Texte intégral
Q - Nous voulons, nos auditeurs et moi du concret, N. Sarkozy. Alors j'ai mêlé les questions d'auditeurs et les miennes. Comme ça, ça sera beaucoup plus simple et on va commencer avec l'étranger parce que je trouve qu'on n'en parle pas suffisamment dans cette campagne, l'Iran, le programme nucléaire iranien est irréversible, c'est ce qu'a déclaré hier le président iranien Ahmadinejad, D. Cheney vice-président des Etats-Unis n'écarte aucune option et il n'écarte pas l'option militaire, alors oui ou non, acceptez-vous que l'Iran devienne une puissance nucléaire ? Oui ou non ?
R - Militaire ?
Q - Oui.
R - Non.
Q - Non ?
R - Non, je précise militaire.
Q - Oui, militaire, mais bien sûr.
R - Parce que je voudrais m'en expliquer si vous voulez, c'est un point extrêmement important.
Q - Allez-y ! Allez-y !
R - D'abord vous avez raison de mettre l'international dans cette campagne, on n'est pas dans une campagne cantonale, c'est la campagne pour la présidentielle, le président de la République quel qu'il soit aura des dossiers très lourds. La question de l'Iran et du nucléaire : il y a un traité international qui prévoit la possibilité pour l'Iran, comme pour tous les autres pays d'accéder au nucléaire civil. Pourquoi ? Parce que c'est l'énergie de demain et on ne peut pas condamner un peuple à ne pas avoir droit à l'énergie de demain. Mais autant on est ouvert sur le nucléaire civil, autant on est absolument, totalement et complètement, fermé sur le nucléaire militaire. C'est la raison pour laquelle, j'approuve les sanctions à l'endroit de l'Iran et de ses dirigeants actuels. J'observe d'ailleurs que ça commence à marcher, les municipales ont été un échec pour le président iranien, il y a un débat actuellement dans la société iranienne, il faut continuer à être ferme et il faut que la communauté internationale reste unie.
Q - Alors oui ou non, vous êtes président de la République, imaginons, les Américains engagent une action militaire contre l'Iran, oui ou non, est-ce que vous approuvez cette action ?
R - Non.
Q - Non ? C'est ferme ? Non ?
R - Ecoutez, quand on voit ce qui se passe avec l'Irak. L'Irak qui à ma connaissance a grosso modo trois fois moins d'habitants que l'Iran, qui peut croire que c'est une perspective qui est crédible. Maintenant, que le vice-président américain dise " toutes les options sont ouvertes " disons que c'est une posture, une posture de départ, une posture pour la discussion...
Q - Posture dangereuse ?
R - C'est une posture.
Q - Dangereuse ?
R - Et je pense que dans les relations internationales, il vaut mieux le pragmatisme à la posture.
Q - Donc dangereuse ?
R - Non.
Q - Non, c'est une posture qui n'est pas dangereuse ?
R - Inutile.
Q - Inutile. Est-ce que les sanctions économiques peuvent, à elles seules, contraindre l'Iran à baisser pavillon ?
R - Elles obligent, il faut voir que l'Iran, c'est un pays de 70 millions d'habitants. C'est une grande civilisation, on sait qu'il y a une opposition, pas simplement politique, il y a des débats dans la société civile iranienne. Donc c'est très important de maintenir des sanctions économiques et un isolement, pour que la population iranienne comprenne que leurs dirigeants actuels les conduisent dans le mur.
Q - Oui, un pays chiite, ce qui est important aussi. Est-ce que les Américains doivent présenter un calendrier de retrait de l'Irak ?
R - Plus on est précis en la matière, mieux c'est.
Q - Oui, donc vous demandez aux Américains, aujourd'hui, enfin vous demandez, enfin vous n'êtes pas président de la République, cela dit...
R - Je dis, je dis, je ne suis pas président de la République et je considère d'ailleurs qu'il est très important pour les Français de comprendre que pour moi, comme pour les autres, rien n'est fait, que c'est à eux de décider, à eux seulement. Je dis simplement que la situation des Américains en Irak aujourd'hui est une impasse, que tous les processus qui ont conduit des étrangers à être dans un pays à toutes les époques, dans toutes les régions du monde, ça a conduit à l'échec, il faut donc prévoir les conditions d'un retrait.
Q - L'Iran c'est un pays chiite, Al Qaïda ce sont des chiites ou des sunnites ?
R - Al-Qaida c'est une mouvance et malheureusement...
Q - Ce sont des chiites ou des sunnites ?
R - On ne peut pas qualifier Al- Qaïda comme ça !
Q - Les combattants d'Al-Qaida sont des chiites ou des sunnites ?
R - Le GSPC en Algérie...
Q - Nicolas Sarkozy ?!
R - Non, mais je vais expliquer...
Q - Non, mais je vous demande...
R - Je vous dis...
Q - Je vous le demande, vous êtes ministre de l'Intérieur, il y a des menaces terroristes en permanence, est-ce qu'Al-Qaida, les combattants d'Al-Qaida sont des chiites ou des sunnites ? Je vous pose la question.
R - Alors je vous réponds, il est impossible d'y répondre. Pour une raison que je vais démontrer tout de suite, parce que Qaïda c'est une nébuleuse, je prends un exemple, celui des Algériens, le GSPC qui se sont reconnus, il y a quatre ans, comme dépendants d'Al- Qaïda, quatre ans. Qui ont été reconnus, il y a six mois par Al- Qaïda, on ne peut pas dire que les combattants d'Al-Qaida sont tous chiites, sont tous sunnites, on ne peut pas présenter les choses comme ça.
Q - Pourtant tous les combattants d'Al-Qaida sont sunnites ?
R - Non, non, on ne peut pas dire cela.
Q - Nous demanderons aux spécialistes.
R - Non, attendez, attendez, c'est extrêmement important...
Q - Allez-y ! Allez-y ! Allez-y ! Mais c'est très important, c'est pour ça que je vous pose la question ? Vous le comprenez !
R - Pour que nos téléspectateurs comprennent. Que veulent les terroristes ? Créer les conditions de l'amalgame, pour dire c'est un combat d'abord entre l'Occident et l'Orient. C'est ce qu'ils veulent, Al- Qaïda est une nébuleuse, il y a par exemple un certain nombre de jeunes Français qui vont se faire mourir en Irak, pour le sacrifice, faire les kamikazes là-bas, est-ce qu'on peut les réduire alors qu'ils sont français et qu'ils vont faire les kamikazes là-bas, est-ce qu'on peut les réduire à l'appartenance à une ethnie ? C'est une erreur.
Q - Enfin tous les chefs d'Al-Qaida sont sunnites. Bien !
R - Non, mais c'est...
Q - Si, mais si...
R - Mais très bien, mais exactement, non mais je pense qu'on ne peut pas réduire cela, à un seul problème sunnite.
Q - Bien ! Alcatel-Lucent, c'est l'actualité aussi, ça c'est l'actualité française. Est-ce que vous demandez à la direction du groupe de suspendre son plan social ?
R - Je ne pense pas que ce soit la responsabilité d'un homme politique que de donner une instruction pour suspendre un plan social. Pourquoi ? A quel titre ? Uniquement pour attendre de passer les élections ? Ce n'est pas ma conception de l'économie.
Q - Est-ce que le Gouvernement, puisqu'il y a eu un peu un cafouillis au Gouvernement, on a eu le ministre de l'Emploi qui aurait demandé à Alcatel-Lucent de suspendre son plan social. Vous avez des informations à ce propos ?
R - Non ! Mais je pense que le problème pour la France n'est pas qu'un groupe international décide d'un certain nombre de suppressions d'emploi, c'est qu'on ne crée pas encore assez d'emplois dans l'économie française. Mais enfin écoutez, quelle serait la crédibilité d'un ministre quel qu'il soit, parce que nous sommes à deux mois d'une élection présidentielle, de dire "il faut suspendre" ça n'aurait pas de sens ! Cela s'appelle de la démagogie ou ça s'appelle du populisme. Ce n'est pas comme ça que l'on raisonne.
Q - Faut-il demander à Alcatel-Lucent de rembourser les aides publiques touchées et versées par l'Etat ?
R - Si des aides ont été données pour maintenir des activités en France et que ces activités ont été délocalisées, la réponse est oui. Je ne connais pas le dossier des aides précisément qu'a reçu ALCATEL. En revanche, sur le plan du principe, quand on a reçu des aides pour maintenir des activités en France et qu'on les délocalise, alors il faut rembourser.
Q - Airbus, maintenant, c'est l'actualité aussi, acceptez-vous que des sites puissent être fermés en France et en Allemagne d'ailleurs ?
R - Pour moi, la question n'est pas celle des sites, c'est la question de l'avenir d'Airbus. Il y a, me semble-t-il, pour Airbus, un certain nombre de problèmes, il y a un problème d'actionnariat, il faut que les actionnaires d'Airbus soient prêts à mettre de l'argent pour favoriser le développement d'Airbus. Il y a un problème de gouvernance, je ne suis pas persuadé qu'on peut voir la gouvernance d'une grande entreprise, simplement en terme franco-allemand. Il y a un problème de localisation d'activités industrielles, je ne suis pas persuadé qu'on peut se répartir les usines, simplement pour que chaque pays européen qui participe au projet Airbus ait sa petite part du gâteau, il est temps aujourd'hui, de raisonner Airbus plutôt que de raisonner France, Allemagne, Espagne ou tout autre actionnaire de l'entreprise. [...]
Q - On va parler de délinquance, évidemment, vous avez vu les incidents, enfin plus qu'incident : trois coups de feu tirés après un match de foot à la Cour neuve, samedi après-midi, règlement de comptes à Grenoble, trois morts sur un parking d'une zone industrielle. Pourquoi tout ça ? C'est...
R - Bon ! Depuis cinq ans, on a fait un travail, je crois qui n'est contesté par personne, avec des résultats assez spectaculaires. Il faut passer à l'étape suivante, comment ? Deux mesures : premièrement, il faut résoudre la question des mineurs délinquants. On ne peut plus continuer comme ça. Un certain nombre de mineurs dans les quartiers sont utilisés par des majeurs sans scrupules arguant de l'impunité pénale de ces mineurs. Quand Mama Galledou a été brûlée à 65 % dans le bus de Marseille, ce sont des mineurs qui sont responsables, mais pour elle, le fait d'avoir été brûlée par des mineurs ou par des majeurs, le résultat est le même. Je propose donc qu'un mineur récidiviste entre 16 et 18 ans, soit puni comme un majeur. L'impunité des mineurs récidivistes ça suffit !
Q - Oui, mais dans votre projet de loi, ce n'est pas ce qui a été voté, Vous le déplorez ? Eh ! Bien ! Déplorer !
R - Malheureusement, je ne suis pas et je n'étais pas en situation de convaincre tout le monde.
Q - Oui, ce sont les députés UMP, des députés UMP qui ont refusé de voter cette partie du texte ?
R - Non, non, ils n'ont pas refusé...
Q - Enfin ils n'ont pas refusé, en tous les cas ça n'a pas été voté.
R - Les arbitrages, il vous est certainement apparu que je ne suis pas président de la République...
Q - Non !
R - Et que c'est même pour ça que je suis candidat à la présidence de la République.
Q - C'est donc le président de la République qui a freiné vos ardeurs ?
R - Non, il y a eu un débat dans la majorité, je n'ai pas pu obtenir qu'on aille aussi loin que je le souhaitais dans la réforme de la loi de 1945. Mais il y a un deuxième problème...
Q - L'excuse de minorité n'est pas supprimée ?
R - L'excuse de minorité, c'est-à-dire que dorénavant pour un mineur multirécidiviste, on pourra supprimer l'excuse de minorité. Je souhaite que ça soit automatique, lorsqu'il y a un mineur récidiviste. Deuxième problème : 50 % des crimes et délits sont le fait de 5 % des délinquants, les multirécidivistes. Alors là il y a un problème qu'il faut affronter, à quoi ça sert de voter des lois sévères, si elles ne sont pas appliquées par des magistrats ?
Q - Deux fois moins de magistrats en France qu'en Allemagne.
R - Peut-être, mais ce n'est pas une question de nombre...
Q - Non, non, non. Mais ils sont peut-être débordés ? Ils sont peut-être débordés ?
R - Je demande donc... oui, mais enfin le fait d'être débordés quand ils jugent, c'est à eux d'appliquer la loi. Alors je demande donc que lorsqu'il s'agit d'un récidiviste, à la première récidive, il sache qu'on ne peut pas le condamner à moins à la moitié de la peine potentielle. A la deuxième récidive, qu'il ne puisse pas être condamné à moins de deux tiers de la peine potentielle. Qu'est-ce que je cherche à faire ? C'est que le récidiviste sache que plus il aggrave son cas dans la récidive, plus la sanction sera automatique et lourde. Alors on me dit : "Mais attention ! Vous handicapez la liberté de choix du magistrat". Je dis c'est faux, le magistrat doit bien obéir à un Code Pénal, il rend la justice au nom du peuple français, pas contre le peuple. Quand on prévoit qu'un vol est puni de cinq ans de prison, il y a une peine plafond, je demande qu'il y ait une peine plancher. Et je ne vois pas au nom de quoi, ça handicaperait la liberté d'un magistrat.
Q - Cela dit, encore une fois, je reviens sur votre projet de loi, un multirécidiviste mineur, moins de 18 ans, verra sa peine divisée par deux, pour l'instant ? Vous allez changer la loi, si vous êtes élu président de la République ?
R - Là, exactement, et je le ferai d'ailleurs il faut être précis dans...
Q - Vous allez changer votre loi ?
R - Il faut être précis dans le calendrier, je changerais la loi, dès le mois de juillet.
Q - Dès le mois de juillet.
R - Il faut comprendre, je suis ministre de l'Intérieur, je suis soumis à un certain nombre d'arbitrages, ce qui est parfaitement normal, ce n'est pas moi, qui décide, il y a une élection présidentielle, vous me posez la question est-ce qu'on peut aller plus loin encore dans la lutte contre la délinquance ? Je réponds, oui, je donne deux exemples, j'en prendrai un troisième : je veux également qu'on fasse une fasse une grande loi pénitentiaire pour changer quelque chose, je veux qu'on sorte de prison, les détenus atteints de troubles psychiatriques, pour créer une dizaine de prisons-hôpitaux car il y a un certain nombre de détenus à troubles psychiatriques graves qui n'ont rien à faire en prison.
Q - Etes-vous prêts à relancer la police de quartier après avoir dit tant de mal, de la police de proximité ? Non ! La police de proximité version... Alors c'est quoi cette commission ? Expliquez-nous ?
R - La police de proximité version socialiste, ça consistait à refaire la politique de sécurité de Jospin et de Vaillant. Cette police de proximité, qu'ils avaient mise en place s'est traduite par l'explosion des crimes et délits, 15 % d'augmentation de la délinquance entre 1997 et 2002. Qu'est-ce que je dis ? La police, son travail ça ne consiste pas à organiser des tournois de football ou de volley pour les délinquants. La police son travail, ça consiste à interpeller, alors à quoi ça sert de faire des patrouilles dans les zones piétonnes à 10 heures du matin alors que les voyous ne sont pas levés ? La police elle doit être là aux heures où les voyous sont levés et en action. C'est une police d'interpellation, la police n'a pas à conduire une action sociale, la police a à conduire une action de répression pour que les citoyens puissent vivre en toute tranquillité.
Q - Bien, le volet économique et social. Vous dites au bout de huit jours de grève, on imposera un vote à bulletin secret c'est cela ?
R - On n'imposera rien du tout, on organisera un vote à bulletin secret.
Q - On organisera un vote à bulletin secret. Bien, dans le public ou le privé ?
R - Les deux, mieux que ça, administration, université, privé, il y a un conflit, une minorité fait un piquet de grève, au bout de huit jours de conflit, de droit on organise un vote à bulletin secret.
Q - Est-ce que vous savez combien il y a eu de grève dans le public de plus de huit jours, ces dernières années ?
R - Je ne sais pas.
Q - Une en douze ans.
R - Peu importe ! Alors prenons un exemple...
Q - En 1995.
R - Enfin alors on n'a pas la même lecture, il y a eu, il y a deux ans des grèves dans les universités, avec piquet de grève, c'était, il y a deux ans, je ne sais pas, si vous appelez l'université, le privé ou pas, peut-être vous en souvenez-vous ?
Q - Hum ! Hum
R - J'aime bien quand vous vous êtes pris les doigts dans le pot de confiture, vous avez un gentil sourire.
Q - Non, mais à chacun son tour. A chacun son tour !
R - Vous devriez sourire plus souvent, c'était, il y a deux ans.
Q - Mais je ne suis pas candidat à la présidentielle, moi. C'est la différence entre vous et moi, elle est claire.
R - Mais je ne vous en fais pas le reproche. Oui mais vous me dites qu'il y a eu une grève, je vous donne un deuxième exemple...
Q - Il y a eu une grève, en tous les cas dans le service public, une grève. L'université...
R - L'université n'est-elle pas un service public ?
Q - Je suis d'accord dans le service public, il y a eu une grève à l'université.. Je suis d'accord...
R - Deuxième élément, tout le monde se souvient des conflits à la SNCF, à la RATP, dans les TER...
Q - En 1995.
R - Parce que tout ne se réduit pas à ce qui se passe à Paris. Dans les TER, mais qu'est-ce que je demande là ? C'est la démocratie. Alors à partir de ce moment-là, le vote a lieu, une majorité pour la reprise, ça n'empêche pas la minorité de faire grève, mais ça l'empêche de faire des piquets de grève.
Q - Je comprends, mais je vous pose la question, parce que beaucoup de personnes vous reprochent, et beaucoup d'auditeurs, de brandir des slogans en permanence et derrière le slogan, d'être un peu creux.
R - Je vois que la remarque sur le sourire ne vous a pas fait plaisir. Alors soyons précis, soyons précis.
Q - Non, si elle m'a fait plaisir.
R - Alors soyons précis.
Q - Allez-y !
R - Pourquoi il n'y a pas assez de dialogue en France ? Parce que la démocratie sociale ne fonctionne pas bien. Qu'est-ce que je propose ? Dès l'été, un : une loi sur le service minimum. Le service public, c'est le monopole, il n'y a aucune raison que des travailleurs soient pris en otages, ça ce n'est pas creux, on le fait dès le mois de juillet. Il y a eu des piquets de grève dans les universités et dans certains services et administration, notamment les transports en bus de certaines villes de province : le vote. Troisièmement, je souhaite également la liberté de présentation au premier tour des élections, c'est un peu comme si dans la démocratie politique, on vous obligeait à voter pour la démocratie chrétienne ou pour la SFIO. Cela va faire fonctionner à nouveau la démocratie sociale et ça je le ferai dès l'été. Ce n'est pas creux, c'est précis. Mais je ferai également un paquet fiscal, dès le mois de juillet, je demanderai à ce qu'on puisse déduire de ses impôts les intérêts de ses emprunts pour acheter un appartement. Je ne comprends pas pourquoi tout est fait pour empêcher les Français d'être propriétaires de leur appartement. La classe moyenne, il y a 40 ans était 9 fois sur 10 propriétaires de son appartement. La classe moyenne aujourd'hui, à statut social égal, ne peut pas. Pourquoi ? Parce que les taux d'intérêt sont plus chers que l'inflation, parce que l'immobilier a beaucoup augmenté et parce qu'on ne peut pas déduire les intérêts de ses emprunts. C'est-à-dire qu'on va payer des impôts sur les intérêts que l'on verse à la banque. Je le ferai dès l'été. Deuxième chose que je ferai dès l'été, j'exonérerai de charges sociales et d'impôts les heures supplémentaires. Pourquoi ? Je veux une véritable révolution économique, parce que je veux qu'en France, on puisse travailler plus et que celui qui travaille plus en ait la juste rémunération. Enfin dernier point, je supprimerai les droits de succession, pour 90 % des Français, parce que je considère que quand on a travaillé toute sa vie, c'est quand même normal de pouvoir donner à ses enfants, le fruit d'une vie de travail. Moi, je vous dis une chose, c'est par le travail, qu'on va relancer l'économie française. C'est par la croissance qu'on remboursera nos déficits, c'est possible. Je le ferais dès l'été qui suivrait mon éventuelle élection.
Q - Et F. Bayrou qui veut donner la possibilité aux entreprises de créer deux emplois sans charge à l'exception des 10 % versés pour les cotisations retraites ? C'est une bonne idée ça ?
R - Mais pourquoi deux ?
Q - C'est une bonne idée ça ?
R - D'abord tout ce qui allège le coût du travail, c'est bien, mais pourquoi deux ? La question n'est pas de faire une mesure pour les deux emplois que l'on créerait. La question c'est que la crise française, la crise morale porte un nom, c'est la crise du travail. Moi, je veux tout faire pour revaloriser le travail. Respecter le travail, réhabiliter le travail, l'erreur vient de quoi ? C'est la notion de partage du temps de travail, qui est une absurdité, les socialistes ont cru qu'en enlevant le travail des quinquagénaires, on allait donner du travail aux " trentagénaires (sic)" C'est absurde. Alors qu'ils suivent leur logique jusqu'au bout, mettons tous les 55 ans en préretraite et tous les 25 ans auront un emploi. Or nous sommes le pays d'Europe qui a le plus de quinquagénaires sans activité et le plus de jeunes au chômage. C'est le travail qui créait le travail. Je veux donc libérer les possibilités de travailler pour les Français. Pareil pour la retraite, pourquoi on empêche un retraité qui a une petite retraite d'avoir un emploi partiel ? Pourquoi on veut absolument obliger les gens à partir à la retraite, quand ils n'ont pas envie et que leur employeur serait d'accord pour qu'ils continuent. Nous sommes le seul pays au monde qui dépense 17 milliards d'euros par an pour empêcher les gens de travailler. Est-ce que c'est raisonnable ? 5 milliards d'euros par an pour mettre les gens en préretraite. Je ne sais pas, mais depuis deux ans, je trouve que...
Q - Oui, les entreprises qui sont les premiers à mettre les gens en préretraites.
R - Mais c'est totalement irresponsable. Et je ne partage pas...
Q - Beaucoup d'entreprises, notamment de grandes entreprises.
R - C'est totalement irresponsable et je ne partage nullement. J'ajoute que j'ai fait une proposition qui me semble très importante, on conditionne les allègements de charges à la politique salariale des entreprises. Pourquoi ? Parce que la question du pouvoir d'achat, la question des salaires, c'est une question française.
Q - C'est du donnant/donnant ça ?
R - C'est du donnant/donnant. Et je ne considère pas qu'il est normal...
Q - Avec S. Royal, vous êtes sur le même terrain là ? Donnant/donnant pourquoi pas ! Finalement c'est Bayrou qui a raison ?
R - Ecoutez, si vous le voulez, si ça vous fait plaisir.
Q - Non, non, non, mais je vous dis ça comme ça. C'est un trait d'humour, c'est un trait d'humour.
R - C'est bien, ça fait du bien le matin. [...]
Q - J'ai quelques questions en vrac et ensuite nous allons prendre Olivier, David, Sliman qui sont des auditeurs. D'abord oui ou non, doit-on comme dans de nombreux pays anglo-saxons interdire à des propriétaires de très grands groupes industriels qui passent des marchés avec l'Etat, de posséder aussi des télés, des radios ou des journaux ? Non ? Non. Bon !
R - Mais non, parce que disons juste un mot de commentaire, respectons un peu les journalistes, est-ce qu'on croit parce que tel propriétaire aurait un marché avec l'Etat, qu'il y ait un risque que tous les journalistes soient malhonnêtes ? Cela n'a pas de sens enfin ! J'ajoute qu'il faut arrêter avec cela, la communication a besoin de grands groupes, l'un des problèmes français c'est que nous avons besoin d'avoir des grands groupes qui pèsent dans le monde...
Q - Aux Etats-Unis c'est interdit ? C'est 10 % je crois.
R - Attendez aux Etats-Unis ils sont formidables, ils se présentent comme les plus grands libéraux et à chaque fois qu'il s'agit de défendre leurs intérêts, eux, ils ne sont pas naïfs. C'est-à-dire qu'ils sont pour la liberté du commerce, mais ils viennent de faire voter une loi qui fait que ceux qui fabriquent les produits sur le territoire des Etats-Unis paient moins d'impôts que les autres, les Etats-Unis, n'ont pas de leçon à donner mais nous, on devrait parfois nous inspirer de la façon donc ils défendent leurs fermiers, de la façon dont ils défendent leurs intérêts.
Q - F. Bayrou est un homme de droite ou de gauche ?
R - C'est à lui qu'il faut poser la question.
Q - Ni droite, ni gauche dit-il.
R - En tout cas, ses députés ont été élus par les électeurs de droite.
Q - Donc c'est un homme de droite ?
R - En tout cas, ses députés le sont.
Q - Ses députés le sont. Bien ! Est-ce que vous attendez un peu plus justement de dignité de leur part ou de fidélité ou de reconnaissance. Non ?
R - Moi, je ne prends pas de mot qui blesse. Je dis simplement que ce que propose F. Bayrou c'est son droit, d'ailleurs on l'a parfaitement connu en France, c'était quoi ? C'était la 4ème République, les majorités d'idées, d'E. Faure, on met un peu de gauche et un peu de droite. Cela a conduit à quoi ? A l'impuissance, on l'a très bien connu en France. Toute la 4ème République s'est conduite sur cette idée qu'il fallait mettre la gauche et la droite, c'était le règne des partis. Comme il n'y en avait aucun qui dominait, comme il n'y en avait aucun qui gagnait les élections, comme il n'y avait pas de majorité, à l'arrivée, ils se mettaient tous ensemble pour se partager le gâteau et on avait une politique informe. C'est l'impuissance ! Mais regardez ce qui se passe en Italie, le gouvernement Prodi : 109 ministres, 11 partis dans la coalition, ça a abouti à quoi ? Au bout de trois mois, la démission. Pourquoi ? Parce que la démocratie c'est une majorité et une opposition et les Français choisissent, si on fait à la fois gauche et droite là, il y a une législative un mois après la présidentielle. On vote à la fois pour la gauche et pour la droite et puis si ce Gouvernement échoue, on laisse la place à qui ? A Le Pen ou à Laguillier. La démocratie c'est l'alternative, alors en revanche, moi, je suis pour bien sûr qu'une majorité l'emporte, sur un programme défini et qu'elle s'ouvre à tous les talents de la France. Mais sur un système de jeu. C'est un peu comme en football, on prendrait les meilleurs talents à travers le monde, mais on n'aurait pas de système de jeu, pas de capitaine et pas d'entraîneur, on va dans le mur.
Q - Vous savez que nous avons une tradition à RMC, nous adorons les sous-marins, vous avez entendu parler des sous-marins. Alors combien la France possède-t-elle de sous-marins nucléaires d'attaques ?
R - Quatre.
Q - Cinq.
R - Quatre.
Q - Cinq. Sous-marins nucléaires d'attaques, cinq. Nucléaire d'attaque cinq.
R - Ah ! Ecoutez, on peut débattre sur la contrepartie, sur la spécialisation, je vous le dis, honnêtement, la question est un peu spécieuse.
Q - C'est important de savoir ça ou pas ?
R - Mais bien sûr que c'est important, c'est capital, mais c'est capital. Il n'y a pas que ça qui est important, d'ailleurs. Pourquoi c'est capital ? C'est capital parce que le président de la République c'est lui qui appuiera sur le bouton.
Q - Voilà bien sûr.
R - Alors j'ajoute que sur la question de la dissuasion nucléaire, cette question est extrêmement difficile, parce que je crois à la dissuasion, je crois à l'arme nucléaire. Mais on voit bien que la définition de nos intérêts vitaux, ce n'est pas simplement la sanctuarisation de l'hexagone. C'est également les intérêts vitaux de nos partenaires européens. Bon et c'est un problème sur lequel il va falloir que nous débattions. Et c'est un sujet de l'élection présidentielle, j'aurais l'occasion d'ailleurs, le 28 février de faire une conférence de presse sur l'ensemble de ces sujets.
Q - Deux questions, Philippe d'auditeurs ? P. Duffreigne : Deux questions rapides ici au standard. Alors j'ai celle de Sylvia tout d'abord qui est dans le Gers : "J'ai découvert dans Le Canard enchainé, que monsieur Debré avait fait un bon cadeau au député sortant monsieur Sarkozy. Un député battu en juin prochain, qui se retrouverait à l'ANPE, verra son traitement prolongé pendant toute la durée de la prochaine législature de façon dégressive. En juin 2012, par exemple, un de ces ex-députés touchera toujours un petit peu plus de 1000 euros, est-ce que vous trouvez ça normal ? "
R - Non.
Q - Non, la réponse est claire, autre question....
R - Non, je précise les choses en tant que ministre, si je n'étais pas élu, je serais donc ancien ministre et les Français doivent savoir que je toucherais mon traitement pendant six mois, pas un jour de plus. Et que si je devais reprendre un autre travail ou un autre mandat l'indemnité de six mois est immédiatement suspendue.
P. Duffreigne : Question d'Antoinette : "Monsieur Sarkozy, j'aimerais savoir quelles sont les raisons politiques qui vous ont conduit à faire préfacer votre dernier livre, par monsieur G. Fini, le leader du parti Alliance nationale, considéré à Rome comme post-fasciste, comme issu du fascisme italien. Est-ce que ce n'est pas un soutien gênant pour vous ? "
R - Non, ce n'est pas exact, monsieur Fini était ministre dans le gouvernement de la droite et du centre en Italie, il a souhaité faire une préface de mon livre, c'est un homme de grand talent, qui est élu en Italie, qui n'a rien à voir avec le néo-fascisme, franchement, arrêtons avec ces présupposés sur les uns et sur les autres. C'est d'ailleurs reconnu comme tel, l'un des hommes politiques italiens, les plus talentueux. [...]
Olivier (Auditeur) : Je voulais savoir ce que vous pensiez de la proposition de D. Strauss-Kahn qui se proposait de créer un impôt citoyen, ce qu'il appelle un impôt citoyen pour fiscaliser en fait, en France, les Français qui travaillent à l'étranger, donc qui sont déjà fiscalisés à l'étranger et qui ont par ailleurs déjà des taxes en France, si ils ont gardé un appartement, ils paient des taxes foncières, taxes d'habitation etc...
Q - Une bonne idée ou pas ?
R - En aucun cas, enfin écoutez, essayons d'être cohérent les uns, les autres et de ne pas faire de démagogie. Le monde d'aujourd'hui est devenu un village, on pousse les Français à changer de formation, à changer de métier, à changer de région, aller investir, gagner des parts de marchés à l'étranger et la conséquence qu'on en tirerait c'est qu'on taxerait ceux de nos compatriotes qui vont gagner des parts de marché, créer de la richesse, porter la langue française et la culture française, défendre les intérêts français à l'étranger ! Alors je pose une question, pourquoi avoir fait Schengen ? L'Espagne est dans Schengen, c'est-à-dire qu'en Europe, on a créé un espace commun, on peut circuler, on a aboli les frontières et abolissant les frontières, on en tirerait la conclusion qu'il faut taxer ? Mais la véritable question à se poser, c'est pourquoi nous sommes le seul pays où ceux qui ont réussi, pensent que pour bénéficier du produit de ce travail, ils doivent partir. Pourquoi nous sommes le pays qui pousse les meilleurs de nos jeunes à s'expatrier ? Pourquoi nous sommes le pays qui décourage les entrepreneurs à investir en France, on a besoin d'un capitalisme familial, on a besoin qu'on crée de la richesse en France, le jour où on aura taxé... C'est exactement comme les profits de Total, Je voyais qu'on se plaignait que Total fasse des profits, mais tant mieux que les entreprises en France fassent des profits, ça leur permet de payer des impôts, on parlait de l'impôt citoyen. On ne paie pas d'impôts sur les profits.
Q - Total paie beaucoup d'impôts à l'étranger.
R - Non, mais pour...
Q - Et assez peu en France compte tenu de ses bénéfices ?
R - Eh ! Bien raison de plus pour qu'on rapatrie les activités et que si on a des demandes à faire à Total et je souhaite qu'on lui fasse des demandes, un, c'est répercuté plus vite la baisse du Brent, c'est-à-dire du pétrole pour qu'à la pompe, les Français s'en rendent compte. C'est une vraie demande et deuxièmement, d'investir dans les énergies du futur. A force de taxer tous ceux qui sont en France, mais qui restera en France ? Qu'est-ce qu'on veut ? Que monsieur Montagnier, qu'il y ait de nouveau Montagnier qui s'en aille ? Parce qu'on ne lui a pas permis de continuer à chercher en France ! Moi, je veux faire de la France le pays de l'innovation, le pays où on peut entreprendre, où on peut créer de la richesse. A force décourager tout le monde, qu'est-ce qui va se passer ? Et puis Olivier est en Espagne, j'y serai demain, je rencontrerai monsieur Zapatero et je tiendrai un meeting, j'espère qu'Olivier y sera, j'aurai des choses à leur dire.
Q - Bien je vais terminer avec, tiens une petite pub, c'est Thomson, qui pour son nouveau GPS a imaginé la fin de la campagne le 6 mai au soir par une rencontre amoureuse entre N. Sarkozy et S. Royal. C'est possible ça ?
R - Non, écoutez, vraiment je respecte suffisamment madame Royal. Au passage, je ne lui imposerai pas, en tout cas, sortez le mot "amoureux" mettez le mot "rencontre", "dialogue", "respect"....
Q - Il y aura une rencontre le soir du 6 mai ? Si vous êtes tous les deux...
R - C'est aux Français de choisir qui sera au deuxième tour, mais il y aura forcément une rencontre. Et puis de toute façon, moi, je respecte mes contradicteurs, qu'est-ce que c'est que cette histoire qu'on ne pourrait pas se serrer la main ! Si je rencontrais madame Royal, je lui serrerai la main, il n'y a absolument aucun problème à cela. Pareil pour F. Bayrou, pareil pour tous les candidats. Il faut avoir des convictions fortes, pour être candidat à la présidentielle, mais ne pas oublier une chose, c'est que le président ce n'est pas l'homme d'un clan, d'un parti, d'une secte, c'est l'homme de la France. Et forcément dans la France, il y a aussi mes contradicteurs. Source http://www.u-m-p.org, le 27 février 2007
R - Militaire ?
Q - Oui.
R - Non.
Q - Non ?
R - Non, je précise militaire.
Q - Oui, militaire, mais bien sûr.
R - Parce que je voudrais m'en expliquer si vous voulez, c'est un point extrêmement important.
Q - Allez-y ! Allez-y !
R - D'abord vous avez raison de mettre l'international dans cette campagne, on n'est pas dans une campagne cantonale, c'est la campagne pour la présidentielle, le président de la République quel qu'il soit aura des dossiers très lourds. La question de l'Iran et du nucléaire : il y a un traité international qui prévoit la possibilité pour l'Iran, comme pour tous les autres pays d'accéder au nucléaire civil. Pourquoi ? Parce que c'est l'énergie de demain et on ne peut pas condamner un peuple à ne pas avoir droit à l'énergie de demain. Mais autant on est ouvert sur le nucléaire civil, autant on est absolument, totalement et complètement, fermé sur le nucléaire militaire. C'est la raison pour laquelle, j'approuve les sanctions à l'endroit de l'Iran et de ses dirigeants actuels. J'observe d'ailleurs que ça commence à marcher, les municipales ont été un échec pour le président iranien, il y a un débat actuellement dans la société iranienne, il faut continuer à être ferme et il faut que la communauté internationale reste unie.
Q - Alors oui ou non, vous êtes président de la République, imaginons, les Américains engagent une action militaire contre l'Iran, oui ou non, est-ce que vous approuvez cette action ?
R - Non.
Q - Non ? C'est ferme ? Non ?
R - Ecoutez, quand on voit ce qui se passe avec l'Irak. L'Irak qui à ma connaissance a grosso modo trois fois moins d'habitants que l'Iran, qui peut croire que c'est une perspective qui est crédible. Maintenant, que le vice-président américain dise " toutes les options sont ouvertes " disons que c'est une posture, une posture de départ, une posture pour la discussion...
Q - Posture dangereuse ?
R - C'est une posture.
Q - Dangereuse ?
R - Et je pense que dans les relations internationales, il vaut mieux le pragmatisme à la posture.
Q - Donc dangereuse ?
R - Non.
Q - Non, c'est une posture qui n'est pas dangereuse ?
R - Inutile.
Q - Inutile. Est-ce que les sanctions économiques peuvent, à elles seules, contraindre l'Iran à baisser pavillon ?
R - Elles obligent, il faut voir que l'Iran, c'est un pays de 70 millions d'habitants. C'est une grande civilisation, on sait qu'il y a une opposition, pas simplement politique, il y a des débats dans la société civile iranienne. Donc c'est très important de maintenir des sanctions économiques et un isolement, pour que la population iranienne comprenne que leurs dirigeants actuels les conduisent dans le mur.
Q - Oui, un pays chiite, ce qui est important aussi. Est-ce que les Américains doivent présenter un calendrier de retrait de l'Irak ?
R - Plus on est précis en la matière, mieux c'est.
Q - Oui, donc vous demandez aux Américains, aujourd'hui, enfin vous demandez, enfin vous n'êtes pas président de la République, cela dit...
R - Je dis, je dis, je ne suis pas président de la République et je considère d'ailleurs qu'il est très important pour les Français de comprendre que pour moi, comme pour les autres, rien n'est fait, que c'est à eux de décider, à eux seulement. Je dis simplement que la situation des Américains en Irak aujourd'hui est une impasse, que tous les processus qui ont conduit des étrangers à être dans un pays à toutes les époques, dans toutes les régions du monde, ça a conduit à l'échec, il faut donc prévoir les conditions d'un retrait.
Q - L'Iran c'est un pays chiite, Al Qaïda ce sont des chiites ou des sunnites ?
R - Al-Qaida c'est une mouvance et malheureusement...
Q - Ce sont des chiites ou des sunnites ?
R - On ne peut pas qualifier Al- Qaïda comme ça !
Q - Les combattants d'Al-Qaida sont des chiites ou des sunnites ?
R - Le GSPC en Algérie...
Q - Nicolas Sarkozy ?!
R - Non, mais je vais expliquer...
Q - Non, mais je vous demande...
R - Je vous dis...
Q - Je vous le demande, vous êtes ministre de l'Intérieur, il y a des menaces terroristes en permanence, est-ce qu'Al-Qaida, les combattants d'Al-Qaida sont des chiites ou des sunnites ? Je vous pose la question.
R - Alors je vous réponds, il est impossible d'y répondre. Pour une raison que je vais démontrer tout de suite, parce que Qaïda c'est une nébuleuse, je prends un exemple, celui des Algériens, le GSPC qui se sont reconnus, il y a quatre ans, comme dépendants d'Al- Qaïda, quatre ans. Qui ont été reconnus, il y a six mois par Al- Qaïda, on ne peut pas dire que les combattants d'Al-Qaida sont tous chiites, sont tous sunnites, on ne peut pas présenter les choses comme ça.
Q - Pourtant tous les combattants d'Al-Qaida sont sunnites ?
R - Non, non, on ne peut pas dire cela.
Q - Nous demanderons aux spécialistes.
R - Non, attendez, attendez, c'est extrêmement important...
Q - Allez-y ! Allez-y ! Allez-y ! Mais c'est très important, c'est pour ça que je vous pose la question ? Vous le comprenez !
R - Pour que nos téléspectateurs comprennent. Que veulent les terroristes ? Créer les conditions de l'amalgame, pour dire c'est un combat d'abord entre l'Occident et l'Orient. C'est ce qu'ils veulent, Al- Qaïda est une nébuleuse, il y a par exemple un certain nombre de jeunes Français qui vont se faire mourir en Irak, pour le sacrifice, faire les kamikazes là-bas, est-ce qu'on peut les réduire alors qu'ils sont français et qu'ils vont faire les kamikazes là-bas, est-ce qu'on peut les réduire à l'appartenance à une ethnie ? C'est une erreur.
Q - Enfin tous les chefs d'Al-Qaida sont sunnites. Bien !
R - Non, mais c'est...
Q - Si, mais si...
R - Mais très bien, mais exactement, non mais je pense qu'on ne peut pas réduire cela, à un seul problème sunnite.
Q - Bien ! Alcatel-Lucent, c'est l'actualité aussi, ça c'est l'actualité française. Est-ce que vous demandez à la direction du groupe de suspendre son plan social ?
R - Je ne pense pas que ce soit la responsabilité d'un homme politique que de donner une instruction pour suspendre un plan social. Pourquoi ? A quel titre ? Uniquement pour attendre de passer les élections ? Ce n'est pas ma conception de l'économie.
Q - Est-ce que le Gouvernement, puisqu'il y a eu un peu un cafouillis au Gouvernement, on a eu le ministre de l'Emploi qui aurait demandé à Alcatel-Lucent de suspendre son plan social. Vous avez des informations à ce propos ?
R - Non ! Mais je pense que le problème pour la France n'est pas qu'un groupe international décide d'un certain nombre de suppressions d'emploi, c'est qu'on ne crée pas encore assez d'emplois dans l'économie française. Mais enfin écoutez, quelle serait la crédibilité d'un ministre quel qu'il soit, parce que nous sommes à deux mois d'une élection présidentielle, de dire "il faut suspendre" ça n'aurait pas de sens ! Cela s'appelle de la démagogie ou ça s'appelle du populisme. Ce n'est pas comme ça que l'on raisonne.
Q - Faut-il demander à Alcatel-Lucent de rembourser les aides publiques touchées et versées par l'Etat ?
R - Si des aides ont été données pour maintenir des activités en France et que ces activités ont été délocalisées, la réponse est oui. Je ne connais pas le dossier des aides précisément qu'a reçu ALCATEL. En revanche, sur le plan du principe, quand on a reçu des aides pour maintenir des activités en France et qu'on les délocalise, alors il faut rembourser.
Q - Airbus, maintenant, c'est l'actualité aussi, acceptez-vous que des sites puissent être fermés en France et en Allemagne d'ailleurs ?
R - Pour moi, la question n'est pas celle des sites, c'est la question de l'avenir d'Airbus. Il y a, me semble-t-il, pour Airbus, un certain nombre de problèmes, il y a un problème d'actionnariat, il faut que les actionnaires d'Airbus soient prêts à mettre de l'argent pour favoriser le développement d'Airbus. Il y a un problème de gouvernance, je ne suis pas persuadé qu'on peut voir la gouvernance d'une grande entreprise, simplement en terme franco-allemand. Il y a un problème de localisation d'activités industrielles, je ne suis pas persuadé qu'on peut se répartir les usines, simplement pour que chaque pays européen qui participe au projet Airbus ait sa petite part du gâteau, il est temps aujourd'hui, de raisonner Airbus plutôt que de raisonner France, Allemagne, Espagne ou tout autre actionnaire de l'entreprise. [...]
Q - On va parler de délinquance, évidemment, vous avez vu les incidents, enfin plus qu'incident : trois coups de feu tirés après un match de foot à la Cour neuve, samedi après-midi, règlement de comptes à Grenoble, trois morts sur un parking d'une zone industrielle. Pourquoi tout ça ? C'est...
R - Bon ! Depuis cinq ans, on a fait un travail, je crois qui n'est contesté par personne, avec des résultats assez spectaculaires. Il faut passer à l'étape suivante, comment ? Deux mesures : premièrement, il faut résoudre la question des mineurs délinquants. On ne peut plus continuer comme ça. Un certain nombre de mineurs dans les quartiers sont utilisés par des majeurs sans scrupules arguant de l'impunité pénale de ces mineurs. Quand Mama Galledou a été brûlée à 65 % dans le bus de Marseille, ce sont des mineurs qui sont responsables, mais pour elle, le fait d'avoir été brûlée par des mineurs ou par des majeurs, le résultat est le même. Je propose donc qu'un mineur récidiviste entre 16 et 18 ans, soit puni comme un majeur. L'impunité des mineurs récidivistes ça suffit !
Q - Oui, mais dans votre projet de loi, ce n'est pas ce qui a été voté, Vous le déplorez ? Eh ! Bien ! Déplorer !
R - Malheureusement, je ne suis pas et je n'étais pas en situation de convaincre tout le monde.
Q - Oui, ce sont les députés UMP, des députés UMP qui ont refusé de voter cette partie du texte ?
R - Non, non, ils n'ont pas refusé...
Q - Enfin ils n'ont pas refusé, en tous les cas ça n'a pas été voté.
R - Les arbitrages, il vous est certainement apparu que je ne suis pas président de la République...
Q - Non !
R - Et que c'est même pour ça que je suis candidat à la présidence de la République.
Q - C'est donc le président de la République qui a freiné vos ardeurs ?
R - Non, il y a eu un débat dans la majorité, je n'ai pas pu obtenir qu'on aille aussi loin que je le souhaitais dans la réforme de la loi de 1945. Mais il y a un deuxième problème...
Q - L'excuse de minorité n'est pas supprimée ?
R - L'excuse de minorité, c'est-à-dire que dorénavant pour un mineur multirécidiviste, on pourra supprimer l'excuse de minorité. Je souhaite que ça soit automatique, lorsqu'il y a un mineur récidiviste. Deuxième problème : 50 % des crimes et délits sont le fait de 5 % des délinquants, les multirécidivistes. Alors là il y a un problème qu'il faut affronter, à quoi ça sert de voter des lois sévères, si elles ne sont pas appliquées par des magistrats ?
Q - Deux fois moins de magistrats en France qu'en Allemagne.
R - Peut-être, mais ce n'est pas une question de nombre...
Q - Non, non, non. Mais ils sont peut-être débordés ? Ils sont peut-être débordés ?
R - Je demande donc... oui, mais enfin le fait d'être débordés quand ils jugent, c'est à eux d'appliquer la loi. Alors je demande donc que lorsqu'il s'agit d'un récidiviste, à la première récidive, il sache qu'on ne peut pas le condamner à moins à la moitié de la peine potentielle. A la deuxième récidive, qu'il ne puisse pas être condamné à moins de deux tiers de la peine potentielle. Qu'est-ce que je cherche à faire ? C'est que le récidiviste sache que plus il aggrave son cas dans la récidive, plus la sanction sera automatique et lourde. Alors on me dit : "Mais attention ! Vous handicapez la liberté de choix du magistrat". Je dis c'est faux, le magistrat doit bien obéir à un Code Pénal, il rend la justice au nom du peuple français, pas contre le peuple. Quand on prévoit qu'un vol est puni de cinq ans de prison, il y a une peine plafond, je demande qu'il y ait une peine plancher. Et je ne vois pas au nom de quoi, ça handicaperait la liberté d'un magistrat.
Q - Cela dit, encore une fois, je reviens sur votre projet de loi, un multirécidiviste mineur, moins de 18 ans, verra sa peine divisée par deux, pour l'instant ? Vous allez changer la loi, si vous êtes élu président de la République ?
R - Là, exactement, et je le ferai d'ailleurs il faut être précis dans...
Q - Vous allez changer votre loi ?
R - Il faut être précis dans le calendrier, je changerais la loi, dès le mois de juillet.
Q - Dès le mois de juillet.
R - Il faut comprendre, je suis ministre de l'Intérieur, je suis soumis à un certain nombre d'arbitrages, ce qui est parfaitement normal, ce n'est pas moi, qui décide, il y a une élection présidentielle, vous me posez la question est-ce qu'on peut aller plus loin encore dans la lutte contre la délinquance ? Je réponds, oui, je donne deux exemples, j'en prendrai un troisième : je veux également qu'on fasse une fasse une grande loi pénitentiaire pour changer quelque chose, je veux qu'on sorte de prison, les détenus atteints de troubles psychiatriques, pour créer une dizaine de prisons-hôpitaux car il y a un certain nombre de détenus à troubles psychiatriques graves qui n'ont rien à faire en prison.
Q - Etes-vous prêts à relancer la police de quartier après avoir dit tant de mal, de la police de proximité ? Non ! La police de proximité version... Alors c'est quoi cette commission ? Expliquez-nous ?
R - La police de proximité version socialiste, ça consistait à refaire la politique de sécurité de Jospin et de Vaillant. Cette police de proximité, qu'ils avaient mise en place s'est traduite par l'explosion des crimes et délits, 15 % d'augmentation de la délinquance entre 1997 et 2002. Qu'est-ce que je dis ? La police, son travail ça ne consiste pas à organiser des tournois de football ou de volley pour les délinquants. La police son travail, ça consiste à interpeller, alors à quoi ça sert de faire des patrouilles dans les zones piétonnes à 10 heures du matin alors que les voyous ne sont pas levés ? La police elle doit être là aux heures où les voyous sont levés et en action. C'est une police d'interpellation, la police n'a pas à conduire une action sociale, la police a à conduire une action de répression pour que les citoyens puissent vivre en toute tranquillité.
Q - Bien, le volet économique et social. Vous dites au bout de huit jours de grève, on imposera un vote à bulletin secret c'est cela ?
R - On n'imposera rien du tout, on organisera un vote à bulletin secret.
Q - On organisera un vote à bulletin secret. Bien, dans le public ou le privé ?
R - Les deux, mieux que ça, administration, université, privé, il y a un conflit, une minorité fait un piquet de grève, au bout de huit jours de conflit, de droit on organise un vote à bulletin secret.
Q - Est-ce que vous savez combien il y a eu de grève dans le public de plus de huit jours, ces dernières années ?
R - Je ne sais pas.
Q - Une en douze ans.
R - Peu importe ! Alors prenons un exemple...
Q - En 1995.
R - Enfin alors on n'a pas la même lecture, il y a eu, il y a deux ans des grèves dans les universités, avec piquet de grève, c'était, il y a deux ans, je ne sais pas, si vous appelez l'université, le privé ou pas, peut-être vous en souvenez-vous ?
Q - Hum ! Hum
R - J'aime bien quand vous vous êtes pris les doigts dans le pot de confiture, vous avez un gentil sourire.
Q - Non, mais à chacun son tour. A chacun son tour !
R - Vous devriez sourire plus souvent, c'était, il y a deux ans.
Q - Mais je ne suis pas candidat à la présidentielle, moi. C'est la différence entre vous et moi, elle est claire.
R - Mais je ne vous en fais pas le reproche. Oui mais vous me dites qu'il y a eu une grève, je vous donne un deuxième exemple...
Q - Il y a eu une grève, en tous les cas dans le service public, une grève. L'université...
R - L'université n'est-elle pas un service public ?
Q - Je suis d'accord dans le service public, il y a eu une grève à l'université.. Je suis d'accord...
R - Deuxième élément, tout le monde se souvient des conflits à la SNCF, à la RATP, dans les TER...
Q - En 1995.
R - Parce que tout ne se réduit pas à ce qui se passe à Paris. Dans les TER, mais qu'est-ce que je demande là ? C'est la démocratie. Alors à partir de ce moment-là, le vote a lieu, une majorité pour la reprise, ça n'empêche pas la minorité de faire grève, mais ça l'empêche de faire des piquets de grève.
Q - Je comprends, mais je vous pose la question, parce que beaucoup de personnes vous reprochent, et beaucoup d'auditeurs, de brandir des slogans en permanence et derrière le slogan, d'être un peu creux.
R - Je vois que la remarque sur le sourire ne vous a pas fait plaisir. Alors soyons précis, soyons précis.
Q - Non, si elle m'a fait plaisir.
R - Alors soyons précis.
Q - Allez-y !
R - Pourquoi il n'y a pas assez de dialogue en France ? Parce que la démocratie sociale ne fonctionne pas bien. Qu'est-ce que je propose ? Dès l'été, un : une loi sur le service minimum. Le service public, c'est le monopole, il n'y a aucune raison que des travailleurs soient pris en otages, ça ce n'est pas creux, on le fait dès le mois de juillet. Il y a eu des piquets de grève dans les universités et dans certains services et administration, notamment les transports en bus de certaines villes de province : le vote. Troisièmement, je souhaite également la liberté de présentation au premier tour des élections, c'est un peu comme si dans la démocratie politique, on vous obligeait à voter pour la démocratie chrétienne ou pour la SFIO. Cela va faire fonctionner à nouveau la démocratie sociale et ça je le ferai dès l'été. Ce n'est pas creux, c'est précis. Mais je ferai également un paquet fiscal, dès le mois de juillet, je demanderai à ce qu'on puisse déduire de ses impôts les intérêts de ses emprunts pour acheter un appartement. Je ne comprends pas pourquoi tout est fait pour empêcher les Français d'être propriétaires de leur appartement. La classe moyenne, il y a 40 ans était 9 fois sur 10 propriétaires de son appartement. La classe moyenne aujourd'hui, à statut social égal, ne peut pas. Pourquoi ? Parce que les taux d'intérêt sont plus chers que l'inflation, parce que l'immobilier a beaucoup augmenté et parce qu'on ne peut pas déduire les intérêts de ses emprunts. C'est-à-dire qu'on va payer des impôts sur les intérêts que l'on verse à la banque. Je le ferai dès l'été. Deuxième chose que je ferai dès l'été, j'exonérerai de charges sociales et d'impôts les heures supplémentaires. Pourquoi ? Je veux une véritable révolution économique, parce que je veux qu'en France, on puisse travailler plus et que celui qui travaille plus en ait la juste rémunération. Enfin dernier point, je supprimerai les droits de succession, pour 90 % des Français, parce que je considère que quand on a travaillé toute sa vie, c'est quand même normal de pouvoir donner à ses enfants, le fruit d'une vie de travail. Moi, je vous dis une chose, c'est par le travail, qu'on va relancer l'économie française. C'est par la croissance qu'on remboursera nos déficits, c'est possible. Je le ferais dès l'été qui suivrait mon éventuelle élection.
Q - Et F. Bayrou qui veut donner la possibilité aux entreprises de créer deux emplois sans charge à l'exception des 10 % versés pour les cotisations retraites ? C'est une bonne idée ça ?
R - Mais pourquoi deux ?
Q - C'est une bonne idée ça ?
R - D'abord tout ce qui allège le coût du travail, c'est bien, mais pourquoi deux ? La question n'est pas de faire une mesure pour les deux emplois que l'on créerait. La question c'est que la crise française, la crise morale porte un nom, c'est la crise du travail. Moi, je veux tout faire pour revaloriser le travail. Respecter le travail, réhabiliter le travail, l'erreur vient de quoi ? C'est la notion de partage du temps de travail, qui est une absurdité, les socialistes ont cru qu'en enlevant le travail des quinquagénaires, on allait donner du travail aux " trentagénaires (sic)" C'est absurde. Alors qu'ils suivent leur logique jusqu'au bout, mettons tous les 55 ans en préretraite et tous les 25 ans auront un emploi. Or nous sommes le pays d'Europe qui a le plus de quinquagénaires sans activité et le plus de jeunes au chômage. C'est le travail qui créait le travail. Je veux donc libérer les possibilités de travailler pour les Français. Pareil pour la retraite, pourquoi on empêche un retraité qui a une petite retraite d'avoir un emploi partiel ? Pourquoi on veut absolument obliger les gens à partir à la retraite, quand ils n'ont pas envie et que leur employeur serait d'accord pour qu'ils continuent. Nous sommes le seul pays au monde qui dépense 17 milliards d'euros par an pour empêcher les gens de travailler. Est-ce que c'est raisonnable ? 5 milliards d'euros par an pour mettre les gens en préretraite. Je ne sais pas, mais depuis deux ans, je trouve que...
Q - Oui, les entreprises qui sont les premiers à mettre les gens en préretraites.
R - Mais c'est totalement irresponsable. Et je ne partage pas...
Q - Beaucoup d'entreprises, notamment de grandes entreprises.
R - C'est totalement irresponsable et je ne partage nullement. J'ajoute que j'ai fait une proposition qui me semble très importante, on conditionne les allègements de charges à la politique salariale des entreprises. Pourquoi ? Parce que la question du pouvoir d'achat, la question des salaires, c'est une question française.
Q - C'est du donnant/donnant ça ?
R - C'est du donnant/donnant. Et je ne considère pas qu'il est normal...
Q - Avec S. Royal, vous êtes sur le même terrain là ? Donnant/donnant pourquoi pas ! Finalement c'est Bayrou qui a raison ?
R - Ecoutez, si vous le voulez, si ça vous fait plaisir.
Q - Non, non, non, mais je vous dis ça comme ça. C'est un trait d'humour, c'est un trait d'humour.
R - C'est bien, ça fait du bien le matin. [...]
Q - J'ai quelques questions en vrac et ensuite nous allons prendre Olivier, David, Sliman qui sont des auditeurs. D'abord oui ou non, doit-on comme dans de nombreux pays anglo-saxons interdire à des propriétaires de très grands groupes industriels qui passent des marchés avec l'Etat, de posséder aussi des télés, des radios ou des journaux ? Non ? Non. Bon !
R - Mais non, parce que disons juste un mot de commentaire, respectons un peu les journalistes, est-ce qu'on croit parce que tel propriétaire aurait un marché avec l'Etat, qu'il y ait un risque que tous les journalistes soient malhonnêtes ? Cela n'a pas de sens enfin ! J'ajoute qu'il faut arrêter avec cela, la communication a besoin de grands groupes, l'un des problèmes français c'est que nous avons besoin d'avoir des grands groupes qui pèsent dans le monde...
Q - Aux Etats-Unis c'est interdit ? C'est 10 % je crois.
R - Attendez aux Etats-Unis ils sont formidables, ils se présentent comme les plus grands libéraux et à chaque fois qu'il s'agit de défendre leurs intérêts, eux, ils ne sont pas naïfs. C'est-à-dire qu'ils sont pour la liberté du commerce, mais ils viennent de faire voter une loi qui fait que ceux qui fabriquent les produits sur le territoire des Etats-Unis paient moins d'impôts que les autres, les Etats-Unis, n'ont pas de leçon à donner mais nous, on devrait parfois nous inspirer de la façon donc ils défendent leurs fermiers, de la façon dont ils défendent leurs intérêts.
Q - F. Bayrou est un homme de droite ou de gauche ?
R - C'est à lui qu'il faut poser la question.
Q - Ni droite, ni gauche dit-il.
R - En tout cas, ses députés ont été élus par les électeurs de droite.
Q - Donc c'est un homme de droite ?
R - En tout cas, ses députés le sont.
Q - Ses députés le sont. Bien ! Est-ce que vous attendez un peu plus justement de dignité de leur part ou de fidélité ou de reconnaissance. Non ?
R - Moi, je ne prends pas de mot qui blesse. Je dis simplement que ce que propose F. Bayrou c'est son droit, d'ailleurs on l'a parfaitement connu en France, c'était quoi ? C'était la 4ème République, les majorités d'idées, d'E. Faure, on met un peu de gauche et un peu de droite. Cela a conduit à quoi ? A l'impuissance, on l'a très bien connu en France. Toute la 4ème République s'est conduite sur cette idée qu'il fallait mettre la gauche et la droite, c'était le règne des partis. Comme il n'y en avait aucun qui dominait, comme il n'y en avait aucun qui gagnait les élections, comme il n'y avait pas de majorité, à l'arrivée, ils se mettaient tous ensemble pour se partager le gâteau et on avait une politique informe. C'est l'impuissance ! Mais regardez ce qui se passe en Italie, le gouvernement Prodi : 109 ministres, 11 partis dans la coalition, ça a abouti à quoi ? Au bout de trois mois, la démission. Pourquoi ? Parce que la démocratie c'est une majorité et une opposition et les Français choisissent, si on fait à la fois gauche et droite là, il y a une législative un mois après la présidentielle. On vote à la fois pour la gauche et pour la droite et puis si ce Gouvernement échoue, on laisse la place à qui ? A Le Pen ou à Laguillier. La démocratie c'est l'alternative, alors en revanche, moi, je suis pour bien sûr qu'une majorité l'emporte, sur un programme défini et qu'elle s'ouvre à tous les talents de la France. Mais sur un système de jeu. C'est un peu comme en football, on prendrait les meilleurs talents à travers le monde, mais on n'aurait pas de système de jeu, pas de capitaine et pas d'entraîneur, on va dans le mur.
Q - Vous savez que nous avons une tradition à RMC, nous adorons les sous-marins, vous avez entendu parler des sous-marins. Alors combien la France possède-t-elle de sous-marins nucléaires d'attaques ?
R - Quatre.
Q - Cinq.
R - Quatre.
Q - Cinq. Sous-marins nucléaires d'attaques, cinq. Nucléaire d'attaque cinq.
R - Ah ! Ecoutez, on peut débattre sur la contrepartie, sur la spécialisation, je vous le dis, honnêtement, la question est un peu spécieuse.
Q - C'est important de savoir ça ou pas ?
R - Mais bien sûr que c'est important, c'est capital, mais c'est capital. Il n'y a pas que ça qui est important, d'ailleurs. Pourquoi c'est capital ? C'est capital parce que le président de la République c'est lui qui appuiera sur le bouton.
Q - Voilà bien sûr.
R - Alors j'ajoute que sur la question de la dissuasion nucléaire, cette question est extrêmement difficile, parce que je crois à la dissuasion, je crois à l'arme nucléaire. Mais on voit bien que la définition de nos intérêts vitaux, ce n'est pas simplement la sanctuarisation de l'hexagone. C'est également les intérêts vitaux de nos partenaires européens. Bon et c'est un problème sur lequel il va falloir que nous débattions. Et c'est un sujet de l'élection présidentielle, j'aurais l'occasion d'ailleurs, le 28 février de faire une conférence de presse sur l'ensemble de ces sujets.
Q - Deux questions, Philippe d'auditeurs ? P. Duffreigne : Deux questions rapides ici au standard. Alors j'ai celle de Sylvia tout d'abord qui est dans le Gers : "J'ai découvert dans Le Canard enchainé, que monsieur Debré avait fait un bon cadeau au député sortant monsieur Sarkozy. Un député battu en juin prochain, qui se retrouverait à l'ANPE, verra son traitement prolongé pendant toute la durée de la prochaine législature de façon dégressive. En juin 2012, par exemple, un de ces ex-députés touchera toujours un petit peu plus de 1000 euros, est-ce que vous trouvez ça normal ? "
R - Non.
Q - Non, la réponse est claire, autre question....
R - Non, je précise les choses en tant que ministre, si je n'étais pas élu, je serais donc ancien ministre et les Français doivent savoir que je toucherais mon traitement pendant six mois, pas un jour de plus. Et que si je devais reprendre un autre travail ou un autre mandat l'indemnité de six mois est immédiatement suspendue.
P. Duffreigne : Question d'Antoinette : "Monsieur Sarkozy, j'aimerais savoir quelles sont les raisons politiques qui vous ont conduit à faire préfacer votre dernier livre, par monsieur G. Fini, le leader du parti Alliance nationale, considéré à Rome comme post-fasciste, comme issu du fascisme italien. Est-ce que ce n'est pas un soutien gênant pour vous ? "
R - Non, ce n'est pas exact, monsieur Fini était ministre dans le gouvernement de la droite et du centre en Italie, il a souhaité faire une préface de mon livre, c'est un homme de grand talent, qui est élu en Italie, qui n'a rien à voir avec le néo-fascisme, franchement, arrêtons avec ces présupposés sur les uns et sur les autres. C'est d'ailleurs reconnu comme tel, l'un des hommes politiques italiens, les plus talentueux. [...]
Olivier (Auditeur) : Je voulais savoir ce que vous pensiez de la proposition de D. Strauss-Kahn qui se proposait de créer un impôt citoyen, ce qu'il appelle un impôt citoyen pour fiscaliser en fait, en France, les Français qui travaillent à l'étranger, donc qui sont déjà fiscalisés à l'étranger et qui ont par ailleurs déjà des taxes en France, si ils ont gardé un appartement, ils paient des taxes foncières, taxes d'habitation etc...
Q - Une bonne idée ou pas ?
R - En aucun cas, enfin écoutez, essayons d'être cohérent les uns, les autres et de ne pas faire de démagogie. Le monde d'aujourd'hui est devenu un village, on pousse les Français à changer de formation, à changer de métier, à changer de région, aller investir, gagner des parts de marchés à l'étranger et la conséquence qu'on en tirerait c'est qu'on taxerait ceux de nos compatriotes qui vont gagner des parts de marché, créer de la richesse, porter la langue française et la culture française, défendre les intérêts français à l'étranger ! Alors je pose une question, pourquoi avoir fait Schengen ? L'Espagne est dans Schengen, c'est-à-dire qu'en Europe, on a créé un espace commun, on peut circuler, on a aboli les frontières et abolissant les frontières, on en tirerait la conclusion qu'il faut taxer ? Mais la véritable question à se poser, c'est pourquoi nous sommes le seul pays où ceux qui ont réussi, pensent que pour bénéficier du produit de ce travail, ils doivent partir. Pourquoi nous sommes le pays qui pousse les meilleurs de nos jeunes à s'expatrier ? Pourquoi nous sommes le pays qui décourage les entrepreneurs à investir en France, on a besoin d'un capitalisme familial, on a besoin qu'on crée de la richesse en France, le jour où on aura taxé... C'est exactement comme les profits de Total, Je voyais qu'on se plaignait que Total fasse des profits, mais tant mieux que les entreprises en France fassent des profits, ça leur permet de payer des impôts, on parlait de l'impôt citoyen. On ne paie pas d'impôts sur les profits.
Q - Total paie beaucoup d'impôts à l'étranger.
R - Non, mais pour...
Q - Et assez peu en France compte tenu de ses bénéfices ?
R - Eh ! Bien raison de plus pour qu'on rapatrie les activités et que si on a des demandes à faire à Total et je souhaite qu'on lui fasse des demandes, un, c'est répercuté plus vite la baisse du Brent, c'est-à-dire du pétrole pour qu'à la pompe, les Français s'en rendent compte. C'est une vraie demande et deuxièmement, d'investir dans les énergies du futur. A force de taxer tous ceux qui sont en France, mais qui restera en France ? Qu'est-ce qu'on veut ? Que monsieur Montagnier, qu'il y ait de nouveau Montagnier qui s'en aille ? Parce qu'on ne lui a pas permis de continuer à chercher en France ! Moi, je veux faire de la France le pays de l'innovation, le pays où on peut entreprendre, où on peut créer de la richesse. A force décourager tout le monde, qu'est-ce qui va se passer ? Et puis Olivier est en Espagne, j'y serai demain, je rencontrerai monsieur Zapatero et je tiendrai un meeting, j'espère qu'Olivier y sera, j'aurai des choses à leur dire.
Q - Bien je vais terminer avec, tiens une petite pub, c'est Thomson, qui pour son nouveau GPS a imaginé la fin de la campagne le 6 mai au soir par une rencontre amoureuse entre N. Sarkozy et S. Royal. C'est possible ça ?
R - Non, écoutez, vraiment je respecte suffisamment madame Royal. Au passage, je ne lui imposerai pas, en tout cas, sortez le mot "amoureux" mettez le mot "rencontre", "dialogue", "respect"....
Q - Il y aura une rencontre le soir du 6 mai ? Si vous êtes tous les deux...
R - C'est aux Français de choisir qui sera au deuxième tour, mais il y aura forcément une rencontre. Et puis de toute façon, moi, je respecte mes contradicteurs, qu'est-ce que c'est que cette histoire qu'on ne pourrait pas se serrer la main ! Si je rencontrais madame Royal, je lui serrerai la main, il n'y a absolument aucun problème à cela. Pareil pour F. Bayrou, pareil pour tous les candidats. Il faut avoir des convictions fortes, pour être candidat à la présidentielle, mais ne pas oublier une chose, c'est que le président ce n'est pas l'homme d'un clan, d'un parti, d'une secte, c'est l'homme de la France. Et forcément dans la France, il y a aussi mes contradicteurs. Source http://www.u-m-p.org, le 27 février 2007