Texte intégral
Q - En tant que ministre français des Affaires étrangères, comment considérez-vous cette annulation du Dakar 2008 ?
R - Je la considère sans gaieté et même avec tristesse. Je crois que les organisateurs ont fait le choix de la sécurité et je salue leur courage. Je sais que prendre une telle décision n'était pas facile. Je sais qu'ils avaient déployé beaucoup d'énergie pour organiser cette course que tout le monde admire.
Je sais qu'il y a des enjeux économiques mais, honnêtement, la prudence commandait de tenir le plus grand compte des risques.
Nous n'avons rien imposé et ils ont été assez sages pour prendre cette décision.
Il faut saluer aussi les Mauritaniens qui ont fait beaucoup d'efforts pour assurer la sécurité mais, à notre avis, pour huit étapes du rallye, dans un contexte géographique compliqué et, surtout, dans un contexte de sécurité insuffisant, il me paraît vraiment sage, et je les en félicite, d'avoir choisi la sécurité et, hélas, d'avoir dû annuler le départ.
Q - Les quatre Français ont été tués en Mauritanie à la veille de Noël, le 24 décembre dernier. Le communiqué du Quai d'Orsay recommandant d'éviter de se rendre dans ce pays a été publié hier. Pourquoi avoir attendu dix jours ?
R - Pas du tout, le communiqué a été publié dès le lendemain sur notre site. Celui d'hier était un autre communiqué.
Q - Alors pourquoi en avoir publié un à nouveau ? Disposez-vous de nouvelles informations concernant cette attaque ?
R - Tous les jours, nous publions des communiqués. C'est la coutume, ce n'est pas exceptionnel. Bien au contraire.
Q - On dit qu'Al Qaïda serait derrière l'attaque des Français. Al Qaïda est aujourd'hui, on le sait, présente en Algérie, au Maroc. Le Quai d'Orsay estime-t-il qu'il est dangereux pour les ressortissants français de se rendre dans ces pays ?
R - Je pense qu'il faut prendre des précautions partout. Je ne recommande en rien d'éviter les autres pays dont vous avez parlé. Nous savons, vous savez qu'Al Qaïda ou ceux qui se recommandent d'Al Qaïda-Maghreb sont de plus en plus scandaleusement efficaces, sinistrement efficaces. Pour preuve, vous avez vu ce qui s'est passé en Algérie récemment. Alors, nous ne pouvons pas ne pas en tenir compte, c'est notre devoir de le faire.
Maintenant, je ne condamne ni l'aventure, ni les risques, ni la découverte, ni le tourisme et je sais qu'il faut parler clair et parler franc à nos ressortissants, aux citoyens français, et d'ailleurs au monde entier.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 janvier 2008