Interview de M. Christian Estrosi, secrétaire d'Etat chargé de l'outre-mer, dans "Le Quotidien de La Réunion" du 27 juin 2007, sur les orientations de la politique du gouvernement en faveur de l'outre-mer.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Texte intégral

Le Quotidien : Dans quel état d'esprit arrivez-vous en tant que secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer ?
Christian Estrosi : C'est pour moi un honneur. Ces territoires de France, j'y vouais déjà un attachement et un intérêt lorsque j'étais ministre délégué à l'aménagement et du territoire. C'est un peu le prolongement de ce que j'avais initié dans certains domaines, en particulier les pôles de compétitivité. C'est une administration de très grande qualité, en termes de ressources humaines avec une grande diversité : économique, social, sécurité, SMA. Je souhaite d'ailleurs donner une dimension plus forte au service militaire adapté, les quotas sont trop limités... Je suis en phase d'installation. Je souhaite me rendre sur chaque territoire d'ici la fin de l'été. Mon premier déplacement s'effectuera dans la zone Pacifique, puis la Réunion fin juillet que je connais déjà pour y être allé en vacances.
Le Quotidien : Quelle est votre vision de l'outre-mer ?
Christian Estrosi : Chaque territoire a sa spécificité. Avant, nous parlions systématiquement de l'outre-mer. Moi, je veux parler des outre-mers. Je veux m'adresser à chacun individuellement, je veux une politique où la valeur humaine et territoriale de chacun soit reconnue. C'est déjà difficile de tenir le même langage aux bretons, savoyards, corréziens, alors, que dire des ultra-marins qui ont des histoires, des traditions, des cultures si différentes ! Bien sûr, cela demande beaucoup d'efforts, de proximité, j'en ai conscience.
Le Quotidien : Que peuvent apporter ces outre-mers à la France ?
Christian Estrosi : Ces territoires sont à proximité des grandes nations, il faut les considérer comme des bases avancées de la France. Ils doivent porter la voix de la France dans leurs relations régionales. Ces territoires se sentiront beaucoup plus français s'ils portent la voix de la France et le revendiquer.
Dans la pharmacologie et les énergies renouvelables, par exemple, il y a beaucoup à faire. La France dispose grâce aux Dom-Tom une pharmacopée qui peut produire toutes les molécules pour les médicaments du XXIè siècle.
Jean-Louis Borloo m'a confié une mission complémentaire : une action sur la mer. C'est une première pour un secrétariat d'Etat à l'outre-mer qui, par ailleurs, conserve le même périmètre que le ministère de l'outre-mer. Des moyens seront mis à disposition sur la biodiversité, les énergies liées aux ressources marines, les risques...
Le Quotidien : Quelles sont vos priorités ?
Christian Estrosi : D'ici une dizaine de jours, je dois remettre ma copie afin de mettre en oeuvre un texte de loi sur les zones franches globales. Je souhaite que les premières dispositions soient applicables au budget 2008. Concernant la continuité territoriale, je souhaite une révision du cahier des charges des OSP (obligations de service public) pour ouvrir la concurrence sur certaines périodes de l'année. J'engage des consultations avec les compagnies aériennes sur ce sujet dès la semaine prochaine. J'espère du concret sur ce dossier d'ici la fin de l'année. J'entends aussi oeuvrer en matière de logement social pour à la fois produire des logements et réhabiliter du logement insalubre. J'étudie comment assurer la mixité entre le locatif et l'accession à la propriété. Nicolas Sarkozy a exprimé clairement sa volonté de faire de la France un pays de propriétaires. Ca s'applique aussi à la France de l'outre-mer ! Nous réfléchissons à des nouvelles dispositions fiscales avec une réorientation à deux niveaux : incitation à la construction et incitation à la réhabilitation pour les propriétaires privés. On peut imaginer qu'avec une remise aux normes des logements par les propriétaires, des opportunités de défiscaliscation seraient possibles. En outre, je souhaite que l'on obtienne un statut qui permette d'obtenir la TNT dans l'ensemble des Dom-Tom. Les ultra-marins paient la redevance audiovisuelle comme les autres, ils ont droit aux mêmes prestations...
Le Quotidien : Quel est votre dessein pour ces territoires d'outre-mer ?
Christian Estrosi : Il s'agit de faire en sorte que chacun de ces citoyens de chaque territoire de la France d'outre-mer aime la France et se sente aimé par la France, qu'il ait le sentiment que l'on ait réussi à créer une égalité des chances. Il faut aussi que ces territoires puissent vivre de leur richesse produite et apporter leur contribution à la richesse nationale. Pourquoi les industries de pointe seraient uniquement en métropole ? Pourquoi les industries de services ne seraient pas présentes dans les Dom-Tom ? Il y a un grand problème d'insalubrité, d'espace et de qualité de construction adapté au climat de l'outre-mer. Je souhaite mettre en place un pôle de compétitivité sur l'habitat qui apporte des solutions concrètes à ces problèmes. J'ai mis en place 66 pôles de compétitivité, il y en a un demi à la Réunion avec Qualitropic. Ce n'est pas suffisant !
Propos recueillis par M.Asource http://www.outre-mer.gouv.fr, le 13 juillet 2007