Texte intégral
O. Nahum, D. Jeambar et E. Le Boucher O. Nahum : Vous qui êtes ministre de l'Europe, comment réagissez-vous face à cette information qui suscite pas mal de commentaires : à cause de l'euro fort, des avionneurs et pas des moindres, menacent de délocaliser aux Etats-Unis. Encore une fois, il y a ce problème avec l'euro. Vous vous étiez exprimé, vous aviez demandé plus de coordination dans les changes. C'est quand même le problème majeur qui revient tout le temps, cet euro fort qui, là, pour le coup, nous entraînerait dans les délocalisations Outre-atlantique ?
R.- Par rapport à ce qu'a indiqué E. Le Boucher, l'euro fort n'est pas un inconvénient, c'est même plutôt un avantage ; quand vous avez un baril qui est près de 100 dollars - il est aujourd'hui descendu de 10 dollars - moi je fais partie de ceux qui considèrent que la demande mondiale reste encore forte, donc il va encore y avoir des tensions qui vont subsister sur le marché pétrolier, parce que certes il y a un ralentissement aux Etats-Unis, cela peut calmer les choses, mais enfin, comme vous avez un boom asiatique et que c'est ça qui dirige l'économie mondiale aujourd'hui, on reste sur des situations tendues. Deuxièmement, il n'y a plus aujourd'hui de véritable contestation en Europe sur la nécessité de faire attention aux évolutions du marché des changes et la coordination. Je crois que tout le monde est d'accord, du président de la Banque centrale européenne aux ministres des Finances, aux principaux chefs d'Etat et de Gouvernement. Il n'y a plus de divergences, il n' y a plus de dissonance entre la France et l'Allemagne sur ces sujets-là, le constat est le même. La question n'est pas de savoir si cela nous plaît ou ne nous plaît pas. Cela ne nous plaît pas, en dépit des avantages qui existent en matière de facture énergétique. La question est de savoir maintenant comment l'on fait. Comment on fait ? C'est des questions assez techniques, je ne veux pas entrer dans les détails, mais il faut savoir à quel moment on agit. Les chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Eurogroupe ont dit qu'il fallait agir. Et comment on le fait ? Moi, ce que je remarque c'est que vous avez un euro qui est fort et vous avez trois autres devises qui, pour des raisons différentes, sont faibles ; le yuan, le yen et le dollar. Le dollar a causé des déséquilibres, le yuan parce qu'il est contrôlé et le yen parce qu'il n'y a pas de taux d'intérêt. A partir de ce moment-là, la question qui est posée, et qui est posée à la Banque centrale européenne, est de savoir comment vous réagissez quand vous êtes le seul à pouvoir en fait agir par rapport à trois autres monnaies qui ne veulent pas agir.
D. Jeambar : On a tout de même le sentiment que J.-C. Trichet est autiste, et qu'il ne veut pas entendre ce discours-là. Il s'est toujours battu sur cette théorie de l'euro fort, et au fond, la situation de l'euro lui donne raison. Pourquoi reviendrait-il sur ce qu'il a toujours plaidé ? En plus, au moment où il doit s'inquiéter de la hausse de l'inflation ?
R.- Là où D. Jeambar a raison, c'est que la situation est extrêmement complexe et difficile pour le président de la Banque centrale européenne, ça c'est exact. On est dans une situation où vous avez des variations importantes sur le marché des changes qui ne sont pas favorables à l'euro, mais comme je l'ai dit, l'euro est fort parce que les autres sont faibles, et tous les autres sont faibles. Donc, la question qui nous est renvoyée elle est quand même confinée aux Européens quelque part. En second, vous avez des résurgences d'inflation et le problème est de savoir si l'inflation est conjoncturelle aujourd'hui ou si elle est structurelle. Je pense, compte tenu là aussi de ce qu'a indiqué E. Le Boucher tout à l'heure, que si vous avez une diminution dans le prix des énergies fossiles, que nous savons, grâce à une politique énergétique européenne plus intelligente et plus efficace, nous affranchir de notre dépendance à l'égard de ces énergies, il y a des possibilités de réduire l'inflation. Troisièmement, vous avez encore la crise des subprimes et là-dessus, je peux dire que la Banque centrale européenne a très bien réagi, injecté des liquidités, bien régulé la situation. A partir de ce moment-là, la question qui est posée à J.-C. Trichet et à la Banque centrale européenne, c'est une question assez classique entre : quels sont les risques, quels sont les arbitrages possibles entre l'inflation anticipée, et non pas l'inflation telle qu'elle existe aujourd'hui, de savoir si elle va être à six mois, puisque le rôle de la Banque centrale est aussi de voir quelles sont les anticipations qui existent, et d'autre part, l'activité, la croissance et les marges de variation par rapport à nos autres partenaires en termes monétaires. Là, nous avons retrouvé une discipline au niveau européen, il faut la laisser, c'est à la Banque centrale européenne d'agir mais il est clair que nous ne devons pas accroître les écarts dans les différents domaines par rapport à ce qui existe aux Etats-Unis et notamment les écarts dans le domaine monétaire.
E. Le Boucher : Restons sur le domaine monétaire, sur l'euro. Alors comment empêcher quand même qu'il monte ? Et est-ce que vous croyez que la démarche commune qui a eu lieu, du président de l'Eurogroupe, de J.-C. Trichet, à Pékin a servi à quelque chose ?
R.- Je crois qu'il est important que l'Europe affirme son unité. C'était la première fois qu'il y avait une démarche commune du président de l'Eurogroupe, du président de la Banque centrale et du commissaire. On a suffisamment - et vous le savez parfaitement - regretté qu'il n'y ait pas d'approche commune au niveau européen, pas de représentation externe et pas de visibilité, pour ne pas saluer cette démarche.
E. Le Boucher : Pourquoi ne l'avoir pas fait en même temps que les Américains ?
R.- Là, les Américains nous ont précédés. Il faut prendre la démarche telle qu'elle vient. Je pense que, sans vouloir trop entrer dans la technique, vous avez une situation qui est différente dans les rapports entre le yuan et le dollar, puisque vous avez une liaison qui est spécifique entre le yuan et le dollar et que vous avez une sous-évaluation plus importante du yuan par rapport à l'euro et que vous avez, il faut bien le dire, compte tenu de la défiance qui existe de la part des autorités chinoises, des acteurs chinois et d'autres acteurs asiatiques à l'égard de l'économie américaine, une volonté des Asiatiques d'acheter, de renforcer, de diversifier leurs réserves en terme d'euro, ce qui est une bonne chose en soi, ce qui montre la crédibilité de cette monnaie sur la scène internationale...
E. Le Boucher : Zone assurance...
R.- Mais cela le fait monter, vous avez raison. Aujourd'hui, le jeu est entre trois monnaies. Donc, vous avez quatre monnaies : le yuan, le yen, le dollar, l'euro. Une qui monte qui est l'euro, les trois autres qui pour des raisons différentes, s'affaiblissent.
O. Nahum : C'est bien le comble si l'euro suscite, entraîne des délocalisations, comme le rapporte encore la presse ce matin. Cette monnaie qui doit nous aider, est le vecteur d'une nuisance ( ?) dans l'imaginaire collectif, ce ne serait pas, vous le reconnaissez...
R.- Moi j'ai vécu les deux situations : j'ai vécu un euro à 0,80. On disait : "votre monnaie ne vaudra jamais rien, vous n'y arriverez jamais, il faut revenir au franc, et tout ça". Aujourd'hui, on est dans une autre situation. Nous sommes contre des variations abruptes, brutales, sur le marché des changes. C'est à la Banque centrale de prendre cela en considération par rapport à des risques d'inflation que moi j'estime conjoncturels davantage que structurels, de faire en sorte, nous le savons, que compte tenu des déséquilibres américains et un dollar qui va rester faible, il faut être clair là-dessus, même si pour certains opérateurs américains, ce n'est pas un avantage notamment à l'égard des fonds américains, ce qui, soi dit en passant, réduit les risques d'OPA en Europe - ce qu'on a souhaité quand même un certain moment - ; un autre avantage aussi de l'euro fort qu'on oublie de souligner, pour ceux qui aiment comme E. Le Boucher la politique industrielle, de ce point de vue-là, nous sommes quand même dans une conjoncture plus favorable, et deuxièmement... je crois qu'il faut faire attention entre ce qui est dit par un certain nombre d'industriels - je crois que L. Gallois n'a pas tort de tirer la sonnette d'alarme sur le plan de l'industrie type l'industrie aéronautique, ce n'est pas pour toutes les industries - et puis il faut voir aussi si les opérateurs économiques comme d'autres n'ont pas intérêt à modifier leur mode de facturation et à faire en sorte que les contrats soient davantage libellés en euro que libellés en dollar, ce qui serait pour eux aussi une autre manière de se protéger. Je crois qu'il y a un changement de paradigme et un changement d'attitude que doivent prendre les industriels. Ce qui est important sur le plan européen aussi, c'est que l'Europe renforce ses moyens, un, en terme de politique industrielle, de politique de soutien à la recherche et à l'innovation à l'égard de ses grands groupes notamment, et troisièmement, prenne des mesures et des moyens suffisants pour qu'il y ait des adaptations à la mondialisation et des adaptations qui protègent les salariés, qui protègent contre les délocalisations.
O. Nahum : Et c'est si on fait l'Europe ?
R.- Elle devrait le faire davantage. C'est un des enjeux du prochain conseil européen à Lisbonne, de faire en sorte qu'il y ait un renforcement de la dimension externe de la stratégie dite de Lisbonne.
[Pause]
O. Nahum : Toujours en compagnie de J.-P. Jouyet, secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes et en compagnie également de D. Jeambar, E. Le Boucher et J.-H. Lorenzi du Cercle des Economistes qui nous a rejoint. J.-P. Jouyet, vous êtes effectivement le ministre de l'Europe, on a beaucoup glosé sur le budget dévolu à la présidence française de l'Union européenne, on parle de 190 millions d'euros et certains ont trouvé que c'était quand même un peu beaucoup. Alors est-ce que ce budget est justifié ou justifiable ?
R.- Il est non seulement justifiable, mais il est pleinement justifié lorsque vous regardez ce qui a été fait par la présidence allemande, qui est la seule comparaison qui vaille par rapport aux autres budgets. Nous dépensons exactement la même chose que ce qu'ont dépensé les Allemands, étant entendu qu'il y a eu des concours de la part de nos amis allemands de Länders et d'autres collectivités. Ils ont bien eu raison, le budget allemand était de 180 millions, le nôtre est de 190 millions, mais en Länder, tout cela est comparable. Ce sont des budgets qui sont supérieurs à ce qui existait dans les présidences de 2000 ou de 1995, pour deux raisons simples. La première c'est que nous sommes à 27 et que cela coûte plus cher ; la seconde, c'est que tout ce qui est dépenses de sécurité, après le 11 septembre 2001, a très nettement augmenté ; la troisième également, c'est que vous avez - et c'est un bien pour l'Europe qui est plus visible sur la scène internationale - un nombre de sommets et de rencontres internationales qui ne cesse de s'accroître et qu'il faut financer tout cela.
O. Nahum : Cela ne veut pas dire que la présidence française sera plus flamboyante que les autres ?
R.- La présidence française, elle veut être citoyenne, elle veut être populaire, cela a aussi un coût, c'est le premier rendez-vous entre les Français et l'Europe depuis l'échec du référendum en 2005.
O. Nahum : C'est la réconciliation alors ?
R.- C'est la réconciliation.
O. Nahum : C'est quoi populaire, qu'est-ce que cela veut dire ?
R.- Eh bien cela veut dire que vous devez impliquer effectivement ? à travers un certain nombre de manifestations, qu'elles soient d'ordre culturel - on parlait éducation - éducatives, de présence de responsables européens et dans les écoles et dans les entreprises et qu'il y ait un certain nombre de manifestations aussi culturelles, intellectuelles, que cette présidence doit s'en créer davantage dans la réalité et ne pas être un simple ballet de Velsatis en dehors des concitoyens, voilà.
D. Jeambar : Est-ce que ce sera populaire de faire adopter le traité simplifié par le congrès plutôt que par référendum ?
R.- Là, il faut être clair, entre nous : le traité est un traité modificatif, ce n'est pas un traité constitutionnel. Lorsque vous avez un traité constitutionnel, le procédé par voie référendaire peut être le choix logique. Deuxièmement, à la différence de Maastricht, ce n'est pas un traité qui entraîne des transferts de souveraineté aussi importants que Maastricht. Qu'est-ce que c'était que Maastricht ? C'était l'abandon du franc et le fait que l'on ait choisi l'euro, ce n'est pas le cas actuellement. Troisième raison, N. Sarkozy durant la campagne électorale présidentielle a été extrêmement clair, il a dit aux Français très clairement ce qu'il ferait, il l'a dit à nos partenaires européens. Nous respectons le contrat et à l'égard des Français et à l'égard de nos partenaires européens. Et pour ma part, je n'ai jamais considéré que la démocratie représentative était un déni de démocratie, c'est une forme de démocratie. Sur ce type de traité, c'est pleinement justifié, c'est la règle pour tous les engagements internationaux. Je rappelle qu'en ce qui concerne les engagements internationaux et tout type de traité, la règle c'est : la ratification parlementaire ; l'exception, à la discrétion du président de la République, c'est le référendum et comme vous le savez, personnellement, je souhaite que cela soit toujours ainsi.
O. Nahum : Vous pourriez nous repréciser le calendrier d'adoption maintenant ?
R.- Le traité va être signé le 13 décembre à Lisbonne, le Conseil constitutionnel sera saisi le 14 décembre, il rendra un avis pour savoir s'il y a, oui ou non matière à révision constitutionnelle. Nous devrions avoir cet avis avant les fêtes, je le pense. Il y aura un projet de loi déposé par le Gouvernement dans le cas où il y a révision de la Constitution en tout début janvier. Le congrès devrait se tenir durant la deuxième quinzaine du mois de janvier, la ratification devrait intervenir au tout début du mois de février.
O. Nahum : J.-P. Jouyet, du fait des déplacements du personnel du Quai d'Orsay, si j'ose dire, vous avez été amené à prendre la parole sur la question, effectivement qui a aussi beaucoup suscité de commentaires : la diplomatie de N. Sarkozy à l'adresse de la Russie, notamment de V. Poutine. Alors, vous reprécisez les choses : pour vous, il n'y a pas de contradiction, le coup de téléphone présidentiel à l'adresse du chef du Kremlin ne porte pas une contradiction sur le fait aussi de vouloir défendre la démocratie à travers le monde.
R.- Je rappelle qu'il y a trois mois, on était dans la situation inverse : on reprochait à N. Sarkozy d'être trop en avance en ce qui concerne les critiques adressées à Poutine, et on lui demandait d'être, quand même beaucoup plus réaliste à l'égard de la Russie. La situation n'a pas changé, nous devons avoir un dialogue exigeant et clair avec les autorités russes - et de ce point de vue là, qu'il y ait des conversations entre le Président russe et le Président français est une bonne chose. Le fait qu'il y ait eu la rencontre entre eux deux est également une bonne chose. Ce que j'ai dit de la manière la plus claire, c'était que sur la Russie, il y avait des allégations dans ce qui concerne les irrégularités commises pendant ces élections. Qu'il appartenait à la Russie de faire toute la lumière là-dessus, que nous regrettions qu'il n'y ait pas eu d'observateurs internationaux, indépendants et le seul fait qu'il y ait des délégations de parlementaires n'est pas suffisant à cet égard. Vous avez des gens dans le cadre de l'OCDE, dont c'est le métier technique de s'assurer que les élections ont lieu de manière parfaitement transparente. Et ce que je constate, c'est que nous sommes encore dans une situation de transition et que la Russie qui est un grand pays doit véritablement accepter ce que sont les règles de la démocratie, les exigences de transparence et qu'il y a certaines marges de progression à faire, pour être diplomate.
D. Jeambar : On a quand même, globalement l'impression que N. Sarkozy revient à la Realpolitik, ce n'est pas une critique d'ailleurs que je porte là, mais c'est un constat.
R.- Mais la politique est toujours et s'inscrit toujours dans le réel, nous devons effectivement être toujours réels, mais il n'y a pas de contradictions entre avoir de Realpolitik, avoir des politiques qui essayent de promouvoir ce qu'est l'économie française à l'étranger - en témoigne la visite à Alger ou la visite à Pékin - ou de promouvoir et nos entreprises et donc de défendre de cette manière nos emplois et de faire en sorte que partout, la voix de la France, en ce qui concerne les Droits de l'Homme soit portée. C'est la voix de la France et c'est la voix de l'Union européenne. Parce que je crois que la présidence portugaise a aussi regretté le manque d'observateurs.
O. Nahum : Vous êtes favorable à ce que l'on reçoive le Dalaï Lama à ce moment là, à Paris, comme il a été reçu à Berlin ?
R.- Là je suis... il y a des symboles, il faut faire attention. Je suis là, plus, comme D. Jeambar... Je crois qu'il faut aussi savoir où commencent les réalités, ou s'arrêtent les symboles, ce qui est le plus utile à faire. Moi, en ce qui me concerne, je crois qu'il est important de porter, avoir des Droits de l'Homme lorsque vous avez des contacts avec des Autorités chinoises et pas forcément s'immiscer dans les affaires intérieures et sur des questions qui sont délicates, telle la question du Tibet.
O. Nahum : Justement, J.-P. Jouyet, vous qui avez beaucoup réfléchi aussi sur l'Union Méditerranéenne, ce rapprochement avec l'Europe, comment vous voyez ce déplacement de N. Sarkozy en Algérie. La France doit-elle s'excuser, puisque c'est une question qui revient quand même, qui est très prégnante ?
R.- Moi ce qui m'importe, c'est ce qu'a indiqué le président de la République, en ce qui concerne ce qui a été les responsabilités du colonialisme et les fautes qui ont été commises à l'égard du colonialisme. Je crois que c'est ça qui est important et c'est ça qu'il faut retenir du message du président de la République. Et je crois que par rapport à des discours, antérieurement, c'est ce que je veux retenir pour ceux, qui comme moi, considèrent effectivement que cela est une faute.
O. Nahum : Mais cela veut dire aussi que vous pensez qu'il doit tenir un discours à l'adresse de la communauté harki, puisqu'on dit que le Président va s'exprimer sur le sujet ?
R.- Si vous me dites qu'il va s'exprimer, donc, attendons qu'il y ait une expression à l'égard de la communauté harki.
D. Jeambar : Est-ce que vous êtes un ministre d'ouverture heureux ?
R.- Je suis un ministre d'ouverture heureux, compte tenu de ce que j'ai à faire, sur l'Europe, compte tenu de la manière dont l'Europe est relancée, compte tenu donc... Je crois que nous pouvons être utile de ce point de vue-là et qui plus est, nous arrivons à faire entendre notre propre sensibilité.
O. Nahum : Vous avez vraiment le sentiment qu'en entrant dans ce Gouvernement, vous apportez vraiment quelque chose et vous ouvrez le jeu de N. Sarkozy d'une certaine manière.
R.- Eh bien écoutez, moi je crois que nous gardons notre indépendance, nous avons une certaine sensibilité, que ce soit B. Kouchner, M. Hirsch ou moi, je crois que nous apportons dans des domaines différents une certaine, effectivement sensibilité nouvelle et que nous n'avons pas l'intention, en ce qui nous concerne, de nous départir et de cette sensibilité et de cette indépendance.
O. Nahum : Vous allez adhérer à un nouveau parti, un de ces nouveaux partis ?
R.- Absolument pas.
O. Nahum : D'accord, ça c'est une information, vous restez avec nous, J.-P. Jouyet, parce que tout à l'heure nous allons parler d'un colloque auquel vous participez.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 décembre 2007
R.- Par rapport à ce qu'a indiqué E. Le Boucher, l'euro fort n'est pas un inconvénient, c'est même plutôt un avantage ; quand vous avez un baril qui est près de 100 dollars - il est aujourd'hui descendu de 10 dollars - moi je fais partie de ceux qui considèrent que la demande mondiale reste encore forte, donc il va encore y avoir des tensions qui vont subsister sur le marché pétrolier, parce que certes il y a un ralentissement aux Etats-Unis, cela peut calmer les choses, mais enfin, comme vous avez un boom asiatique et que c'est ça qui dirige l'économie mondiale aujourd'hui, on reste sur des situations tendues. Deuxièmement, il n'y a plus aujourd'hui de véritable contestation en Europe sur la nécessité de faire attention aux évolutions du marché des changes et la coordination. Je crois que tout le monde est d'accord, du président de la Banque centrale européenne aux ministres des Finances, aux principaux chefs d'Etat et de Gouvernement. Il n'y a plus de divergences, il n' y a plus de dissonance entre la France et l'Allemagne sur ces sujets-là, le constat est le même. La question n'est pas de savoir si cela nous plaît ou ne nous plaît pas. Cela ne nous plaît pas, en dépit des avantages qui existent en matière de facture énergétique. La question est de savoir maintenant comment l'on fait. Comment on fait ? C'est des questions assez techniques, je ne veux pas entrer dans les détails, mais il faut savoir à quel moment on agit. Les chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Eurogroupe ont dit qu'il fallait agir. Et comment on le fait ? Moi, ce que je remarque c'est que vous avez un euro qui est fort et vous avez trois autres devises qui, pour des raisons différentes, sont faibles ; le yuan, le yen et le dollar. Le dollar a causé des déséquilibres, le yuan parce qu'il est contrôlé et le yen parce qu'il n'y a pas de taux d'intérêt. A partir de ce moment-là, la question qui est posée, et qui est posée à la Banque centrale européenne, est de savoir comment vous réagissez quand vous êtes le seul à pouvoir en fait agir par rapport à trois autres monnaies qui ne veulent pas agir.
D. Jeambar : On a tout de même le sentiment que J.-C. Trichet est autiste, et qu'il ne veut pas entendre ce discours-là. Il s'est toujours battu sur cette théorie de l'euro fort, et au fond, la situation de l'euro lui donne raison. Pourquoi reviendrait-il sur ce qu'il a toujours plaidé ? En plus, au moment où il doit s'inquiéter de la hausse de l'inflation ?
R.- Là où D. Jeambar a raison, c'est que la situation est extrêmement complexe et difficile pour le président de la Banque centrale européenne, ça c'est exact. On est dans une situation où vous avez des variations importantes sur le marché des changes qui ne sont pas favorables à l'euro, mais comme je l'ai dit, l'euro est fort parce que les autres sont faibles, et tous les autres sont faibles. Donc, la question qui nous est renvoyée elle est quand même confinée aux Européens quelque part. En second, vous avez des résurgences d'inflation et le problème est de savoir si l'inflation est conjoncturelle aujourd'hui ou si elle est structurelle. Je pense, compte tenu là aussi de ce qu'a indiqué E. Le Boucher tout à l'heure, que si vous avez une diminution dans le prix des énergies fossiles, que nous savons, grâce à une politique énergétique européenne plus intelligente et plus efficace, nous affranchir de notre dépendance à l'égard de ces énergies, il y a des possibilités de réduire l'inflation. Troisièmement, vous avez encore la crise des subprimes et là-dessus, je peux dire que la Banque centrale européenne a très bien réagi, injecté des liquidités, bien régulé la situation. A partir de ce moment-là, la question qui est posée à J.-C. Trichet et à la Banque centrale européenne, c'est une question assez classique entre : quels sont les risques, quels sont les arbitrages possibles entre l'inflation anticipée, et non pas l'inflation telle qu'elle existe aujourd'hui, de savoir si elle va être à six mois, puisque le rôle de la Banque centrale est aussi de voir quelles sont les anticipations qui existent, et d'autre part, l'activité, la croissance et les marges de variation par rapport à nos autres partenaires en termes monétaires. Là, nous avons retrouvé une discipline au niveau européen, il faut la laisser, c'est à la Banque centrale européenne d'agir mais il est clair que nous ne devons pas accroître les écarts dans les différents domaines par rapport à ce qui existe aux Etats-Unis et notamment les écarts dans le domaine monétaire.
E. Le Boucher : Restons sur le domaine monétaire, sur l'euro. Alors comment empêcher quand même qu'il monte ? Et est-ce que vous croyez que la démarche commune qui a eu lieu, du président de l'Eurogroupe, de J.-C. Trichet, à Pékin a servi à quelque chose ?
R.- Je crois qu'il est important que l'Europe affirme son unité. C'était la première fois qu'il y avait une démarche commune du président de l'Eurogroupe, du président de la Banque centrale et du commissaire. On a suffisamment - et vous le savez parfaitement - regretté qu'il n'y ait pas d'approche commune au niveau européen, pas de représentation externe et pas de visibilité, pour ne pas saluer cette démarche.
E. Le Boucher : Pourquoi ne l'avoir pas fait en même temps que les Américains ?
R.- Là, les Américains nous ont précédés. Il faut prendre la démarche telle qu'elle vient. Je pense que, sans vouloir trop entrer dans la technique, vous avez une situation qui est différente dans les rapports entre le yuan et le dollar, puisque vous avez une liaison qui est spécifique entre le yuan et le dollar et que vous avez une sous-évaluation plus importante du yuan par rapport à l'euro et que vous avez, il faut bien le dire, compte tenu de la défiance qui existe de la part des autorités chinoises, des acteurs chinois et d'autres acteurs asiatiques à l'égard de l'économie américaine, une volonté des Asiatiques d'acheter, de renforcer, de diversifier leurs réserves en terme d'euro, ce qui est une bonne chose en soi, ce qui montre la crédibilité de cette monnaie sur la scène internationale...
E. Le Boucher : Zone assurance...
R.- Mais cela le fait monter, vous avez raison. Aujourd'hui, le jeu est entre trois monnaies. Donc, vous avez quatre monnaies : le yuan, le yen, le dollar, l'euro. Une qui monte qui est l'euro, les trois autres qui pour des raisons différentes, s'affaiblissent.
O. Nahum : C'est bien le comble si l'euro suscite, entraîne des délocalisations, comme le rapporte encore la presse ce matin. Cette monnaie qui doit nous aider, est le vecteur d'une nuisance ( ?) dans l'imaginaire collectif, ce ne serait pas, vous le reconnaissez...
R.- Moi j'ai vécu les deux situations : j'ai vécu un euro à 0,80. On disait : "votre monnaie ne vaudra jamais rien, vous n'y arriverez jamais, il faut revenir au franc, et tout ça". Aujourd'hui, on est dans une autre situation. Nous sommes contre des variations abruptes, brutales, sur le marché des changes. C'est à la Banque centrale de prendre cela en considération par rapport à des risques d'inflation que moi j'estime conjoncturels davantage que structurels, de faire en sorte, nous le savons, que compte tenu des déséquilibres américains et un dollar qui va rester faible, il faut être clair là-dessus, même si pour certains opérateurs américains, ce n'est pas un avantage notamment à l'égard des fonds américains, ce qui, soi dit en passant, réduit les risques d'OPA en Europe - ce qu'on a souhaité quand même un certain moment - ; un autre avantage aussi de l'euro fort qu'on oublie de souligner, pour ceux qui aiment comme E. Le Boucher la politique industrielle, de ce point de vue-là, nous sommes quand même dans une conjoncture plus favorable, et deuxièmement... je crois qu'il faut faire attention entre ce qui est dit par un certain nombre d'industriels - je crois que L. Gallois n'a pas tort de tirer la sonnette d'alarme sur le plan de l'industrie type l'industrie aéronautique, ce n'est pas pour toutes les industries - et puis il faut voir aussi si les opérateurs économiques comme d'autres n'ont pas intérêt à modifier leur mode de facturation et à faire en sorte que les contrats soient davantage libellés en euro que libellés en dollar, ce qui serait pour eux aussi une autre manière de se protéger. Je crois qu'il y a un changement de paradigme et un changement d'attitude que doivent prendre les industriels. Ce qui est important sur le plan européen aussi, c'est que l'Europe renforce ses moyens, un, en terme de politique industrielle, de politique de soutien à la recherche et à l'innovation à l'égard de ses grands groupes notamment, et troisièmement, prenne des mesures et des moyens suffisants pour qu'il y ait des adaptations à la mondialisation et des adaptations qui protègent les salariés, qui protègent contre les délocalisations.
O. Nahum : Et c'est si on fait l'Europe ?
R.- Elle devrait le faire davantage. C'est un des enjeux du prochain conseil européen à Lisbonne, de faire en sorte qu'il y ait un renforcement de la dimension externe de la stratégie dite de Lisbonne.
[Pause]
O. Nahum : Toujours en compagnie de J.-P. Jouyet, secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes et en compagnie également de D. Jeambar, E. Le Boucher et J.-H. Lorenzi du Cercle des Economistes qui nous a rejoint. J.-P. Jouyet, vous êtes effectivement le ministre de l'Europe, on a beaucoup glosé sur le budget dévolu à la présidence française de l'Union européenne, on parle de 190 millions d'euros et certains ont trouvé que c'était quand même un peu beaucoup. Alors est-ce que ce budget est justifié ou justifiable ?
R.- Il est non seulement justifiable, mais il est pleinement justifié lorsque vous regardez ce qui a été fait par la présidence allemande, qui est la seule comparaison qui vaille par rapport aux autres budgets. Nous dépensons exactement la même chose que ce qu'ont dépensé les Allemands, étant entendu qu'il y a eu des concours de la part de nos amis allemands de Länders et d'autres collectivités. Ils ont bien eu raison, le budget allemand était de 180 millions, le nôtre est de 190 millions, mais en Länder, tout cela est comparable. Ce sont des budgets qui sont supérieurs à ce qui existait dans les présidences de 2000 ou de 1995, pour deux raisons simples. La première c'est que nous sommes à 27 et que cela coûte plus cher ; la seconde, c'est que tout ce qui est dépenses de sécurité, après le 11 septembre 2001, a très nettement augmenté ; la troisième également, c'est que vous avez - et c'est un bien pour l'Europe qui est plus visible sur la scène internationale - un nombre de sommets et de rencontres internationales qui ne cesse de s'accroître et qu'il faut financer tout cela.
O. Nahum : Cela ne veut pas dire que la présidence française sera plus flamboyante que les autres ?
R.- La présidence française, elle veut être citoyenne, elle veut être populaire, cela a aussi un coût, c'est le premier rendez-vous entre les Français et l'Europe depuis l'échec du référendum en 2005.
O. Nahum : C'est la réconciliation alors ?
R.- C'est la réconciliation.
O. Nahum : C'est quoi populaire, qu'est-ce que cela veut dire ?
R.- Eh bien cela veut dire que vous devez impliquer effectivement ? à travers un certain nombre de manifestations, qu'elles soient d'ordre culturel - on parlait éducation - éducatives, de présence de responsables européens et dans les écoles et dans les entreprises et qu'il y ait un certain nombre de manifestations aussi culturelles, intellectuelles, que cette présidence doit s'en créer davantage dans la réalité et ne pas être un simple ballet de Velsatis en dehors des concitoyens, voilà.
D. Jeambar : Est-ce que ce sera populaire de faire adopter le traité simplifié par le congrès plutôt que par référendum ?
R.- Là, il faut être clair, entre nous : le traité est un traité modificatif, ce n'est pas un traité constitutionnel. Lorsque vous avez un traité constitutionnel, le procédé par voie référendaire peut être le choix logique. Deuxièmement, à la différence de Maastricht, ce n'est pas un traité qui entraîne des transferts de souveraineté aussi importants que Maastricht. Qu'est-ce que c'était que Maastricht ? C'était l'abandon du franc et le fait que l'on ait choisi l'euro, ce n'est pas le cas actuellement. Troisième raison, N. Sarkozy durant la campagne électorale présidentielle a été extrêmement clair, il a dit aux Français très clairement ce qu'il ferait, il l'a dit à nos partenaires européens. Nous respectons le contrat et à l'égard des Français et à l'égard de nos partenaires européens. Et pour ma part, je n'ai jamais considéré que la démocratie représentative était un déni de démocratie, c'est une forme de démocratie. Sur ce type de traité, c'est pleinement justifié, c'est la règle pour tous les engagements internationaux. Je rappelle qu'en ce qui concerne les engagements internationaux et tout type de traité, la règle c'est : la ratification parlementaire ; l'exception, à la discrétion du président de la République, c'est le référendum et comme vous le savez, personnellement, je souhaite que cela soit toujours ainsi.
O. Nahum : Vous pourriez nous repréciser le calendrier d'adoption maintenant ?
R.- Le traité va être signé le 13 décembre à Lisbonne, le Conseil constitutionnel sera saisi le 14 décembre, il rendra un avis pour savoir s'il y a, oui ou non matière à révision constitutionnelle. Nous devrions avoir cet avis avant les fêtes, je le pense. Il y aura un projet de loi déposé par le Gouvernement dans le cas où il y a révision de la Constitution en tout début janvier. Le congrès devrait se tenir durant la deuxième quinzaine du mois de janvier, la ratification devrait intervenir au tout début du mois de février.
O. Nahum : J.-P. Jouyet, du fait des déplacements du personnel du Quai d'Orsay, si j'ose dire, vous avez été amené à prendre la parole sur la question, effectivement qui a aussi beaucoup suscité de commentaires : la diplomatie de N. Sarkozy à l'adresse de la Russie, notamment de V. Poutine. Alors, vous reprécisez les choses : pour vous, il n'y a pas de contradiction, le coup de téléphone présidentiel à l'adresse du chef du Kremlin ne porte pas une contradiction sur le fait aussi de vouloir défendre la démocratie à travers le monde.
R.- Je rappelle qu'il y a trois mois, on était dans la situation inverse : on reprochait à N. Sarkozy d'être trop en avance en ce qui concerne les critiques adressées à Poutine, et on lui demandait d'être, quand même beaucoup plus réaliste à l'égard de la Russie. La situation n'a pas changé, nous devons avoir un dialogue exigeant et clair avec les autorités russes - et de ce point de vue là, qu'il y ait des conversations entre le Président russe et le Président français est une bonne chose. Le fait qu'il y ait eu la rencontre entre eux deux est également une bonne chose. Ce que j'ai dit de la manière la plus claire, c'était que sur la Russie, il y avait des allégations dans ce qui concerne les irrégularités commises pendant ces élections. Qu'il appartenait à la Russie de faire toute la lumière là-dessus, que nous regrettions qu'il n'y ait pas eu d'observateurs internationaux, indépendants et le seul fait qu'il y ait des délégations de parlementaires n'est pas suffisant à cet égard. Vous avez des gens dans le cadre de l'OCDE, dont c'est le métier technique de s'assurer que les élections ont lieu de manière parfaitement transparente. Et ce que je constate, c'est que nous sommes encore dans une situation de transition et que la Russie qui est un grand pays doit véritablement accepter ce que sont les règles de la démocratie, les exigences de transparence et qu'il y a certaines marges de progression à faire, pour être diplomate.
D. Jeambar : On a quand même, globalement l'impression que N. Sarkozy revient à la Realpolitik, ce n'est pas une critique d'ailleurs que je porte là, mais c'est un constat.
R.- Mais la politique est toujours et s'inscrit toujours dans le réel, nous devons effectivement être toujours réels, mais il n'y a pas de contradictions entre avoir de Realpolitik, avoir des politiques qui essayent de promouvoir ce qu'est l'économie française à l'étranger - en témoigne la visite à Alger ou la visite à Pékin - ou de promouvoir et nos entreprises et donc de défendre de cette manière nos emplois et de faire en sorte que partout, la voix de la France, en ce qui concerne les Droits de l'Homme soit portée. C'est la voix de la France et c'est la voix de l'Union européenne. Parce que je crois que la présidence portugaise a aussi regretté le manque d'observateurs.
O. Nahum : Vous êtes favorable à ce que l'on reçoive le Dalaï Lama à ce moment là, à Paris, comme il a été reçu à Berlin ?
R.- Là je suis... il y a des symboles, il faut faire attention. Je suis là, plus, comme D. Jeambar... Je crois qu'il faut aussi savoir où commencent les réalités, ou s'arrêtent les symboles, ce qui est le plus utile à faire. Moi, en ce qui me concerne, je crois qu'il est important de porter, avoir des Droits de l'Homme lorsque vous avez des contacts avec des Autorités chinoises et pas forcément s'immiscer dans les affaires intérieures et sur des questions qui sont délicates, telle la question du Tibet.
O. Nahum : Justement, J.-P. Jouyet, vous qui avez beaucoup réfléchi aussi sur l'Union Méditerranéenne, ce rapprochement avec l'Europe, comment vous voyez ce déplacement de N. Sarkozy en Algérie. La France doit-elle s'excuser, puisque c'est une question qui revient quand même, qui est très prégnante ?
R.- Moi ce qui m'importe, c'est ce qu'a indiqué le président de la République, en ce qui concerne ce qui a été les responsabilités du colonialisme et les fautes qui ont été commises à l'égard du colonialisme. Je crois que c'est ça qui est important et c'est ça qu'il faut retenir du message du président de la République. Et je crois que par rapport à des discours, antérieurement, c'est ce que je veux retenir pour ceux, qui comme moi, considèrent effectivement que cela est une faute.
O. Nahum : Mais cela veut dire aussi que vous pensez qu'il doit tenir un discours à l'adresse de la communauté harki, puisqu'on dit que le Président va s'exprimer sur le sujet ?
R.- Si vous me dites qu'il va s'exprimer, donc, attendons qu'il y ait une expression à l'égard de la communauté harki.
D. Jeambar : Est-ce que vous êtes un ministre d'ouverture heureux ?
R.- Je suis un ministre d'ouverture heureux, compte tenu de ce que j'ai à faire, sur l'Europe, compte tenu de la manière dont l'Europe est relancée, compte tenu donc... Je crois que nous pouvons être utile de ce point de vue-là et qui plus est, nous arrivons à faire entendre notre propre sensibilité.
O. Nahum : Vous avez vraiment le sentiment qu'en entrant dans ce Gouvernement, vous apportez vraiment quelque chose et vous ouvrez le jeu de N. Sarkozy d'une certaine manière.
R.- Eh bien écoutez, moi je crois que nous gardons notre indépendance, nous avons une certaine sensibilité, que ce soit B. Kouchner, M. Hirsch ou moi, je crois que nous apportons dans des domaines différents une certaine, effectivement sensibilité nouvelle et que nous n'avons pas l'intention, en ce qui nous concerne, de nous départir et de cette sensibilité et de cette indépendance.
O. Nahum : Vous allez adhérer à un nouveau parti, un de ces nouveaux partis ?
R.- Absolument pas.
O. Nahum : D'accord, ça c'est une information, vous restez avec nous, J.-P. Jouyet, parce que tout à l'heure nous allons parler d'un colloque auquel vous participez.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 décembre 2007