Texte intégral
Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames et messieurs les ministres,
Monsieur le président de la Commission permanente,
Mesdames et messieurs les élu(e)s,
Mesdames et messieurs,
Lors du Conseil National de la Montagne d'Ax-les-Thermes, nous avions tiré ensemble du rapport d'évaluation trois impératifs pour le tourisme :
- la valorisation des zones de moyenne montagne,
- la requalification de l'immobilier de loisirs de haute montagne,
- l'amélioration de la situation des saisonniers du tourisme.
En deux ans, et avec vous, je crois pouvoir dire que nous avons bien avancé sur ces trois points.
Parallèlement, nous avons engagé des travaux sur d'autres aspects importants pour le développement touristique de nos montagnes.
Avant de vous en faire la présentation, je voudrais dire un mot sur l'actuelle saison d'hiver en particulier et sur la conjoncture en général.
Malgré les aléas climatiques de début de saison, qui ont occasionné un manque d'enneigement, les chiffres de fréquentation fournis par l'Observatoire national du tourisme sont très encourageants.
Les réservations ont été stables ou en hausse pour l'ensemble des massifs jusqu'à Noël et les prévisions font apparaître une augmentation des réservations pour les vacances scolaires de février.
Ces perspectives sont à situer en regard de la saison d'hiver 99/2000 dont les résultats ont été positifs, consolidant ainsi une reprise amorcée il y a quatre à cinq ans après les mauvaises années d'enneigement du début de la décennie.
Cette saison s'annonce donc sous les meilleurs auspices et confirme une certaine stabilisation de la fréquentation française depuis deux ans
par rapport à une clientèle étrangère en progression régulière avec un taux de croissance de 5% par an depuis quatre ans).
Néanmoins, nous devons être sensibles à deux tendances :
- d'abord, un environnement de plus en plus concurrentiel, notamment en regard des destinations mer et soleil - ce qui doit nous inciter à améliorer l'offre et l'accueil, à diversifier les produits, à poursuivre les efforts d'investissement et à accentuer nos actions promotionnelles -
- ensuite, des évolutions démographiques moins favorables qu'auparavant aux pratiques sportives traditionnelles - ce qui doit nous amener à une action collective importante en faveur des jeunes.
En tout cas, les chiffres sont là qui nous indiquent le poids économique considérable du tourisme en montagne et qui doivent nous inciter à un optimisme attentif : 60 milliards de francs de chiffre d'affaires, dont 17 apportés par la clientèle étrangère, soit 10 % de la consommation touristique nationale ; 27 milliards pour le tourisme d'hiver ; 5 milliards pour les seules remontées mécaniques, mais aussi - et ce n'est pas le moins intéressant - 120000 emplois pour les stations d'hiver et d'été.
En abordant maintenant le vif de mon propos, il faut souligner que nous disposons aujourd'hui, et pour les six ans à venir, des moyens indispensables pour mettre en uvre une politique ambitieuse d'amélioration de notre offre touristique en montagne.
En effet, dans le cadre de la relance de la politique d'aménagement du territoire décidée par le Gouvernement, l'innovation majeure pour la montagne, que constitue la reconnaissance de l'interrégionalité de massif, à travers les conventions interrégionales est déterminante pour le tourisme, notamment, au niveau de l'élaboration des produits, de la promotion, de la fédération des acteurs qu'elle permet.
C'est pourquoi le tourisme s'y est naturellement inscrit avec une enveloppe de 109 MF de l'État qui viennent s'ajouter au quadruplement des crédits des contrats de plan par rapport à la génération précédente.
Cette politique doit en premier lieu viser la moyenne montagne, en mettant au point les suites du rapport que Monsieur le Premier Ministre m'avait commandé lors du CNM d'Ax-les-Thermes, et que vous avez entre les mains.
Il est tout d'abord apparu au groupe de travail de travail, qui a préparé ce rapport en liaison avec vous, que le tourisme en moyenne montagne représente un véritable enjeu : il peut permettre de mieux répartir la fréquentation entre les massifs et de compenser les variations d'enneigement. Il constitue un des facteurs du maintien du tissu économique et social local. Il correspond également à la demande sociale et culturelle actuelle, par son offre de sites et de patrimoine et les échanges avec les habitants qu'il occasionne.
Les mesures envisagées dans le rapport visent d'abord à optimiser les potentialités et à renforcer l'efficacité des moyens déjà existants. Certaines concernent d'ailleurs l'ensemble du secteur du tourisme.
C'est le cas par exemple de la taxe de séjour. Elle fait l'objet actuellement d'un travail conjoint entre mes services et ceux du ministre de l'Intérieur afin d'améliorer le dispositif existant, notamment en prenant en compte le développement de l'intercommunalité.
D'autres sont déjà en phase d'application. Je pense en particulier à l'adoption du calendrier scolaire jusqu'en juin 2004 qui permet de favoriser l'étalement de la fréquentation. Des travaux se poursuivent par ailleurs pour évaluer l'impact touristique de la répartition des académies à l'intérieur des zones.
Parmi les mesures spécifiques du rapport, j'ai souhaité vous présenter aujourd'hui trois d'entre elles qui me paraissent pertinentes et dont je vous propose de débattre ensemble dans les semaines qui viennent
Première disposition : il s'agirait d'identifier des territoires de moyenne montagne à forte potentialité touristique, pour lesquels se cristalliseraient les partenariats des acteurs locaux publics et privés.
Ces territoires pourraient s'inscrire dans le dispositif territorial des pays, dans le cadre d'une intercommunalité adaptée, autour d'un projet d'aménagement et de développement touristique. Ce projet associerait station-centre et communes périphériques, ou petites communes entre elles, avec une exigence de plurisaisonnalité et d'utilisation des équipements et hébergements existants.
Pour chaque territoire concerné, un contrat de pôle touristique permettrait de le doter de ressources financières pour mettre en place les moyens techniques et humains nécessaires. Les crédits tourisme des contrats de plan et des conventions de massif soutiendrait l'organisation de ces pôles touristiques de moyenne montagne.
Il conviendrait aussi - deuxième disposition - de doter ces pôles touristiques d'un outil d'intervention spécifique, dont le statut juridique reste à définir, mais qui pourrait s'appuyer sur un statut déjà existant : un OTSI sous statut EPIC, une SEM, voire un GIP.
Cet outil aurait vocation à conduire les missions de production, de promotion, d'organisation de l'offre du pôle, tout en assurant auprès des divers partenaires un rôle d'assistance et d'accompagnement. Il pourrait bénéficier de moyens propres attribués par les collectivités locales dans le cadre des nouvelles intercommunalités.
Enfin, pour que les actions de développement soient cohérentes sur l'ensemble du massif, il est souhaitable que, dans le cadre de l'évolution des instances de massif, un outil spécialisé soit chargé en leur sein de la logique de développement touristique sur le massif.
Afin de mettre au point cette idée de pôle touristique de moyenne montagne, j'ai demandé à mes services de me faire des propositions pour que nous puissions vous consulter.
La relance des investissements touristiques dans les zones rurales et de moyenne montagne et la requalification de l'immobilier de loisirs dans les stations de haute montagne, constituent un deuxième vecteur d'optimisation de l'offre et de l'accueil touristiques.
Vous le savez, les textes destinés à la mise en uvre des programmes de réhabilitation de l'immobilier de loisirs en montagne et sur le littoral, plus communément désignés sous l'appellation VRT/ORIL, seront prochainement publiés, après l'adoption par le Parlement de la loi SRU.
En liaison notamment avec l'ANEM et l'AMSFSHE, nous allons nous attacher à présenter le dispositif aux élus et aux opérateurs concernés, ainsi qu'à nous concerter sur les critères de classement des VRT.
D'autre part, en partenariat avec la DATAR et la Caisse des Dépôts, nous souhaitons favoriser le lancement d'expérimentations de ce dispositif sur un nombre limité de sites, en les aidant à faire leur diagnostic stratégique et leur expertise financière et immobilière, de façon à en tirer des enseignements méthodologiques au plan national.
Concernant l'investissement touristique neuf, le champ géographique couvert par le dispositif d'aide à l'immobilier spécifique, créé en 1998, pour l'investissement locatif dans les résidences de tourisme a été étendu, vous le savez, en 2001 aux zones rurales de l'objectif 2 des fonds structurels. Une évaluation de cette mesure sur les zones de revitalisation rurale, dont beaucoup coïncident avec les massifs, tend à démontrer qu'elle pourrait aider à créer plus de 26000 logements à vocation touristique, dont 2500 dès 2001, et représenter d'ici 2006 plus de 15 milliards de francs d'investissement.
Sur un autre sujet qui concerne l'amélioration des équipements de montagne, le rapport sur les refuges de montagne que j'avais confié à l'Inspection Générale du Tourisme préconise un certain nombre d'adaptations réglementaires. Il sera prochainement diffusé. Je vais saisir mes collègues pour que le projet de décret qui redéfinira la notion et les caractéristiques de ces refuges soit rapidement pris.
Enfin, le thermalisme est un facteur important du développement de vos stations. C'est pourquoi, en liaison avec la DATAR, j'ai poursuivi en 2000 l'action engagée en 99 pour aider 11 stations supplémentaires à élaborer des diagnostics de leurs activités et de leurs équipements.
Vous avez, je le sais, des attentes fortes à l'égard de Maison de la France pour la promotion de la destination montagne. Je rappelle d'ailleurs que Maison de la France y consacre annuellement un budget de 10 MF.
Sur cet objectif, mon ministère soutient depuis longtemps, et continuera de soutenir, l'action des professionnels. Ainsi, à la suite des tempêtes, une campagne de promotion va être lancée dans le cadre des mesures décidées par le gouvernement pour revaloriser la destination France en termes de tourisme vert, tourisme de nature et tourisme de pays. Cette campagne exceptionnelle de communication, menée en partenariat avec les régions touchées, valorisera la notion de terroir et bénéficiera particulièrement aux massifs pyrénéens et vosgiens
En ce qui concerne maintenant les travailleurs saisonniers du tourisme,
j'ai engagé, vous le savez, un important travail interministériel avec mes collègues de l'Emploi et de la Solidarité, du Logement, des Transports, qui a permis le 9 février 2000, d'annoncer un plan d'action en 15 mesures relatives aux droits sociaux et au logement.
A Ax, vous aviez vous-mêmes souhaité, alors que le rapport de Monsieur LE PORS venait de m'être remis, apporter votre contribution. Je vous en remercie et tient à souligner l'apport précieux du groupe que vous avez constitué à cet effet.
En un an, de réelles avancées ont été enregistrées.
En matière d'accès au logement - et Louis Besson va vous en parler - le Gouvernement a travaillé pour adapter les aides personnelles au logement à la situation des salariés - ce qu'on appelle l'aide à la personne -, et pour mettre en uvre des mesures d'aide à la construction ou à la réhabilitation de 6000 logements, grâce à un partenariat avec les collectivités locales, - c'est-à-dire l'aide à la pierre.
Pour ce qui concerne les droits sociaux, la loi sur la réduction du temps de travail a permis de réintroduire le contrat de travail intermittent. Je souhaite que les branches professionnelles puissent utiliser cette disposition pour fidéliser leurs salariés, en même temps qu'elle peut permettre aux salariés de stabiliser leur emploi.
Des actions concrètes ont été mis en uvre, en particulier l'édition d'un guide des saisonniers à plus de 150 000 exemplaires. La mise en place de maison des saisonniers a démarré, par exemple à Serre Chevalier ou dans les Gorges de l'Ardèche. Je pense aussi à la représentation de ces salariés qu'il convient d'organiser, notamment à travers la mise en place de délégués de sites - le premier a été installé cet hiver à Courchevel. Quant à la sécurisation de l'emploi des saisonniers, les échanges entre sites, à l'instar de ce qui se fait entre la Savoie et le Morbihan, peuvent y contribuer. Et, concernant leur formation, j'ai, le 26 janvier dernier, avec Nicole PERY, signé en région PACA un protocole d'accord visant à la développer Enfin, la validation des acquis et la reconnaissance des qualifications sont actuellement en débat au Parlement dans le cadre de la loi de modernisation sociale.
Aujourd'hui plus de 20 départements sont engagés dans une dynamique de terrain qui associe État, collectivités locales et territoriales, syndicats de salariés, organisations professionnelles.
J'ajoute qu'en même temps, les partenaires sociaux ne sont pas restés inactifs La convention UNEDIC pérennise et élargit l'indemnisation chômage des salariés saisonniers. Un accord, dont je me félicite, a été conclu dans le secteur des remontées mécaniques : il prévoit pour la première fois un dispositif d'indemnisation des salariés en cas d'absence de neige. Il appartient maintenant aux partenaires sociaux, avec l'appui des pouvoirs publics, de définir le niveau de cotisations et de prestations qui permette de faire vivre effectivement cet accord.
Pour autant tout n'est pas résolu et j'entends poursuivre mon action avec vous, pour faire en sorte que la situation des salariés saisonniers s'améliore durablement.
Toutes les mesures dont je viens de parler, aussi bénéfiques soient-elles, ne saurait suffire à garantir l'avenir, puisque nous devons en même temps relever le défi du renouvellement de nos clientèles. Et les clients de demain, ce sont les jeunes d'aujourd'hui.
Nous connaissons tous ici le rôle déterminant joué par les vacances des enfants et des jeunes dans le développement touristique de la montagne. Les classes de neige, les centres de vacances, le tourisme social et associatif, ont, depuis 50 ans, fait découvrir et aimer la montagne à des générations entières.
Or, il faut le constater, nos montagnes attirent moins les jeunes qu'auparavant, comme le montrent différentes études, notamment sur la fréquentation des moins de 25 ans : seulement 9% des 15-25 ans sont partis aux sports d'hiver lors de la saison 98/99 alors qu'ils étaient 11% en 94/95.
Cette tendance a plusieurs causes : évolution de la demande de loisirs, coût trop important pour les familles, baisse d'attractivité des sports classiques de glisse, inadaptation de certaines stations pour l'accueil des groupes, recul des classes de neige, etc. Ces raisons sont accentuées par une pyramide d'âge actuellement défavorable.
Cependant, une sensibilisation certaine à ce problème est notable depuis deux ou trois ans. J'entends, avec mes collègues de l'Education Nationale et de la Jeunesse et des Sports, avec les collectivités locales qui s'y engagent, avec les professionnels et les associations, travailler activement pour inverser cette tendance.
Concernant les classes de découverte, le rapport que j'avais demandé au CNT établit une série de propositions pertinentes. Une concertation entre toutes les parties prenantes, administration, parents d'élèves, associations, collectivités locales doit maintenant s'engager pour définir des actions concrètes. Je vais m'y employer.
Concernant les centres de vacances - nos anciennes colonies de vacances -, Marie-Georges BUFFET a engagé, vous le savez, d'importants travaux de fond qui doivent se concrétiser cette année.
Pour ma part, à travers le soutien au tourisme social et associatif, avec les mesures intégrées désormais aux contrats de plan, le plan patrimoine, ou encore la prochaine campagne de communication, mon Ministère appuie la requalification des équipements qui reçoivent classes et centres de vacances.
Les adolescents et les jeunes adultes, qui aspirent avant tout à l'autonomie, doivent pouvoir trouver leur place dans ce temps des vacances qui rythme la vie de la collectivité. Les chiffres que j'ai cités montrent qu'il est impératif de repenser et de créer une offre de produits montagne qui répondent à la demande des jeunes. D'ores et déjà, certaines stations s'y emploient.
Une récente étude de l'AFIT et du SEATM montre que, comme les adultes, les jeunes s'orientent vers un tourisme de qualité, avec leurs propres valeurs de découverte et de convivialité. Ce sont ces valeurs et ces pratiques qui en découlent qu'il faut analyser et satisfaire.
C'est dans cet esprit que j'envisage une saisine du Conseil Economique et Social sur le tourisme des 15-25 ans.
J'attends de tous ces travaux qu'ils permettent la mise en valeur d'innovations et d'expérimentations, et surtout une efficacité accrue et une meilleure cohérence des actions en faveur du tourisme des jeunes.
Comme vous le voyez, beaucoup de choses ont été faites depuis Ax-les-Thermes et beaucoup d'autres sont encore en devenir.
Je souhaite vivement que toutes ces pistes de travail, auxquels vous avez été et continuerez à être associés, se mettent rapidement et concrètement en place.
Le tourisme en montagne me semble être un champ d'application privilégié d'un type de développement qui associe économie et création d'emplois, préservation du patrimoine et droit aux vacances pour tous, ce qu'on appelle désormais un tourisme durable et auquel, avec Dominique VOYNET et, je le sais, avec vous tous, je suis très attachée.
La France, première destination touristique au monde, et pour laquelle la montagne joue un rôle essentiel, a, de par sa culture et son rayonnement, vocation naturelle et intérêt, à poursuivre et accentuer ce modèle de développement. J'ai coutume de dire qu'il n'y a pas de politique sans valeurs : à travers le développement d'un tourisme durable, c'est une politique exemplaire de la montagne que nous portons tous ensemble.
Je vous remercie.
(Source http://www.equipement.gouv.fr, le 12 février 2001)
Mesdames et messieurs les ministres,
Monsieur le président de la Commission permanente,
Mesdames et messieurs les élu(e)s,
Mesdames et messieurs,
Lors du Conseil National de la Montagne d'Ax-les-Thermes, nous avions tiré ensemble du rapport d'évaluation trois impératifs pour le tourisme :
- la valorisation des zones de moyenne montagne,
- la requalification de l'immobilier de loisirs de haute montagne,
- l'amélioration de la situation des saisonniers du tourisme.
En deux ans, et avec vous, je crois pouvoir dire que nous avons bien avancé sur ces trois points.
Parallèlement, nous avons engagé des travaux sur d'autres aspects importants pour le développement touristique de nos montagnes.
Avant de vous en faire la présentation, je voudrais dire un mot sur l'actuelle saison d'hiver en particulier et sur la conjoncture en général.
Malgré les aléas climatiques de début de saison, qui ont occasionné un manque d'enneigement, les chiffres de fréquentation fournis par l'Observatoire national du tourisme sont très encourageants.
Les réservations ont été stables ou en hausse pour l'ensemble des massifs jusqu'à Noël et les prévisions font apparaître une augmentation des réservations pour les vacances scolaires de février.
Ces perspectives sont à situer en regard de la saison d'hiver 99/2000 dont les résultats ont été positifs, consolidant ainsi une reprise amorcée il y a quatre à cinq ans après les mauvaises années d'enneigement du début de la décennie.
Cette saison s'annonce donc sous les meilleurs auspices et confirme une certaine stabilisation de la fréquentation française depuis deux ans
par rapport à une clientèle étrangère en progression régulière avec un taux de croissance de 5% par an depuis quatre ans).
Néanmoins, nous devons être sensibles à deux tendances :
- d'abord, un environnement de plus en plus concurrentiel, notamment en regard des destinations mer et soleil - ce qui doit nous inciter à améliorer l'offre et l'accueil, à diversifier les produits, à poursuivre les efforts d'investissement et à accentuer nos actions promotionnelles -
- ensuite, des évolutions démographiques moins favorables qu'auparavant aux pratiques sportives traditionnelles - ce qui doit nous amener à une action collective importante en faveur des jeunes.
En tout cas, les chiffres sont là qui nous indiquent le poids économique considérable du tourisme en montagne et qui doivent nous inciter à un optimisme attentif : 60 milliards de francs de chiffre d'affaires, dont 17 apportés par la clientèle étrangère, soit 10 % de la consommation touristique nationale ; 27 milliards pour le tourisme d'hiver ; 5 milliards pour les seules remontées mécaniques, mais aussi - et ce n'est pas le moins intéressant - 120000 emplois pour les stations d'hiver et d'été.
En abordant maintenant le vif de mon propos, il faut souligner que nous disposons aujourd'hui, et pour les six ans à venir, des moyens indispensables pour mettre en uvre une politique ambitieuse d'amélioration de notre offre touristique en montagne.
En effet, dans le cadre de la relance de la politique d'aménagement du territoire décidée par le Gouvernement, l'innovation majeure pour la montagne, que constitue la reconnaissance de l'interrégionalité de massif, à travers les conventions interrégionales est déterminante pour le tourisme, notamment, au niveau de l'élaboration des produits, de la promotion, de la fédération des acteurs qu'elle permet.
C'est pourquoi le tourisme s'y est naturellement inscrit avec une enveloppe de 109 MF de l'État qui viennent s'ajouter au quadruplement des crédits des contrats de plan par rapport à la génération précédente.
Cette politique doit en premier lieu viser la moyenne montagne, en mettant au point les suites du rapport que Monsieur le Premier Ministre m'avait commandé lors du CNM d'Ax-les-Thermes, et que vous avez entre les mains.
Il est tout d'abord apparu au groupe de travail de travail, qui a préparé ce rapport en liaison avec vous, que le tourisme en moyenne montagne représente un véritable enjeu : il peut permettre de mieux répartir la fréquentation entre les massifs et de compenser les variations d'enneigement. Il constitue un des facteurs du maintien du tissu économique et social local. Il correspond également à la demande sociale et culturelle actuelle, par son offre de sites et de patrimoine et les échanges avec les habitants qu'il occasionne.
Les mesures envisagées dans le rapport visent d'abord à optimiser les potentialités et à renforcer l'efficacité des moyens déjà existants. Certaines concernent d'ailleurs l'ensemble du secteur du tourisme.
C'est le cas par exemple de la taxe de séjour. Elle fait l'objet actuellement d'un travail conjoint entre mes services et ceux du ministre de l'Intérieur afin d'améliorer le dispositif existant, notamment en prenant en compte le développement de l'intercommunalité.
D'autres sont déjà en phase d'application. Je pense en particulier à l'adoption du calendrier scolaire jusqu'en juin 2004 qui permet de favoriser l'étalement de la fréquentation. Des travaux se poursuivent par ailleurs pour évaluer l'impact touristique de la répartition des académies à l'intérieur des zones.
Parmi les mesures spécifiques du rapport, j'ai souhaité vous présenter aujourd'hui trois d'entre elles qui me paraissent pertinentes et dont je vous propose de débattre ensemble dans les semaines qui viennent
Première disposition : il s'agirait d'identifier des territoires de moyenne montagne à forte potentialité touristique, pour lesquels se cristalliseraient les partenariats des acteurs locaux publics et privés.
Ces territoires pourraient s'inscrire dans le dispositif territorial des pays, dans le cadre d'une intercommunalité adaptée, autour d'un projet d'aménagement et de développement touristique. Ce projet associerait station-centre et communes périphériques, ou petites communes entre elles, avec une exigence de plurisaisonnalité et d'utilisation des équipements et hébergements existants.
Pour chaque territoire concerné, un contrat de pôle touristique permettrait de le doter de ressources financières pour mettre en place les moyens techniques et humains nécessaires. Les crédits tourisme des contrats de plan et des conventions de massif soutiendrait l'organisation de ces pôles touristiques de moyenne montagne.
Il conviendrait aussi - deuxième disposition - de doter ces pôles touristiques d'un outil d'intervention spécifique, dont le statut juridique reste à définir, mais qui pourrait s'appuyer sur un statut déjà existant : un OTSI sous statut EPIC, une SEM, voire un GIP.
Cet outil aurait vocation à conduire les missions de production, de promotion, d'organisation de l'offre du pôle, tout en assurant auprès des divers partenaires un rôle d'assistance et d'accompagnement. Il pourrait bénéficier de moyens propres attribués par les collectivités locales dans le cadre des nouvelles intercommunalités.
Enfin, pour que les actions de développement soient cohérentes sur l'ensemble du massif, il est souhaitable que, dans le cadre de l'évolution des instances de massif, un outil spécialisé soit chargé en leur sein de la logique de développement touristique sur le massif.
Afin de mettre au point cette idée de pôle touristique de moyenne montagne, j'ai demandé à mes services de me faire des propositions pour que nous puissions vous consulter.
La relance des investissements touristiques dans les zones rurales et de moyenne montagne et la requalification de l'immobilier de loisirs dans les stations de haute montagne, constituent un deuxième vecteur d'optimisation de l'offre et de l'accueil touristiques.
Vous le savez, les textes destinés à la mise en uvre des programmes de réhabilitation de l'immobilier de loisirs en montagne et sur le littoral, plus communément désignés sous l'appellation VRT/ORIL, seront prochainement publiés, après l'adoption par le Parlement de la loi SRU.
En liaison notamment avec l'ANEM et l'AMSFSHE, nous allons nous attacher à présenter le dispositif aux élus et aux opérateurs concernés, ainsi qu'à nous concerter sur les critères de classement des VRT.
D'autre part, en partenariat avec la DATAR et la Caisse des Dépôts, nous souhaitons favoriser le lancement d'expérimentations de ce dispositif sur un nombre limité de sites, en les aidant à faire leur diagnostic stratégique et leur expertise financière et immobilière, de façon à en tirer des enseignements méthodologiques au plan national.
Concernant l'investissement touristique neuf, le champ géographique couvert par le dispositif d'aide à l'immobilier spécifique, créé en 1998, pour l'investissement locatif dans les résidences de tourisme a été étendu, vous le savez, en 2001 aux zones rurales de l'objectif 2 des fonds structurels. Une évaluation de cette mesure sur les zones de revitalisation rurale, dont beaucoup coïncident avec les massifs, tend à démontrer qu'elle pourrait aider à créer plus de 26000 logements à vocation touristique, dont 2500 dès 2001, et représenter d'ici 2006 plus de 15 milliards de francs d'investissement.
Sur un autre sujet qui concerne l'amélioration des équipements de montagne, le rapport sur les refuges de montagne que j'avais confié à l'Inspection Générale du Tourisme préconise un certain nombre d'adaptations réglementaires. Il sera prochainement diffusé. Je vais saisir mes collègues pour que le projet de décret qui redéfinira la notion et les caractéristiques de ces refuges soit rapidement pris.
Enfin, le thermalisme est un facteur important du développement de vos stations. C'est pourquoi, en liaison avec la DATAR, j'ai poursuivi en 2000 l'action engagée en 99 pour aider 11 stations supplémentaires à élaborer des diagnostics de leurs activités et de leurs équipements.
Vous avez, je le sais, des attentes fortes à l'égard de Maison de la France pour la promotion de la destination montagne. Je rappelle d'ailleurs que Maison de la France y consacre annuellement un budget de 10 MF.
Sur cet objectif, mon ministère soutient depuis longtemps, et continuera de soutenir, l'action des professionnels. Ainsi, à la suite des tempêtes, une campagne de promotion va être lancée dans le cadre des mesures décidées par le gouvernement pour revaloriser la destination France en termes de tourisme vert, tourisme de nature et tourisme de pays. Cette campagne exceptionnelle de communication, menée en partenariat avec les régions touchées, valorisera la notion de terroir et bénéficiera particulièrement aux massifs pyrénéens et vosgiens
En ce qui concerne maintenant les travailleurs saisonniers du tourisme,
j'ai engagé, vous le savez, un important travail interministériel avec mes collègues de l'Emploi et de la Solidarité, du Logement, des Transports, qui a permis le 9 février 2000, d'annoncer un plan d'action en 15 mesures relatives aux droits sociaux et au logement.
A Ax, vous aviez vous-mêmes souhaité, alors que le rapport de Monsieur LE PORS venait de m'être remis, apporter votre contribution. Je vous en remercie et tient à souligner l'apport précieux du groupe que vous avez constitué à cet effet.
En un an, de réelles avancées ont été enregistrées.
En matière d'accès au logement - et Louis Besson va vous en parler - le Gouvernement a travaillé pour adapter les aides personnelles au logement à la situation des salariés - ce qu'on appelle l'aide à la personne -, et pour mettre en uvre des mesures d'aide à la construction ou à la réhabilitation de 6000 logements, grâce à un partenariat avec les collectivités locales, - c'est-à-dire l'aide à la pierre.
Pour ce qui concerne les droits sociaux, la loi sur la réduction du temps de travail a permis de réintroduire le contrat de travail intermittent. Je souhaite que les branches professionnelles puissent utiliser cette disposition pour fidéliser leurs salariés, en même temps qu'elle peut permettre aux salariés de stabiliser leur emploi.
Des actions concrètes ont été mis en uvre, en particulier l'édition d'un guide des saisonniers à plus de 150 000 exemplaires. La mise en place de maison des saisonniers a démarré, par exemple à Serre Chevalier ou dans les Gorges de l'Ardèche. Je pense aussi à la représentation de ces salariés qu'il convient d'organiser, notamment à travers la mise en place de délégués de sites - le premier a été installé cet hiver à Courchevel. Quant à la sécurisation de l'emploi des saisonniers, les échanges entre sites, à l'instar de ce qui se fait entre la Savoie et le Morbihan, peuvent y contribuer. Et, concernant leur formation, j'ai, le 26 janvier dernier, avec Nicole PERY, signé en région PACA un protocole d'accord visant à la développer Enfin, la validation des acquis et la reconnaissance des qualifications sont actuellement en débat au Parlement dans le cadre de la loi de modernisation sociale.
Aujourd'hui plus de 20 départements sont engagés dans une dynamique de terrain qui associe État, collectivités locales et territoriales, syndicats de salariés, organisations professionnelles.
J'ajoute qu'en même temps, les partenaires sociaux ne sont pas restés inactifs La convention UNEDIC pérennise et élargit l'indemnisation chômage des salariés saisonniers. Un accord, dont je me félicite, a été conclu dans le secteur des remontées mécaniques : il prévoit pour la première fois un dispositif d'indemnisation des salariés en cas d'absence de neige. Il appartient maintenant aux partenaires sociaux, avec l'appui des pouvoirs publics, de définir le niveau de cotisations et de prestations qui permette de faire vivre effectivement cet accord.
Pour autant tout n'est pas résolu et j'entends poursuivre mon action avec vous, pour faire en sorte que la situation des salariés saisonniers s'améliore durablement.
Toutes les mesures dont je viens de parler, aussi bénéfiques soient-elles, ne saurait suffire à garantir l'avenir, puisque nous devons en même temps relever le défi du renouvellement de nos clientèles. Et les clients de demain, ce sont les jeunes d'aujourd'hui.
Nous connaissons tous ici le rôle déterminant joué par les vacances des enfants et des jeunes dans le développement touristique de la montagne. Les classes de neige, les centres de vacances, le tourisme social et associatif, ont, depuis 50 ans, fait découvrir et aimer la montagne à des générations entières.
Or, il faut le constater, nos montagnes attirent moins les jeunes qu'auparavant, comme le montrent différentes études, notamment sur la fréquentation des moins de 25 ans : seulement 9% des 15-25 ans sont partis aux sports d'hiver lors de la saison 98/99 alors qu'ils étaient 11% en 94/95.
Cette tendance a plusieurs causes : évolution de la demande de loisirs, coût trop important pour les familles, baisse d'attractivité des sports classiques de glisse, inadaptation de certaines stations pour l'accueil des groupes, recul des classes de neige, etc. Ces raisons sont accentuées par une pyramide d'âge actuellement défavorable.
Cependant, une sensibilisation certaine à ce problème est notable depuis deux ou trois ans. J'entends, avec mes collègues de l'Education Nationale et de la Jeunesse et des Sports, avec les collectivités locales qui s'y engagent, avec les professionnels et les associations, travailler activement pour inverser cette tendance.
Concernant les classes de découverte, le rapport que j'avais demandé au CNT établit une série de propositions pertinentes. Une concertation entre toutes les parties prenantes, administration, parents d'élèves, associations, collectivités locales doit maintenant s'engager pour définir des actions concrètes. Je vais m'y employer.
Concernant les centres de vacances - nos anciennes colonies de vacances -, Marie-Georges BUFFET a engagé, vous le savez, d'importants travaux de fond qui doivent se concrétiser cette année.
Pour ma part, à travers le soutien au tourisme social et associatif, avec les mesures intégrées désormais aux contrats de plan, le plan patrimoine, ou encore la prochaine campagne de communication, mon Ministère appuie la requalification des équipements qui reçoivent classes et centres de vacances.
Les adolescents et les jeunes adultes, qui aspirent avant tout à l'autonomie, doivent pouvoir trouver leur place dans ce temps des vacances qui rythme la vie de la collectivité. Les chiffres que j'ai cités montrent qu'il est impératif de repenser et de créer une offre de produits montagne qui répondent à la demande des jeunes. D'ores et déjà, certaines stations s'y emploient.
Une récente étude de l'AFIT et du SEATM montre que, comme les adultes, les jeunes s'orientent vers un tourisme de qualité, avec leurs propres valeurs de découverte et de convivialité. Ce sont ces valeurs et ces pratiques qui en découlent qu'il faut analyser et satisfaire.
C'est dans cet esprit que j'envisage une saisine du Conseil Economique et Social sur le tourisme des 15-25 ans.
J'attends de tous ces travaux qu'ils permettent la mise en valeur d'innovations et d'expérimentations, et surtout une efficacité accrue et une meilleure cohérence des actions en faveur du tourisme des jeunes.
Comme vous le voyez, beaucoup de choses ont été faites depuis Ax-les-Thermes et beaucoup d'autres sont encore en devenir.
Je souhaite vivement que toutes ces pistes de travail, auxquels vous avez été et continuerez à être associés, se mettent rapidement et concrètement en place.
Le tourisme en montagne me semble être un champ d'application privilégié d'un type de développement qui associe économie et création d'emplois, préservation du patrimoine et droit aux vacances pour tous, ce qu'on appelle désormais un tourisme durable et auquel, avec Dominique VOYNET et, je le sais, avec vous tous, je suis très attachée.
La France, première destination touristique au monde, et pour laquelle la montagne joue un rôle essentiel, a, de par sa culture et son rayonnement, vocation naturelle et intérêt, à poursuivre et accentuer ce modèle de développement. J'ai coutume de dire qu'il n'y a pas de politique sans valeurs : à travers le développement d'un tourisme durable, c'est une politique exemplaire de la montagne que nous portons tous ensemble.
Je vous remercie.
(Source http://www.equipement.gouv.fr, le 12 février 2001)