Texte intégral
Madame la présidente,
Monsieur le ministre, cher Éric,
Mesdames, Messieurs,
Même si la plupart d'entre vous ont probablement déjà les yeux rivés vers le buffet bien plus que sur le pupitre, je ne bouderai pas mon plaisir de pouvoir m'exprimer aujourd'hui devant vous.
Je m'associe bien évidemment aux voeux qu'Éric a formulées à votre endroit et pour les médias en général. Etre journaliste, dans un monde où l'information est reine tout en étant éclatée, voilà une tâche aussi décisive qu'exigeante. Et je connais trop bien la plupart d'entre vous pour mesurer le talent et la conscience avec lesquels vous vous en acquittez.
Je voudrais aussi profiter de l'occasion pour adresser mes voeux à Éric. Je le fais d'autant plus volontiers que j'ai la plus grande estime pour l'engagement et le professionnalisme dont il fait preuve dans l'exercice de ses fonctions : voilà 7 mois que nous travaillons ensemble et je suis très fier, je le dis sans ambages devant vous, du tandem que nous formons.
Un homme politique qui m'est cher soulignait qu'on reconnaît un discours de Jaurès à un fait simple : tous les verbes s'y conjuguent au futur. Aussi me suis-je demandé comment prononcer un discours de voeux qui saurait déroger à cette règle implacable.
J'ai trouvé - aisément je l'avoue - une première échappatoire, dont j'userai ici volontiers : revenir sur les étapes qu'Éric et moi avons déjà franchies pour refonder la Fonction publique. Je m'excuse d'ailleurs par avance de revenir sur des événements dont toutes vos télévisions, radios et journaux se sont abondamment fait l'écho. Mais vous me pardonnerez, j'en suis sûr, ces redondances.
Notre action a été guidée par des principes clairs.
Premier principe : l'État s'est donné les moyens d'être plus efficace, en s'imposant la maîtrise de ses effectifs et en lançant une démarche pleinement inédite en France, à travers la révision générale des politiques publiques. Éric, qui en est le rapporteur général, a évoqué cette RGPP et vous savez que, le 12 décembre dernier, elle a apporté ses premiers fruits. Je n'y insiste donc pas, même si la démarche est aussi ambitieuse que capitale : 2008 offrira d'autres occasions d'en reparler.
Deuxième principe : nous avons souhaité reconnaître le travail, souvent remarquable, des fonctionnaires. Qu'avons-nous déjà fait pour cela ? nous avons proposé aux partenaires sociaux un système novateur de garantie individuelle de leur pouvoir d'achat et nous avons récompensé les fonctionnaires qui travaillent plus, grâce à deux mesures clés : l'extension et la revalorisation de leurs heures supplémentaires et la monétisation possible de 4 jours RTT non pris.
Troisième objectif, enfin : nous avons jeté les premières bases d'une GRH moderne avec cette conviction : il faut que l'État gère des hommes et des femmes et non plus des textes ou des procédures. Nous avons ainsi ouvert la voie à la suppression de la notation des fonctionnaires, système aussi rigide que déresponsabilisant, et à son remplacement par un véritable entretien professionnel. Nous avons aussi - honorant par là-même un engagement pris avec trois fédérations de fonctionnaires - créé le droit individuel à la formation pour les agents publics, à l'instar de celui dont bénéficient déjà tous les salariés. Et pour accroître la mobilité entre secteurs public et privé, nous avons rendu possible la mise à disposition de salariés du privé au sein de l'administration.
Voilà, parmi d'autres, plusieurs des mesures très importantes déjà prises.
Innovants sur le fond, nous avons voulu l'être sur la forme. Comme Éric le rappelait, nous avons fait un travail sans précédent de dialogue social. Nous avons mené, depuis le 8 octobre, trois conférences sociales avec les syndicats de fonctionnaires : sur le pouvoir d'achat, sur le dialogue social et sur les parcours professionnels et les conditions de travail dans la Fonction publique, ce qui représente des dizaines de réunions de travail. Je remercie d'ailleurs les fédérations de fonctionnaires pour leur assiduité lors de tous ces rendez-vous, de même que l'engagement de tous nos services dans la démarche.
Nous avons parallèlement engagé un grand débat national sur les valeurs, missions et métiers de la Fonction publique, avec cette conviction profonde : pour construire le service public de demain, pour redonner tout son sens au travail des agents publics, il faut partir des valeurs fondamentales du service public, celles qui constituent notre héritage, celles qui sont à retrouver ou à créer.
Voilà ainsi près de 4 mois qu'Éric Woerth et moi portons cette consultation publique sans précédent, à la faveur de déplacements, de débats en région dans les écoles de service public, de tables rondes avec des experts, des fonctionnaires et des usagers. 200 000 personnes ont déjà visité le site dédié (www.ensemblefonctionpublique.org) et nous avons recueilli plus de 6 300 contributions.
J'en profite pour remercier tous les membres permanents de cette conférence, qui nous épaulent dans la démarche, trop souvent à l'ombre de vos caméras.
Alors que dire de 2008 et de l'avenir ? Celui-ci m'invite évidemment à parler au futur mais ce futur, je veux le dire, sonne comme un impératif. Car nous n'ignorons rien des attentes et des aspirations des fonctionnaires. Les mesures que nous avons prises en quelques mois ne sauraient satisfaire entièrement toutes leurs attentes, trop longtemps ajournées. Il faut répondre à ces plus de 70 % de fonctionnaires sondés qui souhaitent que la Fonction publique se réforme en profondeur. Ces premières mesures en appellent donc d'autres, autour d'une grande ambition, dont le président de la République et le Premier ministre ont eu l'occasion de préciser les contours.
1re étape : nous mettrons prochainement en place les leviers destinés à favoriser la mobilité des fonctionnaires, au prix de mesures novatrices, dont certaines sont d'ordre législatif. Les études montrent que moins de 5 % des fonctionnaires sont mobiles. Pourtant, la très large majorité d'entre eux ont pour première préoccupation leurs perspectives professionnelles et leur mobilité. Comment pourrions-nous ne pas répondre à ce paradoxe ?
2e étape : nous engagerons, dès le printemps, sur la base de la grande consultation nationale que j'évoquais et le livre blanc qui en sera le produit, une réforme d'ensemble de la Fonction publique. Nous concerterons évidemment avec toutes les parties prenantes, avec un objectif clair qu'Éric a mentionné : en finir avec la segmentation des corps, le maquis des statuts, la rigidité et la routine des procédures pour repenser le système, notamment statutaire, en profondeur.
Nous construirons la fonction publique de métiers, c'est-à-dire un cadre totalement nouveau. La Fonction publique y sera regroupée autour de grandes filières professionnelles, plus lisibles, au sein desquelles la mobilité, la promotion professionnelle, la récompense des mérites des agents ne seront plus des valeurs sans consistance.
Vous me direz que maintenant je parle au futur et que cela sonne comme une utopie.
Pour Éric et moi, soyez assurés, cela sonne comme un engagement et une résolution. Nous voulons une fonction publique mieux rémunérée, plus ouverte et plus innovante. Et pour cela, nous construirons un cadre plus performant et plus souple à la fois pour les agents et pour les gestionnaires.
Alors, dans ce contexte, je finirai en formulant deux voeux :
Premier voeu : que vous, journalistes, mettiez, en 2008, autant de soin à retranscrire la réforme de la Fonction publique que nous mettrons d'ardeur à la conduire. Et je vous invite, à cet égard, non seulement à suivre de près nos prochains déplacements, par exemple à Londres pour Éric Woerth et à Berlin me concernant, mais aussi à couvrir, avec la plus grande assiduité, la « Semaine de la fonction publique ». Ce temps fort se déroulera du 1er au 8 février prochain : il permettra de mettre en lumière, en particulier lors d'une conférence de synthèse le 8 février, tous les débats, les dizaines d'auditions et les milliers de contributions que la consultation nationale en cours a déjà occasionnés.
Mon deuxième voeu sera plus audacieux encore : qu'en 2009, lorsque Madame CROUÏGNEAU , à nouveau peut-être, prononcera à notre endroit les meilleures choses, elle soit en mesure de parler au passé des engagements que nous avions nous-mêmes pris au futur. Vous soulignerez alors qu'en 2008, la refondation d'ensemble de la fonction publique s'est effectivement résolument engagée sous notre égide, au bénéfice de tous les fonctionnaires.
Et ce ne sera pas le moindre de nos plaisirs, à Éric et à moi, de faire mentir ainsi, par vos soins, un célèbre dramaturge qui disait en substance :
« Les bonnes résolutions sont comme les anguilles. Il est facile de les prendre. Il est plus dur de les tenir. »
Je vous remercie.
Source http://www.comptes-publics.gouv.fr, le 23 janvier 2008
Monsieur le ministre, cher Éric,
Mesdames, Messieurs,
Même si la plupart d'entre vous ont probablement déjà les yeux rivés vers le buffet bien plus que sur le pupitre, je ne bouderai pas mon plaisir de pouvoir m'exprimer aujourd'hui devant vous.
Je m'associe bien évidemment aux voeux qu'Éric a formulées à votre endroit et pour les médias en général. Etre journaliste, dans un monde où l'information est reine tout en étant éclatée, voilà une tâche aussi décisive qu'exigeante. Et je connais trop bien la plupart d'entre vous pour mesurer le talent et la conscience avec lesquels vous vous en acquittez.
Je voudrais aussi profiter de l'occasion pour adresser mes voeux à Éric. Je le fais d'autant plus volontiers que j'ai la plus grande estime pour l'engagement et le professionnalisme dont il fait preuve dans l'exercice de ses fonctions : voilà 7 mois que nous travaillons ensemble et je suis très fier, je le dis sans ambages devant vous, du tandem que nous formons.
Un homme politique qui m'est cher soulignait qu'on reconnaît un discours de Jaurès à un fait simple : tous les verbes s'y conjuguent au futur. Aussi me suis-je demandé comment prononcer un discours de voeux qui saurait déroger à cette règle implacable.
J'ai trouvé - aisément je l'avoue - une première échappatoire, dont j'userai ici volontiers : revenir sur les étapes qu'Éric et moi avons déjà franchies pour refonder la Fonction publique. Je m'excuse d'ailleurs par avance de revenir sur des événements dont toutes vos télévisions, radios et journaux se sont abondamment fait l'écho. Mais vous me pardonnerez, j'en suis sûr, ces redondances.
Notre action a été guidée par des principes clairs.
Premier principe : l'État s'est donné les moyens d'être plus efficace, en s'imposant la maîtrise de ses effectifs et en lançant une démarche pleinement inédite en France, à travers la révision générale des politiques publiques. Éric, qui en est le rapporteur général, a évoqué cette RGPP et vous savez que, le 12 décembre dernier, elle a apporté ses premiers fruits. Je n'y insiste donc pas, même si la démarche est aussi ambitieuse que capitale : 2008 offrira d'autres occasions d'en reparler.
Deuxième principe : nous avons souhaité reconnaître le travail, souvent remarquable, des fonctionnaires. Qu'avons-nous déjà fait pour cela ? nous avons proposé aux partenaires sociaux un système novateur de garantie individuelle de leur pouvoir d'achat et nous avons récompensé les fonctionnaires qui travaillent plus, grâce à deux mesures clés : l'extension et la revalorisation de leurs heures supplémentaires et la monétisation possible de 4 jours RTT non pris.
Troisième objectif, enfin : nous avons jeté les premières bases d'une GRH moderne avec cette conviction : il faut que l'État gère des hommes et des femmes et non plus des textes ou des procédures. Nous avons ainsi ouvert la voie à la suppression de la notation des fonctionnaires, système aussi rigide que déresponsabilisant, et à son remplacement par un véritable entretien professionnel. Nous avons aussi - honorant par là-même un engagement pris avec trois fédérations de fonctionnaires - créé le droit individuel à la formation pour les agents publics, à l'instar de celui dont bénéficient déjà tous les salariés. Et pour accroître la mobilité entre secteurs public et privé, nous avons rendu possible la mise à disposition de salariés du privé au sein de l'administration.
Voilà, parmi d'autres, plusieurs des mesures très importantes déjà prises.
Innovants sur le fond, nous avons voulu l'être sur la forme. Comme Éric le rappelait, nous avons fait un travail sans précédent de dialogue social. Nous avons mené, depuis le 8 octobre, trois conférences sociales avec les syndicats de fonctionnaires : sur le pouvoir d'achat, sur le dialogue social et sur les parcours professionnels et les conditions de travail dans la Fonction publique, ce qui représente des dizaines de réunions de travail. Je remercie d'ailleurs les fédérations de fonctionnaires pour leur assiduité lors de tous ces rendez-vous, de même que l'engagement de tous nos services dans la démarche.
Nous avons parallèlement engagé un grand débat national sur les valeurs, missions et métiers de la Fonction publique, avec cette conviction profonde : pour construire le service public de demain, pour redonner tout son sens au travail des agents publics, il faut partir des valeurs fondamentales du service public, celles qui constituent notre héritage, celles qui sont à retrouver ou à créer.
Voilà ainsi près de 4 mois qu'Éric Woerth et moi portons cette consultation publique sans précédent, à la faveur de déplacements, de débats en région dans les écoles de service public, de tables rondes avec des experts, des fonctionnaires et des usagers. 200 000 personnes ont déjà visité le site dédié (www.ensemblefonctionpublique.org) et nous avons recueilli plus de 6 300 contributions.
J'en profite pour remercier tous les membres permanents de cette conférence, qui nous épaulent dans la démarche, trop souvent à l'ombre de vos caméras.
Alors que dire de 2008 et de l'avenir ? Celui-ci m'invite évidemment à parler au futur mais ce futur, je veux le dire, sonne comme un impératif. Car nous n'ignorons rien des attentes et des aspirations des fonctionnaires. Les mesures que nous avons prises en quelques mois ne sauraient satisfaire entièrement toutes leurs attentes, trop longtemps ajournées. Il faut répondre à ces plus de 70 % de fonctionnaires sondés qui souhaitent que la Fonction publique se réforme en profondeur. Ces premières mesures en appellent donc d'autres, autour d'une grande ambition, dont le président de la République et le Premier ministre ont eu l'occasion de préciser les contours.
1re étape : nous mettrons prochainement en place les leviers destinés à favoriser la mobilité des fonctionnaires, au prix de mesures novatrices, dont certaines sont d'ordre législatif. Les études montrent que moins de 5 % des fonctionnaires sont mobiles. Pourtant, la très large majorité d'entre eux ont pour première préoccupation leurs perspectives professionnelles et leur mobilité. Comment pourrions-nous ne pas répondre à ce paradoxe ?
2e étape : nous engagerons, dès le printemps, sur la base de la grande consultation nationale que j'évoquais et le livre blanc qui en sera le produit, une réforme d'ensemble de la Fonction publique. Nous concerterons évidemment avec toutes les parties prenantes, avec un objectif clair qu'Éric a mentionné : en finir avec la segmentation des corps, le maquis des statuts, la rigidité et la routine des procédures pour repenser le système, notamment statutaire, en profondeur.
Nous construirons la fonction publique de métiers, c'est-à-dire un cadre totalement nouveau. La Fonction publique y sera regroupée autour de grandes filières professionnelles, plus lisibles, au sein desquelles la mobilité, la promotion professionnelle, la récompense des mérites des agents ne seront plus des valeurs sans consistance.
Vous me direz que maintenant je parle au futur et que cela sonne comme une utopie.
Pour Éric et moi, soyez assurés, cela sonne comme un engagement et une résolution. Nous voulons une fonction publique mieux rémunérée, plus ouverte et plus innovante. Et pour cela, nous construirons un cadre plus performant et plus souple à la fois pour les agents et pour les gestionnaires.
Alors, dans ce contexte, je finirai en formulant deux voeux :
Premier voeu : que vous, journalistes, mettiez, en 2008, autant de soin à retranscrire la réforme de la Fonction publique que nous mettrons d'ardeur à la conduire. Et je vous invite, à cet égard, non seulement à suivre de près nos prochains déplacements, par exemple à Londres pour Éric Woerth et à Berlin me concernant, mais aussi à couvrir, avec la plus grande assiduité, la « Semaine de la fonction publique ». Ce temps fort se déroulera du 1er au 8 février prochain : il permettra de mettre en lumière, en particulier lors d'une conférence de synthèse le 8 février, tous les débats, les dizaines d'auditions et les milliers de contributions que la consultation nationale en cours a déjà occasionnés.
Mon deuxième voeu sera plus audacieux encore : qu'en 2009, lorsque Madame CROUÏGNEAU , à nouveau peut-être, prononcera à notre endroit les meilleures choses, elle soit en mesure de parler au passé des engagements que nous avions nous-mêmes pris au futur. Vous soulignerez alors qu'en 2008, la refondation d'ensemble de la fonction publique s'est effectivement résolument engagée sous notre égide, au bénéfice de tous les fonctionnaires.
Et ce ne sera pas le moindre de nos plaisirs, à Éric et à moi, de faire mentir ainsi, par vos soins, un célèbre dramaturge qui disait en substance :
« Les bonnes résolutions sont comme les anguilles. Il est facile de les prendre. Il est plus dur de les tenir. »
Je vous remercie.
Source http://www.comptes-publics.gouv.fr, le 23 janvier 2008