Texte intégral
Q - Le XVII ème Conseil des ministres de la COI vient de se terminer. Peut-on faire un petit bilan avec vous ?
R - Oui, bien volontiers. D'abord, cette réunion avait un ordre du jour particulièrement dense puisqu'il s'agissait d'évoquer d'abord toutes les compétences reconnues à la COI : l'environnement, le tourisme, le transport... mais aussi de renouveler un Secrétaire général ; c'est toujours un moment important... de parler de l'Université de l'Océan Indien; c'est un grand sujet et je le dis en sachant que les Réunionnais s'y intéressent tout particulièrement. mais on a aussi évoqué la situation des Comores, par exemple : c'est un dossier très, très politique, pour nous féliciter d'une évolution que nous jugeons très favorable, au lendemain des accords qui sont intervenus à Saint Denis - c'était le 17 février - et qui, je l'espère, permettront une réconciliation des Comoriens et l'enclenchement d'un processus démocratique au terme duquel les autorités comoriennes pourront bénéficier de l'onction démocratique. Je crois que c'est bien parti.
Nous avons appuyé ce processus ; notre ambassadeur à Moroni s'y est employé, la Francophonie s'y est employée aux côtés, bien sûr, de l'OUA et de la Ligue Arabe. Tout cela n'était pas peu de chose... J'insiste parce que c'était l'aspect un peu politique, les Comores étant un des membres de cette COI et que la dernière fois, au Sommet, rappelons-nous, la représentation des Comores avait été assurée par un directeur alors qu'aujourd'hui, c'était le ministre des affaires Etrangères qui était invité et qui est venu et tout le monde s'en est réjoui. Voilà !
Alors, sur les questions comme celle de l'Université en particulier, le président Vergès et M. Hoareau ont participé de manière très active à la discussion en faisant prévaloir, l'un et l'autre, ce qu'avait déjà fait La Réunion et ce qu'elle espérait faire encore pour que cette solidarité régionale s'exprime au travers de l'enseignement supérieur et de la recherche, par exemple avec un souci qui a été longuement développé d'une bonne répartition, en quelque sorte, des tâches à la fois d'enseignement et de recherche entre les pays de la COI selon leur spécificité, selon leurs centres d'intérêt : les Seychelles, ce serait davantage la pêche, Madagascar, ce sera peut-être davantage la question de la forêt, les Comores pourront trouver un autre terrain de prédilection. Je crois que c'est très important et là, je le dis aussi à l'intention des Réunionnais, que ce concept d'Université de l'Océan Indien soit approprié pour tous les pays de la COI, ce qui signifie en effet, un bon équilibre entre les tâches confiées à chacun et aussi dans la répartition des moyens financiers. Cela, c'est quelque chose qu'on a entendu très fortement aujourd'hui.
Q - Vous parliez d'économie, tout à l'heure... Est-ce qu'on a redéfini un petit peu la place de La Réunion, de la France, en ce qui concerne un espace de libre échange ?
R - On n'a pas redéfini la place... J'avais évoqué, ce matin, dans mon allocution d'ouverture, la place particulière qu'a La Réunion vis-à-vis de la COI, d'une part, vis-à-vis de l'Union européenne, d'autre part et que ceci, en soi, appelait des réponses spécifiques adaptées notamment sur le plan juridique, et c'est à cela, d'ailleurs, que nous avons déjà commencé à travailler et les représentants de l'Union européenne étaient, d'ailleurs, présents et le président Vergès a beaucoup insisté sur cette spécificité de La Réunion en la resituant dans le cadre des régions ultra périphériques maritimes et susceptibles de bénéficier, à ce titre, de concours financiers particuliers de la part de l'Union européenne, que La Réunion souhaite évidemment conserver tout en étant acteur de la Commission de l'Océan indien. La Réunion a un rôle de liaison très, très, très important, entre l'Union européenne et l'Océan indien. Je crois que ceci a été bien compris par nos partenaires qui ont pu profiter de l'occasion aussi pour apprendre les changements que la loi d'orientation Outre-Mer a introduits.
Q - Justement, comment va-t-on utiliser cette orientation ?... Que va-t-il se passer maintenant ? Va-t-on utiliser cette orientation dans le cadre de la coopération régionale ?
R - Il est clair, il est clair que la loi a ceci d'intéressant qu'elle permet au gouvernement de déléguer ses pouvoirs aux autorités régionales ou départementales, en l'occurrence c'est le président, pour négocier à sa place et conclure à sa place, si l'accord en est donné, même pour des questions qui relèvent de la compétence de l'Etat. Et puis, s'agissant de la compétence reconnue à la région et aux départements, je pense singulièrement à la région, ils peuvent faire des propositions, prendre des initiatives, donner mandat à leur président pour engager, là encore, des négociations avec les pays voisins et conclure, en accord bien sûr avec le gouvernement français, mais je peux vous dire que l'état d'esprit qui est le nôtre - et singulièrement celui de Lionel Jospin - est bien de faire confiance aux responsables politiques réunionnais sachant qu'ils procèdent, eux, directement du suffrage universel et on espère bien que ceci devrait conduire à des choix responsables de la part d'autorités que nous connaissons bien par ailleurs.
Q - (inaudible)
R - Quelques mots, bien entendu, pour confirmer ce qui vient d'être dit en rappelant que la réponse à la question posée, il appartient aux membres de la COI d'y répondre. Quel devenir commun veulent-ils par rapport aux Accords de Cotonou qui ont encouragé les intégrations régionales, convaincus que c'est à la fois un moyen de développer davantage et plus vite et, surtout, de se préparer à une intégration par étapes dans une économie mondiale. Sur la question de savoir quel sera le devenir spécifique de la COI par rapport à ces accords régionaux, nous savons que certains pays ont déjà des relations fortement établies avec des ensembles plus importants. On peut considérer que, a minima, la COI pourrait être considérée comme un sous-ensemble pouvant justifier de relations spécifiques avec l'Union européenne même si c'est par rapport à d'autres ensembles plus conséquents.
Est-ce que, Madame la Présidente, vous m'autorisez à dire juste un mot, puisqu'aussi bien le ministre des Affaires étrangères des Comores a évoqué l'attitude de la France dans cette affaire. Je voudrais d'abord me réjouir que ce soit à Tananarive dont nous savons le rôle qu'ont joué les Malgaches, particulièrement le président Ratsiraka en faveur de la recherche d'une solution à la crise comorienne, que nous puissions aujourd'hui souligner cette étape tout à fait essentielle qui a été franchie le 17 février, lors de l'accord, du nouvel accord de Cotonou.
Tout coup d'Etat est condamnable, et nous avons condamné tous les coups d'Etat, même s'il est vrai que certains peuvent s'expliquer, pas s'excuser, mais s'expliquer par des dysfonctionnements des institutions démocratiques, parfois par l'irresponsabilité, à tout le moins l'immobilisme de ceux qui, pourtant, peuvent se réclamer du suffrage universel. Mais l'important, c'est ensuite non pas d'exclure mais d'aider le pays concerné à se réinsérer dans la communauté internationale en en respectant les règles, c'est-à-dire le processus démocratique. Fallait-il que l'ensemble des Comoriens soient d'accord sur un objectif constitutionnel et pour se réconcilier entre eux afin de pouvoir conduire normalement un processus électoral qui va permettre, demain, aux nouvelles autorités comoriennes de se prévaloir du suffrage universel. C'est à cela que nous avons assisté au cours de la dernière période, et moi je suis heureux qui efforts qui ont été accomplis, du résultat obtenu et je forme le vu que tous les Comoriens sauront saisir la chance qui leur est offerte de se réconcilier entre eux mais aussi de réconcilier, en quelque sorte, les Comores avec la Communauté Internationale et, d'abord, avec ses voisins. C'est un élément tout à fait essentiel et puis, je dois dire mon optimisme au moment où nous nous rencontrons sur ce dossier.
Q - ()
R - Mais j'observe aussi que la loi d'orientation sur l'Outre-mer à laquelle il a été fait allusion tout au long de cette journée, offre des perspectives et des possibilités aux élus réunionnais d'assumer plus complètement, leur propre devenir et leurs relations avec leurs voisins. Ca, c'est plutôt une bonne nouvelle.
Q - ()
R - S'agissant des visas, vous nous appelez, en quelque sorte, à faire bon usage du principe de précaution et il nous faut, en même temps, respecter les accords de Schengen qui lient entre eux les pays européens sur des politiques harmonisées en matière d'accueil des étrangers.
Je voudrais vous dire que d'une année l'autre, en 2000 on aura délivré 50% de visas de plus qu'en 1999. C'est dire que c'est bien dans cette direction que la France, pour sa part, s'efforce d'aller. Il est clair qu'il ne faudrait pas que la question des visas freine les relations intra-océaniques, si je puis dire, et je suis sûr que les services concernés seront sensibles aux demandes spécifiques qui pourraient être présentées à l'appui d'une invitation à une réunion de la COI, en tout cas, nous sommes prêts à y veiller.
S'agissant de la question de l'indépendance, je vous inviterais bien à poser la question à Paul Vergès mais je crains que nous n'ayons le temps d'aller jusqu'au bout de ce débat car la question est un peu complexe et je crois que ce serait peut-être imprudent d'ouvrir le débat à cette heure.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 février 2001)
R - Oui, bien volontiers. D'abord, cette réunion avait un ordre du jour particulièrement dense puisqu'il s'agissait d'évoquer d'abord toutes les compétences reconnues à la COI : l'environnement, le tourisme, le transport... mais aussi de renouveler un Secrétaire général ; c'est toujours un moment important... de parler de l'Université de l'Océan Indien; c'est un grand sujet et je le dis en sachant que les Réunionnais s'y intéressent tout particulièrement. mais on a aussi évoqué la situation des Comores, par exemple : c'est un dossier très, très politique, pour nous féliciter d'une évolution que nous jugeons très favorable, au lendemain des accords qui sont intervenus à Saint Denis - c'était le 17 février - et qui, je l'espère, permettront une réconciliation des Comoriens et l'enclenchement d'un processus démocratique au terme duquel les autorités comoriennes pourront bénéficier de l'onction démocratique. Je crois que c'est bien parti.
Nous avons appuyé ce processus ; notre ambassadeur à Moroni s'y est employé, la Francophonie s'y est employée aux côtés, bien sûr, de l'OUA et de la Ligue Arabe. Tout cela n'était pas peu de chose... J'insiste parce que c'était l'aspect un peu politique, les Comores étant un des membres de cette COI et que la dernière fois, au Sommet, rappelons-nous, la représentation des Comores avait été assurée par un directeur alors qu'aujourd'hui, c'était le ministre des affaires Etrangères qui était invité et qui est venu et tout le monde s'en est réjoui. Voilà !
Alors, sur les questions comme celle de l'Université en particulier, le président Vergès et M. Hoareau ont participé de manière très active à la discussion en faisant prévaloir, l'un et l'autre, ce qu'avait déjà fait La Réunion et ce qu'elle espérait faire encore pour que cette solidarité régionale s'exprime au travers de l'enseignement supérieur et de la recherche, par exemple avec un souci qui a été longuement développé d'une bonne répartition, en quelque sorte, des tâches à la fois d'enseignement et de recherche entre les pays de la COI selon leur spécificité, selon leurs centres d'intérêt : les Seychelles, ce serait davantage la pêche, Madagascar, ce sera peut-être davantage la question de la forêt, les Comores pourront trouver un autre terrain de prédilection. Je crois que c'est très important et là, je le dis aussi à l'intention des Réunionnais, que ce concept d'Université de l'Océan Indien soit approprié pour tous les pays de la COI, ce qui signifie en effet, un bon équilibre entre les tâches confiées à chacun et aussi dans la répartition des moyens financiers. Cela, c'est quelque chose qu'on a entendu très fortement aujourd'hui.
Q - Vous parliez d'économie, tout à l'heure... Est-ce qu'on a redéfini un petit peu la place de La Réunion, de la France, en ce qui concerne un espace de libre échange ?
R - On n'a pas redéfini la place... J'avais évoqué, ce matin, dans mon allocution d'ouverture, la place particulière qu'a La Réunion vis-à-vis de la COI, d'une part, vis-à-vis de l'Union européenne, d'autre part et que ceci, en soi, appelait des réponses spécifiques adaptées notamment sur le plan juridique, et c'est à cela, d'ailleurs, que nous avons déjà commencé à travailler et les représentants de l'Union européenne étaient, d'ailleurs, présents et le président Vergès a beaucoup insisté sur cette spécificité de La Réunion en la resituant dans le cadre des régions ultra périphériques maritimes et susceptibles de bénéficier, à ce titre, de concours financiers particuliers de la part de l'Union européenne, que La Réunion souhaite évidemment conserver tout en étant acteur de la Commission de l'Océan indien. La Réunion a un rôle de liaison très, très, très important, entre l'Union européenne et l'Océan indien. Je crois que ceci a été bien compris par nos partenaires qui ont pu profiter de l'occasion aussi pour apprendre les changements que la loi d'orientation Outre-Mer a introduits.
Q - Justement, comment va-t-on utiliser cette orientation ?... Que va-t-il se passer maintenant ? Va-t-on utiliser cette orientation dans le cadre de la coopération régionale ?
R - Il est clair, il est clair que la loi a ceci d'intéressant qu'elle permet au gouvernement de déléguer ses pouvoirs aux autorités régionales ou départementales, en l'occurrence c'est le président, pour négocier à sa place et conclure à sa place, si l'accord en est donné, même pour des questions qui relèvent de la compétence de l'Etat. Et puis, s'agissant de la compétence reconnue à la région et aux départements, je pense singulièrement à la région, ils peuvent faire des propositions, prendre des initiatives, donner mandat à leur président pour engager, là encore, des négociations avec les pays voisins et conclure, en accord bien sûr avec le gouvernement français, mais je peux vous dire que l'état d'esprit qui est le nôtre - et singulièrement celui de Lionel Jospin - est bien de faire confiance aux responsables politiques réunionnais sachant qu'ils procèdent, eux, directement du suffrage universel et on espère bien que ceci devrait conduire à des choix responsables de la part d'autorités que nous connaissons bien par ailleurs.
Q - (inaudible)
R - Quelques mots, bien entendu, pour confirmer ce qui vient d'être dit en rappelant que la réponse à la question posée, il appartient aux membres de la COI d'y répondre. Quel devenir commun veulent-ils par rapport aux Accords de Cotonou qui ont encouragé les intégrations régionales, convaincus que c'est à la fois un moyen de développer davantage et plus vite et, surtout, de se préparer à une intégration par étapes dans une économie mondiale. Sur la question de savoir quel sera le devenir spécifique de la COI par rapport à ces accords régionaux, nous savons que certains pays ont déjà des relations fortement établies avec des ensembles plus importants. On peut considérer que, a minima, la COI pourrait être considérée comme un sous-ensemble pouvant justifier de relations spécifiques avec l'Union européenne même si c'est par rapport à d'autres ensembles plus conséquents.
Est-ce que, Madame la Présidente, vous m'autorisez à dire juste un mot, puisqu'aussi bien le ministre des Affaires étrangères des Comores a évoqué l'attitude de la France dans cette affaire. Je voudrais d'abord me réjouir que ce soit à Tananarive dont nous savons le rôle qu'ont joué les Malgaches, particulièrement le président Ratsiraka en faveur de la recherche d'une solution à la crise comorienne, que nous puissions aujourd'hui souligner cette étape tout à fait essentielle qui a été franchie le 17 février, lors de l'accord, du nouvel accord de Cotonou.
Tout coup d'Etat est condamnable, et nous avons condamné tous les coups d'Etat, même s'il est vrai que certains peuvent s'expliquer, pas s'excuser, mais s'expliquer par des dysfonctionnements des institutions démocratiques, parfois par l'irresponsabilité, à tout le moins l'immobilisme de ceux qui, pourtant, peuvent se réclamer du suffrage universel. Mais l'important, c'est ensuite non pas d'exclure mais d'aider le pays concerné à se réinsérer dans la communauté internationale en en respectant les règles, c'est-à-dire le processus démocratique. Fallait-il que l'ensemble des Comoriens soient d'accord sur un objectif constitutionnel et pour se réconcilier entre eux afin de pouvoir conduire normalement un processus électoral qui va permettre, demain, aux nouvelles autorités comoriennes de se prévaloir du suffrage universel. C'est à cela que nous avons assisté au cours de la dernière période, et moi je suis heureux qui efforts qui ont été accomplis, du résultat obtenu et je forme le vu que tous les Comoriens sauront saisir la chance qui leur est offerte de se réconcilier entre eux mais aussi de réconcilier, en quelque sorte, les Comores avec la Communauté Internationale et, d'abord, avec ses voisins. C'est un élément tout à fait essentiel et puis, je dois dire mon optimisme au moment où nous nous rencontrons sur ce dossier.
Q - ()
R - Mais j'observe aussi que la loi d'orientation sur l'Outre-mer à laquelle il a été fait allusion tout au long de cette journée, offre des perspectives et des possibilités aux élus réunionnais d'assumer plus complètement, leur propre devenir et leurs relations avec leurs voisins. Ca, c'est plutôt une bonne nouvelle.
Q - ()
R - S'agissant des visas, vous nous appelez, en quelque sorte, à faire bon usage du principe de précaution et il nous faut, en même temps, respecter les accords de Schengen qui lient entre eux les pays européens sur des politiques harmonisées en matière d'accueil des étrangers.
Je voudrais vous dire que d'une année l'autre, en 2000 on aura délivré 50% de visas de plus qu'en 1999. C'est dire que c'est bien dans cette direction que la France, pour sa part, s'efforce d'aller. Il est clair qu'il ne faudrait pas que la question des visas freine les relations intra-océaniques, si je puis dire, et je suis sûr que les services concernés seront sensibles aux demandes spécifiques qui pourraient être présentées à l'appui d'une invitation à une réunion de la COI, en tout cas, nous sommes prêts à y veiller.
S'agissant de la question de l'indépendance, je vous inviterais bien à poser la question à Paul Vergès mais je crains que nous n'ayons le temps d'aller jusqu'au bout de ce débat car la question est un peu complexe et je crois que ce serait peut-être imprudent d'ouvrir le débat à cette heure.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 février 2001)