Texte intégral
Q- N'avons-nous pas trop cédé aux Allemands dans EADS ? Ils ont le contrôle opérationnel d'Airbus, ils ont la mainmise. "Gallois est pris en tenailles", disent les médias outre-Rhin ?
R- Non, pas du tout. Je pense que personne n'a cédé à personne. Je pense que c'est un dialogue entre pays, qu'A. Merkel et N. Sarkozy ont sorti EADS du problème de gouvernance dans lequel était EADS, il fallait en sortir. L. Gallois a la présidence, enfin la mainmise, la direction d'EADS, pendant quatre ans. Et puis il y aura, je crois, une alternance, c'est ce qu'il fallait faire. Il fallait clarifier la gouvernance. Une entreprise, c'est d'abord évidemment, des hommes et des femmes qui la gouvernent. Les Etats devaient s'entendre là-dessus, c'est ce qu'ont très bien N. Sarkozy et A. Merkel.
Q- Etes-vous en mesure de rassurer les syndicats ? Le Plan Power8 ne se fera pas au détriment des sites industriels en France parce qu'un Allemand dirige Airbus ?
R- Non, je crois que N. Sarkozy l'a dit à A. Merkel aussi, c'est une logique industrielle, c'est une logique économique, il y a un rapport entre les deux pays et une répartition des éléments économiques, enfin de la production économique, et donc cela se fera dans les équipes qui ont déjà été trouvées.
Q- Vous planchez ce matin devant le Conseil supérieur de la fonction publique, c'est l'une de vos attributions, la fonction publique. Confirmez-vous que, 30 à 40.000 postes de fonctionnaires seront supprimés sur l'année 2008 ?
R- Je confirme - d'abord, là, c'est une vision un peu chiffrée des choses mais je confirme - que nous allons faire le non remplacement d'un fonctionnaire partant en retraite du deux...
Q- Le calcul est vite fait : ça fait 40.000...
R- Oui, le calcul est vite fait. C'était un engagement très fort du président de la République, non pas parce qu'il fallait absolument faire un fonctionnaire sur deux, parce que le volume d'emploi de la fonction publique d'Etat est aujourd'hui probablement trop important par rapport à beaucoup d'autres pays. En plus, il y a beaucoup de fonctionnaires qui partent en retraite dans les années qui viennent, donc il faut d'une certaine façon utiliser cela pour faire en sorte qu'il y ait un non remplacement. Quand vous embauchez quelqu'un aujourd'hui, un fonctionnaire à 30 ans, vous le payez pendant une cinquantaine d'années, avec les pensions. Donc, il faut se poser ce type de question, et en même temps revaloriser le métier même de fonctionnaire. C'est comme cela qu'il faut voir les choses.
Q- Alors quand on y regarde de près, le Conseil supérieur dans son rapport le dit clairement : la fonction publique, le nombre de fonctionnaires, continue à augmenter malgré le non remplacement des retraités, parce qu'il y a l'hôpital, et parce qu'il y a aussi les collectivités locales. Visez-vous aussi un coup d'arrêt au recrutement dans ces deux sens ?
R- Oui, quand on parle de fonctionnaires, c'est vrai qu'il faut dire à nos auditeurs qu'il y a la fonction publique d'Etat, il y a la fonction publique hospitalière, et dans les collectivités locales. C'est surtout la fonction publique d'ailleurs des collectivités locales qui a beaucoup augmenté ses effectifs dans les années passées, même si la fonction publique d'Etat a continué jusqu'à il y a quatre ans où cela a commencé à diminuer, à augmenter un peu ses effectifs. Donc, il faut faire en sorte que la fonction publique d'Etat, uniquement d'Etat, puisse se réduire en volume, par le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, et qu'il y ait une meilleure prise en compte des responsabilités des fonctionnaires ; que leur travail soit valorisé, que leur pouvoir d'achat soit amélioré. C'est tout cela dont nous devons discuter. En ce qui concerne la fonction publique hospitalière, nous n'appliquons pas cette règle. D'abord, l'hôpital souffre énormément des 35 heures, il y a des problèmes énormes de personnels. Evidemment, l'idée n'est pas de réduire le nombre de personnels dans les hôpitaux.
Q- Non, mais on voit bien que les heures supplémentaires sont faites, les RTT ne sont pas prises, les congés son accumulés, les comptes épargne-temps explosent. Faut-il à un moment purger à l'hôpital tout cet acquis des RTT, des 35 heures ?
R- Les 35 heures ont vraiment mis la pagaille à l'hôpital, on est nombreux à le dire, il suffit d'aller dans les hôpitaux pour le constater. Donc, il y a des comptes épargne temps, c'est-à-dire qu'il y a deux choses : il y a, d'un côté des heures supplémentaires, de l'autre, il y a des stocks, c'est-à-dire, que des gens ont mis des heures et des journées de RTT dans ces comptes épargne-temps. Le président de la République et R. Bachelot s'en sont émus, il faut qu'on regarde cela de près. En tout cas, on ne peut pas laisser les choses en l'état. Et puis, il y a tout ce qui concerne dans la fonction publique, les heures supplémentaires, c'est un autre débat, et nous avons dit - F. Fillon, le président de la République également - nous avons dit qu'en ce qui concerne les heures supplémentaires, au fur et à mesure du temps, on va laisser les fonctionnaires pouvoir bénéficier du même système que dans le secteur privé, c'est-à-dire non imposition sur le revenu, pas de cotisations sociales sur les heures supplémentaires faites. On va privilégier les heures supplémentaires dans la fonction publique d'une façon générale. Mais vous savez, il y a déjà en ce moment, à peu près plus d'un milliard d'euros dans la fonction publique d'Etat sur des heures supplémentaires, la majeure partie étant dans l'Education nationale.
Q- Aujourd'hui, avec A. Santini, allez-vous ouvrir avec les syndicats une négociation sur les salaires des fonctionnaires ?
R- On va ouvrir une série de négociations, de lieux de discussions plutôt que de négociations, on a toujours l'impression que la négociation c'est les uns contre les autres. Il faut qu'on discute avec la fonction publique, avec les fonctionnaires, il faut qu'on ait des lieux pour cela, et qu'on prenne le temps pour cela. Et je propose avec A. Santini, un certain nombre de conférences, de cycles de discussions à partir de la rentrée. Le Premier ministre d'ailleurs a appuyé un de ces cycles d'une façon très forte sur les valeurs de la fonction publique. Qu'est-ce qui fait que, lorsque vous choisissez quand vous êtes jeune d'entrer dans la fonction publique, c'est un peu différent que si vous rentriez dans le secteur privé ? Il y a un engagement personnel derrière cela : on est au service du public. Donc, comment essayer de retoiletter l'ensemble ces valeurs qui conduisent un fonctionnaire à être fier de son métier. Et puis, une conférence sur le pouvoir d'achat, parce que c'est très important qu'il y ait conférence sur le dialogue social. Il faut moderniser le dialogue social, qui, à mon avis aujourd'hui est arrivé au bout, est à bout de souffle.
Q- Pour amorcer ces conférences, est-ce que ce ne serait pas un bon signe de revaloriser le point d'indice des fonctionnaires ?
R- Je crois que ce serait assez prendre les choses du mauvais côté. Il faut qu'on parte du pouvoir d'achat, d'une manière générale. Le point d'indice, qui est d'ailleurs une sorte de revalorisation généralisée des traitements des salariés, n'est sûrement pas la bonne clé d'entrée. Il y a d'autres éléments. Le pouvoir d'achat, c'est quelque chose de beaucoup plus vaste. Il y a le point d'indice, il y a la révision générale en fonction de votre expérience et de votre vieillesse, on appelle cela "le GVT" - "le glissement vieillesse technicité" -, il y a les mesures catégorielles, il y a les primes, il y a tout cela. Il faut regarder tout cela dans son ensemble, c'est cela qui fait aujourd'hui la feuille de paye d'un fonctionnaire, il faut en parler.
Q- La Caisse nationale d'assurance maladie examine jeudi des pistes d'économies. Les franchises sont-elles une réalité inévitable ?
R- Le président de la République l'a dit à plusieurs reprises, cela a souvent été confirmé. R. Bachelot travaille là-dessus avec moi, avec M. Hirsch. Nous allons mettre en place un système de franchises, c'est-à-dire de responsabilisation plus forte à la consommation des soins, c'était aussi dans la campagne présidentielle un point très fort. Il faut un système de franchises, juste, équilibré. Mais il faut d'une certaine façon mieux réguler les dépenses d'assurance maladie. Il faut aussi, ouvrir l'assurance maladie à d'autres dépenses. Il y a des risques qui ne sont pas suffisamment pris en compte. Je pense à la vieillesse, à l'Alzheimer, etc. Il y a des risques qui ne sont pas suffisamment pris en compte, donc il faut d'autres sources permettant de prendre en compte ces nouveaux risques.
Q- En échange du bouclier fiscal - personne ne paiera plus de 50 % de ses revenus en impôts - est-ce qu'il faut un impôt minimal pour que personne n'échappe à l'impôt ?
R- C'est un débat, je crois que C. Lagarde a eu ce débat...
Q- Vous êtes plutôt pour, vous ?
R- Ecoutez, je ne sais pas, je pense que la question peut se poser. Il y a notamment le problème des "niches fiscales", il y a beaucoup, beaucoup de "niches fiscales", des centaines de "niches fiscales" qui touchent des catégories de populations au fur et à mesure. C'est très difficile de regarder niche par niche...
Q- Il faut mettre à plat les Finances publiques.
R- ...Certains ont déjà essayé, donc c'est assez compliqué. Donc, il faut plutôt regarder s'il n'y a pas une possibilité de voir cela d'une façon générale. C'est une piste. N. Sarkozy nous a appelés à revoir la fiscalité, et c'est une piste qui doit être évidemment regardée, comme d'autres. Voilà. Le Gouvernement va y réfléchir, C. Lagarde va y réfléchir.
Q- 3 % de croissance, c'est ce qui est nécessaire, selon vous, pour qu'en 2010, la France soit à l'équilibre budgétaire.
R- Je n'ai pas dit cela exactement, mais dans le feu des débats parlementaires, j'ai dit que nous avions essayé de caler les dépenses publiques sur une croissance de 2,25. Et qu'au-delà de 2,25, tout ce qui était au-delà de 2,25, compte tenu du fait que nous avions très précisément calé la dépense publique, c'est-à-dire réduit la dépense publique à peu près de moitié par rapport au rythme de la dépense publique d'aujourd'hui, qu'au-delà de 2,25 % de croissance, nous serions au rendez-vous de l'équilibre et au rendez-vous du désendettement plus vite, donc avant 2012. Si c'est 3 %, c'est d'autant plus facile. Mais 2,50, cela facilite aussi les choses. Donc, au delà de 2,25.
Q- Qu'allez-vous privatiser pour remettre de l'argent dans les caisses ?
R- Je n'ai pas d'éléments à vous indiquer. Nous avons toujours un flux de privatisations dans le budget de l'Etat...
Q- EDF c'est le moment, c'est un peu cher ?
R- Oui, EDF vaut cher, mais d'autres pistes peuvent être explorées, je ne vais pas m'exprimer sur telle ou telle entreprise. Il y a dans le budget de l'Etat à peu près un volant de 8 milliards d'euros de privatisations en 2007 ; en 2008, nous verrons. Donc, c'est assez naturel, à un moment donné, de regarder en termes de dettes. L'Etat est à la fois endetté, c'est une situation patrimonial, de l'autre, il a un patrimoine important, dans lequel il y a de l'immobilier, mais dans lequel il y a aussi des participations financières. Il faut jongler, jouer sur les deux tableaux pour désendetter plus vite l'Etat.
Q- Est-il bon que le "Président de tous les Français" reste le chef de l'UMP, parle aux cadres de l'UMP demain ? Est-il bon que le trésorier de l'UMP, vous, vous soyez aussi le ministre des Comptes publics ?
R- Le président de la République n'est pas le chef de l'UMP. Par nature, il ne peut pas être insensible à la... enfin il y a une majorité qui s'appelle "une majorité présidentielle", et cette majorité présidentielle d'ailleurs, ouverte aujourd'hui, bien au-delà de l'UMP avec le Nouveau Centre, mais aussi avec ce formidable mouvement d'ouverture de la société française. Donc, il est assez naturel que le président de la République ne se désintéresse pas de la vie politique et des partis politiques. D'ailleurs, aucun président de la République, que ce soit le général de Gaulle, pour aller chercher très loin, ou même F. Mitterrand, ne se désintéressait de cela.
Q- Et vous, vous resterez trésorier de l'UMP ?
R- Je reste le trésorier de l'UMP, parce que c'est une fonction très... C'est une fonction
de responsabilité dans un parti politique. Il est normal qu'un ministre qui est
responsable politique, occupe des fonctions dans un parti politique.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 juillet 2007
R- Non, pas du tout. Je pense que personne n'a cédé à personne. Je pense que c'est un dialogue entre pays, qu'A. Merkel et N. Sarkozy ont sorti EADS du problème de gouvernance dans lequel était EADS, il fallait en sortir. L. Gallois a la présidence, enfin la mainmise, la direction d'EADS, pendant quatre ans. Et puis il y aura, je crois, une alternance, c'est ce qu'il fallait faire. Il fallait clarifier la gouvernance. Une entreprise, c'est d'abord évidemment, des hommes et des femmes qui la gouvernent. Les Etats devaient s'entendre là-dessus, c'est ce qu'ont très bien N. Sarkozy et A. Merkel.
Q- Etes-vous en mesure de rassurer les syndicats ? Le Plan Power8 ne se fera pas au détriment des sites industriels en France parce qu'un Allemand dirige Airbus ?
R- Non, je crois que N. Sarkozy l'a dit à A. Merkel aussi, c'est une logique industrielle, c'est une logique économique, il y a un rapport entre les deux pays et une répartition des éléments économiques, enfin de la production économique, et donc cela se fera dans les équipes qui ont déjà été trouvées.
Q- Vous planchez ce matin devant le Conseil supérieur de la fonction publique, c'est l'une de vos attributions, la fonction publique. Confirmez-vous que, 30 à 40.000 postes de fonctionnaires seront supprimés sur l'année 2008 ?
R- Je confirme - d'abord, là, c'est une vision un peu chiffrée des choses mais je confirme - que nous allons faire le non remplacement d'un fonctionnaire partant en retraite du deux...
Q- Le calcul est vite fait : ça fait 40.000...
R- Oui, le calcul est vite fait. C'était un engagement très fort du président de la République, non pas parce qu'il fallait absolument faire un fonctionnaire sur deux, parce que le volume d'emploi de la fonction publique d'Etat est aujourd'hui probablement trop important par rapport à beaucoup d'autres pays. En plus, il y a beaucoup de fonctionnaires qui partent en retraite dans les années qui viennent, donc il faut d'une certaine façon utiliser cela pour faire en sorte qu'il y ait un non remplacement. Quand vous embauchez quelqu'un aujourd'hui, un fonctionnaire à 30 ans, vous le payez pendant une cinquantaine d'années, avec les pensions. Donc, il faut se poser ce type de question, et en même temps revaloriser le métier même de fonctionnaire. C'est comme cela qu'il faut voir les choses.
Q- Alors quand on y regarde de près, le Conseil supérieur dans son rapport le dit clairement : la fonction publique, le nombre de fonctionnaires, continue à augmenter malgré le non remplacement des retraités, parce qu'il y a l'hôpital, et parce qu'il y a aussi les collectivités locales. Visez-vous aussi un coup d'arrêt au recrutement dans ces deux sens ?
R- Oui, quand on parle de fonctionnaires, c'est vrai qu'il faut dire à nos auditeurs qu'il y a la fonction publique d'Etat, il y a la fonction publique hospitalière, et dans les collectivités locales. C'est surtout la fonction publique d'ailleurs des collectivités locales qui a beaucoup augmenté ses effectifs dans les années passées, même si la fonction publique d'Etat a continué jusqu'à il y a quatre ans où cela a commencé à diminuer, à augmenter un peu ses effectifs. Donc, il faut faire en sorte que la fonction publique d'Etat, uniquement d'Etat, puisse se réduire en volume, par le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, et qu'il y ait une meilleure prise en compte des responsabilités des fonctionnaires ; que leur travail soit valorisé, que leur pouvoir d'achat soit amélioré. C'est tout cela dont nous devons discuter. En ce qui concerne la fonction publique hospitalière, nous n'appliquons pas cette règle. D'abord, l'hôpital souffre énormément des 35 heures, il y a des problèmes énormes de personnels. Evidemment, l'idée n'est pas de réduire le nombre de personnels dans les hôpitaux.
Q- Non, mais on voit bien que les heures supplémentaires sont faites, les RTT ne sont pas prises, les congés son accumulés, les comptes épargne-temps explosent. Faut-il à un moment purger à l'hôpital tout cet acquis des RTT, des 35 heures ?
R- Les 35 heures ont vraiment mis la pagaille à l'hôpital, on est nombreux à le dire, il suffit d'aller dans les hôpitaux pour le constater. Donc, il y a des comptes épargne temps, c'est-à-dire qu'il y a deux choses : il y a, d'un côté des heures supplémentaires, de l'autre, il y a des stocks, c'est-à-dire, que des gens ont mis des heures et des journées de RTT dans ces comptes épargne-temps. Le président de la République et R. Bachelot s'en sont émus, il faut qu'on regarde cela de près. En tout cas, on ne peut pas laisser les choses en l'état. Et puis, il y a tout ce qui concerne dans la fonction publique, les heures supplémentaires, c'est un autre débat, et nous avons dit - F. Fillon, le président de la République également - nous avons dit qu'en ce qui concerne les heures supplémentaires, au fur et à mesure du temps, on va laisser les fonctionnaires pouvoir bénéficier du même système que dans le secteur privé, c'est-à-dire non imposition sur le revenu, pas de cotisations sociales sur les heures supplémentaires faites. On va privilégier les heures supplémentaires dans la fonction publique d'une façon générale. Mais vous savez, il y a déjà en ce moment, à peu près plus d'un milliard d'euros dans la fonction publique d'Etat sur des heures supplémentaires, la majeure partie étant dans l'Education nationale.
Q- Aujourd'hui, avec A. Santini, allez-vous ouvrir avec les syndicats une négociation sur les salaires des fonctionnaires ?
R- On va ouvrir une série de négociations, de lieux de discussions plutôt que de négociations, on a toujours l'impression que la négociation c'est les uns contre les autres. Il faut qu'on discute avec la fonction publique, avec les fonctionnaires, il faut qu'on ait des lieux pour cela, et qu'on prenne le temps pour cela. Et je propose avec A. Santini, un certain nombre de conférences, de cycles de discussions à partir de la rentrée. Le Premier ministre d'ailleurs a appuyé un de ces cycles d'une façon très forte sur les valeurs de la fonction publique. Qu'est-ce qui fait que, lorsque vous choisissez quand vous êtes jeune d'entrer dans la fonction publique, c'est un peu différent que si vous rentriez dans le secteur privé ? Il y a un engagement personnel derrière cela : on est au service du public. Donc, comment essayer de retoiletter l'ensemble ces valeurs qui conduisent un fonctionnaire à être fier de son métier. Et puis, une conférence sur le pouvoir d'achat, parce que c'est très important qu'il y ait conférence sur le dialogue social. Il faut moderniser le dialogue social, qui, à mon avis aujourd'hui est arrivé au bout, est à bout de souffle.
Q- Pour amorcer ces conférences, est-ce que ce ne serait pas un bon signe de revaloriser le point d'indice des fonctionnaires ?
R- Je crois que ce serait assez prendre les choses du mauvais côté. Il faut qu'on parte du pouvoir d'achat, d'une manière générale. Le point d'indice, qui est d'ailleurs une sorte de revalorisation généralisée des traitements des salariés, n'est sûrement pas la bonne clé d'entrée. Il y a d'autres éléments. Le pouvoir d'achat, c'est quelque chose de beaucoup plus vaste. Il y a le point d'indice, il y a la révision générale en fonction de votre expérience et de votre vieillesse, on appelle cela "le GVT" - "le glissement vieillesse technicité" -, il y a les mesures catégorielles, il y a les primes, il y a tout cela. Il faut regarder tout cela dans son ensemble, c'est cela qui fait aujourd'hui la feuille de paye d'un fonctionnaire, il faut en parler.
Q- La Caisse nationale d'assurance maladie examine jeudi des pistes d'économies. Les franchises sont-elles une réalité inévitable ?
R- Le président de la République l'a dit à plusieurs reprises, cela a souvent été confirmé. R. Bachelot travaille là-dessus avec moi, avec M. Hirsch. Nous allons mettre en place un système de franchises, c'est-à-dire de responsabilisation plus forte à la consommation des soins, c'était aussi dans la campagne présidentielle un point très fort. Il faut un système de franchises, juste, équilibré. Mais il faut d'une certaine façon mieux réguler les dépenses d'assurance maladie. Il faut aussi, ouvrir l'assurance maladie à d'autres dépenses. Il y a des risques qui ne sont pas suffisamment pris en compte. Je pense à la vieillesse, à l'Alzheimer, etc. Il y a des risques qui ne sont pas suffisamment pris en compte, donc il faut d'autres sources permettant de prendre en compte ces nouveaux risques.
Q- En échange du bouclier fiscal - personne ne paiera plus de 50 % de ses revenus en impôts - est-ce qu'il faut un impôt minimal pour que personne n'échappe à l'impôt ?
R- C'est un débat, je crois que C. Lagarde a eu ce débat...
Q- Vous êtes plutôt pour, vous ?
R- Ecoutez, je ne sais pas, je pense que la question peut se poser. Il y a notamment le problème des "niches fiscales", il y a beaucoup, beaucoup de "niches fiscales", des centaines de "niches fiscales" qui touchent des catégories de populations au fur et à mesure. C'est très difficile de regarder niche par niche...
Q- Il faut mettre à plat les Finances publiques.
R- ...Certains ont déjà essayé, donc c'est assez compliqué. Donc, il faut plutôt regarder s'il n'y a pas une possibilité de voir cela d'une façon générale. C'est une piste. N. Sarkozy nous a appelés à revoir la fiscalité, et c'est une piste qui doit être évidemment regardée, comme d'autres. Voilà. Le Gouvernement va y réfléchir, C. Lagarde va y réfléchir.
Q- 3 % de croissance, c'est ce qui est nécessaire, selon vous, pour qu'en 2010, la France soit à l'équilibre budgétaire.
R- Je n'ai pas dit cela exactement, mais dans le feu des débats parlementaires, j'ai dit que nous avions essayé de caler les dépenses publiques sur une croissance de 2,25. Et qu'au-delà de 2,25, tout ce qui était au-delà de 2,25, compte tenu du fait que nous avions très précisément calé la dépense publique, c'est-à-dire réduit la dépense publique à peu près de moitié par rapport au rythme de la dépense publique d'aujourd'hui, qu'au-delà de 2,25 % de croissance, nous serions au rendez-vous de l'équilibre et au rendez-vous du désendettement plus vite, donc avant 2012. Si c'est 3 %, c'est d'autant plus facile. Mais 2,50, cela facilite aussi les choses. Donc, au delà de 2,25.
Q- Qu'allez-vous privatiser pour remettre de l'argent dans les caisses ?
R- Je n'ai pas d'éléments à vous indiquer. Nous avons toujours un flux de privatisations dans le budget de l'Etat...
Q- EDF c'est le moment, c'est un peu cher ?
R- Oui, EDF vaut cher, mais d'autres pistes peuvent être explorées, je ne vais pas m'exprimer sur telle ou telle entreprise. Il y a dans le budget de l'Etat à peu près un volant de 8 milliards d'euros de privatisations en 2007 ; en 2008, nous verrons. Donc, c'est assez naturel, à un moment donné, de regarder en termes de dettes. L'Etat est à la fois endetté, c'est une situation patrimonial, de l'autre, il a un patrimoine important, dans lequel il y a de l'immobilier, mais dans lequel il y a aussi des participations financières. Il faut jongler, jouer sur les deux tableaux pour désendetter plus vite l'Etat.
Q- Est-il bon que le "Président de tous les Français" reste le chef de l'UMP, parle aux cadres de l'UMP demain ? Est-il bon que le trésorier de l'UMP, vous, vous soyez aussi le ministre des Comptes publics ?
R- Le président de la République n'est pas le chef de l'UMP. Par nature, il ne peut pas être insensible à la... enfin il y a une majorité qui s'appelle "une majorité présidentielle", et cette majorité présidentielle d'ailleurs, ouverte aujourd'hui, bien au-delà de l'UMP avec le Nouveau Centre, mais aussi avec ce formidable mouvement d'ouverture de la société française. Donc, il est assez naturel que le président de la République ne se désintéresse pas de la vie politique et des partis politiques. D'ailleurs, aucun président de la République, que ce soit le général de Gaulle, pour aller chercher très loin, ou même F. Mitterrand, ne se désintéressait de cela.
Q- Et vous, vous resterez trésorier de l'UMP ?
R- Je reste le trésorier de l'UMP, parce que c'est une fonction très... C'est une fonction
de responsabilité dans un parti politique. Il est normal qu'un ministre qui est
responsable politique, occupe des fonctions dans un parti politique.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 juillet 2007