Déclaration de M. Christian Estrosi, secrétaire d'Etat à l'outre-mer, sur les atouts des DOM TOM par rapport aux objectifs du Grenelle de l'environnement et de la recherche développement, Paris le 25 octobre 2007.

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Circonstance : Grenelle de l'environnement, Paris le 25 octobre 2007

Texte intégral

Aujourd'hui, je souhaite vous remercier, vous qui avez animé ces débats
et qui avez fait de ce Grenelle, une occasion unique de réflexion sur
ce thème si urgent, vaste et complexe qu'est l'environnement.
L'Outre-mer français sera à la pointe de ce combat majeur dans le
développement du « new deal » écologique proposé par le Président de la
République à l'Assemblée Générale des Nations Unies.
Dans ce vaste élan, l'Outre-mer a toute sa place. Je dirai même qu'il
occupe une place primordiale.
C'est d'abord 97 % des 11 millions de km2 d'espaces maritimes, qui s'
étendent de l'Antarctique à l'atlantique nord en passant par les mers
tropicales et la Méditerranée.
Grâce à son Outre-mer, la France maîtrise et gère la deuxième plus
grande surface océanique du monde après les USA.
C'est aussi une biodiversité d'une incomparable richesse car c'est en
Outre-mer que vivent plus de la moitié des cétacés et pinnipèdes
existants, 98 % des vertébrés, 96 % des plantes vasculaires pour ne
citer que ces exemples.
Cette richesse est importante, et constitue un patrimoine unique au
monde. Mais elle est fragile. Cette fragilité est d'autant plus
sensible dans les outremers que leurs situations présentent des
caractéristiques qui leurs sont propres.
C'est la raison pour laquelle, j'ai tenu à ce que chaque territoire
composant notre Outre-mer puisse s'exprimer.
Des consultations publiques ont donc été organisées dans tout l'Outre-
mer. L'engagement a été actif, vivant et très enrichissant. La qualité
et la quantité des contributions ont été telles que parfois, comme en
Polynésie française, il a fallu organiser une seconde consultation.
Le résultat est un engagement de l'Outre-mer qui se concrétise par ce
plan : « VERS UN OUTRE-MER EXEMPLAIRE ».
Ce plan, a été conçu en fonction des solides atouts que possède l'
Outre-mer, de ses potentialités fortes, et de sa situation géographique
qui le prédispose à devenir un laboratoire grandeur réelle sur
plusieurs sujets. Mon intention est claire : l'Outre-mer doit être une
exemple ; il doit devenir la vitrine technologique avancée de la
France, dans le domaine écologique.
8 domaines stratégiques ont donc été retenus pour ces collectivités
ultramarine : l'énergie, les déchets, les risques naturels, la gestion
des ressources naturelles et de la biodiversité, les activités
extractives, l'eau et les pollutions, la santé et la gouvernance.
Chacun de ces domaines a été décliné en un objectif stratégique défini
à l'horizon de 2020, puis en plusieurs axes d'intervention, qui eux
même se déclinent en propositions d'actions.
Ces domaines ont en commun l'impérative nécessité d'améliorer notre
économie de la connaissance, et je suis résolument convaincu que l'
Outre-mer peut contribuer à cette amélioration.
Je ne vais pas ici vous décrire en détail ce plan. Mais je souhaite,
par quelques exemples vous en présenter certains aspects.
Premier exemple : celui de l'énergie.
Qui mieux que l'Outre-mer peut répondre aux grands choix de production
énergétique en milieu insulaire ou non interconnecté?
Ne plus dépendre des énergies fossiles a poussé ces territoires à
développer les énergies renouvelables.
Ainsi, alors qu'elle ne représentent que 9 % en métropole, cette part
des énergies renouvelables est de 16 % en Guadeloupe, 18 % en Guyane,
et 36 % à La Réunion. Avec la création récente du pôle de compétitivité
SYNERGILE, la Guadeloupe vise à mieux développer son énergie issue de
la géothermie. A la Réunion, le solaire est déjà en pointe et très
bientôt ce sera un autre pôle de compétitivité TEMERGIE qui va
dynamiser la recherche, le dépôt de brevets et le commerce de nouvelles
solutions plus performantes. En Polynésie française, des recherches
sont entreprises dans le domaine de l'énergie thermique des mers.
Ne peut on donc pas prendre en exemple l'Outre-mer ? Ne peut on pas
compter sur cet Outre-mer, présent dans les technologies innovantes,
pour conquérir de nouveaux marchés ?
Autre exemple, celui de la prévention des risques naturels.
Les territoires ultramarins doivent faire face à tous les risques
naturels connus, qui sont plus étendus dans leurs occurrences qu'en
métropole : cyclones, éruptions volcaniques, séismes, tsunamis, crues
torrentielles, inondations, glissements de terrain.
Travailler à développer des plates formes automatisées de détection des
tsunamis, ou à élaborer des nouveaux matériaux économisant l'énergie
tout en résistant à un cyclone ou un tremblement de terre, sont autant
d'axes d'engagement de l'Outre-mer.
Là encore, le savoir faire de l'Outre-mer peut s'exporter.
Dernier exemple : la préservation de la biodiversité.
Il nous faut donc un nouveau modèle de fonctionnement opérationnel de
protection et de valorisation. Il doit servir de laboratoire pour
toutes nos zones maritimes, en apportant une valeur ajoutée certaine
par rapport à l'existant.
Les espaces maritimes français doivent devenir un Sanctuaire modèle de
protection de toutes les espèces marines menacées de disparition.
La France, leader historique de l'océanographie, doit proposer, initier
et appliquer une approche pragmatique, concertée, mais surtout
opérationnelle pour donner l'exemple et prendre la tête du sauvetage de
la planète bleue, en favorisant la coopération internationale, y
compris Nord-Sud en faveur d'un développement durable, maîtrisé par le
concert des nations.
Cependant, on ne peut dissocier la protection de la biodiversité de
celle de protection des milieux dans lesquelles elle vit. Pour autant,
on ne peut sanctuariser à l'extrême et rejeter toute idée de
développement économique pour l'Outre-mer.
Il s'engage donc pour valoriser à l'extrême les déchets, et en essayant
de réduire les importations de produits générateurs de déchets
important. Cela peut aussi nous ouvrir la voie, ici en métropole.
L'essentiel, à mes yeux est cette possibilité unique existant en outre
-mer, de contribuer à la compétitivité de la France.
Car c'est la clé d'un nouveau développement économique pour chaque
collectivité ultra- marine et pour la métropole.
Ce sont des nouveaux métiers et donc de nouveaux emplois qui sont en
jeu. Ce sont des nouvelles filières de formation à proposer à nos
jeunes. C'est la création de nouvelles entreprises qui se dessine à
moyen terme.
C'est une nouvelle affirmation de l'Outre-mer, de ses talents, de ses
compétences, de ses savoir-faire, dans une économie mondialisée.
C'est cet Outre-mer, qui a répondu présent à ce Grenelle de l'
environnement, dont je voulais témoigner aujourd'hui devant vous.
Le plan « vers un Outre-mer exemplaire » est SA contribution, et je n'
en suis que le rapporteur.
L'Outre-mer y a mis toute son énergie et tout son coeur. Ce Grenelle a
su soulever un vaste élan. A nous maintenant de relever le défi.Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 26 octobre 2007