Texte intégral
Q- On va évidemment parler de cette polémique autour des annonces de F. Hollande. Peut-être un petit mot de ce qui se passe à droite quand même. Alors que l'UMP va désigner ce week-end N. Sarkozy, comme son candidat, J. Chirac, lui, dit réfléchir à un troisième mandat. Cela vous paraît une bonne chose pour la majorité ?
R- Franchement, ne comptez pas sur moi pour l'exégèse des propos du Président. Encore une fois, je crois que les choses ont toujours été parfaitement claires. Le président de la République a dit qu'il se prononcerait sur cette question dans le premier trimestre 2007, et donc, je n'ai pas d'autre commentaire à faire là-dessus.
Q- Bon. Exégèse des propos du Premier ministre en tant que porte-parole du Gouvernement, est-ce possible ?
R- Oui, bien sûr.
Q- Ce matin, D. de Villepin accorde une longue interview aux Echos. Cela ressemble un petit peu à un programme présidentiel. Pensez-vous que ce serait légitime qu'il soit candidat ?
R- Mais là encore, les choses ont été rappelées par D. de Villepin lui-même, donc, c'est même pas besoin d'en faire l'interprétation. Il a dit qu'il était tout entier consacré à sa tâche de Premier ministre. Et j'ajoute sur ce point, que ce qu'il indique dans Les Echos, à travers cette interview, ce sont des pistes de travail pour l'avenir qui sont tout à fait passionnantes, et qui correspondent...
Q- A l'horizon de 2012 ?
R- Mais bien sûr, c'est normal. C'est tout à fait normal que dans la perspective d'une présidentielle, les uns et les autres participent de la réflexion pour demain, et le Premier ministre en tête. Dieu sait s'il a, de ce point de vue, une expérience qui est indispensable.
Q- Justement, pour mener cette action, ne serait-ce pas l'homme de la situation, selon vous ?
R- Non, mais écoutez ! On ne va pas faire toute l'émission là-dessus. Je vous l'ai dit, il a dit lui-même, il est tout entier consacré à sa tâche. Voilà.
[Intermède. Suites actualités]
Q- Il y a polémique sur les chiffres après l'annonce faite par F. Hollande. Il veut revenir en arrière sur les baisses d'impôts que vous avez accordées aux contribuables des deux plus hautes tranches. Il évoque, lui, 150.000 à 200.000 contribuables, vous, vous parlez d'1,2 million. On a joint pour en savoir un petit plus le SNUI, le Syndicat des agents des impôts, qui, eux évaluent ce nombre entre 300 et 500.000. Vous, vous restez sur 1,2 million ?
R- Attendez ! Il faut savoir de quoi l'on parle. F. Hollande a indiqué qu'il allait revenir sur les baisses d'impôts dont ont bénéficié tous les contribuables qui gagnent plus de 4.000 euros nets par mois. Je peux comprendre qu'ils revoient leurs chiffres, mais...
Q- L'exemple qu'il donne, c'est celui d'un couple sans enfant, qui gagne 8.000 euros nets. Les deux gagnent, effectivement, 4.000 euros nets.
R- Oui, mais c'est bien ça, mais enfin cela peut être aussi une seule personne qui gagne 4.000. F. Hollande n'a pas pris 8.000 comme créneau, il a pris 4.000 ; il a dit "tout contribuable qui gagne 4.000 euros", et il a dit cela fait 200.000 personnes. Je suis quand même obligé de dire, parce qu'il ne faut quand même tromper les Français toute la journée, qu'en fait, ce n'est pas... si c'est 4.000 euros par personne, cela fait 1,2 million foyers qui sont concernés. Ce que je veux dire par là, c'est qu'en réalité, pour être tout à fait clair, parce qu'après il faut voir qui cela concerne, aujourd'hui, en 2006, un professeur certifié en fin de carrière gagne à peu près 4.100 euros par mois. Un informaticien, après dix ans d'expérience, un conducteur de TGV en fin carrière, un VRP, ça gagne aussi entre 4.000 et 4.200 euros par mois. Donc, cela veut dire que l'on va demander à toute une frange de nos concitoyens qui gagne effectivement quatre fois plus que le Smic, et au-delà, de voir leurs impôts augmenter. Je trouve que cela donne une image de notre pays, du côté gauche de l'échiquier, qui est très archaïque, c'est cela que je dis.
Q- Alors justement, vous vous situez un peu en défenseur des classes moyennes supérieures. A partir de quand quitte-t-on la classe moyenne supérieure pour rentrer dans la catégorie supérieure ?
R- C'est très difficile. D'abord, je vais vous dire : je ne suis défenseur de rien du tout. Mon problème n'est pas là. Mon problème, c'est que j'en ai assez que dans notre pays, le débat politique soit pollué par le fait d'opposer sans arrêt les gentils et les méchants, les bons et les mauvais Français. Or à gauche, on est spécialisés dans l'idée, depuis 200 ans, de penser que l'alpha et l'oméga d'un débat moderne, cela consiste à pointer du doigt les soi-disant riches. Et comme à la fin, on ne sait plus très bien de quoi il s'agit, les très riches, à force d'avoir mis pendant trop longtemps des impôts très élevés, pour certains d'entre eux ils ont optimisé, c'est-à-dire qu'ils sont partis ou qu'ils ont trouvé des formules pour ne pas payer ou payer différemment, ou payer moins d'impôts. Et sur qui cela retombe ? Sur ce que l'on appelle les classes moyennes, c'est-à-dire les gens qui bossent. Et je trouve que c'est dommage, parce que nous avons la chance d'avoir en France un système de solidarité qui accompagne beaucoup ceux qui sont dans la difficulté, même si je crois qu'il faut que ce soit dans une logique de responsabilité, et pas seulement d'assistance. Et qu'en réalité, il faut aussi s'occuper de ce que l'on appelle les classes moyennes. C'est-à-dire, les gens ni trop riches ni trop pauvres.
Q- A 4.000 euros, on fait partie des classes moyennes, selon vous ?
R- Oui, bien sûr.
Q- 80% des salariés gagnent moins de 2.000 euros par mois !
R- Je vais vous dire, dans la réforme fiscale que j'ai présentée l'année dernière, la question m'a été posée. Et j'ai indiqué que l'on pouvait considérer comme étant les classes moyennes, ceux qui gagnent entre 1.000 et 4.000 euros par mois. Et d'ailleurs, ce sont eux qui bénéficient le plus de la baisse de l'impôt sur le revenu que nous avons faite depuis deux ou trois ans. Alors, ensuite, cela ne veut pas dire que les autres doivent être pointés du doigt. Excusez-moi, au-dessus de 4.000 euros, on a aussi un certain nombre de dépenses à faire, et pour autant, cela contribue largement à l'activité de la France, à la croissance de la France. Ce que je veux simplement vous dire, c'est que je ne crois pas que l'on peut continuer comme cela, de faire des programmes politiques, dans lesquels on promet les impôts. Et si je peux aller jusqu'au bout de la logique, c'est une assez bonne caractéristique de ce qu'est aujourd'hui la campagne de Royal ! Quand vous regardez la campagne de Royal, c'est à double facette : vous avez, le côté face, c'est mots d'ordre, grand sourire, on écoute, on invente des mots étranges pour faire moderne, et puis, côté pile, c'est ce que finalement dit F. Hollande, mais ce que pourraient dire aussi beaucoup de responsables du PS, c'est dans leur projet, c'est-à-dire, en gros, on se préparer à appliquer une politique de vieille gauche ! Vous savez comment cela s'appelle ? Cela s'appelle "tromper les gens avec finesse". J'ai envie de dire que cela ressemble un peu, pour prendre des mots que S. Royal aime bien, à de la "duplicitude".
Q- "On ne peut pas continuer comme cela", dites-vous, J.-F. Copé. Vu le montant de la dette, est-il bien raisonnable de continuer à baisser les impôts ?
R- Il faut voir, dans quelles conditions, dans quelles circonstances, et sous quelle forme. Le programme de baisse d'impôts que nous avons fait depuis 2002, il s'est fait - il ne faut jamais perdre cela de vue - et grâce à cela, il a permis de stimuler la consommation, l'investissement, et l'emploi. Quand vous rendez de l'argent aux Français en baissant les impôts, ils consomment, ils investissent et ils embauchent. Mais par contre, ce qui est très important, c'est que, quand on baisse les impôts, on doit aussi baisser la dette. Il n'est pas question de baisser les impôts en les finançant par de la dette. Et je vous signale, mais vous l'avez vu, parce que vous suivez cela de près, que j'ai présenté un budget pour 2007, qui s'inscrit dans la continuité des précédents, et dans lequel, pour la première fois, on baisse la dépense de l'Etat en luttant contre les gaspillages, on baisse les impôts pour stimuler la croissance et rendre de l'argent aux Français, on baisse le déficit. Pour la première fois, on sera en dessous de la barre de 40 milliards de déficit, c'est encore beaucoup, mais c'est beaucoup moins... Quand Jospin est parti, on était à pratiquement 50 milliards ! Là, on est, grosso- modo, à 37-38. Plutôt 38. Et puis enfin, dernier point, on baisse la dette. C'est comme cela qu'il faut continuer. Quand je vois le programme d'explosion de dépenses publiques prévu par le PS, je m'inquiète un peu.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 15 janvier 2007
R- Franchement, ne comptez pas sur moi pour l'exégèse des propos du Président. Encore une fois, je crois que les choses ont toujours été parfaitement claires. Le président de la République a dit qu'il se prononcerait sur cette question dans le premier trimestre 2007, et donc, je n'ai pas d'autre commentaire à faire là-dessus.
Q- Bon. Exégèse des propos du Premier ministre en tant que porte-parole du Gouvernement, est-ce possible ?
R- Oui, bien sûr.
Q- Ce matin, D. de Villepin accorde une longue interview aux Echos. Cela ressemble un petit peu à un programme présidentiel. Pensez-vous que ce serait légitime qu'il soit candidat ?
R- Mais là encore, les choses ont été rappelées par D. de Villepin lui-même, donc, c'est même pas besoin d'en faire l'interprétation. Il a dit qu'il était tout entier consacré à sa tâche de Premier ministre. Et j'ajoute sur ce point, que ce qu'il indique dans Les Echos, à travers cette interview, ce sont des pistes de travail pour l'avenir qui sont tout à fait passionnantes, et qui correspondent...
Q- A l'horizon de 2012 ?
R- Mais bien sûr, c'est normal. C'est tout à fait normal que dans la perspective d'une présidentielle, les uns et les autres participent de la réflexion pour demain, et le Premier ministre en tête. Dieu sait s'il a, de ce point de vue, une expérience qui est indispensable.
Q- Justement, pour mener cette action, ne serait-ce pas l'homme de la situation, selon vous ?
R- Non, mais écoutez ! On ne va pas faire toute l'émission là-dessus. Je vous l'ai dit, il a dit lui-même, il est tout entier consacré à sa tâche. Voilà.
[Intermède. Suites actualités]
Q- Il y a polémique sur les chiffres après l'annonce faite par F. Hollande. Il veut revenir en arrière sur les baisses d'impôts que vous avez accordées aux contribuables des deux plus hautes tranches. Il évoque, lui, 150.000 à 200.000 contribuables, vous, vous parlez d'1,2 million. On a joint pour en savoir un petit plus le SNUI, le Syndicat des agents des impôts, qui, eux évaluent ce nombre entre 300 et 500.000. Vous, vous restez sur 1,2 million ?
R- Attendez ! Il faut savoir de quoi l'on parle. F. Hollande a indiqué qu'il allait revenir sur les baisses d'impôts dont ont bénéficié tous les contribuables qui gagnent plus de 4.000 euros nets par mois. Je peux comprendre qu'ils revoient leurs chiffres, mais...
Q- L'exemple qu'il donne, c'est celui d'un couple sans enfant, qui gagne 8.000 euros nets. Les deux gagnent, effectivement, 4.000 euros nets.
R- Oui, mais c'est bien ça, mais enfin cela peut être aussi une seule personne qui gagne 4.000. F. Hollande n'a pas pris 8.000 comme créneau, il a pris 4.000 ; il a dit "tout contribuable qui gagne 4.000 euros", et il a dit cela fait 200.000 personnes. Je suis quand même obligé de dire, parce qu'il ne faut quand même tromper les Français toute la journée, qu'en fait, ce n'est pas... si c'est 4.000 euros par personne, cela fait 1,2 million foyers qui sont concernés. Ce que je veux dire par là, c'est qu'en réalité, pour être tout à fait clair, parce qu'après il faut voir qui cela concerne, aujourd'hui, en 2006, un professeur certifié en fin de carrière gagne à peu près 4.100 euros par mois. Un informaticien, après dix ans d'expérience, un conducteur de TGV en fin carrière, un VRP, ça gagne aussi entre 4.000 et 4.200 euros par mois. Donc, cela veut dire que l'on va demander à toute une frange de nos concitoyens qui gagne effectivement quatre fois plus que le Smic, et au-delà, de voir leurs impôts augmenter. Je trouve que cela donne une image de notre pays, du côté gauche de l'échiquier, qui est très archaïque, c'est cela que je dis.
Q- Alors justement, vous vous situez un peu en défenseur des classes moyennes supérieures. A partir de quand quitte-t-on la classe moyenne supérieure pour rentrer dans la catégorie supérieure ?
R- C'est très difficile. D'abord, je vais vous dire : je ne suis défenseur de rien du tout. Mon problème n'est pas là. Mon problème, c'est que j'en ai assez que dans notre pays, le débat politique soit pollué par le fait d'opposer sans arrêt les gentils et les méchants, les bons et les mauvais Français. Or à gauche, on est spécialisés dans l'idée, depuis 200 ans, de penser que l'alpha et l'oméga d'un débat moderne, cela consiste à pointer du doigt les soi-disant riches. Et comme à la fin, on ne sait plus très bien de quoi il s'agit, les très riches, à force d'avoir mis pendant trop longtemps des impôts très élevés, pour certains d'entre eux ils ont optimisé, c'est-à-dire qu'ils sont partis ou qu'ils ont trouvé des formules pour ne pas payer ou payer différemment, ou payer moins d'impôts. Et sur qui cela retombe ? Sur ce que l'on appelle les classes moyennes, c'est-à-dire les gens qui bossent. Et je trouve que c'est dommage, parce que nous avons la chance d'avoir en France un système de solidarité qui accompagne beaucoup ceux qui sont dans la difficulté, même si je crois qu'il faut que ce soit dans une logique de responsabilité, et pas seulement d'assistance. Et qu'en réalité, il faut aussi s'occuper de ce que l'on appelle les classes moyennes. C'est-à-dire, les gens ni trop riches ni trop pauvres.
Q- A 4.000 euros, on fait partie des classes moyennes, selon vous ?
R- Oui, bien sûr.
Q- 80% des salariés gagnent moins de 2.000 euros par mois !
R- Je vais vous dire, dans la réforme fiscale que j'ai présentée l'année dernière, la question m'a été posée. Et j'ai indiqué que l'on pouvait considérer comme étant les classes moyennes, ceux qui gagnent entre 1.000 et 4.000 euros par mois. Et d'ailleurs, ce sont eux qui bénéficient le plus de la baisse de l'impôt sur le revenu que nous avons faite depuis deux ou trois ans. Alors, ensuite, cela ne veut pas dire que les autres doivent être pointés du doigt. Excusez-moi, au-dessus de 4.000 euros, on a aussi un certain nombre de dépenses à faire, et pour autant, cela contribue largement à l'activité de la France, à la croissance de la France. Ce que je veux simplement vous dire, c'est que je ne crois pas que l'on peut continuer comme cela, de faire des programmes politiques, dans lesquels on promet les impôts. Et si je peux aller jusqu'au bout de la logique, c'est une assez bonne caractéristique de ce qu'est aujourd'hui la campagne de Royal ! Quand vous regardez la campagne de Royal, c'est à double facette : vous avez, le côté face, c'est mots d'ordre, grand sourire, on écoute, on invente des mots étranges pour faire moderne, et puis, côté pile, c'est ce que finalement dit F. Hollande, mais ce que pourraient dire aussi beaucoup de responsables du PS, c'est dans leur projet, c'est-à-dire, en gros, on se préparer à appliquer une politique de vieille gauche ! Vous savez comment cela s'appelle ? Cela s'appelle "tromper les gens avec finesse". J'ai envie de dire que cela ressemble un peu, pour prendre des mots que S. Royal aime bien, à de la "duplicitude".
Q- "On ne peut pas continuer comme cela", dites-vous, J.-F. Copé. Vu le montant de la dette, est-il bien raisonnable de continuer à baisser les impôts ?
R- Il faut voir, dans quelles conditions, dans quelles circonstances, et sous quelle forme. Le programme de baisse d'impôts que nous avons fait depuis 2002, il s'est fait - il ne faut jamais perdre cela de vue - et grâce à cela, il a permis de stimuler la consommation, l'investissement, et l'emploi. Quand vous rendez de l'argent aux Français en baissant les impôts, ils consomment, ils investissent et ils embauchent. Mais par contre, ce qui est très important, c'est que, quand on baisse les impôts, on doit aussi baisser la dette. Il n'est pas question de baisser les impôts en les finançant par de la dette. Et je vous signale, mais vous l'avez vu, parce que vous suivez cela de près, que j'ai présenté un budget pour 2007, qui s'inscrit dans la continuité des précédents, et dans lequel, pour la première fois, on baisse la dépense de l'Etat en luttant contre les gaspillages, on baisse les impôts pour stimuler la croissance et rendre de l'argent aux Français, on baisse le déficit. Pour la première fois, on sera en dessous de la barre de 40 milliards de déficit, c'est encore beaucoup, mais c'est beaucoup moins... Quand Jospin est parti, on était à pratiquement 50 milliards ! Là, on est, grosso- modo, à 37-38. Plutôt 38. Et puis enfin, dernier point, on baisse la dette. C'est comme cela qu'il faut continuer. Quand je vois le programme d'explosion de dépenses publiques prévu par le PS, je m'inquiète un peu.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 15 janvier 2007