Interview de M. André Santini, secrétaire d'Etat chargé de la Fonction publique et président délégué du Nouveau Centre, sur la chaîne "Public Sénat" le 13 octobre 2007, sur le dialogue avec les syndicats autour de la réforme de l'Etat, sur la politique gouvernementale.

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Circonstance : Invité de l'émission "Parlement hebdo" sur la chaîne Public Sénat le 13 octobre 2007

Média : Public Sénat

Texte intégral

PERRINE TARNEAUD - Merci d'être avec nous pour ce rendez-vous, du week-end, sur la chaîne parlementaire, 45 minutes de retour sur l'actualité politique et parlementaire, tous les faits, déclarations ou projets de loi, qui vous ont intéressé, cette semaine. Et à chaque fois, un invité fil rouge pour commenter avec nous, cette actualité, aujourd'hui c'est André SANTINI, qui est présent sur ce plateau, bonjour.
ANDRE SANTINI - Salut !
PERRINE TARNEAUD - Merci d'avoir répondu à notre invitation et tout de suite Emilie fait votre portrait pour les personnes qui ne vous connaissent pas encore.
EMILIE AUBRY - Exercice périlleux André SANTINI, il y a quelques images incontournables qui viennent à l'esprit lorsqu'on pense à vous. Le crâne Hitchcockien, la silhouette débonnaire, le cigare bien sûr, les bons mots, Issy-les-Moulineaux ou encore la Corse, ça c'est pour la première impression. Soyons maintenant davantage dans les faits, vous êtes multi diplômé, docteur en droit, docteur en langues O, de l'EHESS de Sciences Po, j'en passe et des meilleurs. Vous entamez une carrière politique au sein de l'UDF en soutenant Valéry GISCARD d'ESTAING et son Premier ministre de l'époque, Raymond BARRE. Vous êtes maire d'Issy-les-Moulineaux depuis 1980, député des Hauts de Seine, depuis 1988, ça fait un bail. Rappelons que vous serez également deux fois ministres sous la première cohabitation, d'abord en charge des Rapatriés puis de la Communication. Alors c'est vrai que quelques expressions reviennent souvent vous concernant, j'en ai noté quelques unes, ego immense, bourreau de travail, selon vous, je vous cite les vacances ne sont faites que pour les flémards, les bipèdes à faux col, qui ne daignent jamais emmerder leur front de la sueur auguste du travail. C'est assez joli. On l'aura compris vous savez vous montrer particulièrement vachard, mais chez le SANTINI adepte des petites phrases caustiques qui plaisent tant aux médias, sommeille aussi l'élu disponible, pour ses administrés et aussi le bon vivant, rappelons que vous êtes président à vie, du club des parlementaires de Havane, membre de la Confrérie du goût de boudin, commenteur du taste vin, chevalier de la Confrérie du fromage de tête, c'est pas mal tous ces titres, des excès auxquels paraît-il il vous faut renoncer, depuis votre récent accident de santé, survenu en Chine, parlons quand même des choses qui fâchent. Aujourd'hui, Dédé c'est votre surnom, s'occupe donc des fonctionnaires en guise de remerciement pour avoir rallié Nicolas SARKOZY au détriment du candidat BAYROU. Un poste austère quand même, qui requiert tact et sens du dialogue. Ce qui ne vous empêche pas André SANTINI de sortir encore quelques perles. J'en ai noté une qui m'a beaucoup plu. Le 8 octobre dernier, vous avez qualifié votre dialogue avec les syndicats, sur le pouvoir d'achat "de sodomisation de diptère" c'est plus fort que vous c'est une seconde nature chez vous, ces saillies verbales ?
ANDRE SANTINI - Oui, c'est ma façon de rendre la vie supportable, vous savez l'humour, le vrai est surtout exercé à votre propre détriment. Je suis très drôle quand je parle de moi et quand je suis ridicule.
EMILIE AUBRY - Ça leur a plu aux syndicats, "sodomisation de diptère" ?
ANDRE SANTINI - Ce n'était pas spécialement pour eux, c'est un tas d'exercice, j'ai d'autres formules, en politique on fait un tas de choses, non pas pour les faire, mais pour les avoir faites. Les syndicats sont des personnages extrêmement intéressants, parce qu'ils sont pleinement campés dans leur rôle et ils sont sincères. Et quand j'ai eu mon accident de santé, les premiers à m'envoyer des télégrammes de sympathie, c'était les organisations syndicales, vous voyez...
PERRINE TARNEAUD - Et pas vos collègues politiques ou du gouvernement ?
ANDRE SANTINI - Si bien sûr, mais les syndicats, finalement on se respecte vous voyez. C'est bien de se respecter, c'est pour ça que je crois qu'on va travailler.
PERRINE TARNEAUD - Justement on va commencer la semaine avec la journée de lundi et ces négociations justement avec les syndicats. Pour les syndicats, il y a urgence, il demande l'ouverture de négociations salariales. Lundi, le gouvernement ouvrait justement la seconde conférence sur la réforme de l'Etat, avec comme thème : le pouvoir d'achat des fonctionnaires. Les discussions devraient durer trois mois, il s'agit d'harmoniser les méthodes de calculs, le tout sur fond de bataille de chiffres entre les syndicats et le gouvernement, les explications de Constantin SIMON.
(diffusion d'un reportage)
PERRINE TARNEAUD - Alors André SANTINI, est-ce que la porte est ouverte à des négociations salariales ? Votre collègue du Budget, Eric WOERTH a dit qu'il fallait faire des efforts ?
ANDRE SANTINI - Alors pour la première fois, le ministre de la Fonction publique est ministre du Budget, avec Eric WOERTH. Et avant, le ministre de la Fonction publique jouait un jeu de rôles avec les syndicats. Il les rencontrait, il leur demandait ce que eux souhaitaient, on voudrait bien 1,2. Bon, je vais voir ce que je peux faire. Il allait voir le ministre du Budget, qui lui disait : mais tu rigoles, maximum ce sera 0,9. Donc il revenait voir les syndicats, il disait : navré, il n'y a pas d'argent, vous connaissez la situation, ce sera 0,9. Ah ! Bon disaient les syndicats, ce n'est pas bien, il ne signait pas. Depuis 98, on n'a jamais signé un accord salarial. C'est dire que le secteur de la Fonction publique est en jachère. Et c'est humiliant pour tout le monde, donc ce que nous voudrions d'abord instaurer comme idée, c'est que le temps du dialogue est vraiment revenu. La première conférence portait sur les valeurs, il y avait beaucoup de monde, 400 responsables présents. Lundi dernier nous étions sur le pouvoir d'achat, pas sur une rencontre salariale, mais Eric WOERTH a annoncé, que cette rencontre aurait lieu en dehors de nos conférences, elle aurait lieu avant la fin du mois d'octobre.
PERRINE TARNEAUD - Donc peut-être un accord pour 2007 alors ?
ANDRE SANTINI - Alors pour 2007, il y a déjà eu 0,8 en février.
PERRINE TARNEAUD - Mais les syndicats disent que ce n'est pas forcément suffisant.
ANDRE SANTINI - Evidemment, mais chacun est dans son rôle, pour l'instant. Nous voudrions que ce jeu de rôles aujourd'hui cesse, qu'on ait par exemple des points communs, le fameux point d'indice, il représente pour 2006, 31 % avant c'était 25. Il représente 31 % de l'élévation du pouvoir d'achat, c'est-à-dire que le glissement vieillesse technicité GVT positif représente 50 % et le reste, les conditions locales et tout 19. 31 % ce n'est quand même pas la majorité. On continue à s'empoigner sur 31 %, nous on voudrait bien qu'on trouve des éléments, des paramètres communs pour discuter. Dans le privé, ils finissent bien par se mettre d'accord. Vous avez vu, c'est moins 6 depuis 2000, pardon monsieur c'est plus 3,5 ou 3,6 chaque année. Donc il faut quand même qu'on avance.
PERRINE TARNEAUD - Juste un petit point sur une déclaration de François FILLON, cette semaine, il a dit que la réforme de l'Etat, c'est moins d'Etat sur le territoire, notamment dans les collectivités locales, le nombre de fonctionnaires a explosé, les collectivités locales vont devoir faire des efforts significatifs ?
ANDRE SANTINI - Alors le Premier ministre a rappelé qu'effectivement, la grande augmentation venait des collectivités locales. Cela tient...
PERRINE TARNEAUD - Il y a des excès ?
ANDRE SANTINI - Il y a certainement des excès dans quelques collectivités, mais il y a eu surtout par exemple, le transfert des agents techniques, des collèges et des lycées, sur les départements et sur les régions. Ça ce n'est pas une création d'emploi. C'est un transfert, l'Etat s'est délesté, mais les collectivités locales, département, région, ont donc des fonctionnaires nouveaux. Les collectivités locales sont quand même bien gérées, la preuve, elles ne sont pas en déficit, elles.
EMILIE AUBRY - Et lundi toujours, en parallèle de cette actualité sociale, la famille UMP se remettait aussi de son conseil national du week-end. Conseil national marqué par une nouvelle polémique signée François FILLON. Pour le Premier ministre le débat autour des tests ADN n'est rien qu'un détail. Et bien sûr ce mot malheureux, suscite lundi des réactions on regarde.
(diffusion d'un reportage)
PERRINE TARNEAUD - Alors André SANTINI, pour ou contre l'introduction de proportionnelle ?
ANDRE SANTINI - Je suis un vieil UDF et je suis pour une dose de proportionnelle, c'est chez nous, génétique n'est-ce pas ? On ne dit pas qu'il faut aller à la proportionnelle, à l'israélienne, l'allemande c'est peut-être beaucoup tout de suite. Mais je pense que ça porterait sur une dizaine de sièges, ça serait quand même intéressant.
EMILIE AUBRY - Vous êtes en train de nous dire qu'il y a de vraie différence culturelle encore entre l'UMP et l'UDF historique ?
ANDRE SANTINI - Mais c'est ce que nous avait demandé Nicolas SARKOZY, quand je les rejoins pour les présidentielles, il m'a dit surtout tu restes toi-même, tu gardes ton histoire, vous restez indépendant avec tes amis, il n'a jamais été question que nous soyons dilués, c'est comme ça qu'on peut apporter quelque chose.
PERRINE TARNEAUD - Même si plusieurs ex-UDF rêvent aujourd'hui, d'un grand soir centriste, il trouve que le centre est trop éparpillé, donc inaudible aujourd'hui ?
ANDRE SANTINI - Oui, ce sont nos amis MEHAIGNERIE, de CHARRETTE, qui ont rejoint l'UMP ce que nous n'avions pas fait, à ce moment et nous gardons des liens avec eux. Pour l'instant, il est souhaité que nous restions à part, que nous apportions et je crois que ça s'est joué en partie tous les députés UDF qui ont rejoint Nicolas SARKOZY, c'était quand même positif.
EMILIE AUBRY
Et sachez qu'Arnaud LAGARDERE en personne, sera auditionné par l'Assemblée nationale le 25 octobre prochain. André SANTINI, ça vous semble crédible cette étanchéité entre l'Etat et la CAISSE DES DEPOTS ET CONSIGNATIONS ?
ANDRE SANTINI - Ecoutez, le président de la République, le gouvernement, ont déclaré que s'il y avait eu des irrégularités, des profits scandaleux, il fallait punir et aller jusqu'au bout. Et puis je vais confiance aux Commissions de l'Assemblée et du Sénat, je suis moi-même passé devant la Commission des Finances, du Sénat, juste après l'affaire EADS pour le service des pensions, je peux vous dire, que les sénateurs sont très incisifs.
EMILIE AUBRY - Vous faites confiance au Parlement, et du coup est-ce que vous abondez dans le sens du Parti socialiste, qui réclame aujourd'hui une commission d'enquête sur ce sujet ?
ANDRE SANTINI - Ecoutez, laissons les commissions sont saisies, ils travaillent très bien, je connais leur responsable, je leur fais toute confiance.
EMILIE AUBRY
Qu'est-ce qu'il faut attendre de l'audition d'Arnaud LAGARDERE, le 25 octobre ?
ANDRE SANTINI - Je ne sais pas, laissons les sénateurs ou les députés, je ne sais pas lesquels vont commencer, laissons-les travailler. Je peux vous dire c'est très américain comme earing n'est-ce pas !
EMILIE AUBRY- C'est LE FIGARO qui a sorti l'affaire aujourd'hui, vous pensez qu'on est dans un règlement de comptes entre grands groupes industriels : DASSAULT contre LAGARDERE ?
ANDRE SANTINI - Je ne sais rien, vous savez, je ne m'occupe que des petits fonctionnaires et je suis un petit maire de banlieue.
PERRINE TARNEAUD - Y aurait-il eu des petites manipulations à droite, à gauche ?
EMILIE AUBRY - Cette timidité vous va mal André SANTINI.
EMILIE AUBRY - Fadela AMARA est un peu votre soeur jumelle André SANTINI, avec ce franc-parler qui l'a caractérisé cette semaine.
ANDRE SANTINI - Je l'aime bien, elle utilise ses mots. Vous savez, dans "A bout de souffle" de GODARD, vous avez oublié que Jean SEBERG disait : qu'est-ce que c'est dégueulasse ? Et je regrette qu'on ne l'ait pas cité, parce que c'était déjà l'époque, voilà... à l'époque ça avait déjà choqué. Fadela est une fille très courageuse, "Ni putes, très soumises" (sic) ce n'était pas facile.
EMILIE AUBRY
Vous voulez dire que vos collègues jouent un peu les tartuffes, parce qu'ils s'estiment choqués.
PERRINE TARNEAUD - Donc elle n'a pas à présenter ses excuses Fadela AMARA ?
ANDRE SANTINI - Mais pas du tout ! Elle n'a voulu vexer personne.
EMILIE AUBRY - Vous aussi, vous le trouvez dégueulasse ce débat autour des tests ADN ?
ANDRE SANTINI - Ecoutez, le Sénat a bien travaillé, l'Assemblée, le ministre travaille beaucoup, il a quand même un véritable échange démocratique et parlementaire. Mais...
PERRINE TARNEAUD - En tout cas, ça divise le gouvernement, la majorité, le gouvernement, il y a cinq ministres secrétaires d'Etat, qui se sont prononcés contre cet amendement ?
ANDRE SANTINI - Oui, mais c'est le jeu de l'ouverture. Nicolas SARKOZY est très content.
PERRINE TARNEAUD - Mais pas uniquement, Valérie LETARD, par exemple, elle est contre.
ANDRE SANTINI - Oui, c'est une amie aussi alors.
PERRINE TARNEAUD - C'est une amie aussi, je sais...
ANDRE SANTINI - Voilà, elle est du Nouveau Centre, non, non, ça prouve qu'il y a une véritable liberté de pensée et d'expression...
EMILIE AUBRY - Vous dites que SARKOZY est très content de tout ça, ça l'amuse finalement ?
ANDRE SANTINI - Ca ne l'amuse pas, je pense qu'il est content d'avoir des gens aussi pleinement libre et qui disent ce qu'ils ont envie de dire c'est très bien ça.
PERRINE TARNEAUD - Mais Brice HORTEFEUX, quand même, il n'a pas manqué d'un petit peu de doigté politique, dans cette affaire, il n'a fait pas preuve d'un peu de maladresse ?
ANDRE SANTINI - C'est un amendement parlementaire, à l'origine, ce n'est pas le ministre qui l'a introduit. Si il l'avait rejeté, qu'est-ce qu'on n'aurait pas dit ! C'est normal tout ça, c'est le jeu de la démocratie. C'est le forum.
EMILIE AUBRY - Quel fatalisme !
ANDRE SANTINI - Non !
PERRINE TARNEAUD - Allez on revient aux réformes lancées par le gouvernement, avec la journée de mercredi et les précisions de Xavier BERTRAND, sur la réforme des régimes spéciaux. Tous les salariés bénéficiant de régimes spéciaux de retraites, passeront d'ici 2012 à 40 années de cotisations pour bénéficier d'une retraite à taux plein. C'est un principe non négociable pour Xavier BERTRAND, avant la poursuite des négociations, le ministre du Travail a reçu mercredi, les syndicats pour leur remettre un document d'orientation, le détail avec Dorothée THENOT.
(diffusion d'un reportage)
PERRINE TARNEAUD - André SANTINI, il peut y avoir reculade de Xavier BERTRAND à l'issue de cette journée de mobilisation le 18 ?
ANDRE SANTINI - Je n'ai pas possible, ce n'est pas possible, le président de la République s'est engagé. Il en a fait un thème pendant la campagne des présidentielles. On le rappelle, 85 % de votants. 53 % de gens ont dit nous sommes d'accords. Vous avez vu dans les premiers sondages, il y a 40 % de gens qui sont favorables aux régimes spéciaux...
EMILIE AUBRY - Il y a une ambivalence. Ils admettent la réforme, en même temps ils sont derrière aussi la mobilisation du 18 c'est un peu contradictoire.
ANDRE SANTINI - Oui, bien sûr, on comprend que les bénéficiaires de ces régimes spéciaux se défendent, parce qu'ils sont entrés dans un certain contexte et ils disent aujourd'hui, il faut changer les règles du jeu, mais on ne peut pas aujourd'hui avoir de telles divergences, 500 000 cotisants pour 1 100 000 retraités, ou alors on baisse le niveau des retraites, c'est très simple.
EMILIE AUBRY - Il est fini le temps où la rue pouvait faire céder un gouvernement ? Qu'est-ce qui vous permet d'être si optimiste ?
ANDRE SANTINI - La réflexion. La réflexion, je vois dans un autre secteur celui de la fusion, de la comptabilité et des impôts. En 2000, un ministre a sauté.
EMILIE AUBRY - Christian SAUTTER.
ANDRE SANTINI - Et on sent bien qu'aujourd'hui, l'opinion a compris que le guichet unique, c'est quelque chose de favorable aux contribuables. Et les fonctionnaires ce matin, j'en voyais d'autres dans un autre contexte, ils reconnaissent que la réforme a été bien préparée, Eric WOERTH a été très patient, propose des formules. Je crois que l'opinion a mûri.
PERRINE TARNEAUD - Mais les syndicats vont tout de même essayer de dégager des marges de manoeuvres pour négocier, pour s'ouvrir un petit peu...
ANDRE SANTINI - Ils veulent surtout des contreparties. C'est évident, mais la décision, la résolution du président de la République est totale, celle du gouvernement, Xavier BERTRAND est un bon négociateur.
PERRINE TARNEAUD - Ça va quand même être le premier test important pour la politique sociale du gouvernement ?
ANDRE SANTINI - C'est un test un peu comment dire, localisé, n'est-ce pas, ciblé. C'est un vieux débat qui doit être tranché, et il faut que personne ne sorte humilié.
EMILIE AUBRY - Alors autre réforme évoquée cette semaine, la réforme de la carte judiciaire que mène Rachida DATI. Mercredi, le Parti socialiste dénonçait une absence de transparence et de rationalité dans la méthode. Arnaud MONTEBOURG réclame même un débat au Parlement. On écoute tout de suite, ces deux voix discordantes, celle de la Garde des Sceaux et celle du député PS de Saône-et-Loire.
PERRINE TARNEAUD - Ouverture mercredi, à Paris, de la Cité de l'Immigration, un projet porté par Jacques CHIRAC, mais qui en plein débat sur l'immigration au Parlement semble gêner le gouvernement actuel, pour preuve l'absence des ministres concernés et du chef de l'Etat, mercredi à l'inauguration. Du coup la gauche en a profité pour condamner la politique du gouvernement Constantin SIMON.
(diffusion d'un reportage)
PERRINE TARNEAUD - Les absents ont toujours tort André SANTINI ?
ANDRE SANTINI - Mais il s'agissait de l'ouverture, hier j'ai inauguré une école chez moi, avec Xavier DARCOS, mais l'école était ouverte depuis le 30 août. Ne confondons pas inauguration et ouverture.
PERRINE TARNEAUD - En plein débat sur l'immigration, ça avait valeur de symbole tout de même ?
ANDRE SANTINI - Oui, mais ça chacun gère son emploi du temps. Le président de la République était effectivement avec monsieur POUTINE. C'est une forme d'immigration intéressante. Moi-même j'irais parce qu'il y a une soirée sur le problème arménien et compte tenu de l'importante communauté que j'ai et que j'aime beaucoup, il y aura je crois que c'est mercredi ou jeudi, je serais donc présent. Alors n'en tirez pas de conséquence.
EMILIE AUBRY - Vous m'avez l'air assez d'accord avec Patrick OLLIER, André SANTINI ?
ANDRE SANTINI - Patrick OLLIER est président du groupe France Libye et je suis scandalisé qu'on aille gratter, voilà des gens qui étaient détenus depuis 8 ans, dans des geôles immondes, dans des conditions, on les a torturé, et puis parce que Cécilia a été l'élément déclencheur, pour libérer ces gens, on est en train de dire : ah ! Mais vous n'aviez pas de passeport diplomatique, mais vous n'aviez pas le tampon etc. je dis que c'est dégueulasse.
EMILIE AUBRY - Pierre MOSCOVICI dit : ce n'est pas la commission Cécilia, c'est la volonté du Parlement, c'est la volonté du Parlement...
ANDRE SANTINI - Mais écoutez qu'est-ce que fait MOSCOVICI dans cette galère ! Je l'ai connu...
EMILIE AUBRY - De contrôler une diplomatie plus transparente etc.
ANDRE SANTINI - Ce n'est pas Cécilia qui a signé des accords pour des ventes d'armes éventuellement ou pour la livraison d'une pile nucléaire ou autre. Je vous en prie non, non...
EMILIE AUBRY - MOSCOVICI veut convoquer le colonel KADHAFI, ça vous semble crédible, il pense qu'il est faisable que la commission le reçoive ?
ANDRE SANTINI - Non, il faudrait rapatrier le corps de STALINE au Père Lachaise.
PERRINE TARNEAUD - Sur Cécilia, des rumeurs insistantes, cette semaine, elles font état d'un divorce entre Nicolas SARKOZY et sa femme Cécilia ?
ANDRE SANTINI - Je ne sais rien, et puis ce genre de rumeur vraiment c'est pour la presse people.
EMILIE AUBRY - Ça ne compte pas dans l'histoire d'un pays ? Dans la petite histoire ?
ANDRE SANTINI - Ça me ferait de la peine c'est tout, voilà. Parce que j'aime Cécilia et j'aime bien Nicolas.
PERRINE TARNEAUD - Cette politique conduite sous le coup de l'émotion c'est bon pour la com André SANTINI, mais quelle efficacité à long terme ?
ANDRE SANTINI - C'est pédagogique. Les gens en ont assez de voir passer au Parlement des grands textes qui ne les concernent que bien plus tard ou globalement et puis ils voient des petites choses. Je vois bien, nous, perpétuellement interpellé sur telle et telle chose. Je rappelais tout à l'heure, que j'avais été un des premiers artisans de la loi sur les Pitbull, que j'avais été menacé de mort. Vous, vous rendez compte à l'époque, et que j'avais entendu comme aujourd'hui beaucoup de réticences alors que le dossier n'a pas avancé, parce qu'on n'ose pas aller jusqu'à l'interdiction, il faut le dire clairement.
EMILIE AUBRY - Donc vive les faits divers, ce sera le mot de la fin, merci, beaucoup. Non, je plaisante.
ANDRE SANTINI - C'est important, vous savez DOSTOÏEVSKI disait "une fleur qui pousse dans mon pays en plein hiver, c'est de la politique."
EMILIE AUBRY - C'est bien de finir avec DOSTOÏEVSKI. Merci beaucoup André SANTINI, d'avoir été l'invité, cette semaine de "Parlement hebdo."
source http://www.le-nouveaucentre.org, le 16 octobre 2007