Texte intégral
Q - Monsieur le Ministre, vous venez de signer une convention de 26 millions de francs...
R - Quatre conventions ! Quatre conventions qui, au total, font bien, en effet, 26 MF.
Q - Comment vont être réparties ces sommes ?
R - Je fais d'abord observer que c'est la concrétisation, en quelque sorte, des orientations que nous avions arrêtées en commun lors de la Commission mixte qui s'est tenue il y a 9 mois et que j'avais eu l'honneur de co-présider. C'est 3 millions d'abord, en appui au Centre universitaire de Majunga et je me plais à souligner que c'est la participation de l'Etat français mais s'y ajoutent des contributions, par exemple des hôpitaux de Strasbourg, par exemple d'un hôpital de l'île de La Réunion et ceci intervient alors que le gouvernement japonais, pour sa part, a fait un don en équipements, comme vous le savez.
En ce qui nous concerne, c'est surtout la formation de l'ensemble des personnels hospitaliers que nous prenons en charge et qui entre dans le cadre plus général de notre action visant à l'amélioration du système de santé de Madagascar.
Le second projet concerne un appui à la société civile au travers du Fonds social de développement qui est à disposition de nos ambassades. C'est pour nous une manière de décentraliser l'aide de la France, de permettre aux ambassadeurs de la gérer avec plus de liberté, en quelque sorte, pour être au plus près des préoccupations de terrain. Ce sont les associations, les organismes de la société civile qui vont pouvoir la mobiliser.
Il en va de même, d'ailleurs, un peu pour le troisième projet qui, lui, concerne un programme spécifique qui est un programme d'aide aux initiatives de quartiers - et le nom indique bien notre volonté d'être au plus près des préoccupations des populations. Je ne vais pas détailler les programmes sociaux qui vont pouvoir être financés : ce sont de tout petits programmes mais qui touchent au cur de la pauvreté. Et puis, il y a un programme important de 7 MF qui concerne l'appui à l'Enseignement supérieur et à la Recherche, en particulier avec l'ambition de désenclaver les universités malgaches puisque les 6 universités malgaches vont se trouver branchées sur le monde dès lors que les techniques les plus modernes de communications vont pouvoir, grâce à ce programme, être mises à leur disposition.
Vous voyez que ça touche vraiment un peu toute la gamme de notre coopération. Pas toute parce que ce matin j'ai pu aller sur le terrain et j'ai rencontré là d'autres actions, d'autres projets, de la pisciculture à l'adduction d'eau en passant par la restauration des lieux de mémoire comme le Palais de la Reine d'Ambohimangaque que j'ai eu la chance de visiter.
En tout cas, ceci témoigne de la vitalité de la coopération entre la France et Madagascar.
Q - Monsieur le Ministre, est-ce que vous croyez qu'il y a d'autres secteurs, à part les quatre secteurs que vous avez financés, qu'il faudrait financer pour lutter contre la pauvreté. Si oui, quels sont ces secteurs ?
R - Il y a deux secteurs et il y en a un auquel je songe en particulier mais qui fait déjà l'objet d'un appui de la part de la France, c'est l'Education. J'ai visité, d'ailleurs, ce matin, un programme qui, là aussi, fait l'objet d'une aide de la coopération décentralisée, en l'occurrence c'est d'ailleurs le Conseil général de l'île de La Réunion mais c'est aussi le Syndicat des Eaux de l'Ile-de-France qui sont partenaires et qui ont permis d'améliorer un équipement scolaire dans le village que j'ai visité. De toute évidence, des appuis sont à faire, des appuis non seulement en équipement et là, l'Agence française de développement qui, comme vous le savez, est un opérateur important à Madagascar, s'y emploie non seulement en formation de formateurs et là, c'est le rôle de la coopération française - et on s'y emploie - mais il faudra bien sûr que le budget malgache prévoit les moyens nécessaires pour financer les postes d'enseignants. C'est là que l'effacement de la Dette va donner aux autorités malgaches - en tout cas, c'est comme cela que nous le concevons - les moyens, justement, de consacrer plus d'aide à ces secteurs essentiels pour la lutte contre la pauvreté : santé, éducation bien évidemment.
Q - Y a-t-il vraiment nécessité pour les pays membres de la COI, qui sont également membres des autres organisations telles que la SADEC ou la COMESA, de revoir leurs positions ?
R - Non, je n'ai pas dit qu'il faut revoir leurs relations dans le cadre de la COMESA ou de la SADEC, au contraire, ceci correspond à une réalité que nous comprenons. Comment concilier cette réalité avec cette autre réalité qu'est la COI ? C'est-à-dire un espace de dialogue, de collaboration, de solidarité autour de sujets qui sont propres aux îles : l'environnement, les questions marines, la pêche, le tourisme... Comment l'ensemble COI va-t-il, ou le sous ensemble COI peut-il s'articuler par rapport à la COMESA, par rapport à la SADEC ? C'est à cette question-là, et elle est importante, que les experts - et je pense aux juristes notamment - doivent essayer de répondre. C'est ce que nous avons dit hier et je ne doute pas que le mandat qui a été donné, en ce sens, au Secrétaire général sera parfaitement rempli. C'est important, en effet, qu'on trouve une bonne articulation car le besoin d'intégration régionale a été rappelé lors de la signature des accords de Cotonou et il ne faut pas que les pays de l'Océan indien loupent, en quelque sorte, cette intégration régionale car elle peut certainement être un appui à leur développement.
Voilà. Mais je ne suis pas inquiet. Si on fait preuve de pragmatisme, d'un peu d'imagination, si on a une vraie volonté politique, on trouvera la solution.
Q - Une dernière question. Le nouveau Président de la COI en la personne du ministre des Affaires étrangères de Maurice, a souligné qu'il faudrait instaurer dans la région une libre circulation des biens et des personnes. Qu'en pense la France ?
R - Ecoutez, c'est un objectif que nous partageons. Il ne peut être mis en uvre qu'en prenant un certain nombre de précautions. On comprendra qu'il y a des différences de situations très fortes d'un pays à l'autre. Souvent, on pense à La Réunion même s'il n'y a pas que La Réunion qui peut être concernée... Les différences importantes qui existent dans le degré de développement, dans le niveau des équipements sociaux, peuvent en effet provoquer des mouvements importants. Il faut savoir les accompagner mais il est vrai que la logique veut que nous ayons tous pour ambition de faciliter la circulation des personnes et des biens ; c'est une condition du développement de l' "indianocéanité" au sein de laquelle Madagascar a une place tout à fait essentielle en raison de son poids démographique et des capacités de développement qui restent encore en réserve.
Q - Au sujet des propos du ministre des Affaires étrangères mauricien sur la nécessaire ouverture de la COI à son environnement anglophone
R - A mon avis, ces propos n'engagent que lui. Moi, j'observe que, dans l'Océan indien, c'est plutôt le français qui est parlé, en tout cas dans la partie où nous sommes. J'observe qu'au Mozambique, c'est plutôt le portugais... Il est vrai qu'il y a l'Afrique du sud qui est un grand pays anglophone. Je pense que les quatre pays - en dehors de La Réunion et de la France - membres de la COI, appartiennent tous à la Francophonie. Il faut croire que les Mauriciens auront à cur de confirmer cet attachement à la Francophonie./.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 février 2001)
R - Quatre conventions ! Quatre conventions qui, au total, font bien, en effet, 26 MF.
Q - Comment vont être réparties ces sommes ?
R - Je fais d'abord observer que c'est la concrétisation, en quelque sorte, des orientations que nous avions arrêtées en commun lors de la Commission mixte qui s'est tenue il y a 9 mois et que j'avais eu l'honneur de co-présider. C'est 3 millions d'abord, en appui au Centre universitaire de Majunga et je me plais à souligner que c'est la participation de l'Etat français mais s'y ajoutent des contributions, par exemple des hôpitaux de Strasbourg, par exemple d'un hôpital de l'île de La Réunion et ceci intervient alors que le gouvernement japonais, pour sa part, a fait un don en équipements, comme vous le savez.
En ce qui nous concerne, c'est surtout la formation de l'ensemble des personnels hospitaliers que nous prenons en charge et qui entre dans le cadre plus général de notre action visant à l'amélioration du système de santé de Madagascar.
Le second projet concerne un appui à la société civile au travers du Fonds social de développement qui est à disposition de nos ambassades. C'est pour nous une manière de décentraliser l'aide de la France, de permettre aux ambassadeurs de la gérer avec plus de liberté, en quelque sorte, pour être au plus près des préoccupations de terrain. Ce sont les associations, les organismes de la société civile qui vont pouvoir la mobiliser.
Il en va de même, d'ailleurs, un peu pour le troisième projet qui, lui, concerne un programme spécifique qui est un programme d'aide aux initiatives de quartiers - et le nom indique bien notre volonté d'être au plus près des préoccupations des populations. Je ne vais pas détailler les programmes sociaux qui vont pouvoir être financés : ce sont de tout petits programmes mais qui touchent au cur de la pauvreté. Et puis, il y a un programme important de 7 MF qui concerne l'appui à l'Enseignement supérieur et à la Recherche, en particulier avec l'ambition de désenclaver les universités malgaches puisque les 6 universités malgaches vont se trouver branchées sur le monde dès lors que les techniques les plus modernes de communications vont pouvoir, grâce à ce programme, être mises à leur disposition.
Vous voyez que ça touche vraiment un peu toute la gamme de notre coopération. Pas toute parce que ce matin j'ai pu aller sur le terrain et j'ai rencontré là d'autres actions, d'autres projets, de la pisciculture à l'adduction d'eau en passant par la restauration des lieux de mémoire comme le Palais de la Reine d'Ambohimangaque que j'ai eu la chance de visiter.
En tout cas, ceci témoigne de la vitalité de la coopération entre la France et Madagascar.
Q - Monsieur le Ministre, est-ce que vous croyez qu'il y a d'autres secteurs, à part les quatre secteurs que vous avez financés, qu'il faudrait financer pour lutter contre la pauvreté. Si oui, quels sont ces secteurs ?
R - Il y a deux secteurs et il y en a un auquel je songe en particulier mais qui fait déjà l'objet d'un appui de la part de la France, c'est l'Education. J'ai visité, d'ailleurs, ce matin, un programme qui, là aussi, fait l'objet d'une aide de la coopération décentralisée, en l'occurrence c'est d'ailleurs le Conseil général de l'île de La Réunion mais c'est aussi le Syndicat des Eaux de l'Ile-de-France qui sont partenaires et qui ont permis d'améliorer un équipement scolaire dans le village que j'ai visité. De toute évidence, des appuis sont à faire, des appuis non seulement en équipement et là, l'Agence française de développement qui, comme vous le savez, est un opérateur important à Madagascar, s'y emploie non seulement en formation de formateurs et là, c'est le rôle de la coopération française - et on s'y emploie - mais il faudra bien sûr que le budget malgache prévoit les moyens nécessaires pour financer les postes d'enseignants. C'est là que l'effacement de la Dette va donner aux autorités malgaches - en tout cas, c'est comme cela que nous le concevons - les moyens, justement, de consacrer plus d'aide à ces secteurs essentiels pour la lutte contre la pauvreté : santé, éducation bien évidemment.
Q - Y a-t-il vraiment nécessité pour les pays membres de la COI, qui sont également membres des autres organisations telles que la SADEC ou la COMESA, de revoir leurs positions ?
R - Non, je n'ai pas dit qu'il faut revoir leurs relations dans le cadre de la COMESA ou de la SADEC, au contraire, ceci correspond à une réalité que nous comprenons. Comment concilier cette réalité avec cette autre réalité qu'est la COI ? C'est-à-dire un espace de dialogue, de collaboration, de solidarité autour de sujets qui sont propres aux îles : l'environnement, les questions marines, la pêche, le tourisme... Comment l'ensemble COI va-t-il, ou le sous ensemble COI peut-il s'articuler par rapport à la COMESA, par rapport à la SADEC ? C'est à cette question-là, et elle est importante, que les experts - et je pense aux juristes notamment - doivent essayer de répondre. C'est ce que nous avons dit hier et je ne doute pas que le mandat qui a été donné, en ce sens, au Secrétaire général sera parfaitement rempli. C'est important, en effet, qu'on trouve une bonne articulation car le besoin d'intégration régionale a été rappelé lors de la signature des accords de Cotonou et il ne faut pas que les pays de l'Océan indien loupent, en quelque sorte, cette intégration régionale car elle peut certainement être un appui à leur développement.
Voilà. Mais je ne suis pas inquiet. Si on fait preuve de pragmatisme, d'un peu d'imagination, si on a une vraie volonté politique, on trouvera la solution.
Q - Une dernière question. Le nouveau Président de la COI en la personne du ministre des Affaires étrangères de Maurice, a souligné qu'il faudrait instaurer dans la région une libre circulation des biens et des personnes. Qu'en pense la France ?
R - Ecoutez, c'est un objectif que nous partageons. Il ne peut être mis en uvre qu'en prenant un certain nombre de précautions. On comprendra qu'il y a des différences de situations très fortes d'un pays à l'autre. Souvent, on pense à La Réunion même s'il n'y a pas que La Réunion qui peut être concernée... Les différences importantes qui existent dans le degré de développement, dans le niveau des équipements sociaux, peuvent en effet provoquer des mouvements importants. Il faut savoir les accompagner mais il est vrai que la logique veut que nous ayons tous pour ambition de faciliter la circulation des personnes et des biens ; c'est une condition du développement de l' "indianocéanité" au sein de laquelle Madagascar a une place tout à fait essentielle en raison de son poids démographique et des capacités de développement qui restent encore en réserve.
Q - Au sujet des propos du ministre des Affaires étrangères mauricien sur la nécessaire ouverture de la COI à son environnement anglophone
R - A mon avis, ces propos n'engagent que lui. Moi, j'observe que, dans l'Océan indien, c'est plutôt le français qui est parlé, en tout cas dans la partie où nous sommes. J'observe qu'au Mozambique, c'est plutôt le portugais... Il est vrai qu'il y a l'Afrique du sud qui est un grand pays anglophone. Je pense que les quatre pays - en dehors de La Réunion et de la France - membres de la COI, appartiennent tous à la Francophonie. Il faut croire que les Mauriciens auront à cur de confirmer cet attachement à la Francophonie./.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 février 2001)