Texte intégral
J.-J. Bourdin.- Nous recevons ce matin, et c'est un plaisir, H. Novelli, secrétaire d'Etat chargé des Entreprises, du Commerce extérieur et de l'Artisanat. Et devenez de quoi nous allons parler ? Du pouvoir d'achat. H. Novelli, bonjour.
R.- Bonjour.
Q.- Merci d'être avec nous. Le pouvoir d'achat, évidemment, le Président de la République pendant la campagne électorale nous a dit vouloir être le Président du pouvoir d'achat. Maintenant, des mesures ont été prises, il va peut-être falloir peut-être aller plus loin, nous allons voir, parce qu'il y a une véritable inquiétude et un souci mensuel. A la fin du mois, pour beaucoup, il est difficile de boucler le budget. H. Novelli, allez-vous conditionner les allègements de charges accordés aux entreprises à la signature ou non d'accords salariaux ?
R.- Je ne sais pas, n'anticipez pas ! Il y a aujourd'hui cette convention avec l'ensemble des ministres en charge de ces dossiers, le patronat, les syndicats. Il est clair qu'aujourd'hui le pouvoir d'achat préoccupe, est la préoccupation n° 1 des Français.
Q.- Oui, mais ça c'est un constat, et donc...oui.
R.- Mais oui, mais on ne peut pas constater avant de discuter et de conclure.
Q.- Oh, le constat on l'avait fait pendant la campagne présidentielle.
R.- Oui, mais c'est aujourd'hui qu'à la demande du président du République, il y a cette rencontre très importante sur les salaires et le pouvoir d'achat.
Q.- Mais alors, je vous repose la question, vous ne participerez pas, je sais, à cette réunion, mais il y a cette réflexion au sein du gouvernement, est-ce qu'il faut conditionner - je repose la question - les allégements de charges accordés aux entreprises à la signature d'accords salariaux dans ces entreprises ?
R.- La signature d'accords salariaux est liée à la bonne santé ou à la capacité des entreprises à pouvoir offrir des salaires décents et suffisants aux salariés qui sont employés. Si les entreprises ne gagnent pas d'argent, si les entreprises ne sont pas profitables, eh bien si elles distribuent du pouvoir d'achat ou des salaires qu'elles ne sont pas en mesure de pouvoir assumer, c'est des dépôts de bilan et là pour le coup c'est pas du pouvoir d'achat qui disparaît, ce sont des emplois.
Q.- Bien sûr, bien sûr !
R.- Donc, le problème il est de savoir comment peut-on faire pour qu'il y ait des distributions de pouvoir d'achat sans que la situation économique globale des entreprises soit affectée. Eh bien, ça passe par deux choses : premièrement, c'est vrai, on peut distribuer du pouvoir d'achat, pas forcément en distribuant des salaires supplémentaires mais en faisant baisser des prix, c'est une première option ; et deuxième option, rétablir la compétitivité de notre économie qui aujourd'hui est en situation difficile, et il ne faut pas se tromper, c'est une oeuvre de plus longue haleine mais c'est grâce à une économie compétitive qu'on pourra distribuer les salaires qui conviennent.
Q.- Oui, mais vous ne répondez pas à ma question, H. Novelli.
R.- Si, j'essaie en tout cas de vous donner les pistes.
Q.- Vous essayez mais est-ce que vous êtes favorable au conditionnement des allégements de charges ? Je vais être plus clair encore : une entreprise bénéficie d'allègements des charges, on ne lui accordera ces allègements de charges que si elle signe des accords salariaux. Vous êtes favorable à ça ou pas ?
R.- Je ne suis pas favorable aux usines à gaz.
Q.- Vous n'êtes pas favorable à ça, donc.
R.- Je ne suis pas favorable...
Q.-... c'est une idée qui court au sein du gouvernement, vous le savez.
R.- C'est une idée qui court au sein...
Q.-... c'est X. Bertrand qui l'a défend.
R.- Mais, elle peut être défendue. Moi, ce qui m'importe là où je suis...
Q.-... donc, vous n'y êtes pas favorable, vous.
R.- Là où je suis, c'est de faire en sorte que les entreprises puissent assumer à la fois des distributions de salaires sans que pour autant on rentre dans un système à gaz.
Q.- Oui, mais ça veut dire que nos entreprises ne sont pas assez fortes pour supporter ce genre de conditions ?
R.- Un certain nombre peuvent le faire, d'autres sont en situation, vous le savez bien, je vais tout à l'heure au Forum PME, il y a beaucoup de petites et moyennes entreprises qui sont à l'équilibre ou qui dégagent très peu de marges. Savez-vous que nous avons perdu en termes de compétitivité marges/coût salarial par rapport à l'Allemagne près de 17 points en cinq ans ? C'est dire que la situation elle consiste aussi pour y remédier à ce problème de pouvoir d'achat à avoir des entreprises qui soient en forme et qui parce qu'elles gagnent de l'argent peuvent en faire bénéficier leurs salariés.
Q.- H. Novelli, vous avez vu la pub des Centres Leclerc : « Monsieur le Président, promettre la hausse du pouvoir d'achat c'est permettre la baisse des prix. Visiblement, c'est mal parti » écrit, ce matin, M.- E. Leclerc. C'est une pub dans tous les journaux.
R.- Je suis d'accord avec le premier membre de la phrase : "distribuer du pouvoir d'achat c'est réussir aussi à faire baisser les prix", c'est ce que je vous indiquais tout à l'heure.
Q.- Enfin, lui, il ajoute, « visiblement, c'est mal parti ».
R.- Oui, alors là je trouve qu'il anticipe un peu. Les projets de loi du Gouvernement ne sont pas encore proposés à l'Assemblée. Mais c'est vrai que L. Chatel, C. Lagarde présenteront dans quelques semaines un projet de loi sur la consommation et sur la protection des consommateurs qui devrait comprendre un certain nombre de mesures favorables au pouvoir d'achat. Lorsque vous faites baisser les prix, eh bien vous donnez du pouvoir d'achat supplémentaire, mais il y a des réserves.
Q.- Alors, je reviens sur ce que je disais tout à l'heure, la grande distribution conditionne l'ouverture de négociations salariales à l'obtention de nouvelles baisses de charges. Eh oui !
R.- Elle a le droit. Mais simplement, si toutes les branches se mettent à opter pour des conditionnements, on va bâtir dans toute l'économie française une sorte d'usine à gaz dont on est à peine sorti avec les 35 heures. Et donc je crois qu'il faut des mesures simples, des mesures qui soient comprises par tous et qui s'appliquent à tout le monde.
Q.- Alors, comment faire baisser les prix dans les hypermarchés ? Avec l'augmentation du coût des matières premières, comment faire ?
R.- Déjà, ce qu'a proposé L. Chatel et qui avait déjà été mis en oeuvre pour partie par N. Sarkozy quand il était à Bercy, c'est de permettre de réintégrer ce qu'on dit, les marges arrière, c'est-à-dire les marges de négociation qu'ont obtenues les distributeurs par rapport aux producteurs, de les réintégrer dans le prix de vente, et ça, ça fait baisser les prix. Ça a fait baisser les prix il y a trois ans de près de 3 %, et on estime que cette réintégration supplémentaire, finale, de l'ensemble de ces marges arrière pourraient faire baisser encore les prix dans les grandes surfaces de 3 à 5 %.
Q.- Alors, des soldes, est-ce qu'il faut organiser des soldes toute l'année ?
R.- Je n'en sais rien. Je ne sais pas, ça dépend. Ça dépend de la situation dans telle ou telle ville. Ca n'est pas comme ça qu'on a une action économique. Je crois que l'action économique elle consiste à...
Q.-... sauf, qu'on ne va pas autoriser la vente à perte, on est bien d'accord ?
R.- Non, on ne va pas autoriser la vente à perte mais ce que l'on va faire en réintégrant, je le répète, ces marges arrière, c'est de permettre de faire baisser ces prix partout.
Q.- Mais pas de vente à perte ?
R.- Et donc ça équivaut à des soldes toute l'année.
Q.- Parce que la vente à perte ce sont des soldes toute l'année, oui.
R.- Voilà, oui. Par contre, la baisse des prix qui va intervenir, ce sera aussi des soldes toute l'année sans autorisation.
Q.- C'est ce que suggère J. Attali dans la commission Attali.
R.- Oui, absolument !
Q.- Vous trouvez cette idée bonne.
R.- Lorsque l'on met de la liberté un peu partout dans l'économie, on s'en trouve relativement mieux. Les exemples étrangers sont foisons.
Q.- Alors, on va parler de ce que vous allez faire et de ce que vous êtes en train de faire. Hier, je lisais Le Monde et je voyais deux choses : « le niveau de vie des Français ralentit, les écarts de richesse se creusent ».
R.- Le niveau de vie des Français ralentit, c'est vrai que l'augmentation du pouvoir d'achat...
Q.- Ce sont les chiffres du Gouvernement même, j'ai vu les chiffres du gouvernement.
R.- Oui, oui, c'est les chiffres de l'Insee.
Q.- Oui, de l'Insee.
R.- L'augmentation du pouvoir d'achat elle a été en moyenne de deux points, elle se ralentit, mais, vous savez, il n'y a pas, je dirais de découverte à cela. Pourquoi est-ce que le pouvoir d'achat se ralentit ? C'est parce que tout simplement les entreprises aujourd'hui, c'est celles qui distribuent par le biais des salaires les revenus aux Français, sont souvent en situation de ne pas pouvoir augmenter beaucoup parce que la compétition...
Q.-... et les écarts de richesse se creusent aussi, je vois.
R.- Oui, et c'est de la même logique. Je ne dis pas que c'est juste, je dis que c'est logique, c'est-à-dire que lorsque vous avez peu de distribution de revenus pour ceux qui sont en bas de l'échelle, à l'évidence, ceux qui ont des stocks de capital accumulés et qui peuvent placer et obtenir ainsi des revenus suffisants...
Q.-... alors, vous défendez les chefs d'entreprise, H. Novelli. C'est votre rôle.
R.- Je défends surtout les entreprises et les entrepreneurs, c'est un peu lié. Il y a les salariés et les entrepreneurs et les entreprises.
Q.- Il faut absolument développer cet esprit d'entreprise en France qui nous manque.
R.- Absolument ! Il y a beaucoup de progrès qui ont été faits. Moi, je suis frappé de voir, j'étais devant des jeunes des quartiers pour leur expliquer ce que c'est l'aventure que peut consister la création d'une activité et leur dire qu'ils ont leur chance, qu'on va leur donner leur chance, eh bien c'est quelque chose qui bouge dans ce pays. Je crois qu'il y a, aujourd'hui, des mentalités qui évoluent. Simplement, le monde ne nous attend pas et pendant des années, on est restés derrière nos certitudes et derrière nos lignes Maginot. Aujourd'hui, il faut sortir.
Q.- Alors, que dites-vous, mais que dites-vous aux dirigeants de l'UIMM qui ont dans leurs caisses plusieurs centaines de millions d'euros ? Qu'est-ce que vous leur dites ?
R.- Qu'est-ce que voulez que je leur dise ? Ca c'est une affaire de justice.
Q.- Vous leur dites rien ? Vous ne leur dites pas, je sais pas moi, « distribuez cet argent pour aider, je sais pas moi, l'emploi des jeunes », je ne sais pas moi, « faites de cet argent quelque chose d'utile » ?
R.- D'abord, qu'est-ce que c'est que cet argent ? D'où vient-il ?
Q.- Il vient des cotisations des entreprises qui cotisent à l'UIMM et du travail des salariés.
R.- Eh bien, ce sont donc aux entreprises à partir de ce que va faire la justice si elle saisit, aux entreprises de décider ce qu'elles doivent faire de cotisations qui se sont accumulées. On peut imaginer plusieurs solutions, mais ce sont aux entreprises adhérentes de l'UIMM d'en décider.
Q.- Vous les laissez faire, alors ? Débrouillez-vous !
R.- Non, je ne laisse pas faire, je dis...
Q.-... vous leur dites pas, il faut quand même... non, vous leur dites rien.
R.- Non mais, vous êtes quand même extraordinaire ! Vous me demandez, c'est comme dans un club de foot, vous avez des adhérents, vous avez des gens qui ont payé et qui se retrouvent, tout d'un coup il y a un magot à entasser, c'est à eux à de décider ce qu'ils vont en faire.
Q.- Oui, mais les petits chefs d'entreprise, vous le savez très bien, H. Novelli, parce que vous les écoutez, ils en ont assez de ces pratiques-là, vous le savez bien.
R.- Oui, je crois surtout ce dont ils ont assez c'est souvent qu'on leur complique la vie, et c'est cette vie-là que moi je voudrais simplifier.
Q.- On va en parler. Vous voulez leur simplifier la vie.
R.- Oui, leur simplifier la vie parce que ce l'environnement est très dur.
Q.- Ils en ont besoin.
R.- Et je pense que si cet environnement est amélioré, les petits patrons s'en trouveront...
Q.- ... ils en ont besoin, eh bien on va en parler. [...]
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 23 octobre 2007
R.- Bonjour.
Q.- Merci d'être avec nous. Le pouvoir d'achat, évidemment, le Président de la République pendant la campagne électorale nous a dit vouloir être le Président du pouvoir d'achat. Maintenant, des mesures ont été prises, il va peut-être falloir peut-être aller plus loin, nous allons voir, parce qu'il y a une véritable inquiétude et un souci mensuel. A la fin du mois, pour beaucoup, il est difficile de boucler le budget. H. Novelli, allez-vous conditionner les allègements de charges accordés aux entreprises à la signature ou non d'accords salariaux ?
R.- Je ne sais pas, n'anticipez pas ! Il y a aujourd'hui cette convention avec l'ensemble des ministres en charge de ces dossiers, le patronat, les syndicats. Il est clair qu'aujourd'hui le pouvoir d'achat préoccupe, est la préoccupation n° 1 des Français.
Q.- Oui, mais ça c'est un constat, et donc...oui.
R.- Mais oui, mais on ne peut pas constater avant de discuter et de conclure.
Q.- Oh, le constat on l'avait fait pendant la campagne présidentielle.
R.- Oui, mais c'est aujourd'hui qu'à la demande du président du République, il y a cette rencontre très importante sur les salaires et le pouvoir d'achat.
Q.- Mais alors, je vous repose la question, vous ne participerez pas, je sais, à cette réunion, mais il y a cette réflexion au sein du gouvernement, est-ce qu'il faut conditionner - je repose la question - les allégements de charges accordés aux entreprises à la signature d'accords salariaux dans ces entreprises ?
R.- La signature d'accords salariaux est liée à la bonne santé ou à la capacité des entreprises à pouvoir offrir des salaires décents et suffisants aux salariés qui sont employés. Si les entreprises ne gagnent pas d'argent, si les entreprises ne sont pas profitables, eh bien si elles distribuent du pouvoir d'achat ou des salaires qu'elles ne sont pas en mesure de pouvoir assumer, c'est des dépôts de bilan et là pour le coup c'est pas du pouvoir d'achat qui disparaît, ce sont des emplois.
Q.- Bien sûr, bien sûr !
R.- Donc, le problème il est de savoir comment peut-on faire pour qu'il y ait des distributions de pouvoir d'achat sans que la situation économique globale des entreprises soit affectée. Eh bien, ça passe par deux choses : premièrement, c'est vrai, on peut distribuer du pouvoir d'achat, pas forcément en distribuant des salaires supplémentaires mais en faisant baisser des prix, c'est une première option ; et deuxième option, rétablir la compétitivité de notre économie qui aujourd'hui est en situation difficile, et il ne faut pas se tromper, c'est une oeuvre de plus longue haleine mais c'est grâce à une économie compétitive qu'on pourra distribuer les salaires qui conviennent.
Q.- Oui, mais vous ne répondez pas à ma question, H. Novelli.
R.- Si, j'essaie en tout cas de vous donner les pistes.
Q.- Vous essayez mais est-ce que vous êtes favorable au conditionnement des allégements de charges ? Je vais être plus clair encore : une entreprise bénéficie d'allègements des charges, on ne lui accordera ces allègements de charges que si elle signe des accords salariaux. Vous êtes favorable à ça ou pas ?
R.- Je ne suis pas favorable aux usines à gaz.
Q.- Vous n'êtes pas favorable à ça, donc.
R.- Je ne suis pas favorable...
Q.-... c'est une idée qui court au sein du gouvernement, vous le savez.
R.- C'est une idée qui court au sein...
Q.-... c'est X. Bertrand qui l'a défend.
R.- Mais, elle peut être défendue. Moi, ce qui m'importe là où je suis...
Q.-... donc, vous n'y êtes pas favorable, vous.
R.- Là où je suis, c'est de faire en sorte que les entreprises puissent assumer à la fois des distributions de salaires sans que pour autant on rentre dans un système à gaz.
Q.- Oui, mais ça veut dire que nos entreprises ne sont pas assez fortes pour supporter ce genre de conditions ?
R.- Un certain nombre peuvent le faire, d'autres sont en situation, vous le savez bien, je vais tout à l'heure au Forum PME, il y a beaucoup de petites et moyennes entreprises qui sont à l'équilibre ou qui dégagent très peu de marges. Savez-vous que nous avons perdu en termes de compétitivité marges/coût salarial par rapport à l'Allemagne près de 17 points en cinq ans ? C'est dire que la situation elle consiste aussi pour y remédier à ce problème de pouvoir d'achat à avoir des entreprises qui soient en forme et qui parce qu'elles gagnent de l'argent peuvent en faire bénéficier leurs salariés.
Q.- H. Novelli, vous avez vu la pub des Centres Leclerc : « Monsieur le Président, promettre la hausse du pouvoir d'achat c'est permettre la baisse des prix. Visiblement, c'est mal parti » écrit, ce matin, M.- E. Leclerc. C'est une pub dans tous les journaux.
R.- Je suis d'accord avec le premier membre de la phrase : "distribuer du pouvoir d'achat c'est réussir aussi à faire baisser les prix", c'est ce que je vous indiquais tout à l'heure.
Q.- Enfin, lui, il ajoute, « visiblement, c'est mal parti ».
R.- Oui, alors là je trouve qu'il anticipe un peu. Les projets de loi du Gouvernement ne sont pas encore proposés à l'Assemblée. Mais c'est vrai que L. Chatel, C. Lagarde présenteront dans quelques semaines un projet de loi sur la consommation et sur la protection des consommateurs qui devrait comprendre un certain nombre de mesures favorables au pouvoir d'achat. Lorsque vous faites baisser les prix, eh bien vous donnez du pouvoir d'achat supplémentaire, mais il y a des réserves.
Q.- Alors, je reviens sur ce que je disais tout à l'heure, la grande distribution conditionne l'ouverture de négociations salariales à l'obtention de nouvelles baisses de charges. Eh oui !
R.- Elle a le droit. Mais simplement, si toutes les branches se mettent à opter pour des conditionnements, on va bâtir dans toute l'économie française une sorte d'usine à gaz dont on est à peine sorti avec les 35 heures. Et donc je crois qu'il faut des mesures simples, des mesures qui soient comprises par tous et qui s'appliquent à tout le monde.
Q.- Alors, comment faire baisser les prix dans les hypermarchés ? Avec l'augmentation du coût des matières premières, comment faire ?
R.- Déjà, ce qu'a proposé L. Chatel et qui avait déjà été mis en oeuvre pour partie par N. Sarkozy quand il était à Bercy, c'est de permettre de réintégrer ce qu'on dit, les marges arrière, c'est-à-dire les marges de négociation qu'ont obtenues les distributeurs par rapport aux producteurs, de les réintégrer dans le prix de vente, et ça, ça fait baisser les prix. Ça a fait baisser les prix il y a trois ans de près de 3 %, et on estime que cette réintégration supplémentaire, finale, de l'ensemble de ces marges arrière pourraient faire baisser encore les prix dans les grandes surfaces de 3 à 5 %.
Q.- Alors, des soldes, est-ce qu'il faut organiser des soldes toute l'année ?
R.- Je n'en sais rien. Je ne sais pas, ça dépend. Ça dépend de la situation dans telle ou telle ville. Ca n'est pas comme ça qu'on a une action économique. Je crois que l'action économique elle consiste à...
Q.-... sauf, qu'on ne va pas autoriser la vente à perte, on est bien d'accord ?
R.- Non, on ne va pas autoriser la vente à perte mais ce que l'on va faire en réintégrant, je le répète, ces marges arrière, c'est de permettre de faire baisser ces prix partout.
Q.- Mais pas de vente à perte ?
R.- Et donc ça équivaut à des soldes toute l'année.
Q.- Parce que la vente à perte ce sont des soldes toute l'année, oui.
R.- Voilà, oui. Par contre, la baisse des prix qui va intervenir, ce sera aussi des soldes toute l'année sans autorisation.
Q.- C'est ce que suggère J. Attali dans la commission Attali.
R.- Oui, absolument !
Q.- Vous trouvez cette idée bonne.
R.- Lorsque l'on met de la liberté un peu partout dans l'économie, on s'en trouve relativement mieux. Les exemples étrangers sont foisons.
Q.- Alors, on va parler de ce que vous allez faire et de ce que vous êtes en train de faire. Hier, je lisais Le Monde et je voyais deux choses : « le niveau de vie des Français ralentit, les écarts de richesse se creusent ».
R.- Le niveau de vie des Français ralentit, c'est vrai que l'augmentation du pouvoir d'achat...
Q.- Ce sont les chiffres du Gouvernement même, j'ai vu les chiffres du gouvernement.
R.- Oui, oui, c'est les chiffres de l'Insee.
Q.- Oui, de l'Insee.
R.- L'augmentation du pouvoir d'achat elle a été en moyenne de deux points, elle se ralentit, mais, vous savez, il n'y a pas, je dirais de découverte à cela. Pourquoi est-ce que le pouvoir d'achat se ralentit ? C'est parce que tout simplement les entreprises aujourd'hui, c'est celles qui distribuent par le biais des salaires les revenus aux Français, sont souvent en situation de ne pas pouvoir augmenter beaucoup parce que la compétition...
Q.-... et les écarts de richesse se creusent aussi, je vois.
R.- Oui, et c'est de la même logique. Je ne dis pas que c'est juste, je dis que c'est logique, c'est-à-dire que lorsque vous avez peu de distribution de revenus pour ceux qui sont en bas de l'échelle, à l'évidence, ceux qui ont des stocks de capital accumulés et qui peuvent placer et obtenir ainsi des revenus suffisants...
Q.-... alors, vous défendez les chefs d'entreprise, H. Novelli. C'est votre rôle.
R.- Je défends surtout les entreprises et les entrepreneurs, c'est un peu lié. Il y a les salariés et les entrepreneurs et les entreprises.
Q.- Il faut absolument développer cet esprit d'entreprise en France qui nous manque.
R.- Absolument ! Il y a beaucoup de progrès qui ont été faits. Moi, je suis frappé de voir, j'étais devant des jeunes des quartiers pour leur expliquer ce que c'est l'aventure que peut consister la création d'une activité et leur dire qu'ils ont leur chance, qu'on va leur donner leur chance, eh bien c'est quelque chose qui bouge dans ce pays. Je crois qu'il y a, aujourd'hui, des mentalités qui évoluent. Simplement, le monde ne nous attend pas et pendant des années, on est restés derrière nos certitudes et derrière nos lignes Maginot. Aujourd'hui, il faut sortir.
Q.- Alors, que dites-vous, mais que dites-vous aux dirigeants de l'UIMM qui ont dans leurs caisses plusieurs centaines de millions d'euros ? Qu'est-ce que vous leur dites ?
R.- Qu'est-ce que voulez que je leur dise ? Ca c'est une affaire de justice.
Q.- Vous leur dites rien ? Vous ne leur dites pas, je sais pas moi, « distribuez cet argent pour aider, je sais pas moi, l'emploi des jeunes », je ne sais pas moi, « faites de cet argent quelque chose d'utile » ?
R.- D'abord, qu'est-ce que c'est que cet argent ? D'où vient-il ?
Q.- Il vient des cotisations des entreprises qui cotisent à l'UIMM et du travail des salariés.
R.- Eh bien, ce sont donc aux entreprises à partir de ce que va faire la justice si elle saisit, aux entreprises de décider ce qu'elles doivent faire de cotisations qui se sont accumulées. On peut imaginer plusieurs solutions, mais ce sont aux entreprises adhérentes de l'UIMM d'en décider.
Q.- Vous les laissez faire, alors ? Débrouillez-vous !
R.- Non, je ne laisse pas faire, je dis...
Q.-... vous leur dites pas, il faut quand même... non, vous leur dites rien.
R.- Non mais, vous êtes quand même extraordinaire ! Vous me demandez, c'est comme dans un club de foot, vous avez des adhérents, vous avez des gens qui ont payé et qui se retrouvent, tout d'un coup il y a un magot à entasser, c'est à eux à de décider ce qu'ils vont en faire.
Q.- Oui, mais les petits chefs d'entreprise, vous le savez très bien, H. Novelli, parce que vous les écoutez, ils en ont assez de ces pratiques-là, vous le savez bien.
R.- Oui, je crois surtout ce dont ils ont assez c'est souvent qu'on leur complique la vie, et c'est cette vie-là que moi je voudrais simplifier.
Q.- On va en parler. Vous voulez leur simplifier la vie.
R.- Oui, leur simplifier la vie parce que ce l'environnement est très dur.
Q.- Ils en ont besoin.
R.- Et je pense que si cet environnement est amélioré, les petits patrons s'en trouveront...
Q.- ... ils en ont besoin, eh bien on va en parler. [...]
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 23 octobre 2007