Texte intégral
Monsieur le Président, Cher Jacques DERMAGNE,
Madame le Rapporteur, Chère Cécile FELZINES,
Mesdames et Messieurs les conseillers,
Je suis très heureux de vous retrouver 3 mois, jour pour jour, après la présentation du rapport d'André DAGUIN consacré à la stratégie de l'hôtellerie dans l'économie française.
Votre intérêt réitéré pour le tourisme me réjouit, et ce d'autant que le sujet du jour, thème de nos travaux du présent rapport « Le tourisme dans l'outre mer français » correspond à une préoccupation forte, vous ne vous en étonnerez pas, de mon action ministérielle depuis près de 5 ans.
Originaire de Guyane, j'ai en effet occupé de nombreuses fonctions électives qui m'ont permis, notamment en qualité de président de l'intergroupe parlementaire des DOM, de cerner les besoins et les difficultés de nos territoires.
J'ajouterai enfin qu'à la veille d'échéances majeures, je crois utile de rappeler les nombreux défis auxquels sont confrontés nos territoires ultramarins pour construire un développement durable et harmonieux.
J'accueille donc avec d'autant plus d'intérêt les réflexions toujours utiles et pertinentes de votre éminente assemblée.
Votre rapport, Chère Madame, présente avec beaucoup de lucidité, les contours du problème, et je dois avouer d'emblée que je partage la plupart de vos analyses, notamment celle selon laquelle le tourisme représente en effet une alternative majeure pour le développement de l'Outre-Mer.
Le développement par le tourisme est un phénomène mondial et l'outre mer français dispose de tous les atouts pour prendre une part significative dans ce marché mondialisé.
Bien que divers, dans leur histoire, et leur localisation dans cette France des 3 Océans, les territoires ultra-marins, DOM, TOM ou COM, présentent de nombreuses similitudes.
Leur développement s'est jusqu'ici largement appuyé sur l'exploitation des ressources agricoles ou du sous-sol.
Leurs échanges économiques restent tournés vers la métropole et leurs liens avec leur environnement géopolitique restent marginaux, en dépit de l'étroitesse des marchés intérieurs locaux.
Dans ce contexte, le tourisme n'occupe pas encore la place qui devrait être la sienne, à l'exception de la Guadeloupe où la consommation touristique -500 millions euros par an - représente près de 10% du PIB et 20 000 emplois directs et indirects.
Pourtant, les études réalisées ces dernières années par ODIT France, organisme de veille et d'ingénierie sous tutelle de mon Ministère, montrent qu'il existe un potentiel inexploité, un réservoir dormant de touristes potentiels, comme en Guyane où il est estimé à 200 000 visiteurs par an.
Comme votre rapport l'indique très clairement, Madame le Rapporteur, je suis arrivé en 2002 dans une situation d'urgence en raison d'une véritable hémorragie de la fréquentation touristique dans les Antilles.
Urgence qui s'est malheureusement de nouveau manifestée l'an dernier avec la crise du Chikungunya dans l'île de la Réunion et à Mayotte.
Pour autant, traiter l'urgence ne suffit pas. Comme vous le soulignez, ce sont de véritables stratégies de développement fondées sur une démarche marketing sérieuse, dont ont besoin nos destinations ultramarines.
Mon action s'est donc orientée, depuis 5 ans, autour de ces deux notions.
Le Plan de relance décidé en décembre 2002 visait en premier lieu à rassurer les investisseurs hôteliers, inquiets de la concurrence des nouveaux soleils bon marché (en particulier Cuba ou la République dominicaine).
Il prévoyait 16 mesures pour soutenir la filière, faciliter la rénovation de l'hébergement collectif, mettre en oeuvre de nouveaux moyens de promotion autour de la « France des 3 océans » et renforcer la qualité de l'accueil ou soutenir la professionnalisation des acteurs.
L'ensemble de mes services ont naturellement été mobilisés.
Maison de la France a élaboré un plan de communication sur 3 ans, avec pour la seule année 2005, 2,8 millions euros de budget.
De son côté, l'Agence Nationale pour les Chèques Vacances a vu son volume d'émission vers l'Outre-Mer progresser de 8% ;
Ce plan de relance a naturellement été élaboré en synergie avec la loi programme pour l'Outre-Mer de 2003 et son dispositif de défiscalisation dans l'Industrie touristique (jusqu'à 70%).
Ce processus de gestion de crise s'est reproduit récemment avec l'épidémie de Chikungunya à Mayotte et à la Réunion.
Nous avons, dans un premier temps, mis en place un dispositif d'aides pour les professionnels :
moratoire sur les dettes fiscales et sociales, fonds de secours exceptionnel et chômage partiel, le tout doté d'une enveloppe globale de 60 millions euros.
Puis nous avons élaboré un Plan de relance de la destination autour de deux volets :
- une campagne de communication de Maison de la France et du Comité du Tourisme Réunionnais (2,5 millions d'euros) ;
- la réalisation d'études conduites par ODIT France pour améliorer l'offre touristique globale de l'Ile (2 millions d'euros).
Mais comme je l'indiquais en préambule, au-delà de l'urgence, nous avons surtout besoin d'une action à moyen et long terme pour aider les acteurs - professionnels et institutionnels - à repositionner l'offre des destinations ultra-marines autour notamment d'une approche « nature » et « culture ».
C'est pourquoi, depuis 2003, j'ai missionné ODIT France pour transformer les atouts du tourisme ultra-marin en produits plus authentiques. Nos destinations disposent d'indéniables atouts :
- Leur identité riche et spécifique
- Une très forte notoriété
- Le sentiment, enfin, d'être en France et de bénéficier d'un environnement rassurant (santé, euro, sécurité)
- Et pour certaines, leur capacité à offrir des séjours balnéaires en plein hiver
Mais l'on sait comme la concurrence est forte dans l'arc caraïbe, où justement les destinations concurrentes disposent d'une une offre nouvelle, assortie de formules « tout inclus » très séduisantes pour les budgets de nos concitoyens.
Et pour se différencier, l'offre ultra-marine doit s'appuyer sur son identité culturelle autour de plusieurs axes :
- la promotion des événements festifs (carnavals en Guyane et en Martinique)
- la mise en valeur des marchés de produits locaux
- la mise en lumière des monuments montrent la richesse et l'originalité du patrimoine
- le développement des chambres d'hôtes et la promotion des produits du terroir
Cette stratégie de repositionnement, très visible dans les campagnes de communication récentes, commence à porter ses fruits.
Elle s'est accompagnée d'une réorganisation des organismes de promotion pour plus d'efficacité, avec, par exemple la création du Comité du Tourisme des Iles de la Guadeloupe, qui élargit la zone de commercialisation en intégrant Saint Martin et Saint Barth.
Nous assistons par ailleurs depuis deux ans à un véritable rajeunissement des infrastructures hôtelières avec la rénovation en cours du Méridien, du Club Med et du Radisson en Guadeloupe.
Un effort devait également être apporté en matière de desserte. Si la question du « hub » de Roissy n'est pas réglée, l'arrivée de nouvelles compagnies françaises (Air Caraïbes, Air Antilles Express) et le retour de compagnies américaines (American Eagle, Delta Airlines) sont des signes très positifs.
Aussi, malgré de mauvais résultats persistants sur le segment des croisiéristes, nous enregistrons depuis 2 ans une légère embellie. Pour les 9 premiers mois de 2006, l'enquête hôtelière de l'INSEE montre que le taux d'occupation est en progression de 3 à 4 points dans les Antilles et en Guyane.
On constate également une hausse des nuitées étrangères, notamment en Guadeloupe (22% du total), dont 2/3 d'américains. C'est une réorientation des marchés émetteurs qui mérite d'être encouragée.
Mesdames et Messieurs les Conseillers, voilà les observations que je souhaitais formuler aujourd'hui à l'occasion de ce rapport, dense et riche, qui remet les enjeux du développement touristique dans leur exact contexte.
Le retour en grâce des destinations ultra-marines reste bien sur fragile et à confirmer. Le décollage des autres territoires, par exemple - la Nouvelle Calédonie et la Guyane - est prometteur bien que difficile.
Il dépend étroitement, comme le souligne vos travaux de la capacité des élus et des populations locales à s'approprier le tourisme, source de création de richesses, pour assurer l'avenir de toutes les collectivités d'outre mer.
Enfin pour terminer, je forme le voeu que mon successeur puisse poursuivre avec bonheur cette tâche immense et passionnante de conviction sur ce formidable potentiel d'emplois que recèle aujourd'hui notre économie touristique.
Je tiens à saluer de nouveau le remarquable travail de Cécile FELZINES et de votre assemblée et à la féliciter pour son engagement en faveur du tourisme ultramarin.
Je vous remercie.
Source http://www.tourisme.equipement.gouv.fr, le 22 janvier 2007
Madame le Rapporteur, Chère Cécile FELZINES,
Mesdames et Messieurs les conseillers,
Je suis très heureux de vous retrouver 3 mois, jour pour jour, après la présentation du rapport d'André DAGUIN consacré à la stratégie de l'hôtellerie dans l'économie française.
Votre intérêt réitéré pour le tourisme me réjouit, et ce d'autant que le sujet du jour, thème de nos travaux du présent rapport « Le tourisme dans l'outre mer français » correspond à une préoccupation forte, vous ne vous en étonnerez pas, de mon action ministérielle depuis près de 5 ans.
Originaire de Guyane, j'ai en effet occupé de nombreuses fonctions électives qui m'ont permis, notamment en qualité de président de l'intergroupe parlementaire des DOM, de cerner les besoins et les difficultés de nos territoires.
J'ajouterai enfin qu'à la veille d'échéances majeures, je crois utile de rappeler les nombreux défis auxquels sont confrontés nos territoires ultramarins pour construire un développement durable et harmonieux.
J'accueille donc avec d'autant plus d'intérêt les réflexions toujours utiles et pertinentes de votre éminente assemblée.
Votre rapport, Chère Madame, présente avec beaucoup de lucidité, les contours du problème, et je dois avouer d'emblée que je partage la plupart de vos analyses, notamment celle selon laquelle le tourisme représente en effet une alternative majeure pour le développement de l'Outre-Mer.
Le développement par le tourisme est un phénomène mondial et l'outre mer français dispose de tous les atouts pour prendre une part significative dans ce marché mondialisé.
Bien que divers, dans leur histoire, et leur localisation dans cette France des 3 Océans, les territoires ultra-marins, DOM, TOM ou COM, présentent de nombreuses similitudes.
Leur développement s'est jusqu'ici largement appuyé sur l'exploitation des ressources agricoles ou du sous-sol.
Leurs échanges économiques restent tournés vers la métropole et leurs liens avec leur environnement géopolitique restent marginaux, en dépit de l'étroitesse des marchés intérieurs locaux.
Dans ce contexte, le tourisme n'occupe pas encore la place qui devrait être la sienne, à l'exception de la Guadeloupe où la consommation touristique -500 millions euros par an - représente près de 10% du PIB et 20 000 emplois directs et indirects.
Pourtant, les études réalisées ces dernières années par ODIT France, organisme de veille et d'ingénierie sous tutelle de mon Ministère, montrent qu'il existe un potentiel inexploité, un réservoir dormant de touristes potentiels, comme en Guyane où il est estimé à 200 000 visiteurs par an.
Comme votre rapport l'indique très clairement, Madame le Rapporteur, je suis arrivé en 2002 dans une situation d'urgence en raison d'une véritable hémorragie de la fréquentation touristique dans les Antilles.
Urgence qui s'est malheureusement de nouveau manifestée l'an dernier avec la crise du Chikungunya dans l'île de la Réunion et à Mayotte.
Pour autant, traiter l'urgence ne suffit pas. Comme vous le soulignez, ce sont de véritables stratégies de développement fondées sur une démarche marketing sérieuse, dont ont besoin nos destinations ultramarines.
Mon action s'est donc orientée, depuis 5 ans, autour de ces deux notions.
Le Plan de relance décidé en décembre 2002 visait en premier lieu à rassurer les investisseurs hôteliers, inquiets de la concurrence des nouveaux soleils bon marché (en particulier Cuba ou la République dominicaine).
Il prévoyait 16 mesures pour soutenir la filière, faciliter la rénovation de l'hébergement collectif, mettre en oeuvre de nouveaux moyens de promotion autour de la « France des 3 océans » et renforcer la qualité de l'accueil ou soutenir la professionnalisation des acteurs.
L'ensemble de mes services ont naturellement été mobilisés.
Maison de la France a élaboré un plan de communication sur 3 ans, avec pour la seule année 2005, 2,8 millions euros de budget.
De son côté, l'Agence Nationale pour les Chèques Vacances a vu son volume d'émission vers l'Outre-Mer progresser de 8% ;
Ce plan de relance a naturellement été élaboré en synergie avec la loi programme pour l'Outre-Mer de 2003 et son dispositif de défiscalisation dans l'Industrie touristique (jusqu'à 70%).
Ce processus de gestion de crise s'est reproduit récemment avec l'épidémie de Chikungunya à Mayotte et à la Réunion.
Nous avons, dans un premier temps, mis en place un dispositif d'aides pour les professionnels :
moratoire sur les dettes fiscales et sociales, fonds de secours exceptionnel et chômage partiel, le tout doté d'une enveloppe globale de 60 millions euros.
Puis nous avons élaboré un Plan de relance de la destination autour de deux volets :
- une campagne de communication de Maison de la France et du Comité du Tourisme Réunionnais (2,5 millions d'euros) ;
- la réalisation d'études conduites par ODIT France pour améliorer l'offre touristique globale de l'Ile (2 millions d'euros).
Mais comme je l'indiquais en préambule, au-delà de l'urgence, nous avons surtout besoin d'une action à moyen et long terme pour aider les acteurs - professionnels et institutionnels - à repositionner l'offre des destinations ultra-marines autour notamment d'une approche « nature » et « culture ».
C'est pourquoi, depuis 2003, j'ai missionné ODIT France pour transformer les atouts du tourisme ultra-marin en produits plus authentiques. Nos destinations disposent d'indéniables atouts :
- Leur identité riche et spécifique
- Une très forte notoriété
- Le sentiment, enfin, d'être en France et de bénéficier d'un environnement rassurant (santé, euro, sécurité)
- Et pour certaines, leur capacité à offrir des séjours balnéaires en plein hiver
Mais l'on sait comme la concurrence est forte dans l'arc caraïbe, où justement les destinations concurrentes disposent d'une une offre nouvelle, assortie de formules « tout inclus » très séduisantes pour les budgets de nos concitoyens.
Et pour se différencier, l'offre ultra-marine doit s'appuyer sur son identité culturelle autour de plusieurs axes :
- la promotion des événements festifs (carnavals en Guyane et en Martinique)
- la mise en valeur des marchés de produits locaux
- la mise en lumière des monuments montrent la richesse et l'originalité du patrimoine
- le développement des chambres d'hôtes et la promotion des produits du terroir
Cette stratégie de repositionnement, très visible dans les campagnes de communication récentes, commence à porter ses fruits.
Elle s'est accompagnée d'une réorganisation des organismes de promotion pour plus d'efficacité, avec, par exemple la création du Comité du Tourisme des Iles de la Guadeloupe, qui élargit la zone de commercialisation en intégrant Saint Martin et Saint Barth.
Nous assistons par ailleurs depuis deux ans à un véritable rajeunissement des infrastructures hôtelières avec la rénovation en cours du Méridien, du Club Med et du Radisson en Guadeloupe.
Un effort devait également être apporté en matière de desserte. Si la question du « hub » de Roissy n'est pas réglée, l'arrivée de nouvelles compagnies françaises (Air Caraïbes, Air Antilles Express) et le retour de compagnies américaines (American Eagle, Delta Airlines) sont des signes très positifs.
Aussi, malgré de mauvais résultats persistants sur le segment des croisiéristes, nous enregistrons depuis 2 ans une légère embellie. Pour les 9 premiers mois de 2006, l'enquête hôtelière de l'INSEE montre que le taux d'occupation est en progression de 3 à 4 points dans les Antilles et en Guyane.
On constate également une hausse des nuitées étrangères, notamment en Guadeloupe (22% du total), dont 2/3 d'américains. C'est une réorientation des marchés émetteurs qui mérite d'être encouragée.
Mesdames et Messieurs les Conseillers, voilà les observations que je souhaitais formuler aujourd'hui à l'occasion de ce rapport, dense et riche, qui remet les enjeux du développement touristique dans leur exact contexte.
Le retour en grâce des destinations ultra-marines reste bien sur fragile et à confirmer. Le décollage des autres territoires, par exemple - la Nouvelle Calédonie et la Guyane - est prometteur bien que difficile.
Il dépend étroitement, comme le souligne vos travaux de la capacité des élus et des populations locales à s'approprier le tourisme, source de création de richesses, pour assurer l'avenir de toutes les collectivités d'outre mer.
Enfin pour terminer, je forme le voeu que mon successeur puisse poursuivre avec bonheur cette tâche immense et passionnante de conviction sur ce formidable potentiel d'emplois que recèle aujourd'hui notre économie touristique.
Je tiens à saluer de nouveau le remarquable travail de Cécile FELZINES et de votre assemblée et à la féliciter pour son engagement en faveur du tourisme ultramarin.
Je vous remercie.
Source http://www.tourisme.equipement.gouv.fr, le 22 janvier 2007