Entretien de M. Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, dans "20 minutes" du 25 juin 2007, sur l'apport du Traité européen simplifié à la construction européenne.

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Q - Le traité simplifié, prévu pour remplacer la Constitution européenne, a été adopté à l'arraché samedi lors du sommet européen à Bruxelles. Sort-on de la paralysie de l'Union européenne ?
R - Cet accord est un succès et recrée une dynamique. Il permet de sortir de deux ans de blocage et de développer de nouvelles politiques - sur l'énergie, l'immigration, la criminalité -, de retrouver de l'influence sur la scène internationale et d'avoir une politique étrangère plus active.
Q - Il s'agit cependant d'un accord a minima...
R - On partait de rien, la situation était catastrophique. Imaginez que l'on n'ait rien obtenu, il y aurait eu une dépression forte ! Or là, c'est un immense soulagement dans l'opinion publique européenne.
Q - Que répondez-vous à ceux qui déplorent un "mini-traité" pour une "mini-ambition" ?
R - Parler de "mini-ambition" est un slogan vide. L'ambition européenne est maintenue : il y aura une présidence stable de deux ans et demi, un haut représentant pour la politique étrangère de l'Union européenne doté d'un service diplomatique - ce qui permettra d'avoir une politique étrangère plus forte et plus visible - et une majorité qualifiée, puisque Londres a accepté de ne pas bloquer la coopération policière, judiciaire et d'immigration.
Q - Avec ce haut représentant pour la politique étrangère, l'Union européenne va-t-elle en finir avec la cacophonie diplomatique ? On se souvient des divisions sur l'Irak...
R - Ce sera un élément incontestable de cohérence. L'Irak était un gros accident. Mais regardez l'implication européenne dans les Balkans et au Moyen-Orient : l'Union européenne fait des efforts pour progresser sur la politique étrangère commune.
Q - Le terme de "Constitution", les symboles (drapeau, hymne...) et les caractéristiques d'un Etat ont été supprimés de ce traité.
R - La France a voté "non" à 55 % à la Constitution et plusieurs opinions européennes étaient gênées par une Europe assimilée à un "super-Etat ". Il était donc logique d'abandonner le terme et les symboles. Les dix-huit pays qui ont ratifié la Constitution ont fait un gros effort pour accepter ça. Mais mieux vaut un contenu plus ambitieux que les symboles. Au final, c'est un succès car on a obtenu un compromis entre ceux qui ont voté "oui" à la Constitution, ceux qui ont voté "non", et ceux qui ne l'ont pas ratifiée. Et, en Europe, un compromis est toujours un succès. Surtout à vingt-sept.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 juin 2007