Interview de M. André Santini, secrétaire d'Etat chargé de la fonction publique, à "iTélé" le 3 août 2007, sur la préparation de conférences-débats avec les syndicats de la fonction publique pour réformer l'administration.

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Média : Itélé

Texte intégral

A. Caron Il fait partie de ces nombreux députés UDF qui ont choisi de lâcher F. Bayrou pour soutenir N. Sarkozy, mais lui c'était plusieurs mois avant les autres. Un engagement qui a été récompensé puisqu'il a obtenu le portefeuille le secrétaire d'Etat auprès du ministre chargé de la Fonction publique. En tant que membre du gouvernement, il est donc censé être en vacances, mais ce n'est pas le cas, comme il va nous l'expliquer tout de suite. A. Santini, bonjour, et merci d'être avec nous. Salut. Je le disais, vous devriez être en vacances puisque le Gouvernement est en vacances, mais ce n'est pas votre cas.

R.- Non !

Q.- Vous assurez l'intérim de votre ministère.

R.- Voilà. Alors, je suis corse, donc je travaille beaucoup, contrairement à la légende, et en plus je n'aime pas les vacances parce que je m'ennuie.

Q.- Vous le dites d'ailleurs, c'est écrit sur votre site, vous dites, « Comme le disait Paul Morand, on ne saurait chercher trop loin le bonheur de rentrer chez soi ».

R.- Voilà !

Q.- Donc, les vacances ce n'est pas votre truc.

R.- Alors, il y a le ministère, donc là, on profite des vacances pour lire quelques documents, préparer les conférences qui vont être organisées dès la rentrée, et puis j'ai ma commune...

Q.-... vous êtes toujours maire à Issy-les-Moulineaux.

R.- Parce que maintenant, grâce à N. Sarkozy, on peut cumuler, ce qui est hautement souhaitable, une fonction ministérielle et un mandat local, ce qui nous ramène sur place, et donc j'ai le temps d'aller voir les chantiers, les centres de loisirs, les maisons de retraite, de recevoir plus calmement les gens ou de lire des documents pour la rentrée.

Q.- Donc, vous, pas de vacances du tout, rien du tout, vous ne partez pas ?

R.- Non, non, mais encore une fois je n'ai aucun mérite, je m'ennuie.

Q.- N. Sarkozy alors, vous confirmez qu'il sera vraiment aux Etats- Unis ?

R.- Ah, je ne confirme rien...

Q.-...Oh !

R.-... il ne m'a pas dit où il partait.

Q.- Je suis sûr que vous le savez.

R.- Non, je le connais depuis...

Q.-...tout prêt de chez G. Bush.

R.- Je ne crois pas que ce soit un site qui mérite le détour, mais enfin c'est lui qui a décidé ça. Je croyais qu'il allait un peu ailleurs, mais enfin, finalement, il fait ce qu'il veut. Il le mérite, les Français reconnaissent que depuis que nous avons N. Sarkozy à l'Elysée, ça bouge.

Q.- Justement, j'aimerais bien avoir votre sentiment sur les premiers mois de N. Sarkozy, du Gouvernement, des parlementaires... Comment vous voyez ces deux, trois premiers mois ?

R.- Alors, d'abord, Nicolas, il est obsédé par l'idée de tenir les engagements qu'il a pris. Il a tout mis sur la table avant l'élection, par exemple le service minimum, bon, il l'avait annoncé avant ; par exemple, en ce qui me concerne moi-même, le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, il l'avait annoncé avant.

Q.- Avec juste un petit, pas un bémol, mais un petit changement...

R.-... oui, on parlera, bien sûr, des adaptations, tout cela doit se faire sur cinq ans, n'est-ce pas.

Q.- Voilà, c'est-à-dire qu'en gros... c'est quoi d'ailleurs la raison pour laquelle finalement le chiffre de fonctionnaires non remplacés, ce chiffre est inférieur à ce qui avait été prévu ? Est-ce que c'est un peu un recul ? Est-ce qu'il y a une pression un peu, on a peur de l'opinion publique, des syndicats ?

R.- Non, N. Sarkozy est assuré de sa légitimité parce que la campagne, 85 % de votants, 53 % en faveur de N. Sarkozy, les gens lui ont donné raison. Donc, nous appliquons, c'est quand même une légitimité totale, ce que les Français ont souhaité. Alors, vous avez remarqué que, pour faire une incidence sur ce dossier, les effectifs ont été maintenus pour l'Enseignement supérieur : il y a plus de crédits, puisqu'on est passé à 1,8 milliard. C'était un engagement du Chef de l'Etat et de V. Pécresse. Ensuite, vous avez des crédits maintenus, du personnel maintenu et même accru pour la justice - c'était un secteur essentiel. Et puis, il y a eu des postes créés également, on l'oublie rapidement, pour l'Education nationale en fonction des nouvelles missions. Donc, il ne s'agit pas de reculer, les engagements sont tenus pour la plupart des départements ministériels, mais il faut qu'une réforme soit lancée en même temps. Nous allons avec les syndicats qui ont une attitude responsable, Nicolas Woerth et moi-même avons présidé le Conseil supérieur de la fonction publique le 17 juillet...

Q.-...Nicolas Woerth ! C'est un petit lapsus... Eric.

R.- Oui, Eric, oui, c'est bien, il va être content.

Q.- C'est vraiment l'hyper présidentialisation.

R.- C'est d'ailleurs un très bon ministre des Comptes parce que sa mission n'est pas facile et il le fait avec beaucoup de professionnalisme et en même temps, je dirais d'humanité pour...

Q.- C'est parce que N. Sarkozy est partout, donc il se glisse même comme ça dans les personnalités de ses ministres.

R.- Oui, je vous dis, je l'ai connu, moi, il était tout jeune, alors je continue à l'appeler Nicolas. Donc, nous avons aujourd'hui un Gouvernement qui doit tenir les engagements sur lesquels il a été élu et en même temps qui doit faire en sorte que la France se modernise. N. Sarkozy est convaincu que la France ne pourra se moderniser que par la fonction publique. Donc, il ne s'agit pas de sabrer dans les effectifs de façon stupide. Je déjeunais, hier, avec l'ambassadeur actuel du Canada, qui a été l'homme chargé de la réforme dans les années 90 au Canada. C'est quand même extraordinaire, ils ont réussi à réduire le nombre de fonctionnaires, à réaliser de véritables économies, la gauche et la droite étaient favorables à cette réforme, et aujourd'hui ils ont engagé à nouveau des fonctionnaires dans d'autres secteurs.

Q.- A. Santini, il y a une étude de l'Insee qui vient de révéler que le salaire des fonctionnaires avait diminué en 2005.

R.- Oui !

Q.- Est-ce que vous êtes pour une revalorisation de ces salaires ?

R.- Mais cette étude est totalement erronée, voilà.

Q.- D'accord.

R.- C'est très simple ! L'Insee continue, vous avez vu en matière, n'est-ce pas..., il y a toujours un débat, les chiffres ne sont pas corroborés. Pour le pouvoir d'achat des fonctionnaires, non, le pouvoir d'achat a augmenté de 1,6.

Q.- Donc vous contestez cette étude.

R.- Donc, nous contestons les bases de l'étude. Alors, nous le disons tranquillement, pour la première fois un journal économique réputé a publié notre argumentation et nous allons dialoguer avec l'Insee pour éviter qu'il y ait une cause supplémentaire de discorde. Nous respectons les fonctionnaires, nous ne pouvons pas rénover la fonction publique sans les fonctionnaires, ou contre eux, donc nous voulons avoir des bases de discussion reconnues.

Q.- Quelle est pour vous l'urgence, vraiment, je dirais la mesure la plus urgente à prendre dans la fonction publique, hormis les coupes-là qu'on voit en ce moment-là au niveau des effectifs ?

R.- Comment vous dire, les deux engagements pris par le président de la République pendant sa campagne sont aujourd'hui à l'oeuvre. Nous, ce que nous voulons, c'est une fonction publique moderne, une fonction publique efficace. Nous avons une des meilleures fonctions publiques du monde, et vous allez voir...

Q.-... non mais concrètement, A. Santini, concrètement, quelle est la réforme la plus urgente à faire, selon vous ?

R.- La réforme c'est de rétablir la confiance. Il faut que les Français soient fiers de leur fonction publique et que les fonctionnaires eux-mêmes soient fiers d'être fonctionnaires.

Q.- Ce qui n'est plus forcément le cas, selon vous ?

R.- Voilà la mission qui va être la nôtre, nous allons avoir quatre grandes conférences, c'est-à-dire une série d'ateliers avec les syndicats qui sont parties prenantes. Nous allons dialoguer jusqu'au mois d'avril pour publier un livre vert sur la réforme actuelle, et ça ne sera pas la réforme de la fonction publique, ce sera, je crois, une adaptation, une modernisation. Des fonctionnaires sans doute moins nombreux, mieux payés, mieux formés, plus mobiles.

Q.- Il nous reste 20 secondes. A. Santini, j'aimerais quand même qu'on les prenne pour avoir votre sentiment sur cette affaire du contrat d'armement qui a été signé entre la France et Tripoli, apparemment, un deal lié à la libération des infirmières bulgares. Qu'est-ce que vous en pensez ?

R.- Moi, ce qui m'intéresse c'est que quatre infirmières, un médecin, ont passé huit ans dans des prisons libyennes et ont été libérés. Alors, vraiment, 280 millions d'armement, oh, ce n'est pas beaucoup ! Ce n'est pas beaucoup !

Q.- Cela ne vous gêne pas ?

R.- Non, ça ne me gêne absolument pas.

Q.- Et cela ne vous gêne pas qu'on arme un pays qui, il y a peu de temps encore, était sur la liste des Etats terroristes ?

R.- Ce qui ne me gêne pas c'est que la levée de l'embargo date de 2004 et que nos amis Européens et autres ne se gênent pas pour armer ce pays brigand, et nous nous avons fait libérer des malheureux injustement détenus.

Q.- Merci beaucoup A. Santini d'avoir été avec nous. Je vous souhaite une excellente journée, pas d'excellentes vacances puisque vous n'en prenez pas.

R.- Merci.