Texte intégral
J.-M. Aphatie.- Bonjour C. Albanel. Les responsables de l'association "Reporters Sans Frontières" ont troublé, hier, la cérémonie de l'allumage de la flamme olympique en Grèce, pour protester contre la dictature chinoise. Vous, ministre de la Communication, soutenez- vous ou condamnez-vous l'initiative de "Reporters Sans Frontières" ?
R.- Je comprends l'initiative, en tout cas, qui consiste justement à appeler l'attention du monde évidemment sur une préoccupation très forte ; mais le président de la République a écrit aux dirigeants chinois. Il les a appelés à la retenue, à la modération, il les a appelés à commencer un dialogue avec le Dalaï Lama. Il a souhaité que le Tibet puisse vivre son identité culturelle, son identité spirituelle. Ce sont quand mêmes des paroles fortes. Et voilà ... et nous allons voir !
Q.- Comprendre "Reporters Sans Frontières", c'est déjà les soutenir ; et ils vont sans doute faire des actions comme ça jusqu'au 8 août, date d'ouverture des Jeux olympiques ?
R.- C'est les comprendre ... On sait qu'il y a des milliers de journalistes qui vont partir en Chine, qui ont évidemment aussi envie de s'exprimer. Je crois que c'est intéressant : les Jeux olympiques, cela pose tout le problème du boycott, c'est aussi justement... En ne boycottant pas - et c'est évidemment ma position -, c'est aussi peut-être une façon de mettre aussi la Chine face à ses responsabilités, sans évidemment [lui] faire perdre la face, ce qui serait certainement négatif. Mais en tout cas, les Jeux olympiques, c'est une immense occasion et on le voit bien : ça commence.
Q.- Faire des Jeux pendant qu'on tue au Tibet, c'est dur ?
R.- Faire des Jeux parce qu'il ne faut pas pénaliser les athlètes, parce qu'effectivement c'est le grand moment de leur vie ...
Q.- Pendant qu'on tue au Tibet ? Pendant que les Tibétains meurent ?
R.- Oui, mais peut-être que c'est le moment justement de poser ...
Q.- C'est terrible, comme choc !
R.- ... Se pose précisément la question du Tibet et les grandes questions politiques. En tout cas, ce n'est pas le boycott qui répond, on l'a bien vu avec l'Union Soviétique dans le passé.
Q.- A Bernard, le nouveau champion de la natation française, déclarait, hier sur TF1 : "Le boycott de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Pékin serait un signal fort de la part des responsables politiques". Alors que disent les responsables politiques, C. Albanel ?
R.- Je crois que le Président de la république en décidera. Je pense qu'on verra quelle est la situation à ce moment-là. Encore une fois, je crois qu'il faut ouvrir ce dialogue. Il faut que le dialogue s'ouvre. Il faut mettre la Chine face à ses responsabilités, ne pas lui faire perdre la face. On sait que la voie est difficile. Mais N. Sarkozy en décidera à ce moment-là.
Q.- Votre gouvernement vante souvent les mérites de l'ouverture politique. Le créateur du droit d'ingérence est aujourd'hui patron de la diplomatie française, et on ne l'entend pratiquement pas. Alors, c'est quoi ?
R.- On l'a entendu et on va l'entendre très certainement.
Q.- Où est passé B. Kouchner ?
R.- Ecoutez, B. Kouchner s'est exprimé, s'exprimera. Le Président s'est exprimé, je crois que c'était quand même important.
Q.- C'est un embarras immense, tout de même, les démocraties occidentales face à ce fait des Jeux Olympiques en Chine ?
R.- Mais encore une fois, je crois que c'est toujours un moment où peuvent se poser justement les vraies questions. Il peut y avoir justement des évolutions. Il y a des murs qui peuvent se fendiller. L'information, on le sait, est assez verrouillée, mais il y a quand même des informations qui passent. C'est quand même une occasion très, très forte. Il ne faut pas que les démocraties la gâchent.
Q.- Le Parlement reprend ses travaux, aujourd'hui. Vous devriez présenter au cours de cette session ou la suivante (on ne sait plus trop bien !) un projet de loi réformant le financement de l'audiovisuel public puisqu'il n'y aura plus de publicité normalement dans l'audiovisuel public. Cette réforme a été annoncée le 8 janvier par le président de la République ; et on nous disait, à l'époque, qu'elle entrerait en vigueur dès le 1er janvier prochain. Maintenez-vous ce calendrier ?
R.- Oui, sûrement. Il va falloir voir simplement le périmètre, les décisions qui vont être prises. Dès le 15 janvier, on va avoir des préconisations de la commission Copé pour savoir, par exemple, si la pub est supprimée toute la journée ou alors si elle l'est à partir de 20 h ? Quel modèle économique, évidemment, cela induit ? Les conclusions définitives, c'est fin mai. Et j'espère qu'il y aura une première lecture du texte de loi que nous allons écrire, en même temps d'ailleurs qu'on va proposer l'introduction évidemment d'un peu plus de publicité avec la transposition de la directive audiovisuelle, en même temps qu'on va certainement faire évoluer les décrets Tasca. Il y a donc tout un projet d'ensemble certainement avant l'été, j'espère une première lecture avant l'été, de toute façon à l'automne, pour une entrée en vigueur le 1er janvier.
Q.- Et vous pensez que dès le 1er janvier ...
R.- Oui, surtout si on est dans un périmètre peut-être plus restreint, c'est-à-dire suppression de la publicité à partir de 20 h.
Q.- Excluez-vous toujours l'augmentation de la redevance pour compenser la perte des recettes publicitaires ?
R.- Je l'avais dit, elle était exclue ; mais naturellement, cela va être examiné. J. F. Copé a dit, d'ailleurs, que cela fait partie des pistes qui vont être examinées. Il faut regarder toutes les sources de financement.
Q.- C'est un peu moins exclu que ça ne l'a été ?
R.- Ecoutez, nous allons voir. Je dis que c'était exclu jusque là. De toute façon.
Q.- Jusque là ? C'est-à-dire ?
R.- Ils vont examiner toutes les pistes de financement.
Q.- Donc, ce n'est plus exclu ?
R.- Donc nécessairement, un ajustement éventuel de la redevance. Mais aucune décision n'a été prise et on n'en a pas rediscuté actuellement.
Q.- Donc, c'est possible : la redevance pourrait augmenter pour financer ...
R.- Tout est possible comme ce qui n'existe pas et qui peut être. Mais pour l'instant, en tout cas, ce n'est pas du tout décidé.
Q.- Quand la réforme a été lancée, on nous a dit : c'est très facile de compenser les ressources publicitaires de l'audiovisuel public. On parlait de taxes infinitésimales ici ou là, et puis en fait c'est beaucoup plus difficile que ce n'était prévu ?
R.- C'est extrêmement possible, c'est-à-dire qu'effectivement, on sait très bien qu'en mettant en place certaines taxes qui ne sont pas très considérables mais qui portent sur des volumes énormes qui sont celles de la téléphonie mobile, par exemple, on peut absolument trouver les mesures, les moyens nécessaires. En cela effectivement, c'est tout à fait possible et cela reste complètement possible.
Q.- Et pourquoi ne l'a-t-on pas fait ? Ou pourquoi n'a-t-on pas encore pris les décisions alors que la réforme est lancée depuis plusieurs semaines maintenant ?
R.- Parce que je crois qu'il faut agir mieux. Je crois qu'il y a des grands chantiers qui sont ouverts sur la gouvernance, sur les contenus, sur le modèle économique par exemple, et je crois que c'est bien qu'il y ait ce travail qui soit fait et qui soit fait dans une commission largement parlementaire, parce que cela veut dire qu'une partie du travail va être fait quand nous allons arriver devant le Parlement.
Q.- La nomination de G.-M. Benamou ex-conseiller de l'Elysée à la tête de la Villa Médicis à Rome, suscite beaucoup d'hostilités dans les milieux intellectuels.Une pétition circule pour dénoncer cette nomination ; et l'actrice C. Courau dit ceci ce matin, dans Le Parisien : "Ce serait déshonorant pour nos cousins italiens et pour l'Académie de France à Rome qu'une telle décision soit prise. Ce serait abaisser le niveau de la Culture. Ce serait une erreur". Que répondez-vous à cette violence ?
R.- En effet, c'est une déclaration très violente. Cette pétition existe, en effet, ce n'est pas un tsunami du tout. Ecoutez, moi ce que je dis, c'est que G.-M. Benamou, c'est un journaliste, c'est un homme de lettres, auteur de plusieurs ouvrages. C'est une décision du président de la République ...
Q.- Ce n'est pas la vôtre ?
R.- Je suis convaincue que le président de la République l'a prise pour de très bonnes raisons.
Q.- Ce n'est pas votre décision, C. Albanel ?
R.- C'est une décision du président de la République, que je vais naturellement mettre en oeuvre.
Q.- Vous regrettez cette nomination ?
R.- Non, je n'ai pas à commenter plus avant. Le Président l'a décidée. Je pense qu'il l'a fait pour de bonnes raisons. Chacun sait que je me suis moyennement entendue à une époque avec G.-M. Benamou, mais ce n'était plus du tout le cas, et actuellement on travaillait très correctement ensemble.
Q.- Certains regrettent ce qui apparaît comme une nomination de convenance. Il n'avait plus trop sa place à l'Elysée, et donc, on le met à la tête de la Villa Médicis à Rome ?
R.- Non, je n'ai pas plus de commentaires à faire sur cette nomination.
Q.- Donc, on va arrêter là.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 25 mars 2008
R.- Je comprends l'initiative, en tout cas, qui consiste justement à appeler l'attention du monde évidemment sur une préoccupation très forte ; mais le président de la République a écrit aux dirigeants chinois. Il les a appelés à la retenue, à la modération, il les a appelés à commencer un dialogue avec le Dalaï Lama. Il a souhaité que le Tibet puisse vivre son identité culturelle, son identité spirituelle. Ce sont quand mêmes des paroles fortes. Et voilà ... et nous allons voir !
Q.- Comprendre "Reporters Sans Frontières", c'est déjà les soutenir ; et ils vont sans doute faire des actions comme ça jusqu'au 8 août, date d'ouverture des Jeux olympiques ?
R.- C'est les comprendre ... On sait qu'il y a des milliers de journalistes qui vont partir en Chine, qui ont évidemment aussi envie de s'exprimer. Je crois que c'est intéressant : les Jeux olympiques, cela pose tout le problème du boycott, c'est aussi justement... En ne boycottant pas - et c'est évidemment ma position -, c'est aussi peut-être une façon de mettre aussi la Chine face à ses responsabilités, sans évidemment [lui] faire perdre la face, ce qui serait certainement négatif. Mais en tout cas, les Jeux olympiques, c'est une immense occasion et on le voit bien : ça commence.
Q.- Faire des Jeux pendant qu'on tue au Tibet, c'est dur ?
R.- Faire des Jeux parce qu'il ne faut pas pénaliser les athlètes, parce qu'effectivement c'est le grand moment de leur vie ...
Q.- Pendant qu'on tue au Tibet ? Pendant que les Tibétains meurent ?
R.- Oui, mais peut-être que c'est le moment justement de poser ...
Q.- C'est terrible, comme choc !
R.- ... Se pose précisément la question du Tibet et les grandes questions politiques. En tout cas, ce n'est pas le boycott qui répond, on l'a bien vu avec l'Union Soviétique dans le passé.
Q.- A Bernard, le nouveau champion de la natation française, déclarait, hier sur TF1 : "Le boycott de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Pékin serait un signal fort de la part des responsables politiques". Alors que disent les responsables politiques, C. Albanel ?
R.- Je crois que le Président de la république en décidera. Je pense qu'on verra quelle est la situation à ce moment-là. Encore une fois, je crois qu'il faut ouvrir ce dialogue. Il faut que le dialogue s'ouvre. Il faut mettre la Chine face à ses responsabilités, ne pas lui faire perdre la face. On sait que la voie est difficile. Mais N. Sarkozy en décidera à ce moment-là.
Q.- Votre gouvernement vante souvent les mérites de l'ouverture politique. Le créateur du droit d'ingérence est aujourd'hui patron de la diplomatie française, et on ne l'entend pratiquement pas. Alors, c'est quoi ?
R.- On l'a entendu et on va l'entendre très certainement.
Q.- Où est passé B. Kouchner ?
R.- Ecoutez, B. Kouchner s'est exprimé, s'exprimera. Le Président s'est exprimé, je crois que c'était quand même important.
Q.- C'est un embarras immense, tout de même, les démocraties occidentales face à ce fait des Jeux Olympiques en Chine ?
R.- Mais encore une fois, je crois que c'est toujours un moment où peuvent se poser justement les vraies questions. Il peut y avoir justement des évolutions. Il y a des murs qui peuvent se fendiller. L'information, on le sait, est assez verrouillée, mais il y a quand même des informations qui passent. C'est quand même une occasion très, très forte. Il ne faut pas que les démocraties la gâchent.
Q.- Le Parlement reprend ses travaux, aujourd'hui. Vous devriez présenter au cours de cette session ou la suivante (on ne sait plus trop bien !) un projet de loi réformant le financement de l'audiovisuel public puisqu'il n'y aura plus de publicité normalement dans l'audiovisuel public. Cette réforme a été annoncée le 8 janvier par le président de la République ; et on nous disait, à l'époque, qu'elle entrerait en vigueur dès le 1er janvier prochain. Maintenez-vous ce calendrier ?
R.- Oui, sûrement. Il va falloir voir simplement le périmètre, les décisions qui vont être prises. Dès le 15 janvier, on va avoir des préconisations de la commission Copé pour savoir, par exemple, si la pub est supprimée toute la journée ou alors si elle l'est à partir de 20 h ? Quel modèle économique, évidemment, cela induit ? Les conclusions définitives, c'est fin mai. Et j'espère qu'il y aura une première lecture du texte de loi que nous allons écrire, en même temps d'ailleurs qu'on va proposer l'introduction évidemment d'un peu plus de publicité avec la transposition de la directive audiovisuelle, en même temps qu'on va certainement faire évoluer les décrets Tasca. Il y a donc tout un projet d'ensemble certainement avant l'été, j'espère une première lecture avant l'été, de toute façon à l'automne, pour une entrée en vigueur le 1er janvier.
Q.- Et vous pensez que dès le 1er janvier ...
R.- Oui, surtout si on est dans un périmètre peut-être plus restreint, c'est-à-dire suppression de la publicité à partir de 20 h.
Q.- Excluez-vous toujours l'augmentation de la redevance pour compenser la perte des recettes publicitaires ?
R.- Je l'avais dit, elle était exclue ; mais naturellement, cela va être examiné. J. F. Copé a dit, d'ailleurs, que cela fait partie des pistes qui vont être examinées. Il faut regarder toutes les sources de financement.
Q.- C'est un peu moins exclu que ça ne l'a été ?
R.- Ecoutez, nous allons voir. Je dis que c'était exclu jusque là. De toute façon.
Q.- Jusque là ? C'est-à-dire ?
R.- Ils vont examiner toutes les pistes de financement.
Q.- Donc, ce n'est plus exclu ?
R.- Donc nécessairement, un ajustement éventuel de la redevance. Mais aucune décision n'a été prise et on n'en a pas rediscuté actuellement.
Q.- Donc, c'est possible : la redevance pourrait augmenter pour financer ...
R.- Tout est possible comme ce qui n'existe pas et qui peut être. Mais pour l'instant, en tout cas, ce n'est pas du tout décidé.
Q.- Quand la réforme a été lancée, on nous a dit : c'est très facile de compenser les ressources publicitaires de l'audiovisuel public. On parlait de taxes infinitésimales ici ou là, et puis en fait c'est beaucoup plus difficile que ce n'était prévu ?
R.- C'est extrêmement possible, c'est-à-dire qu'effectivement, on sait très bien qu'en mettant en place certaines taxes qui ne sont pas très considérables mais qui portent sur des volumes énormes qui sont celles de la téléphonie mobile, par exemple, on peut absolument trouver les mesures, les moyens nécessaires. En cela effectivement, c'est tout à fait possible et cela reste complètement possible.
Q.- Et pourquoi ne l'a-t-on pas fait ? Ou pourquoi n'a-t-on pas encore pris les décisions alors que la réforme est lancée depuis plusieurs semaines maintenant ?
R.- Parce que je crois qu'il faut agir mieux. Je crois qu'il y a des grands chantiers qui sont ouverts sur la gouvernance, sur les contenus, sur le modèle économique par exemple, et je crois que c'est bien qu'il y ait ce travail qui soit fait et qui soit fait dans une commission largement parlementaire, parce que cela veut dire qu'une partie du travail va être fait quand nous allons arriver devant le Parlement.
Q.- La nomination de G.-M. Benamou ex-conseiller de l'Elysée à la tête de la Villa Médicis à Rome, suscite beaucoup d'hostilités dans les milieux intellectuels.Une pétition circule pour dénoncer cette nomination ; et l'actrice C. Courau dit ceci ce matin, dans Le Parisien : "Ce serait déshonorant pour nos cousins italiens et pour l'Académie de France à Rome qu'une telle décision soit prise. Ce serait abaisser le niveau de la Culture. Ce serait une erreur". Que répondez-vous à cette violence ?
R.- En effet, c'est une déclaration très violente. Cette pétition existe, en effet, ce n'est pas un tsunami du tout. Ecoutez, moi ce que je dis, c'est que G.-M. Benamou, c'est un journaliste, c'est un homme de lettres, auteur de plusieurs ouvrages. C'est une décision du président de la République ...
Q.- Ce n'est pas la vôtre ?
R.- Je suis convaincue que le président de la République l'a prise pour de très bonnes raisons.
Q.- Ce n'est pas votre décision, C. Albanel ?
R.- C'est une décision du président de la République, que je vais naturellement mettre en oeuvre.
Q.- Vous regrettez cette nomination ?
R.- Non, je n'ai pas à commenter plus avant. Le Président l'a décidée. Je pense qu'il l'a fait pour de bonnes raisons. Chacun sait que je me suis moyennement entendue à une époque avec G.-M. Benamou, mais ce n'était plus du tout le cas, et actuellement on travaillait très correctement ensemble.
Q.- Certains regrettent ce qui apparaît comme une nomination de convenance. Il n'avait plus trop sa place à l'Elysée, et donc, on le met à la tête de la Villa Médicis à Rome ?
R.- Non, je n'ai pas plus de commentaires à faire sur cette nomination.
Q.- Donc, on va arrêter là.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 25 mars 2008