Interview de M. Charles Pasqua, président du RPF, à La Chaîne info le 26 février 2001, sur le débat télévisé entre MM. Séguin et Delanoe, les aides européenne et française aux agriculteurs, la ratification du Traité de Nice et l'immigration clandestine kurde.

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Média : La Chaîne Info - Télévision

Texte intégral

Charles Pasqua bonsoir.
Bonsoir.
Président du Rassemblement pour la France, vous êtes aussi président du groupe l'Union pour l'Europe des nations au Parlement européen dont vous êtes député. Alors, on va parler bien sûr de l'Europe puisque l'actualité est doublement européenne, aujourd'hui avec le Conseil des ministre de l'agriculture, à Bruxelles et avec la signature dans quelques minutes à Nice du Traité de Nice par Jacques Chirac, Lionel Jospin, les ministres des Affaires étrangères des 15. Mais si vous voulez avant de parler de l'Europe je propose qu'on s'arrête un instant sur Paris. Le Conseil d'Etat, qui avait été saisi par Jean Tibéri, n'a pas accepté la requête de Jean Tibéri qui souhaitait que soit annulé le duel qui va être organisé sur Canal + entre Philippe Seguin d'une part et d'autre part Bertrand Delanoë. Est-ce que vous estimez qu'il a eu raison le Conseil Constitutionnel de repousser cette requête ?
C'est une question à laquelle je ne dois pas répondre. Je veux dire par là que le Conseil d'Etat est libre de ses décisions. Il ne s'est pas contenté de rejeter la demande de Jean Tibéri, il a assorti sa décision d'un certain nombre de considérations. Et notamment, il a estimé qu'il ne lui appartenait pas, pas plus qu'au CSA, de donner des instructions ou de prévoir lui-même l'organisation des débats, etc
Au nom de la liberté de la communication audiovisuelle.
Voilà. Mais il a beaucoup insisté pour qu'il y ait une égalité de traitement ou en tous les cas, que les moyens d'une expression démocratique et équitable soit assurée à Jean Tibéri. A charge maintenant aux chaînes de télévision de la faire.
Oui mais est-ce que cela vous choque qu'il y ait un débat sans le maire sortant ?
Oui, moi oui. Ca, si vous me demandez si ça me choque, la réponse est oui. Je vois mal d'ailleurs comment des compétiteurs, qu'il s'agisse de Philippe Seguin ou de Delanoë qui revendiquent le poste de maire de Paris peuvent refuser de débattre avec le maire sortant. Qu'ils l'aiment ou qu'ils ne l'aiment pas, ça c'est une autre affaire. Jean Tibéri est maire sortant, il a un bilan que personne ne conteste, qu'on essaie de prendre sa place, ça c'est la règle du jeu démocratique, ça les regarde. Les Parisiens décideront. Mais qu'un débat se fasse sans lui, alors qu'il a dirigé, il est le seul à pouvoir parler de ce qui s'est fait pendant cinq ans, puisqu'il a dirigé la ville de Paris et qu'on ne lui donne pas la parole, dans ce débat, c'est assez chaud quand même.
Et est-ce que vous pensez qu'un débat de ce type qui vous choque, tel qu'il est organisé, peut fausser la campagne à Paris ?
Très honnêtement, non, je ne crois pas. Je ne vois ce qu'on pourrait annoncer de tellement extraordinaire, l'un ou l'autre compétiteur pour que ça change profondément les données du problème. Ca accentuera, aux yeux des Parisiens, la volonté de marginaliser Tibéri. Les Parisiens sont assez frondeurs, donc je ne crois pas qu'ils acceptent ce genre de manipulation.
Et finalement, vous pensez que ça pourrait jouer en faveur de Jean Tibéri ?
N'exagérons pas, mais ça ne lui nuira pas.
Vous avez un pronostic sur Paris ?
Non.
Attendez, vous voyez tous les sondages ?
Oui mais vous savez les sondages ce n'est pas à vous que je dirais ce qu'on doit penser des sondages.
C'est une photographie à un moment donné.
Voilà.
Sauf que toutes les photographies vont dans le même sens. Pour le moment ?
Oui. Toutes les photographies vont dans le même sens, elles indiquent, elles semblent indiquer qu'il poussée en faveur de la gauche. Ce qui est parfaitement compréhensible, dans la mesure même où de l'autre côté, on est divisé. Ca, c'est évident. Mais les électeurs au moment où ils s'expriment, plutôt les citoyens, parce que quand ils parlent ce sont des citoyens, ce ne sont pas des électeurs. Les citoyens ne sont pas dans la position où ils se trouveront, lorsqu'ils devront choisir. Là ils disent "oui j'ai l'intention de le moment venu, il ne s'agit pas d'avoir une intention, il s'agit de décider.
Un éventuel basculement de Paris à gauche, pour vous, c'est un cataclysme politique
N'exagérons rien.
Pour les équilibres nationaux ?
N'exagérons rien.
Il faut plutôt le banaliser ?
Non. Je ne dis qu'il faille le banaliser, je crois que ce serait regrettable, parce que je pense qu'à Paris il n'y a pas de majorité pour une adhésion à Delanoë. Je ne crois pas qu'il y en ait une. Je crois donc que s'il est lélu, ils sera élu par défaut. Ce sera la faute des partis traditionnels que j'appelle institutionnels et subventionnés qu'auront fait la preuve de leur incapacité.
Alors parlons de l'Europe, je le rappelais tout à l'heure, et se tient à Bruxelles, ce conseil des ministres de l'Agriculture. question toute simple, est-ce que votre point de vue, comme le demande Jean Glavany notre ministre de l'Agriculture, l'Europe doit apporter une subvention, une aide aux agriculteurs qui sont aujourd'hui frappés par la crise de la vache folle, qui peut-être d'ailleurs demain, seront aussi victimes de cette épidémie de fièvre aphteuse ?
Ecoutez, je crois que toute façon, il serait convenable qu'il y ait concernant les agriculteurs, une aide décidée au niveau de l'Union européenne, parce que je pense que ce ne sont pas seulement les agriculteurs français qui sont concernés. Pour le moment, ils sont les plus concernés, mais malheureusement c'est appelé à s'étendre et il y en aura d'autres. Et on ne peut pas laisser les agriculteurs dans cet état-. Ils ressentent profondément le fait d'être abandonnés, ils ont le sentiment que c'est particulièrement injuste et qu'ils n'ont pas à faire, à payer les conséquences des politiques qui ont été décidées et que par conséquent il faut les aider, je crois que Glavany à raison.
Il a raison de demander, mais on a bien le sentiment qu'il risque de ne pas être entendu. Parce que d'une part Bruxelles dit, la Commission il n'y a plus d'argent dans les caisses pour financer.
Ce qui est vrai.
En tous cas les crédits qui avaient été votés.
Il y a 7 milliards de francs.
Et les pays, en tout cas l'Allemagne, par exemple, ne veut pas remettre de l'argent au pot pour aider les agriculteurs. Alors la question qui se pose, j'aimerais savoir comment vous réagissez là-dessus. Le gouvernement a dit, si Bruxelles, ne prend pas ses responsabilités, nous nous irons aux aides directes. Est-ce que ce n'est pas une renationalisation, une nationalisation de la Politique Agricole Commune ?
On peut appeler ça comme on voudra, Monsieur, mais de toute façon moi je suis partisan de la défense de la souveraineté nationale et des intérêts français, qui me paraissent prioritaires. Si dans une telle affaire, l'Europe prend une position qui, en définitive, est contraire aux intérêts de la France et si nos partenaires ne veulent rien entendre, pour des raisons d'égoïsmes, parce que c'est de cela dont il est question, à ce moment-là la France doit passer outre.
D'une manière générale, vous pensez
Vous voyez, je risque d'être amené à soutenir le gouvernement, ce qui est un comble.
Oui, c'est ce que j'allais vous dire.
C'est comme ça, je suis. Pour une fois, on verra le gouvernement français prendre une position conforme à l'intérêt national même au détriment de sa philosophie européiste, je ne m'en plaindrai pas.
Et d'une manière générale, vous trouvez que le gouvernement a bien géré cette crise de la vache folle ?
Ecoutez, il est difficile de porter un jugement objectif. Ce serait très facile pour moi de me lancer dans la critique etc., je crois qu'en réalité cette affaire de la vache folle a mal été traitée au niveau européen. Et je crois que c'est en grande partie parce que les Anglais n'ont pas tout à fait joué le jeu, dès le départ. Ils ont bien indiqué qu'il y avait chez eux des cas importants etc. Ils ont détruit une partie de leur cheptel, mais ça ne les a pas empêchés de continuer à exporter leurs abats, etc. Et dans le même temps, nous avons fait preuve d'aveuglement et de faiblesse. Ca c'est indiscutable. Je rappelle au passage qu'il a fallu que mon groupe se batte, pour qu'il y ait un débat du Parlement européen, c'est nous qui l'avons obtenu. Et lorsque j'ai demandé notamment le dépistage systématique, le représentant du Conseil européen qui était Monsieur Patriat nous a expliqué que c'était impossible etc. Heureusement, huit jours après c'était décidé.
La réaction de Jacques Chirac à propos, dénonçant le côté alarmiste ou trop alarmiste de l'avis de l'Agence Française pour la Sécurité sanitaire des Aliments ?
Je crois que chacun connaît l'affection de Jacques Chirac pour les agriculteurs
C'était démagogique ?
Ce n'est pas nouveau. Mais je ne vois pas comment le Président de la République peut porter un jugement sur un organisme dont le rôle est d'alerter, le cas échéant, les pouvoirs publics. Alors le problème, c'est que même lorsqu'il y a une mise en alerte, mais qui ne doit pas déboucher sur des mesures aussi immédiates et ne voyez pas en cela une attaque contre les médias, mais les médias immédiatement, lui donne une autre dimension. Et c'est comme si il fallait immédiatement prendre des mesures etc. c'est la raison pour laquelle il faut faire très attention.
Alors le Traité de Nice, je l'évoquais tout à l'heure, il va être signé dans quelques minutes, je crois que c'est à 19 heures, par Jacques Chirac, par Lionel Jospin, par les ministres des Affaires étrangères des 15. Est-ce que comme vous l'avez à Maastricht, plus exactement contre Maastricht, vous allez vous lancer dans une grande campagne contre la ratification de ce traité ? Parce qu'il est signé aujourd'hui et puis ensuite il devra être ratifié par les Parlements nationaux ? Devant le Parlement français et puis il sera discuté au Parlement européen ?
Oui, oui, il sera discuté au Parlement européen, mais dans cette affaire, le vote du Parlement européen, ou
Il sera platonique ?
L'opinion du Parlement européen sera assez platonique, sauf que certains pays ont indiqué qu'ils calqueraient leurs attitudes, que leurs Parements calqueraient leurs attitudes sur celle du Parlement européen. Je crois qu'au Parlement européen nous ne l'aurons pas, il y aura une majorité pour conseiller la ratification, même s'il y a beaucoup de réserves et de critiques. Même si c'est un traité au rabais et même si en définitive, ce traité n'a pas répondu à l'objectif initial qui était le sien. Puisqu'il s'agissait d'organiser les institutions européennes pour qu'elles puissent fonctionner à 27. Rien n'a été fait dans ce domaine. Sauf que nous assistons à ceci, qui est une innovation quand même assez considérable, Monsieur Schröder a clairement indiqué au président américain, qu'il était totalement derrière les Etats-Unis. Premier point. Deuxième point, la France a abandonné un de ses commissaires comme les autres grands pays et d'autre part, elle a accepté une pondération des voix au profit de l'Allemagne. Enfin, l'Europe est de plus en plus tirée vers le Nord et vers l'Est. Ce qui veut dire que la France pèsera moins et que dans le même temps, compte tenu de la déclaration de Monsieur Schröder, l'Europe sera moins indépendante. Il n'y a pas de quoi se réjouir.
Ca, c'est l'analyse que vous faites. Je pense que vous en retirez que l'Europe n'est pas prête à l'élargissement ?
Ce n'est pas tout à fait ça. Moi, je crois que dire aux peuples qui sont demandeurs
Par exemple, demain, il va y avoir une réunion avec la Pologne, l'Allemagne et la France. Les Polonais, ils sont
Dire à ces peuples qu'on est prêt à les accepter, c'est très bien. Prendre les mesures économiques pour préparer cette admission c'est autre chose. Actuellement en Pologne, vous avez le tiers de la population ouvrière qui se situe dans le domaine agricole. Alors vous voyez ce que ça représentera à terme. On pourra adapter cette économie à l'économie européenne. Mais au delà de cela la question que vous m'avez posée tout à l'heure était beaucoup plus précise. Vous m'avez dit, est-ce que vous allez faire campagne comme lors de Maastricht pour la ratification de ce traité ? La première chose à dire est qu'il serait bon que les gouvernements, d'ailleurs ils ont parfaitement mesuré à Nice la limite de leurs compétences, puisqu'ils n'ont pas pu faire un certain nombre de choses, compte tenu de l'état de leur opinion publique. Alors, il ne faudrait pas que maintenant ces gouvernements se méfient un peu plus de leur opinion publique, se contentent pour la ratification de ce traité de passer devant les parlements, c'est plus facile. Il faut venir devant le peuple. D'où la nécessité de venir au référendum.
Quand ? Le plus tôt possible.
Ca, c'est au pouvoirs de décider.
Oui, mais enfin
Ils ont de par le traité, ils ont un laps de temps, relativement court, ils ont deux ans.
C'est un peu platonique de votre part ?
Pourquoi platonique ?
Vous savez très bien que ça n'aura pas lieu ?
Ca, c'est vous qui le dites.
D'abord parce qu'on est en situation de cohabitation, vous voyez tout ce qu'il faut pour organiser un référendum.
Il suffit que les deux soient d'accord.
Vous avez déjà vu les deux d'accord en situation de cohabitation ?
Oui, à la limite ce n'est même pas la peine. Il suffit que le Président de la République soit d'accord. Si le Président de la République, comme il l'a fait pour Amsterdam, une fois de plus veut modifier les choses, sans demander leur avis aux Français, les Français à un moment donné s'en souviendront. J'ai dans mon groupe au Parlement européen des Danois. Et j'ai reçu récemment une délégation de députés danois. Les députés danois nous ont dit que dans leur pays, le gouvernement et les partis classiques, les partis majoritaires au Parlement danois qui ont été mis en minorité sur l'euro, par référendum, avaient bien l'intention de ne plus avoir recours au référendum, de passer désormais par le Parlement, c'est-à-dire d'aller à l'encontre des décisions, des sentiments profonds du peuple danois. Monsieur Seguillon, on ne peut pas gouverner contre les peuples, ce n'est pas raisonnable. Si on veut faire l'Europe, si les gouvernements qui ont signé ce traité, sont tellement sûrs de leur bon droit, pourquoi auraient-ils peur de venir expliquer les raisons qui les ont poussés et les avantages ? Qu'ils viennent, qu'ils le fassent.
Alors le problème auquel est confronté l'Europe, c'est celui de l'immigration. L'immigration clandestine, on l'a vu dans l'exemple des réfugiés de l'East Sea un très grand nombre de Kurdes, près de 900, qui ont débarqué sur les côtes du Var. vous, vous avez dit, vous avez critiqué au fond, l'attribution par le gouvernement de sauf-conduits. Vous imaginiez qu'on pouvait les rejeter ? Vers Bagdad, vers Mossoul, vers la Turquie ?
Monsieur Seguillon, d'abord il y a un problème international. Moi, je vais vous poser une question. Excusez-moi, chacun son tour. Ce n'est pas moi qui ai proposé l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, c'est bien Monsieur Chirac, c'est bien le gouvernement actuel. Ils connaissent, comme moi la situation des Kurdes en Turquie, ça ne les empêche pas de demander l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne.
On en est qu'aux promesses ?
On en est qu'aux promesses, mais c'est bien avancé. Première mesure donc, avant d'imaginer une seule minute pour accueillir la Turquie dans l'Union européenne, exiger que des mesures soient prises, pour régler la situation de ces minorités. Il y a 30 millions de Kurdes répartis dans quatre pays, qui sont victimes de la situation internationale, que l'on s'en saisisse. Premier point.
Ca réglerait une partie.
Ca réglerait le fond.
Vous oubliez les Kurdes qui sont en Irak, vous oubliez les Kurdes qui sont en Iran ?
Non, puisque je viens de vous dire qu'ils sont dans quatre pays.
Vous parlez de la Turquie, là ?
Non, je vous dis qu'ils sont dans quatre pays. Il faut régler ce problème sur le plan international, on ne peut accepter indéfiniment au XXIème siècle qu'un peuple, qui existe, qui représente 30 millions d'individus, soit privé de terre. Les Palestiniens se battent alors qu'ils ne sont quelques millions, les Israéliens se battent ils ne sont que quelques millions et là nous avons 30 millions de Kurdes dont personne ne s'occupe. et on voudrait nous rendre, nous, responsables de l'arrivée de 900 kurdes. Alors j'ai été comme vous, j'ai été attristé, choqué, par la vision de cette situation dramatique et chaotique mais au delà de cela, il faut bien se rendre compte, moi je suis persuadé qu'il s'agit d'un test, et que les mesures prises par le gouvernement français, qui sont des mesures hypocrites une fois de plus. Ou bien le gouvernement français devrait déclarer "nous avons décidé de leur donner la qualité de réfugiés" et ils s'installent sur notre sol. Mais leur dire on vous donne un sauf-conduit pendant une semaine, pour que vous ayez le temps de demander une demande de droit d'asile, en souhaitant qu'ils profitent de ce laps de temps pour s'enfuir. Je trouve que ce n'est pas très digne de la France.
Alors très rapidement, parce qu'il nous reste très peu de temps, quelques petites questions. D'abord sur la Corse, l'autre jour Lionel Jospin vous a mis en cause, à propos des combine ou arrangements secrets qui auraient été fait par des ministres de l'intérieur par le passé. Est-ce que la différence entre lui et vous, aujourd'hui, n'est pas que lui a discuté ouvertement avec les nationalistes, peut-être réussira-t-il et que vous, vous avez discuté secrètement et que vous n'avez pas réussi ?
Premièrement, ça prouve simplement que Monsieur Jospin ne connaît rien au dossier corse. Ce qui ne m'étonne qu'à moitié. Deuxièmement, l'année prochaine, il y aura 20 ans que Mitterrand a été élu pour la première fois Président de la République et en 20 ans, nous aurons eu 14 ans de gouvernement socialiste. Et six ans de gouvernement de droite, si on considère les deux premières années du gouvernement Juppé comme étant un gouvernement qui aurait pu suivre la même politique que nous. Donc six ans, d'un côté, 14 ans de l'autre. Donc les responsabilités sont simples, elles sont beaucoup plus du côté des socialistes, qui, de toute façon, je le rappelle au passage à Monsieur Jospin, chaque fois que nous avons mis hors d'état de nuire un séparatiste, eux se sont empressés de les amnistie, même quand il y avait eu des crimes de sang. Voilà la réalité des choses. Il n'y a pas eu de combine de notre part, je dirais même que Monsieur Jospin retarde, puisque le premier projet de développement de la Corse a été voté par l'Assemblée de Corse, sur ma proposition que j'avais présentée en compagnie du Premier ministre, Edouard Balladur. Alors, Monsieur Jospin serait bien inspiré de regarder ce qu'il y avait dans ce document. Pour le reste, j'ai le regret de dire, même si j'ai une certaine considération pour le Premier Ministre, la considération que l'on doit avoir pour tout Premier Ministre, je regrette qu'il ait abdiqué et qu'il se soit aplati devant les revendications des séparatistes.
La mise en garde du Président de la République
Elle est justifiée mais tardive. Si elle avait eu lieu en temps utile et opportun, on aurait évité beaucoup de problèmes.
Il y a un accord entre vous et Jean-Pierre Chevènement, si je comprends bien.
Oui, c'est comme ça.
Dernière question avant de nous séparer. Vous êtes candidat aux élections présidentielles, vous l'avez dit.
Je suis même le seul.
Oui, pour le moment. De deux choses l'une, deux scénarios ; ou bien vous êtes élu, ce qui est possible ; ou bien vous n'êtes pas élu, ce qui est possible aussi. Si vous n'êtes pas élu, dans trois ans, est-ce que vous briguerez un mandat de conseiller général ?
Ecoutez, qui peut dire ça ? Moi, tout ça m'amuse beaucoup, parce qu'on est en train de spéculer sur ma succession dans trois ans.
Est-ce que Monsieur Santini est votre successeur ?
Non, il n'y a pas de successeur désigné, on n'est pas dans
Non, mais je veux dire est-ce que vous le verriez bien dans votre fauteuil ?
Lui et d'autres, et d'autres pourraient l'être également, mais ce n'est pas ça le problème. C'est que d'ici là, le mode de scrutin aura probablement changé. Et que nous n'aurons plus de canton au niveau urbain, si j'en crois le rapport de Monsieur Mauroy, mais des scrutins de listes. Alors avant de vendre la peau de l'ours, il faudrait connaître les conditions de la chasse. Elle n'est pas encore ouverte.
Merci.
(Source http://www.rpfie.org, le 9 mars 2001)