reculé, on trouve des femmes et des hommes qui se battent pour leur avenir, qui disent non à l'adversité, et qui déploient des trésors de talent, beaucoup d'énergie, et qui n'hésitent pas à engager leur bien personnel pour la réussite de leurs idées et de leurs entreprises. Une telle détermination force le respect et nous nous devons de les écouter et de les accompagner.
C'est ce qui m'a poussé à créer en 2005, avec l'aide de Nicolas SARKOZY, les pôles de compétitivité. Aujourd'hui, 66 pôles de compétitivité dont 6 mondiaux et 10 à vocation mondiale ont été labellisés et irriguent l'ensemble des territoires français. Nous avons mis en oeuvre un financement à la hauteur des ambitions et des attentes, en consacrant 1,5 milliards d'euros sur trois ans.
Ces pôles rassemblent plus de 6 000 entreprises et plus de 1 000 centres de recherche, et les PME assurent le rôle de chef de file de 30 % des 165 projets retenus au fonds unique interministériel. Ces projets représentent 4000 chercheurs, 1,8 milliards d'euros d'investissement soit un effet de levier de facteur trois, et permettent la création de 30 000 emplois.
Lors de la réunion du conseil national de la montagne, conscient que l'amélioration de certaines structures vieillissantes, la réhabilitation de l'organisation de stations anciennes, le développement de nouvelles offres touristiques, et la création de nouveaux produits touristiques nécessitaient une action coordonnée, j'ai proposé qu'une réflexion soit engagée sur la création d'un pôle de compétitivité relatif au tourisme. Cette réflexion a été engagée et je ne doute pas que sur un secteur aussi important pour notre économie, elle ne débouche sur un programme de recherche puis d'investissements.
M'appuyant sur ce succès des pôles de compétitivité, j'ai créé les pôles d'excellence rurale, car la France qui bouge, la France qui gagne, la France qui a des idées, ce n'est pas seulement la France industrielle, c'est aussi la France rurale qui n'est pas vouée au déclin.
Nous avons labellisé 380 pôles d'excellence rurale qui représentent un investissement global de plus de 1 milliards d'euros pour 210 Meuros d'aides de l'Etat soit un effet de levier de facteur 5. Le nombre d'emplois directs attendus par les porteurs de projets est de l'ordre de 13 000 et on estime les emplois indirects maintenus ou créés à plus de 40 000.
40 % des pôles d'excellence rurale labellisés concernent le tourisme, et pour ce qui vous concerne directement, j'ai retenu les 6 pôles proposés portant sur le thermalisme.
Seconde priorité : Favoriser les territoires les plus fragiles.
En prenant mes fonctions j'ai constaté que de nombreux décrets d'application de la loi relative au développement des territoires ruraux n'avaient pas encore été pris, notamment ceux relatifs à la réforme des zones de revitalisation rurale. Parlementaire, je ne supportais pas que la volonté du législateur ne soit pas mise en oeuvre avec célérité. Devenu ministre, je n'ai pas changé et me suis donc attaché à ce que les textes réglementaires nécessaires à la mise en oeuvre des zones de revitalisation rurale ou ZRR soient publiés sans délais.
Cette réforme a d'abord simplifiée les critères d'éligibilité et étendu ces ZRR. Désormais, elles couvrent 13.580 communes représentant 5.317.000 habitants.
Cette réforme a également renforcé sensiblement les mesures dont elles bénéficient. Pour résumer, il y désormais dans ces zones un principe général d'exonération, pendant 5 ans, d'impôts sur les revenus, d'impôts sur les sociétés et de taxe professionnelle pour les entreprises qui s'y créent ou s'y développent. De plus les entreprises y bénéficient d'un dispositif d'amortissement anticipé en cas de construction d'immobilier d'entreprise.
Il y a également des réductions d'impôts accordées aux propriétaires-bailleurs sous le régime de Robien et aux investisseurs dans l'immobilier de tourisme.
Enfin, les associations d'intérêt général y ayant leur siège bénéficient d'une exonération des charges sociales sur les salaires jusqu'à 1,5 du SMIC.
Il s'agit donc d'une amplification et d'une refonte complète des zones de revitalisation rurale destinés à libérer une volonté d'entreprendre très présente dans l'espace rural mais trop souvent bridée.
Pour certaines de vos stations thermales, ce dispositif des zones de revitalisation rurale a un impact positif.
Troisième priorité : généraliser les technologies numériques.
Je me suis engagé à donner à 100 % des communes françaises, la possibilité de bénéficier d'ici 2007 de l'ensemble des technologies numériques : l'accès à Internet haut débit, la téléphonie mobile, et la télévision numérique gratuite.
Ces engagements seront tous tenus, par divers systèmes que j'ai mis en place. L'extension de ces technologies à tous vous ouvre les portes de l'économie immatérielle dont le poids est croissant d'année en année.
Donner aux territoires les moyens de bâtir leur compétitivité, tel est le but que je poursuis. Loin de palabres, et de discours vides de sens, j'ai privilégié l'action et ai fixé des objectifs tant aux services publics qu'aux opérateurs privés, ce qui, vous l'imaginez, n'a pas été toujours facile.
Ma conception de l'aménagement du territoire repose sur la notion d'équité, c'est-à-dire donner à celui qui en a le plus besoin. C'est prendre des décisions aujourd'hui pour préparer notre avenir. Je souhaite qu'il en soit ainsi pour le thermalisme afin d'en d'accroître son poids dans l'économie touristique et celle de nos territoires.
Je vous remercie de votre écoute.
Source http://www.interieur.gouv.fr, le 12 décembre 2006