Texte intégral
Monsieur le ministre, Cher Philippe DOUSTE BLAZY,
Monsieur André VIAU, Préfet de région Midi-Pyrénées, préfet de Haute-Garonne,
Monsieur Martin MALVY, président du conseil régional de Midi-Pyrénées,
Monsieur Pierre IZARD, président du conseil général de Haute-Garonne,
Monsieur Jean-Luc MOUDENC, maire de Toulouse,
Messieurs les présidents des pôles de compétitivité,
Mesdames Messieurs,
Philippe, je tiens à te remercier d'avoir organisé à Toulouse cette réunion consacrée aux pôles de compétitivité. En ta qualité de Président de la communauté d'agglomération du Grand Toulouse, tu as mené deux opérations majeures pour ces pôles : la réalisation du plus grand site aéronautique européen AERO CONSTELLATION sur lequel est implanté le cœur de l'aéronautique française, et bientôt le CANCEROPOLE, lieu dédié à la lutte contre le cancer.
La présence d'un auditoire aussi prestigieux et aussi large, témoigne de l'intérêt porté à ce dispositif des pôles. Par delà les 66 pôles existants, la quinzaine de demandes nouvelles de labellisation que nous avons encore reçu ces derniers mois, dont une qui intéresse Midi-Pyrénées, exprime sans conteste les attentes, mais surtout le succès des pôles.
En 2006, les pôles de compétitivité ont représenté :
- 165 projets de recherche aidés au titre du fonds unique interministériel, 280 projets au titre d'OSEO, et 238 projets au titre de l'Agence Nationale de la Recherche ;
- 531 Meuros de soutien de l'Etat et de ses agences ;
- plus de 1,6 milliards d'euros d'investissement, et plus de 4 000 chercheurs impliqués dans les projets.
La mobilisation des industriels, centres de recherche publics ou privés, universités, a été exemplaire, et a révélé l'extraordinaire richesse de notre pays en matière d'innovation industrielle. Cette relance de la recherche et de l'innovation bénéficie à l'ensemble de nos territoires, y compris les plus défavorisés, et je ne peux que m'en réjouir car je considère que tous les territoires ont droit à l'excellence.
Autre motif de satisfaction, cette relance bénéficie également à nos PME. Près de 40 % des entreprises participant aux projets de recherche sont des PME et elles sont les chefs de file dans un projet sur trois. Ces valeurs sont à mettre en regard du poids des PME dans les dépenses privées de R&D qui était, avant la création des pôles, de 16 %.
Mais ces données, ces statistiques, reflètent imparfaitement le réel succès des pôles de compétitivité: celui de la confirmation des trois axes prioritaires d'objectif définis lors de leur création.
Premier axe: le décloisonnement du monde de la recherche de celui de l'industrie.
Les pôles ont permis à ces deux mondes de se rencontrer, d'échanger, et de mieux se connaître. Pour illustrer mon propos, je vous cite une anecdote qui m'a été rapportée récemment à l'occasion de l'un de mes déplacements, et qui est parfaitement révélatrice.
En ce début d'année, une société implantée au sein d'une pépinière comprenant d'autres PME et des unités de recherche lance des invitations à un petit pot amical. A la grande surprise du chef d'entreprise les invités s'échangent leurs cartes de visite. Cela faisait plus de deux ans que tout le monde était installé sur un site unique, et la majorité d'entre eux ne se connaissait pas.
Les pôles, ce sont avant tout les échanges. Cette nouvelle manière de se découvrir et de se comprendre est désormais naturelle. Cet objectif a été rempli.
Deuxième axe: l'ancrage territorial.
Vous savez que j'ai toujours soutenu que dans tous les territoires, y compris les plus reculés, on trouve des femmes et des hommes qui se battent pour leur avenir, et qui déploient des trésors d'innovation. Tous les territoires, de métropole comme d'outre-mer, sont ou seront partie prenante d'un pôle de compétitivité. La démonstration est faite que cet ancrage territorial que nous avons voulu, N. Sarkozy et moi-même n'est pas incompatible avec une approche thématique des pôles.
Troisième axe: la gestion par projets
Un pôle de compétitivité n'a de sens que s'il contribue à l'émergence et au lancement de projets de recherche. La priorité est donc bien l'innovation, pas son mode d'organisation.
Cette gestion par projets porte ses fruits et ce sont encore 224 dossiers qui ont été déposés lors du troisième appel à projets, Ses résultats seront connus avant fin mars. En début de ce mois, nous avons lancé le 4ème appel à projet dont la date limite de dépôt des dossiers est fixée au 27 avril 2007 pour un choix publié avant fin juillet.
La dynamique des pôles de compétitivité amorcée il y a deux ans est toujours d'actualité. En Midi Pyrénées, cette dynamique est particulièrement productive. Aux deux pôles existants : le pôle mondial AEROSPACE VALLEY, et le pôle CANCER-BIO-SANTE, un projet attend sa labellisation : AGRIMIP.
AEROSPACE VALLEY est le premier pôle de compétitivité de France. 15 projets sont déjà retenus par le fonds unique interministériel pour un montant d'aides de 27,5 Meuros. C'est aussi le premier pôle français d'enseignement supérieur fort des 6 universités, des 12 grandes écoles aéronautiques, des 80 centres de recherche publics, et des 10 centres d'essais qui sont partenaires.
Monsieur Jean-Marc THOMAS, vous présidez la gouvernance de ce pôle dont l'ambition est de conforter notre place de leader mondial en aéronautique et de renforcer la position d'excellence de la France dans ce domaine et notamment celui des systèmes embarqués. Vous avez compris qu'être leader représente déjà des efforts très importants, mais que conserver cette place de leader est plus exigeante encore. La France a une longue tradition de savoir faire dans l'aéronautique qui doit être entretenue.
Dans un secteur marqué par une concurrence exacerbée, cet objectif est prioritaire. C'est la raison pour laquelle, face à ses difficultés, le gouvernement s'est engagé fermement pour soutenir la filière aéronautique forte de 1 300 entreprises. Deux actions d'application immédiate ont déjà été prises.
Première action : une aide en faveur des PME du secteur afin d'impulser un effet de structuration de la filière aéronautique.
80 Millions d'euros sur deux ans sous forme d'avances remboursables sur une longue durée sont consacrés aux entreprises sous-traitantes employant moins de 2 000 salariés. Les dépenses éligibles concernent les coûts de personnel, les matériels, les terrains et locaux, ainsi que les dépenses liées à la production d'ébauche, de prototypes ou de projets pilotes.
Une grande attention a été portée sur la nécessité de réduire au maximum les délais d'instruction qui sont donc de 2 mois suivant la réception du dossier complet.
Seconde action : Investir dans l'innovation et la recherche
Une enveloppe de 100 millions d'euros est prévue pour la filière composites qui est décisive pour l'avenir aéronautique français. Les modalités concrètes d'emploi de ce financement sont définies en liaison avec Louis Gallois et les autres acteurs industriels.
Bien entendu, le pôle de compétitivité AEROSPACE VALLEY aura également un rôle important à jouer dans ce plan destiné à promouvoir l'innovation. A ce titre, je tiens à te rassurer mon cher Philippe, ainsi que tous ceux qui sont présents dans cette salle. J'ai toujours agi et continuerai à le faire pour qu'AEROSPACE VALLEY demeure le pivot central de la recherche et du développement de l'aéronautique, sur lequel l'Etat doit concentrer ses interventions. C'est d'ailleurs pour ce motif que ce pôle avait été classé en pôle mondial. Plus que jamais, les compétences doivent s'additionner pour renforcer notre lisibilité à l'international.
CANCER BIO SANTE est le second pôle de compétitivité de cette région. Présidé par le professeur Roland BUGAT, ce pôle propose une approche globale et continue de la lutte contre le cancer par la prévention, notamment par l'alimentation, et par l'accélération du traitement de la maladie. 4 projets sont déjà retenus par le fonds unique interministériel pour un montant de près de 3 Meuros.
En 2008, sera inauguré le cancéropôle de Toulouse, vitrine de ce pôle de compétitivité regroupant l'ensemble des compétences scientifiques, académiques, médicales, technologiques, cliniques et pharmaceutiques publiques ou privées en un lieu unique avec un objectif ambitieux, louable, et porté par tous : faire reculer le cancer.
Cette opération revêt également une image toute particulière car ce cancéropôle s'inscrit dans une vaste opération de rénovation urbaine dans le Sud de Toulouse, sinistré par l'explosion de l'usine AZF en 2001. L'Europe, l'Etat, la Région, le Département et le Grand Toulouse ont participé à ce projet d'excellence qui représente plus de 1 milliards d'investissement. Je tiens à saluer cet effort de tous qui témoigne que l'unité est la voie de la réussite.
Demain, ce sera le pôle de compétitivité agricole et agro industriel AGRIMIP INNOVATION spécialisé dans l'ingénierie des agro chaines par intégration de la production d'une culture à sa transformation. Ainsi on raisonne marché alimentaire et non alimentaire avant même de produire.
Avec ce troisième pôle, l'ensemble de l'économie régionale sera intégrée dans cet accélérateur de l'innovation, et construit son avenir. Le secteur agricole et agro industriel est en effet la première source d'emplois en Midi-Pyrénées avec 100 000 salariés.
Développé avec un sérieux identique à celui des 2 premiers pôles, AGRIMIP a reçu des avis favorables des 2 instances chargées de formuler les propositions de labellisation au gouvernement: le groupe de travail interministériel et le groupe des personnalités qualifiées qui ont l'un comme l'autre souligné spécifiquement le poids important de la recherche initié par ce projet de pôle.
Comme les deux premiers pôles, AGRIMIP bénéficie du soutien de toutes les collectivités: Région, Département, communauté d'agglomération, communes, et je salue cet engagement unanime qui n'est pas observé sur l'ensemble du territoire. Je citerai notamment le pôle MOBILITE ET TRANSPORTS AVANCES laissé en déshérence par la Région Poitou Charente.
L'avenir des pôles en Région Midi-Pyrénées est donc bien assuré et je suis sur que cet élan ne faiblira pas. Nous devons cependant ne pas nous endormir sur nos lauriers et je voudrais donc vous faire partager ma vision de l'avenir et des perspectives d'évolution des pôles de compétitivité.
Définir l'avenir des pôles, c'est d'abord tenir compte des remarques formulées par les gouvernances.. C'est aussi tirer les enseignements du chemin parcouru, tout en rappelant la stratégie initiale.
Il faut encore amplifier la mobilisation mais il faut savoir également la capitaliser.
Aussi, je travaille activement à l'amélioration de l'efficacité du dispositif pôle.
Depuis la création du dispositif des pôles de compétitivité, plusieurs réformes majeures ont déjà été décidées pour le rendre plus simple et plus efficient. Je crois que nous avons été et particulièrement réactifs. Je citerai le guichet unique, le fonds unique interministériel ou la réforme du système d'exonérations des charges fiscales ou sociales.
Cependant, je considère que les enjeux en présence, et la multiplicité d'acteurs différents : groupes industriels, PME, PMI, centres de recherche privés ou publics, université, justifient une écoute permanente et une actualisation rapide de nos méthodes.
C'est pourquoi j'avais lancé en décembre dernier une mission pour recueillir vos avis, et je retiens deux constantes : la transparence et la rapidité de mise en œuvre des financements.
a) Sur la transparence, il existe une demande générale vers plus d'information notamment sur les projets non retenus. Ceci est indispensable pour permettre un véritable dialogue interactif entre l'Etat et les pôles pour améliorer la qualité des dossiers.
Je propose donc que chaque refus soit assorti d'un avis motivé détaillé, et que des interlocuteurs nommément désignés soient mis en place afin d'accompagner les porteurs de projet pour retravailler les dossiers rejetés et ne pas fermer une porte de manière brutale sur un projet qui a nécessité de leur part et de celle du pôle, un travail important.
b) La rapidité de mise en œuvre des financements est une vraie question notamment pour les PME dans la mesure où elles ne peuvent autofinancer l'intégralité de leur projet.
Deux pistes sont à considérer:
- Les préfets ont la légitimité et la capacité à réunir de multiples partenaires et notamment les collectivités locales, pour unifier les pratiques et accélérer la mise en œuvre des financements au sein du comité des financeurs. Ils recevront des instructions en ce sens au vu d'une expérimentation qui sera menée dans 5 régions: PACA, Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées, Basse-Normandie et Limousin. . Nous avons besoin de plus de déconcentration. Les experts parisiens ne doivent pas rester dans leur tour d'ivoire. Une bonne expertise de projets ne se mène pas nécessairement à Paris. Et un bon accompagnement de projets ne peut pas se mener à Paris. A bon entendeur, salut...
- J'ai également demandé la mise en place d'un dispositif de crédits relais par la Caisse des Dépôts et Consignations au bénéfice des PME. Cette formule permettra, dès qu'un projet est sélectionné au titre du FCE, d'obtenir très rapidement la trésorerie permettant le lancement du projet.
Nous avons un vrai défi à relever en matière d'innovation: devenir des leaders mondiaux en matière d'innovation technologique. La compétition est rude face aux nouveaux appétits de la Chine ou de l'Inde. C'est bien en unifiant nos forces que la réussite sera au rendez vous.
Ici, en Midi-Pyrénées, grâce aux efforts soutenus de tous et particulièrement du Grand Toulouse, vous avez su réunir les acteurs scientifiques et économiques permettant de présenter une masse critique d'envergure internationale, et d'affirmer votre crédibilité.
C'est pour moi un exemple de cette France qui gagne, en sachant développer la compétitivité de ses territoires. La France de demain sait qu'elle peut et qu'elle doit compter sur vous.
Source http://www.interieur.gouv.fr, le 19 mars 2007