Texte intégral
J.-J. Bourdin.- Je rebondis sur ce que vient de dire J.-M. Lemétayer sur l'antenne de RMC à propos des farines animales, et là, je me mets à la place du consommateur, il nous dit qu'il faut lever l'interdiction sur les farines animales pour nourrir les porcs, les volailles et le poisson. Qu'en pense le secrétaire d'Etat à la Consommation ?
R.- Le secrétaire d'Etat à la Consommation est très vigilant sur la complexité des problèmes de relation entre l'agriculture, les producteurs à la base, jusqu'aux consommateurs. Et aujourd'hui, on s'aperçoit qu'il y a, à la fois, sur les machines agricoles des fortes hausses qui impactent les prix - on va en parler après -, et en même temps, il y a des marchés sur lesquels il y a des grosses difficultés pour les producteurs à vendre leurs produits, alors que eux-mêmes sont victimes des hausses des matières premières, c'est le cas pour certains éleveurs qui ont besoin de nourrir leurs bêtes, et les aliments qui leur servent à nourrir leurs bêtes ont considérablement explosé. Maintenant, c'est du ressort de mon collègue M. Barnier. Donc je ne me permettrais pas d'empiéter sur ses prérogatives.
Q.- Sur les farines animales, c'est sa compétence directe. Regardons les prix : qu'allez-vous faire ? Qu'allez vous faire ?!
R.- D'abord, nous avons fait. Je rappelle que le Gouvernement n'a pas attendu l'enquête de 60 Millions de consommateurs, pour agir sur les problèmes de relations entre distributeurs et industriels.
Q.- Tout à coup, il y a cette réunion d'urgence ; 60 Millions de consommateurs publie ces chiffres dans toute la presse dès dimanche et lundi matin - hier matin, sur RMC, entre autres. Ce matin, le journal sort, et puis, tout à coup, réunion d'urgence hier après-midi autour de F. Fillon...
R.- D'abord, qu'est-ce qu'on n'aurait pas dit si le Gouvernement ne s'était pas préoccupé d'une telle enquête, qui est très importante pour nos concitoyens parce qu'elle vient démontrer ce que vous ou moi, on ressent en permanence sur le terrain. Je fais les courses, comme vous, à Chaumont - peut-être pas comme vous, mais bienvenue la prochaine fois - et je constate que, oui, les prix ont augmenté. Donc on a une enquête qui nous montre qu'il y a sur certains produits des hausses abusives, eh bien c'est normal que le Gouvernement s'en préoccupe. En même temps, je viens de vous le dire, le Gouvernement n'a pas attendu cette enquête. Le président de la République avait lui-même réuni l'ensemble des acteurs à l'Elysée à l'automne ; j'ai fait voter en décembre par le Parlement une loi qui va, à partir du 1er mars, réformer les relations entre industriels et distributeurs.
Q.- Les prix vont-ils baisser grâce à cette loi ?
R.- Oui. Nous pensons que le fait d'avoir plus de liberté dans les relations commerciales et plus de transparence, cela doit permettre, là où il y a des fortes hausses de matières premières de les amortir, et là où il n'y a pas de hausses, de faire baisser les prix.
Q.- Donc rendez-vous en mai pour voir si les prix baissent ?
R.- Rendez-vous cet été.
Q.- Cet été, pas avant l'été ? Les prix ne baisseront pas avant l'été ?
R.- On va voir. On ne peut pas généraliser. D'ailleurs, aujourd'hui, vous vous apercevez qu'il y a des marchés sur lesquels les matières premières explosent - le blé a doublé en un an - et puis, il y a des matières premières qui baissent. Quand vous voyez que le porc...
Q.- Oui, mais...
R.- Oui, mais attendez, c'est important, parce que le porc n'a jamais été aussi bas, et vous parliez tout à l'heure des producteurs qui connaissent une crise qui est terrible pour eux, où ils vendent actuellement en dessous de leurs prix de revient...
Q.- Ils vendent à perte.
R.- C'est quand même un peu curieux, et moi, je défends les consommateurs, on est quand même un peu surpris en magasin de voir le jambon continuer à augmenter ! Donc c'est ça que le Gouvernement souhaite dénoncer et souhaite clarifier.
Q.- Oui, mais les matières premières, dans un biscuit par exemple, la farine n'entre que pour 3 ou 4 %.
R.- Très juste...
Q.- Donc, franchement, il n'y a pas que l'augmentation des matières premières qui fait monter les prix !
R.- Mais c'est bien pour cela que...
Q.- Qui ment, qui ne nous dit pas la vérité ?
R.- Nous allons le savoir, puisque c'est pour ça que, hier, le Premier ministre nous a réunis, et a souhaité diligenter des enquêtes de la Direction de la concurrence et de la répression des fraudes, qui vont nous dire sur la vingtaine de produits qui a le plus augmenté dans l'enquête de 60 Millions de consommateurs, à qui profite la hausse. On va savoir enfin à qui ont profité les hausses abusives.
Q.- Mais vous avez une enquête, pas besoin de conduire une nouvelle enquête !
R.- Si...
Q.- Vous avez une enquête toute prête, celle de 60 Millions de consommateurs, je ne comprends pas...
R.- Non, l'enquête de 60 Millions de consommateurs, c'est un indicateur, c'est un peu le palmarès des plus fortes hausses. C'est-à-dire que c'est un indicateur sur quelques produits...
Q.- 1.055 produits...
R.- Sur des prix sur Internet, il faut le rappeler, entre le mois de novembre et le mois de janvier. Nous, nous avons mis en place en novembre dernier un Observatoire des prix qui rendra ses premiers résultats aux alentours du 10 mars...
Q.- Pour l'instant, il n'a rien observé donc ?
R.- Si, il observe, mais simplement, c'est un petit peu... Nous, on ne va pas faire cela sur quelques produits, on fait cela sur plusieurs centaines de produits.
Q.- 1.055 produits pour 60 Millions de consommateurs.
R.- On va faire ça de manière très exhaustive, avec un institut d'études.
Q.- Sur combien de produits ?
R.- Sur plusieurs centaines de produits. Simplement, nous l'avons fait avec un institut d'études et le 10 mars, nous rendrons nos premiers résultats. Mais le Premier ministre a annoncé hier que nous n'allons pas attendre, et sur les prix qui ont le plus augmenté dans cette enquête, nous allons vérifier là où les hausses sont injustifiées, qui a essayé d'utiliser un environnement de hausse, d'inflation des matières premières, comme alibi pour passer des hausses injustifiées.
Q.- Mais vous mettez en accusation déjà, je vous ai entendu, la grande distribution, les industriels de l'agroalimentaire ; la suspicion est là.
R.- Non, je mets en accusation des abus, je ne mets pas en accusation une profession. Et d'ailleurs, j'observe que c'est l'intérêt de la profession elle-même de dénoncer certains abus. Si vous voulez aller expliquer au grand public...
Q.- Mais pourquoi, il y a des ententes illicites, il y a une opacité sur les marchés ?
R.- Il n'y a pas d'ententes au sens juridique du terme, il y a de l'opacité dans les relations industrie-commerce que nous avons dénoncée depuis longtemps, cela fait dix ans que, dans leur coin, distributeurs et industriels négocient âprement chaque année, et qu'ils oublient simplement qu'au bout de la chaîne, il y a quelqu'un qui les fait vivre, qui s'appelle le consommateur. Et que le consommateur, il ne bénéficie pas du fruit de ces négociations, c'est lui qui paye la facture, les distributeurs et les industriels se partagent la marge. On va sortir de ce système, c'est ce qu'a voulu le Gouvernement.
Q.- Les trois quarts de la distribution des produits alimentaires en France sont assurés par la grande distribution par les grandes surfaces. Est-ce qu'il y a trop de grandes surfaces en France ?
R.- Alors, est-ce que la distribution française est trop concentrée ? La réponse est oui, puisqu'il y a cinq centrales d'achats qui commandent pour des dizaines de milliers PME.
Q.- Qui pourraient s'entendre sur les prix ?
R.- On a déjà vu à l'échelle de certains bassins de vie, dans des zones de chalandise, dans des petites villes, lorsqu'il n'y a que deux distributeurs, voire trois distributeurs, oui la DGCCRF a déjà dénoncé des ententes sur les prix. Donc nous avons aujourd'hui cinq centrales d'achats, ce que nous pensons, et ce sera l'objet de la loi de modernisation de l'économie, c'est qu'il faut remettre de la concurrence dans la distribution, parce que, à chaque fois qu'il y a plus de concurrence, ça bénéficie aux consommateurs. Et il y a dix ans, on a voulu, avec un bon esprit, à juste titre sans doute, protéger le petit commerce en verrouillant l'accès aux marchés de la distribution, et on a perdu sur les deux tableaux, parce qu'on n'a pas protégé le petit commerce, et l'année dernière, il y a eu 4 millions de mètres carrés supplémentaires de grandes surfaces.
Q.- Donc, il faut freiner un peu la création de mètre carré de grande surface ?
R.- Il faut mieux mieux doser et remettre de la concurrence.
Q.- "Redoser", ça veut dire quoi ?
R.- Mieux doser, ...
"M Q.- ieux doser", ça veut dire ?
R.- La distribution alimentaire, je pense que, aujourd'hui, il y a eu énormément d'autorisations, et la France est la deuxième en Europe...
Q.- Il faut freiner la construction de grandes surfaces ?
R.- Non, il vaut mieux gérer. C'est-à-dire que vous avez des régions où, comme je le disais à l'instant, il n'y a pas assez de concurrence et c'est préjudiciable au consommateur. Et puis, vous avez d'autres régions, notamment dans les grandes agglomérations, où on a des hypermarchés à tous les coins de rue, si je puis dire.
Q.- Mais pourquoi ne pas rendre publics les prix ? Le prix de vente du producteur, le prix d'achat de l'industriel, le prix de vente de l'industriel à la grande distribution, et le prix de vente aux consommateurs ? Pourquoi ne pas rendre transparente toute la chaîne des prix ?
R.- Je sais que c'est une demande aujourd'hui d'un certain nombre d'acteurs. Nous y avons beaucoup réfléchi. Je voudrais simplement attirer votre attention : imaginez qu'en magasin, et aujourd'hui c'est assez complexe avec les étiquettes sur les prix en euro et en franc, avec toutes les mentions légales de plus en plus exigeantes pour protéger le consommateur...
Q.- On devrait d'ailleurs supprimer le prix en franc sur les étiquettes...
R.- Oui, je le pense aussi, mais simplement...
Q.- Vous êtes d'accord pour cela ?
R.- On y viendra, mais ayez en tête, J.-J. Bourdin, qu'un certain nombre de nos concitoyens calculent encore en franc, donc ce n'est pas anormal que pour leur simplifier la vie, on ait encore cette référence en franc. Simplement, ce que je disais, c'est que si on devait en plus ajouter le prix du cours à la production, d'abord quel cours, puisque les cours, par définition, ils fluctuent tous les jours. Ensuite, le prix d'achat de l'industriel, puis le prix d'achat du distributeur - puisqu'il y a plusieurs maillons dans la chaîne -, on va avoir une étiquette qui va être absolument ingérable. Donc je ne suis pas sûr que ce soit la solution. La solution, nous le pensons, c'est la transparence sur l'ensemble de la chaîne et c'est ce que veut faire le Gouvernement. C'est que les choses soient transparentes, qu'on sache ! Qu'un distributeur fasse de la marge, c'est son métier qu'il fasse de la revente, qu'un industriel qui transforme un produit agricole en bien et qui le met à la disposition des distributeurs, qu'il fasse de la marge, c'est aussi son objectif. Simplement, ce que nous souhaitons c'est que tout cela soit transparent et qu'il y ait de la concurrence entre les acteurs parce que, encore une fois, plus il y a de concurrence plus cela bénéficie au consommateur
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 26 février 2008
R.- Le secrétaire d'Etat à la Consommation est très vigilant sur la complexité des problèmes de relation entre l'agriculture, les producteurs à la base, jusqu'aux consommateurs. Et aujourd'hui, on s'aperçoit qu'il y a, à la fois, sur les machines agricoles des fortes hausses qui impactent les prix - on va en parler après -, et en même temps, il y a des marchés sur lesquels il y a des grosses difficultés pour les producteurs à vendre leurs produits, alors que eux-mêmes sont victimes des hausses des matières premières, c'est le cas pour certains éleveurs qui ont besoin de nourrir leurs bêtes, et les aliments qui leur servent à nourrir leurs bêtes ont considérablement explosé. Maintenant, c'est du ressort de mon collègue M. Barnier. Donc je ne me permettrais pas d'empiéter sur ses prérogatives.
Q.- Sur les farines animales, c'est sa compétence directe. Regardons les prix : qu'allez-vous faire ? Qu'allez vous faire ?!
R.- D'abord, nous avons fait. Je rappelle que le Gouvernement n'a pas attendu l'enquête de 60 Millions de consommateurs, pour agir sur les problèmes de relations entre distributeurs et industriels.
Q.- Tout à coup, il y a cette réunion d'urgence ; 60 Millions de consommateurs publie ces chiffres dans toute la presse dès dimanche et lundi matin - hier matin, sur RMC, entre autres. Ce matin, le journal sort, et puis, tout à coup, réunion d'urgence hier après-midi autour de F. Fillon...
R.- D'abord, qu'est-ce qu'on n'aurait pas dit si le Gouvernement ne s'était pas préoccupé d'une telle enquête, qui est très importante pour nos concitoyens parce qu'elle vient démontrer ce que vous ou moi, on ressent en permanence sur le terrain. Je fais les courses, comme vous, à Chaumont - peut-être pas comme vous, mais bienvenue la prochaine fois - et je constate que, oui, les prix ont augmenté. Donc on a une enquête qui nous montre qu'il y a sur certains produits des hausses abusives, eh bien c'est normal que le Gouvernement s'en préoccupe. En même temps, je viens de vous le dire, le Gouvernement n'a pas attendu cette enquête. Le président de la République avait lui-même réuni l'ensemble des acteurs à l'Elysée à l'automne ; j'ai fait voter en décembre par le Parlement une loi qui va, à partir du 1er mars, réformer les relations entre industriels et distributeurs.
Q.- Les prix vont-ils baisser grâce à cette loi ?
R.- Oui. Nous pensons que le fait d'avoir plus de liberté dans les relations commerciales et plus de transparence, cela doit permettre, là où il y a des fortes hausses de matières premières de les amortir, et là où il n'y a pas de hausses, de faire baisser les prix.
Q.- Donc rendez-vous en mai pour voir si les prix baissent ?
R.- Rendez-vous cet été.
Q.- Cet été, pas avant l'été ? Les prix ne baisseront pas avant l'été ?
R.- On va voir. On ne peut pas généraliser. D'ailleurs, aujourd'hui, vous vous apercevez qu'il y a des marchés sur lesquels les matières premières explosent - le blé a doublé en un an - et puis, il y a des matières premières qui baissent. Quand vous voyez que le porc...
Q.- Oui, mais...
R.- Oui, mais attendez, c'est important, parce que le porc n'a jamais été aussi bas, et vous parliez tout à l'heure des producteurs qui connaissent une crise qui est terrible pour eux, où ils vendent actuellement en dessous de leurs prix de revient...
Q.- Ils vendent à perte.
R.- C'est quand même un peu curieux, et moi, je défends les consommateurs, on est quand même un peu surpris en magasin de voir le jambon continuer à augmenter ! Donc c'est ça que le Gouvernement souhaite dénoncer et souhaite clarifier.
Q.- Oui, mais les matières premières, dans un biscuit par exemple, la farine n'entre que pour 3 ou 4 %.
R.- Très juste...
Q.- Donc, franchement, il n'y a pas que l'augmentation des matières premières qui fait monter les prix !
R.- Mais c'est bien pour cela que...
Q.- Qui ment, qui ne nous dit pas la vérité ?
R.- Nous allons le savoir, puisque c'est pour ça que, hier, le Premier ministre nous a réunis, et a souhaité diligenter des enquêtes de la Direction de la concurrence et de la répression des fraudes, qui vont nous dire sur la vingtaine de produits qui a le plus augmenté dans l'enquête de 60 Millions de consommateurs, à qui profite la hausse. On va savoir enfin à qui ont profité les hausses abusives.
Q.- Mais vous avez une enquête, pas besoin de conduire une nouvelle enquête !
R.- Si...
Q.- Vous avez une enquête toute prête, celle de 60 Millions de consommateurs, je ne comprends pas...
R.- Non, l'enquête de 60 Millions de consommateurs, c'est un indicateur, c'est un peu le palmarès des plus fortes hausses. C'est-à-dire que c'est un indicateur sur quelques produits...
Q.- 1.055 produits...
R.- Sur des prix sur Internet, il faut le rappeler, entre le mois de novembre et le mois de janvier. Nous, nous avons mis en place en novembre dernier un Observatoire des prix qui rendra ses premiers résultats aux alentours du 10 mars...
Q.- Pour l'instant, il n'a rien observé donc ?
R.- Si, il observe, mais simplement, c'est un petit peu... Nous, on ne va pas faire cela sur quelques produits, on fait cela sur plusieurs centaines de produits.
Q.- 1.055 produits pour 60 Millions de consommateurs.
R.- On va faire ça de manière très exhaustive, avec un institut d'études.
Q.- Sur combien de produits ?
R.- Sur plusieurs centaines de produits. Simplement, nous l'avons fait avec un institut d'études et le 10 mars, nous rendrons nos premiers résultats. Mais le Premier ministre a annoncé hier que nous n'allons pas attendre, et sur les prix qui ont le plus augmenté dans cette enquête, nous allons vérifier là où les hausses sont injustifiées, qui a essayé d'utiliser un environnement de hausse, d'inflation des matières premières, comme alibi pour passer des hausses injustifiées.
Q.- Mais vous mettez en accusation déjà, je vous ai entendu, la grande distribution, les industriels de l'agroalimentaire ; la suspicion est là.
R.- Non, je mets en accusation des abus, je ne mets pas en accusation une profession. Et d'ailleurs, j'observe que c'est l'intérêt de la profession elle-même de dénoncer certains abus. Si vous voulez aller expliquer au grand public...
Q.- Mais pourquoi, il y a des ententes illicites, il y a une opacité sur les marchés ?
R.- Il n'y a pas d'ententes au sens juridique du terme, il y a de l'opacité dans les relations industrie-commerce que nous avons dénoncée depuis longtemps, cela fait dix ans que, dans leur coin, distributeurs et industriels négocient âprement chaque année, et qu'ils oublient simplement qu'au bout de la chaîne, il y a quelqu'un qui les fait vivre, qui s'appelle le consommateur. Et que le consommateur, il ne bénéficie pas du fruit de ces négociations, c'est lui qui paye la facture, les distributeurs et les industriels se partagent la marge. On va sortir de ce système, c'est ce qu'a voulu le Gouvernement.
Q.- Les trois quarts de la distribution des produits alimentaires en France sont assurés par la grande distribution par les grandes surfaces. Est-ce qu'il y a trop de grandes surfaces en France ?
R.- Alors, est-ce que la distribution française est trop concentrée ? La réponse est oui, puisqu'il y a cinq centrales d'achats qui commandent pour des dizaines de milliers PME.
Q.- Qui pourraient s'entendre sur les prix ?
R.- On a déjà vu à l'échelle de certains bassins de vie, dans des zones de chalandise, dans des petites villes, lorsqu'il n'y a que deux distributeurs, voire trois distributeurs, oui la DGCCRF a déjà dénoncé des ententes sur les prix. Donc nous avons aujourd'hui cinq centrales d'achats, ce que nous pensons, et ce sera l'objet de la loi de modernisation de l'économie, c'est qu'il faut remettre de la concurrence dans la distribution, parce que, à chaque fois qu'il y a plus de concurrence, ça bénéficie aux consommateurs. Et il y a dix ans, on a voulu, avec un bon esprit, à juste titre sans doute, protéger le petit commerce en verrouillant l'accès aux marchés de la distribution, et on a perdu sur les deux tableaux, parce qu'on n'a pas protégé le petit commerce, et l'année dernière, il y a eu 4 millions de mètres carrés supplémentaires de grandes surfaces.
Q.- Donc, il faut freiner un peu la création de mètre carré de grande surface ?
R.- Il faut mieux mieux doser et remettre de la concurrence.
Q.- "Redoser", ça veut dire quoi ?
R.- Mieux doser, ...
"M Q.- ieux doser", ça veut dire ?
R.- La distribution alimentaire, je pense que, aujourd'hui, il y a eu énormément d'autorisations, et la France est la deuxième en Europe...
Q.- Il faut freiner la construction de grandes surfaces ?
R.- Non, il vaut mieux gérer. C'est-à-dire que vous avez des régions où, comme je le disais à l'instant, il n'y a pas assez de concurrence et c'est préjudiciable au consommateur. Et puis, vous avez d'autres régions, notamment dans les grandes agglomérations, où on a des hypermarchés à tous les coins de rue, si je puis dire.
Q.- Mais pourquoi ne pas rendre publics les prix ? Le prix de vente du producteur, le prix d'achat de l'industriel, le prix de vente de l'industriel à la grande distribution, et le prix de vente aux consommateurs ? Pourquoi ne pas rendre transparente toute la chaîne des prix ?
R.- Je sais que c'est une demande aujourd'hui d'un certain nombre d'acteurs. Nous y avons beaucoup réfléchi. Je voudrais simplement attirer votre attention : imaginez qu'en magasin, et aujourd'hui c'est assez complexe avec les étiquettes sur les prix en euro et en franc, avec toutes les mentions légales de plus en plus exigeantes pour protéger le consommateur...
Q.- On devrait d'ailleurs supprimer le prix en franc sur les étiquettes...
R.- Oui, je le pense aussi, mais simplement...
Q.- Vous êtes d'accord pour cela ?
R.- On y viendra, mais ayez en tête, J.-J. Bourdin, qu'un certain nombre de nos concitoyens calculent encore en franc, donc ce n'est pas anormal que pour leur simplifier la vie, on ait encore cette référence en franc. Simplement, ce que je disais, c'est que si on devait en plus ajouter le prix du cours à la production, d'abord quel cours, puisque les cours, par définition, ils fluctuent tous les jours. Ensuite, le prix d'achat de l'industriel, puis le prix d'achat du distributeur - puisqu'il y a plusieurs maillons dans la chaîne -, on va avoir une étiquette qui va être absolument ingérable. Donc je ne suis pas sûr que ce soit la solution. La solution, nous le pensons, c'est la transparence sur l'ensemble de la chaîne et c'est ce que veut faire le Gouvernement. C'est que les choses soient transparentes, qu'on sache ! Qu'un distributeur fasse de la marge, c'est son métier qu'il fasse de la revente, qu'un industriel qui transforme un produit agricole en bien et qui le met à la disposition des distributeurs, qu'il fasse de la marge, c'est aussi son objectif. Simplement, ce que nous souhaitons c'est que tout cela soit transparent et qu'il y ait de la concurrence entre les acteurs parce que, encore une fois, plus il y a de concurrence plus cela bénéficie au consommateur
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 26 février 2008