Interview de M. Hervé Morin, ministre de la défense et président du Nouveau Centre, dans "L'Express" du 15 avril 2008, sur la position du Nouveau Centre sur le projet de loi de révision constitutionnelle et sur la modification du mode de scrutin pour les élections régionales.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Emission Forum RMC L'Express - L'Express

Texte intégral

Q - Le Nouveau Centre votera-t-il en l'état le projet de loi de révision constitutionnelle ?
R - Ce texte est un vrai progrès pour le pays: pour la première fois, on passe du discours que tient généralement un candidat en campagne à la restauration effective du rôle du Parlement. Ne ruinons pas cette chance. Mais je dis aussi: ce projet doit être amélioré, il est amendable.
Q - Sur quels points ?
R - Nous souhaitons qu'il soit interdit d'exercer le même mandat plus de trois fois consécutives et de cumuler plus de deux mandats ou fonctions. Un fonctionnaire élu doit démissionner de la fonction publique au terme de son premier mandat. Il faut également aller plus loin sur les nominations - le Parlement ne doit pas seulement être consulté, il doit pouvoir codécider - et instituer un garde des Sceaux indépendant, comme l'avaient proposé Raymond Barre et François Bayrou. Enfin, l'esprit de justice exige d'améliorer la représentativité de l'Assemblée nationale. Nous présenterons un amendement constitutionnel en faveur d'une dose de proportionnelle, qui renverra à une loi organique pour les modalités techniques.
Q - Le gouvernement dit que l'UMP ne votera jamais une telle mesure. Etes-vous prêt à vous accorder avec la gauche sur ce point précis ?
R - A mes yeux, lorsqu'il s'agit de la représentation nationale, gauche et droite n'ont pas à s'opposer, mais à oeuvrer ensemble. On voit un obstacle où, moi, je vois un devoir.
Q - Vous souhaitez, par une disposition constitutionnelle, interdire à l'Etat de présenter un budget en déficit. Qu'en est-il ?
R - Nous présenterons un amendement en ce sens. Bien sûr, nous prendrons en compte les réalités budgétaires actuelles, et je sais de quoi je parle à mon poste. Il faut qu'un accord soit trouvé au sein de la majorité sur cette question essentielle.
Q - Devant le Parlement, le président doit-il s'exprimer "à sa demande", comme le dit le texte, ou une fois par an, comme le veulent des socialistes ?
R - La formulation actuelle me convient, de sorte que le chef de l'Etat peut intervenir dans des situations d'urgence. Mais nous voulons qu'il soit présent pour écouter les orateurs des groupes qui interviendront après lui.
Q - Etes-vous favorable à une modification du mode de scrutin pour les régionales ?
R - Que cherche-t-on ? Veut-on le bipartisme disciplinaire ? Si c'est le cas, il faut nous le dire! Je suis contre.
Q - Aux européennes, le Nouveau Centre doit-il se présenter face à l'UMP ?
R - Un parti existe dans la confrontation démocratique. Imagine-t-on la famille centriste privée de voix lors d'un tel scrutin, ne pas exprimer ses convictions, ne pas participer au débat? Non, évidemment ! Mon combat est la reconstruction d'un grand parti centriste attaché au rêve européen ! D'ici à l'été, nous aurons donc choisi nos têtes de liste pour ce scrutin.
Propos recueillis par Eric Mandonnet et Ludovic Vigogne