Texte intégral
J.-M. Aphatie.- Bonjour, M. Barnier. Les marins pêcheurs bloquent plusieurs ports français. L'envolée des prix du gazole motive leur colère. Ils réclament l'aide du gouvernement. Que pouvez-vous faire pour eux ?
Le gouvernement n'accepte pas la disparition de la pêche française.
Et elle est en train de disparaître.
Elle est dans une crise extrêmement sérieuse. Et donc, je comprends et j'entends et la colère, et parfois la détresse, de ces marins pêcheurs dont certains gagnent à peine 1.000 euros en ayant travaillé un mois, quand ils gagnent quelque chose puisque vous savez que le système de rémunération à la part, font qu'ils sont associés, qu'ils co-partagent la charge du gazole, qui a augmenté de 20 centimes depuis six mois alors qu'il avait augmenté de 20 centimes en deux ans. Et c'est précisément pour cette raison que le président de la République - vous vous souvenez de sa visite au Guilvinec - m'avait demandé de bâtir un plan. J'ai bâti ce plan, pas tout seul, avec les marins pêcheurs professionnels, avec leurs représentants, avec les collectivités locales, et en tenant compte, de deux bornes qui sont obligatoires pour le ministre de l'Agriculture et de la Pêche qui sont fixées par la politique européenne des pêches. Nous ne pouvons pas apporter des aides sans avoir l'accord de Bruxelles ; et quand il s'agit des poissons que l'on pêche, c'est-à-dire la raison de travailler des pêcheurs, les ressources, là encore nous travaillons dans le cadre de quotas fixés par Bruxelles. Voilà les bornes entre lesquelles je dois trouver le chemin.
Vous dites que vous n'acceptez pas la disparition de la pêche, elle est en train de disparaître. Donc, que pouvez-vous faire pour aider les pêcheurs à surmonter la crise qu'ils vivent aujourd'hui ?
Il y a trois réponses auxquelles je travaille, je continue de travailler, et dont je parlerai demain avec les marins pêcheurs que je retrouve pour faire le suivi du plan que j'ai mis en place, il y a six mois, à la demande du chef de l'Etat. Un : dans l'urgence, des aides économiques, des soutiens économiques et sociaux. Nous avons déjà versé une quarantaine de millions d'euros, sans attendre d'ailleurs l'approbation de notre plan par Bruxelles, des aides d'urgence que l'on appelle des aides de minimis pour 12 millions, des aides des caisses chômage pour 13 millions. Nous avons exonéré définitivement ...
Excusez-moi ! Vous allez, là, verser 12 millions, 13 millions ?
Ils ont été versés.
Oui, mais qu'est-ce que vous allez faire de plus ?
Nous allons voir comment ces mesures-là peuvent être intensifiées ou accentuées dans le cadre du plan, dont j'attends dans les heures qui viennent, voire les jours qui viennent, l'approbation par Bruxelles. Je ne peux rien faire. La boîte à outils que j'ai mise en place et que j'ai présentée aux marins pêcheurs doit être approuvée par Bruxelles. C'est une condition sine qua non...
Ce n'est toujours pas fait, puisque le plan remonte à la visite du président de la République - c'était en novembre ?
Cela faisait quatre mois. Oui, le temps de Bruxelles n'est pas forcément le temps de l'augmentation du prix du gazole, qui va plus vite. Mais j'attends dans les heures qui viennent l'approbation de Bruxelles. J'ai travaillé, hier encore, avec les autorités bruxelloises et la commission M. Borges à Bruxelles où je me trouvais. Donc j'attends le plan. Une fois que j'aurai ce plan, définitivement approuvé, j'ai des outils. Dans ces outils, il y a des outils d'urgence, des aides de minimis, des aides sociales, des exonérations de charges et puis, il y a des aides plus structurelles auxquelles j'ai travaillé avec les marins pêcheurs. Par exemple, l'idée des contrats bleus, par exemple l'idée d'une Fondation pour la pêche durable qui permet de contractualiser avec les pêcheurs, de leur apporter des aides compensant ... Ce que je ne peux pas faire, c'est envoyer un chèque.
Et c'est ce qu'ils attendent parce que, eux, sont en urgence.
Ils savent...
Le gazole est en train de les mettre sur la paille !
Je ne serai pas le ministre qui enverra des chèques en bois aux pêcheurs français.
Vous comprenez, M. Barnier, que sans doute certains vous écoutent aujourd'hui, là, à Fos, par exemple, à 7h30. Les pêcheurs de Fos vous écoutaient. Vous comprenez la déception que vous allez susciter ?
Non, il n'y aura pas de déception s'ils veulent bien comprendre et respecter les contraintes que tout ministre responsable... Je ne veux pas raconter d'histoire aux marins pêcheurs. J'ai visité des ports quasiment tous les quinze jours depuis que je suis ministre et j'ai rencontré des marins pêcheurs. Je ne raconterai pas d'histoire aux marins pêcheurs. Ce sont des gens sérieux. Ce sont des gens respectables. Ce sont des gens auxquels il ne faut pas raconter d'histoire.
Nous sommes dans une impasse ?
Non, nous ne sommes pas dans une impasse. Nous avons un plan qui comporte une mobilisation sans précédent de moyens publics : 310 millions sur les trois ans qui viennent, et dans ce plan avec la boîte à outils dont j'espère l'approbation par Bruxelles, je vais m'efforcer d'accélérer, d'intensifier, sans doute de compléter, avec l'accord du Premier ministre, un certain nombre de ces mesures. C'est ce que je présenterai aux marins pêcheurs. Une réponse d'urgence, des aides sociales ou économiques, une réponse structurelle pour moderniser la pêche. Il va falloir moderniser le modèle économique, dont on voit bien les limites pour ces 5.000 bateaux, ces 22.000 marins pêcheurs, des mesures de sécurité aussi. On n'en parle pas forcément aujourd'hui, mais il y a une vingtaine de marins pêcheurs qui perdent la vie chaque année. C'est le métier, dans notre société, le plus dangereux. Je veux, par exemple, doter chacun des marins pêcheurs d'une balise individuelle de secours. Et puis, je veux aussi - excusez-moi une seconde ! - que toute la filière se mobilise. Le cabillaud qui est pêché par les marins d'Etaples ou de Boulogne-sur-Mer, il est vendu par les marins pêcheurs 3 ou 4 euros, et on le retrouve à 15 ou 20 euros sur les étals. Il faut que toute la filière se mobilise et que le travail de ces marins pêcheurs soit davantage et plus équitablement rémunéré.
Ça, on le dit souvent et il n'y a pas de réponse à ça !
Si, une réponse sera la transparence que je veux sur l'ensemble de la filière.
Vous avez déjà versé 30 millions d'euros... Enfin, vous aviez prévu au début de l'année de verser 30 millions d'euros...
Ils ont été versés.
... pour 2008. Mais là, avec l'augmentation du prix du gazole, il faut en verser plus et vous n'avez pas l'enveloppe pour le faire.
J'ai 310 millions à utiliser entre 2008, 2009, 2010. Nous verrons comment compléter ces mesures, avec l'accord du Premier ministre, et je vais voir comment accélérer, accentuer, compléter ces mesures pour faire face à cette nouvelle augmentation du gazole, dont je rappelle qu'il est détaxé pour les marins pêcheurs.
Vous aviez décidé d'une exonération de charges salariales et patronales pendant six mois. Allez-vous reconduire cette mesure dans un délai plus long ?
Quand on exonère le paiement des charges, on met en cause le régime des marins pêcheurs. Et ce n'est pas cela qu'ils veulent.
Donc, ça ne durera que six mois et après, ce sera fini !
Cette exonération, décidée par le chef de l'Etat, a été décidée et nous avons, en revanche de manière définitive, baissé les charges de 50% ou 75% selon les bateaux pour les charges sociales patronales. Ça, c'est une mesure qui a été faite de manière définitive. Donc, des mesures structurelles pour moderniser la flotte. Encore une fois, il s'agit d'une activité extrêmement importante pour nos côtes ; et je n'accepte pas, je n'accepterai jamais, que disparaisse la pêche française.
Mais avez-vous les moyens d'empêcher cette disparition ?
Je viens de vous dire que jamais un gouvernement n'avait mobilisé autant de moyens : 310 millions...
Mais visiblement, ils ne sont pas suffisants ?
Il faut le temps de les mettre en oeuvre. Par exemple, les contrats bleus, dont j'ai parlés avec les marins pêcheurs du Guilvinec (c'est leur idée qui consiste à engager des mesures de traitement de l'environnement, de gestion durable de la mer dont ils sont les ouvriers ou les pêcheurs) ces mesures-là, j'ai besoin de l'accord de Bruxelles pour les mettre en oeuvre. J'attends cet accord dans les semaines qui viennent ou les jours qui viennent ou les heures qui viennent ; et dès qu'il sera accordé, je mettrai en oeuvre ces contrats bleus.
Pensez-vous, M. Barnier, que les propos que vous tenez ce matin sur RTL sont de nature à calmer la colère des marins pêcheurs ?
Je pense que les marins pêcheurs ont des raisons de s'exprimer et d'exprimer leur colère. Ils doivent savoir que j'irai au bout, à l'extrême limite de toutes les possibilités, et du budget de notre pays, et de la contribution d'ailleurs de l'ensemble de nos compatriotes qui participe à ce plan et des limites de la politique européenne. Ils savent que j'irai au bout et que je suis à leur côté.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 20 mai 2008
Le gouvernement n'accepte pas la disparition de la pêche française.
Et elle est en train de disparaître.
Elle est dans une crise extrêmement sérieuse. Et donc, je comprends et j'entends et la colère, et parfois la détresse, de ces marins pêcheurs dont certains gagnent à peine 1.000 euros en ayant travaillé un mois, quand ils gagnent quelque chose puisque vous savez que le système de rémunération à la part, font qu'ils sont associés, qu'ils co-partagent la charge du gazole, qui a augmenté de 20 centimes depuis six mois alors qu'il avait augmenté de 20 centimes en deux ans. Et c'est précisément pour cette raison que le président de la République - vous vous souvenez de sa visite au Guilvinec - m'avait demandé de bâtir un plan. J'ai bâti ce plan, pas tout seul, avec les marins pêcheurs professionnels, avec leurs représentants, avec les collectivités locales, et en tenant compte, de deux bornes qui sont obligatoires pour le ministre de l'Agriculture et de la Pêche qui sont fixées par la politique européenne des pêches. Nous ne pouvons pas apporter des aides sans avoir l'accord de Bruxelles ; et quand il s'agit des poissons que l'on pêche, c'est-à-dire la raison de travailler des pêcheurs, les ressources, là encore nous travaillons dans le cadre de quotas fixés par Bruxelles. Voilà les bornes entre lesquelles je dois trouver le chemin.
Vous dites que vous n'acceptez pas la disparition de la pêche, elle est en train de disparaître. Donc, que pouvez-vous faire pour aider les pêcheurs à surmonter la crise qu'ils vivent aujourd'hui ?
Il y a trois réponses auxquelles je travaille, je continue de travailler, et dont je parlerai demain avec les marins pêcheurs que je retrouve pour faire le suivi du plan que j'ai mis en place, il y a six mois, à la demande du chef de l'Etat. Un : dans l'urgence, des aides économiques, des soutiens économiques et sociaux. Nous avons déjà versé une quarantaine de millions d'euros, sans attendre d'ailleurs l'approbation de notre plan par Bruxelles, des aides d'urgence que l'on appelle des aides de minimis pour 12 millions, des aides des caisses chômage pour 13 millions. Nous avons exonéré définitivement ...
Excusez-moi ! Vous allez, là, verser 12 millions, 13 millions ?
Ils ont été versés.
Oui, mais qu'est-ce que vous allez faire de plus ?
Nous allons voir comment ces mesures-là peuvent être intensifiées ou accentuées dans le cadre du plan, dont j'attends dans les heures qui viennent, voire les jours qui viennent, l'approbation par Bruxelles. Je ne peux rien faire. La boîte à outils que j'ai mise en place et que j'ai présentée aux marins pêcheurs doit être approuvée par Bruxelles. C'est une condition sine qua non...
Ce n'est toujours pas fait, puisque le plan remonte à la visite du président de la République - c'était en novembre ?
Cela faisait quatre mois. Oui, le temps de Bruxelles n'est pas forcément le temps de l'augmentation du prix du gazole, qui va plus vite. Mais j'attends dans les heures qui viennent l'approbation de Bruxelles. J'ai travaillé, hier encore, avec les autorités bruxelloises et la commission M. Borges à Bruxelles où je me trouvais. Donc j'attends le plan. Une fois que j'aurai ce plan, définitivement approuvé, j'ai des outils. Dans ces outils, il y a des outils d'urgence, des aides de minimis, des aides sociales, des exonérations de charges et puis, il y a des aides plus structurelles auxquelles j'ai travaillé avec les marins pêcheurs. Par exemple, l'idée des contrats bleus, par exemple l'idée d'une Fondation pour la pêche durable qui permet de contractualiser avec les pêcheurs, de leur apporter des aides compensant ... Ce que je ne peux pas faire, c'est envoyer un chèque.
Et c'est ce qu'ils attendent parce que, eux, sont en urgence.
Ils savent...
Le gazole est en train de les mettre sur la paille !
Je ne serai pas le ministre qui enverra des chèques en bois aux pêcheurs français.
Vous comprenez, M. Barnier, que sans doute certains vous écoutent aujourd'hui, là, à Fos, par exemple, à 7h30. Les pêcheurs de Fos vous écoutaient. Vous comprenez la déception que vous allez susciter ?
Non, il n'y aura pas de déception s'ils veulent bien comprendre et respecter les contraintes que tout ministre responsable... Je ne veux pas raconter d'histoire aux marins pêcheurs. J'ai visité des ports quasiment tous les quinze jours depuis que je suis ministre et j'ai rencontré des marins pêcheurs. Je ne raconterai pas d'histoire aux marins pêcheurs. Ce sont des gens sérieux. Ce sont des gens respectables. Ce sont des gens auxquels il ne faut pas raconter d'histoire.
Nous sommes dans une impasse ?
Non, nous ne sommes pas dans une impasse. Nous avons un plan qui comporte une mobilisation sans précédent de moyens publics : 310 millions sur les trois ans qui viennent, et dans ce plan avec la boîte à outils dont j'espère l'approbation par Bruxelles, je vais m'efforcer d'accélérer, d'intensifier, sans doute de compléter, avec l'accord du Premier ministre, un certain nombre de ces mesures. C'est ce que je présenterai aux marins pêcheurs. Une réponse d'urgence, des aides sociales ou économiques, une réponse structurelle pour moderniser la pêche. Il va falloir moderniser le modèle économique, dont on voit bien les limites pour ces 5.000 bateaux, ces 22.000 marins pêcheurs, des mesures de sécurité aussi. On n'en parle pas forcément aujourd'hui, mais il y a une vingtaine de marins pêcheurs qui perdent la vie chaque année. C'est le métier, dans notre société, le plus dangereux. Je veux, par exemple, doter chacun des marins pêcheurs d'une balise individuelle de secours. Et puis, je veux aussi - excusez-moi une seconde ! - que toute la filière se mobilise. Le cabillaud qui est pêché par les marins d'Etaples ou de Boulogne-sur-Mer, il est vendu par les marins pêcheurs 3 ou 4 euros, et on le retrouve à 15 ou 20 euros sur les étals. Il faut que toute la filière se mobilise et que le travail de ces marins pêcheurs soit davantage et plus équitablement rémunéré.
Ça, on le dit souvent et il n'y a pas de réponse à ça !
Si, une réponse sera la transparence que je veux sur l'ensemble de la filière.
Vous avez déjà versé 30 millions d'euros... Enfin, vous aviez prévu au début de l'année de verser 30 millions d'euros...
Ils ont été versés.
... pour 2008. Mais là, avec l'augmentation du prix du gazole, il faut en verser plus et vous n'avez pas l'enveloppe pour le faire.
J'ai 310 millions à utiliser entre 2008, 2009, 2010. Nous verrons comment compléter ces mesures, avec l'accord du Premier ministre, et je vais voir comment accélérer, accentuer, compléter ces mesures pour faire face à cette nouvelle augmentation du gazole, dont je rappelle qu'il est détaxé pour les marins pêcheurs.
Vous aviez décidé d'une exonération de charges salariales et patronales pendant six mois. Allez-vous reconduire cette mesure dans un délai plus long ?
Quand on exonère le paiement des charges, on met en cause le régime des marins pêcheurs. Et ce n'est pas cela qu'ils veulent.
Donc, ça ne durera que six mois et après, ce sera fini !
Cette exonération, décidée par le chef de l'Etat, a été décidée et nous avons, en revanche de manière définitive, baissé les charges de 50% ou 75% selon les bateaux pour les charges sociales patronales. Ça, c'est une mesure qui a été faite de manière définitive. Donc, des mesures structurelles pour moderniser la flotte. Encore une fois, il s'agit d'une activité extrêmement importante pour nos côtes ; et je n'accepte pas, je n'accepterai jamais, que disparaisse la pêche française.
Mais avez-vous les moyens d'empêcher cette disparition ?
Je viens de vous dire que jamais un gouvernement n'avait mobilisé autant de moyens : 310 millions...
Mais visiblement, ils ne sont pas suffisants ?
Il faut le temps de les mettre en oeuvre. Par exemple, les contrats bleus, dont j'ai parlés avec les marins pêcheurs du Guilvinec (c'est leur idée qui consiste à engager des mesures de traitement de l'environnement, de gestion durable de la mer dont ils sont les ouvriers ou les pêcheurs) ces mesures-là, j'ai besoin de l'accord de Bruxelles pour les mettre en oeuvre. J'attends cet accord dans les semaines qui viennent ou les jours qui viennent ou les heures qui viennent ; et dès qu'il sera accordé, je mettrai en oeuvre ces contrats bleus.
Pensez-vous, M. Barnier, que les propos que vous tenez ce matin sur RTL sont de nature à calmer la colère des marins pêcheurs ?
Je pense que les marins pêcheurs ont des raisons de s'exprimer et d'exprimer leur colère. Ils doivent savoir que j'irai au bout, à l'extrême limite de toutes les possibilités, et du budget de notre pays, et de la contribution d'ailleurs de l'ensemble de nos compatriotes qui participe à ce plan et des limites de la politique européenne. Ils savent que j'irai au bout et que je suis à leur côté.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 20 mai 2008