Texte intégral
CLAIRE CHAZAL - ...Notre invitée ce soir, Ségolène ROYAL, bonsoir.
SEGOLENE ROYAL - Bonsoir.
CLAIRE CHAZAL - Au lendemain d'une visite dans le Nord, vous avez reçu le soutien de Martine AUBRY, de Bertrand DELANOË, de Pierre MAUROY, mais ça on le savait, c'était déjà fait. Ségolène ROYAL, il y a eu plusieurs incidents j'allais dire, l'incident MONTEBOURG, il y a eu aussi un différend entre François HOLLANDE et vous-même sur les impôts. Il y a quelques doutes sur vos débats participatifs ; est-ce que vous avez le sentiment à ce stade de la campagne qu'il faut changer de méthode ?
SEGOLENE ROYAL - La France a changé surtout, le monde a changé, alors la politique doit changer et c'est pour cela que j'ai fait le choix de cette démarche de débats participatifs, c'est-à-dire dans lesquels les gens viennent participer et participer au futur projet présidentiel. Je crois beaucoup à l'intelligence collective des citoyens, je crois qu'il y a aussi une crise profonde entre les citoyens et les responsables politiques. Et donc je prendrai le temps que j'avais prévu pour ce travail avec les Français parce que c'est du sérieux de cette démarche, de la façon dont je m'implique et lorsque j'aurai terminé cette phase, nous aurons à peu près organisé plus de cinq mille débats à travers tout le pays ; des débats au cours desquels les Français prennent la parole, la parole se libère...
CLAIRE CHAZAL - On l'a vu hier soir d'ailleurs, une femme vous a interpellée sur un problème très grave de violences conjugales...
SEGOLENE ROYAL - Et ce qui apparaît, c'est vraiment une attente désespérée de quelque chose qui ne vient pas, c'est-à-dire la mise en exergue de tous les dégâts du libéralisme, la vie chère, le chômage, les jeunes diplômés qui ne trouvent pas d'emploi, la dégradation du cadre de vie, de l'environnement, la question de l'éducation, l'angoisse devant la réussite scolaire de ses enfants et donc cela me permet ensuite de parler juste à travers la réalité de la vie quotidienne et donc ensuite d'agir juste et de tenir parole.
CLAIRE CHAZAL - Martine AUBRY qui vous a soutenue très clairement hier dit aussi que ces débats qui vont donc se terminer normalement le 11 février, c'est là que vous allez apporter vos propositions, elle estime que ça peut être trop tard et en tout cas il ne faut pas rater la sortie de ces débats ; est-ce que ce ne sera pas trop tard, le 11 février pour faire un premier état de propositions ?
SEGOLENE ROYAL - D'abord il y a déjà un certain nombre de propositions dont les gens débattent aussi dans ces réunions ; j'en ai fait sur la famille, sur le logement, sur l'éducation, sur le soutien scolaire gratuit dans les écoles, sur la question des entreprises, sur le développement du dialogue social, sur la protection de l'environnement, sur la relance de l'Europe ; don cil y a déjà beaucoup de propositions dont les gens discutent mais cette phase de débat est tout à fait cruciale parce que c'est ce qui traduit le changement profond de la relation entre le responsable politique et le citoyen et qui prend en considération l'intelligence collective...
CLAIRE CHAZAL - Mais est-ce qu'il ne peut pas y avoir une interrogation, pardon de vous couper, de la part des militants notamment, sur la cohérence entre ce que vous dites et le programme socialiste parce qu'il existait au fond, il y avait un programme bâti par le PS.
SEGOLENE ROYAL - Bien sûr mais comme je m'y étais engagée, je remets aujourd'hui les Français au coeur du projet des socialistes plus un certain nombre de mesures nouvelles aussi qui apparaissent et puis c'est surtout dans la vérité des souffrances qui sont subies ou dans la tension des aspirations et des projets qui émergent que je me nourris de cette énergie. Et donc cette énergie-là va se transformer en projet présidentiel. Et j'en donnerai les grandes lignes le 11 février prochain et il restera deux mois pour mener la bataille des idées, projet contre projet et je crois que vous serez surprise non pas par moi mais de ce que je porterai de cette énergie des Français qui m'aidera dans l'énergie de la bataille du projet contre projet, de gagner en 2007 et je dis aux militants et aux citoyens "impliquez-vous, venez prendre la parole parce que c'est avec vous que la France se redressera". Moi je crois en une France qui donne à chacun sa place. La France se sent aujourd'hui désespérément tirée vers le bas et donc pour la retirer vers le haut, il faut que chaque Français ait le sentiment que son potentiel est utilisé au bon endroit, qu'il ait des faiblesses ou qu'il n'en ait pas, qu'il ait aussi le droit à l'échec, que les jeunes trouvent leur place, que les personnes âgées ne soient plus comme aujourd'hui anxieuses par rapport à la diminution du pouvoir d'achat de leur petite retraite et donc cette masse... cette addition à la fois d'inquiétudes, de vécus mais aussi d'espoirs formidables... cette France qui attend désespérément quelque chose qui ne vient pas et qui doit changer en profondeur, c'est cela qui m'aidera dans la vérité de cette démarche à porter demain non seulement la vérité de la parole mais aussi l'efficacité de l'action politique après l'élection présidentielle.
CLAIRE CHAZAL - Et sur les 35 heures par exemple qui étaient chères à Martine AUBRY qui était à vos côtés hier, vous avez dit que vous ne vous interdisiez rien ; est-ce que vous savez d'ores et déjà que vous allez y revenir, dans ce programme ?
SEGOLENE ROYAL - Je crois que rien n'est tabou au sens où il faut regarder la réalité telle qu'elle est et se demander quelles sont les réformes les plus utiles pour répondre aux préoccupations qui sont là et moi je crois à une société de solidarité, pas une société du libéralisme qui dit à chacun "débrouillez-vous ou si vous avez un problème de pouvoir d'achat, faites donc des heures supplémentaires" qui seront en plus exonérées de cotisations sociales et donc qui vont aggraver le chômage, c'est-à-dire qu'aujourd'hui un patron, si cette réforme est menée à son terme, aura plus intérêt à faire travailler davantage les salariés qu'à créer des emplois nouveaux. Donc cette société du chacun pour soi, c'est celle-là que je ne veux pas, que nous ne voulons pas ; elle n'aidera pas la France à se retirer vers le haut. Donc il y aura bien une bataille des idées, projet contre projet.
CLAIRE CHAZAL - Et cette bataille, vous la mènerez contre Nicolas SARKOZY ; vous ne vous êtes pas vraiment exprimé après sa désignation officielle au sein de l'UMP. Certains au Parti socialiste ont critiqué ses références à quelques grands de gauche comme JAURES. Comment vous avez vécu ça ? Est-ce que vous lui contestez aussi cet héritage ?
SEGOLENE ROYAL - Je pense surtout que nous n'avons pas la même idée de l'exercice du pouvoir. Je ne crois pas que dans la France telle qu'elle est aujourd'hui, je ne crois pas qu'un homme providentiel qui pense avoir raison tout seul et qui promet tout et qui donc demain ne tiendra rien, je ne crois pas que cela corresponde à ce dont la France a besoin aujourd'hui...
CLAIRE CHAZAL - Sur le logement par exemple, force est de constater que ces mesures ont été prises, sans doute après une action bien particulière menée par une association mais des mesures ont été prises...
SEGOLENE ROYAL - Des mesures théoriques, vous voulez dire, alors que la situation du logement est dramatique aujourd'hui parce que les logements sociaux n'ont pas été construits, que la loi n'a pas été respectée et si je suis élue, je crois que le pouvoir de réquisition devra s'imposer sur les logements vacants...
CLAIRE CHAZAL - On vous voit d'ailleurs ce matin auprès des sans logement...
SEGOLENE ROYAL - Oui... un service public de la caution pour que ceux qui n'ont pas beaucoup de moyens et qui ne peuvent pas entrer dans un logement puissent le faire ; je crois aussi qu'il faudra que l'Etat qui possède des terrains et des biens puissent les vendre aux communes qui pourront ainsi construire des logements sociaux. Mais je crois aussi qu'il faut que les mairies respectent le quota de 20% de logements sociaux et sinon l'Etat devra s'y substituer ; la puissance publique devra garantir la sécurité du logement tout au long de la vie.
CLAIRE CHAZAL - Voilà donc en tout cas vos propositions que vous aurez forcément l'occasion de développer chez nous à partir du 11 février ou ailleurs bien sûr. Merci beaucoup Ségolène ROYAL d'être venue ce soir sur TF1. Source http://www.desirsdavenir.org, le 22 janvier 2007
SEGOLENE ROYAL - Bonsoir.
CLAIRE CHAZAL - Au lendemain d'une visite dans le Nord, vous avez reçu le soutien de Martine AUBRY, de Bertrand DELANOË, de Pierre MAUROY, mais ça on le savait, c'était déjà fait. Ségolène ROYAL, il y a eu plusieurs incidents j'allais dire, l'incident MONTEBOURG, il y a eu aussi un différend entre François HOLLANDE et vous-même sur les impôts. Il y a quelques doutes sur vos débats participatifs ; est-ce que vous avez le sentiment à ce stade de la campagne qu'il faut changer de méthode ?
SEGOLENE ROYAL - La France a changé surtout, le monde a changé, alors la politique doit changer et c'est pour cela que j'ai fait le choix de cette démarche de débats participatifs, c'est-à-dire dans lesquels les gens viennent participer et participer au futur projet présidentiel. Je crois beaucoup à l'intelligence collective des citoyens, je crois qu'il y a aussi une crise profonde entre les citoyens et les responsables politiques. Et donc je prendrai le temps que j'avais prévu pour ce travail avec les Français parce que c'est du sérieux de cette démarche, de la façon dont je m'implique et lorsque j'aurai terminé cette phase, nous aurons à peu près organisé plus de cinq mille débats à travers tout le pays ; des débats au cours desquels les Français prennent la parole, la parole se libère...
CLAIRE CHAZAL - On l'a vu hier soir d'ailleurs, une femme vous a interpellée sur un problème très grave de violences conjugales...
SEGOLENE ROYAL - Et ce qui apparaît, c'est vraiment une attente désespérée de quelque chose qui ne vient pas, c'est-à-dire la mise en exergue de tous les dégâts du libéralisme, la vie chère, le chômage, les jeunes diplômés qui ne trouvent pas d'emploi, la dégradation du cadre de vie, de l'environnement, la question de l'éducation, l'angoisse devant la réussite scolaire de ses enfants et donc cela me permet ensuite de parler juste à travers la réalité de la vie quotidienne et donc ensuite d'agir juste et de tenir parole.
CLAIRE CHAZAL - Martine AUBRY qui vous a soutenue très clairement hier dit aussi que ces débats qui vont donc se terminer normalement le 11 février, c'est là que vous allez apporter vos propositions, elle estime que ça peut être trop tard et en tout cas il ne faut pas rater la sortie de ces débats ; est-ce que ce ne sera pas trop tard, le 11 février pour faire un premier état de propositions ?
SEGOLENE ROYAL - D'abord il y a déjà un certain nombre de propositions dont les gens débattent aussi dans ces réunions ; j'en ai fait sur la famille, sur le logement, sur l'éducation, sur le soutien scolaire gratuit dans les écoles, sur la question des entreprises, sur le développement du dialogue social, sur la protection de l'environnement, sur la relance de l'Europe ; don cil y a déjà beaucoup de propositions dont les gens discutent mais cette phase de débat est tout à fait cruciale parce que c'est ce qui traduit le changement profond de la relation entre le responsable politique et le citoyen et qui prend en considération l'intelligence collective...
CLAIRE CHAZAL - Mais est-ce qu'il ne peut pas y avoir une interrogation, pardon de vous couper, de la part des militants notamment, sur la cohérence entre ce que vous dites et le programme socialiste parce qu'il existait au fond, il y avait un programme bâti par le PS.
SEGOLENE ROYAL - Bien sûr mais comme je m'y étais engagée, je remets aujourd'hui les Français au coeur du projet des socialistes plus un certain nombre de mesures nouvelles aussi qui apparaissent et puis c'est surtout dans la vérité des souffrances qui sont subies ou dans la tension des aspirations et des projets qui émergent que je me nourris de cette énergie. Et donc cette énergie-là va se transformer en projet présidentiel. Et j'en donnerai les grandes lignes le 11 février prochain et il restera deux mois pour mener la bataille des idées, projet contre projet et je crois que vous serez surprise non pas par moi mais de ce que je porterai de cette énergie des Français qui m'aidera dans l'énergie de la bataille du projet contre projet, de gagner en 2007 et je dis aux militants et aux citoyens "impliquez-vous, venez prendre la parole parce que c'est avec vous que la France se redressera". Moi je crois en une France qui donne à chacun sa place. La France se sent aujourd'hui désespérément tirée vers le bas et donc pour la retirer vers le haut, il faut que chaque Français ait le sentiment que son potentiel est utilisé au bon endroit, qu'il ait des faiblesses ou qu'il n'en ait pas, qu'il ait aussi le droit à l'échec, que les jeunes trouvent leur place, que les personnes âgées ne soient plus comme aujourd'hui anxieuses par rapport à la diminution du pouvoir d'achat de leur petite retraite et donc cette masse... cette addition à la fois d'inquiétudes, de vécus mais aussi d'espoirs formidables... cette France qui attend désespérément quelque chose qui ne vient pas et qui doit changer en profondeur, c'est cela qui m'aidera dans la vérité de cette démarche à porter demain non seulement la vérité de la parole mais aussi l'efficacité de l'action politique après l'élection présidentielle.
CLAIRE CHAZAL - Et sur les 35 heures par exemple qui étaient chères à Martine AUBRY qui était à vos côtés hier, vous avez dit que vous ne vous interdisiez rien ; est-ce que vous savez d'ores et déjà que vous allez y revenir, dans ce programme ?
SEGOLENE ROYAL - Je crois que rien n'est tabou au sens où il faut regarder la réalité telle qu'elle est et se demander quelles sont les réformes les plus utiles pour répondre aux préoccupations qui sont là et moi je crois à une société de solidarité, pas une société du libéralisme qui dit à chacun "débrouillez-vous ou si vous avez un problème de pouvoir d'achat, faites donc des heures supplémentaires" qui seront en plus exonérées de cotisations sociales et donc qui vont aggraver le chômage, c'est-à-dire qu'aujourd'hui un patron, si cette réforme est menée à son terme, aura plus intérêt à faire travailler davantage les salariés qu'à créer des emplois nouveaux. Donc cette société du chacun pour soi, c'est celle-là que je ne veux pas, que nous ne voulons pas ; elle n'aidera pas la France à se retirer vers le haut. Donc il y aura bien une bataille des idées, projet contre projet.
CLAIRE CHAZAL - Et cette bataille, vous la mènerez contre Nicolas SARKOZY ; vous ne vous êtes pas vraiment exprimé après sa désignation officielle au sein de l'UMP. Certains au Parti socialiste ont critiqué ses références à quelques grands de gauche comme JAURES. Comment vous avez vécu ça ? Est-ce que vous lui contestez aussi cet héritage ?
SEGOLENE ROYAL - Je pense surtout que nous n'avons pas la même idée de l'exercice du pouvoir. Je ne crois pas que dans la France telle qu'elle est aujourd'hui, je ne crois pas qu'un homme providentiel qui pense avoir raison tout seul et qui promet tout et qui donc demain ne tiendra rien, je ne crois pas que cela corresponde à ce dont la France a besoin aujourd'hui...
CLAIRE CHAZAL - Sur le logement par exemple, force est de constater que ces mesures ont été prises, sans doute après une action bien particulière menée par une association mais des mesures ont été prises...
SEGOLENE ROYAL - Des mesures théoriques, vous voulez dire, alors que la situation du logement est dramatique aujourd'hui parce que les logements sociaux n'ont pas été construits, que la loi n'a pas été respectée et si je suis élue, je crois que le pouvoir de réquisition devra s'imposer sur les logements vacants...
CLAIRE CHAZAL - On vous voit d'ailleurs ce matin auprès des sans logement...
SEGOLENE ROYAL - Oui... un service public de la caution pour que ceux qui n'ont pas beaucoup de moyens et qui ne peuvent pas entrer dans un logement puissent le faire ; je crois aussi qu'il faudra que l'Etat qui possède des terrains et des biens puissent les vendre aux communes qui pourront ainsi construire des logements sociaux. Mais je crois aussi qu'il faut que les mairies respectent le quota de 20% de logements sociaux et sinon l'Etat devra s'y substituer ; la puissance publique devra garantir la sécurité du logement tout au long de la vie.
CLAIRE CHAZAL - Voilà donc en tout cas vos propositions que vous aurez forcément l'occasion de développer chez nous à partir du 11 février ou ailleurs bien sûr. Merci beaucoup Ségolène ROYAL d'être venue ce soir sur TF1. Source http://www.desirsdavenir.org, le 22 janvier 2007