Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, sur la signature d'un accord-cadre de coopération entre Unitaid et la Banque islamique de développement, Paris le 12 avril 2007.

Prononcé le

Circonstance : Signature d'un accord-cadre de coopération entre Unitaid et la Banque islamique de développement le 12 avril 2007 à Paris

Texte intégral

Je voudrais vraiment remercier Monsieur le Président, ainsi que son équipe, d'être venus ici pour travailler sur cet accord entre la Banque islamique de Développement et UNITAID.
C'est un grand jour, un jour historique. Je voudrais remercier Monsieur le Président, parce que la somme de 20 millions de dollars accordée par la Banque islamique de Développement, pour 2007-2008, permettra à beaucoup de patients, dans dix pays d'Afrique et d'Asie, d'être traités avec de l'artémisine, ce médicament anti-paludéen. Cela permettra des achats groupés pour obtenir les meilleurs prix, avec l'objectif de contribuer à un meilleur accès des malades à ces médicaments, à des prix abordables. Les fonds alloués via UNITAID serviront exclusivement à l'achat de médicaments. Les coûts opérationnels de distribution des médicaments, c'est-à-dire la formation et la prévention, seront pris en charge par la Banque islamique et les pays bénéficiaires.
S'agissant des pays bénéficiaires, il s'agit de dix pays d'Afrique et d'Asie, particulièrement touchés par le paludisme : le Burkina Faso, le Tchad, la Gambie, la Guinée Bissau, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Soudan et l'Indonésie. Dès que le conseil d'administration d'UNITAID aura accepté cet accord, le partenariat commencera à être mis en oeuvre.
Je voudrais terminer en disant que, chaque année, 350 à 600 millions de personnes, selon les estimations, contractent le paludisme, et qu'un à trois millions de personnes en meurent. L'Afrique compte 57 % du nombre de cas et 80 % des décès de cette maladie. Face au développement de plus en plus généralisé des résistances aux thérapies habituelles, les traitements comme l'artémisine sont efficaces dans 95 % des cas. Toutefois, le prix de ces traitements est deux fois plus élevé. C'est la raison pour laquelle cet accord nous permettra avec d'autres acteurs, comme la Fondation Clinton, de baisser les prix des médicaments.
Encore merci, Monsieur le Président, de votre présence ici.
Q - Pouvez-vous nous tracer un bilan rapide d'UNITAID, à la veille de son conseil d'administration ?
R - Aujourd'hui, comme vous le savez, UNITAID mène des actions contre le sida, contre la tuberculose et contre le paludisme. S'agissant du paludisme, en lien avec le Fonds mondial, il a été décidé de financer 50 millions de traitements dans douze pays d'Afrique d'ici 2010. En 2007, au Burundi et au Libéria, c'est près d'un million et demi de traitements qui sont mis en oeuvre. Et enfin, dans le cadre du sixième round du Fonds mondial, UNITAID apporte 19 millions de dollars pour la période 2007-2008. Une dizaine de pays d'Afrique et d'Asie en bénéficieront.
S'agissant de l'ensemble des actions menées, 65 pays en sont bénéficiaires. UNITAID a engagé des programmes pour traiter, d'ici la fin de l'année 2007, 100.000 enfants atteints de VIH/Sida qui recevront des traitements dans 12 pays. 40.000 patients ont déjà reçu des traitements avec des antirétroviraux de seconde ligne. Douze millions de nouveaux traitements contre le paludisme seront effectués, 1.800 patients atteints de tuberculose multirésistante seront traités, 150.000 enfants touchés par la tuberculose seront soignés.
Nous avons déjà obtenu une baisse de 40 % des prix pour les antirétroviraux pédiatriques. Je voudrais simplement préciser que 85 % des fonds alloués à UNITAID le sont à des pays à faibles revenus. UNITAID dispose pour l'année 2007 de 300 millions de dollars de budget opérationnel, dont plus de 200 millions de dollars sont déjà engagés. Au titre de 2007 et de 2008, UNITAID participera, à hauteur de 52 millions de dollars, au 6ème round du Fonds mondial de lutte contre les trois pandémies : Sida, tuberculose et paludisme.
Q - J'ai juste une question sur le choix de la maladie. Les fonds alloués vont aller à la lutte contre le paludisme. Est-ce pour rééquilibrer, parce qu'il y a eu une tendance à privilégier le sida jusqu'ici dans les déblocages de fonds ? Qu'est-ce qui explique le choix du paludisme ?
R - C'est un choix également effectué par la Banque islamique de Développement, auquel nous avons totalement adhéré. Car, comme vous le dites, on parle souvent plus de certaines maladies que d'autres, tout simplement parce que certaines maladies sont plus connues ici. Il y a peu de paludisme en France ou en Occident. Donc, souvent, on a l'impression que le paludisme vient en seconde place des priorités. Je suis très heureux de voir ici que le paludisme vient en première place des priorités.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 avril 2007