Déclaration de M. François Huwart, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, sur les risques, les défis et les espérance de la mondialisation et sur les besoins de régulation, Poitiers, le 11 janvier 2001.

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Circonstance : Intervention à l'Université de Poitiers, Faculté des sciences économiques sur le thème : "Mondialisation et progrès", le 11 janvier 2001

Texte intégral


Intervention de M. François HUWART,
Secrétaire d'Etat au Commerce Extérieur,
à l'Université de Poitiers - Faculté des Sciences économiques
"Mondialisation et progrès"
Jeudi 11 janvier 2001
Je suis extrêmement heureux de vous rencontrer aujourd'hui à Poitiers et d'avoir l'occasion de débattre avec vous de la mondialisation dont on parle beaucoup depuis quelques temps.
On en parle haut et fort, on en parle à droite et à gauche, on en parle parfois a tort et à travers.
S'agit-il d'un effet Seattle ou d'un effet Millau ? Je ne saurais dire. Toujours est-il que la mondialisation est aujourd'hui au coeur de toutes les polémiques. Aux philippiques des uns succèdent les apologues des autres, au catastrophisme, le messianisme.
Mais, très brièvement, avant tout, qu'appelle t'on mondialisation ? Il s'agit d'un processus historique, fruit de l'innovation et du progrès technologique, de la révolution des transports et des communications, comme des différentes vagues de libéralisation économique. La mondialisation est marquée par l'intégration croissante des économies, à travers les échanges commerciaux et les flux financiers. Elle se caractérise également par des transferts internationaux de main-d'oeuvre et la diffusion des connaissances, amplifiée par l'avènement de l'e-économie. Les avancées de la technologie ont formidablement accru le potentiel d'échanges de biens, de services et d'informations. Quelques chiffres simplement à cet égard: depuis 1950, les exportations de marchandises ont été multipliées par 18, les IDE par 2 500, le PIB mondial " seulement " par 5 ! Et l'on ne peut désormais ignorer ses dimensions politique, culturelle et environnementale.
Or aujourd'hui, le phénomène que je viens très schématiquement de décrire semble cristalliser les angoisses les plus aiguës comme les espérances les plus imprudentes.
Plusieurs discours concurrents se sont donc construits sur la mondialisation. En voici une ébauche de typologie très sommaire.
Le discours des économistes classiques, tenants de la libéralisation, tout d'abord, trop souvent présenté comme celui des mondialisateurs. Ancré dans la démonstration ricardienne des avantages comparatifs, ce discours décrit la mondialisation comme un jeu sans perdants. On exporte pour pouvoir importer et consommer au meilleur prix pour le plus grand bien-être du consommateur. C'est un modèle que l'on ne peut récuser, même s'il est critiquable. Il néglige en effet certaines conséquences de la mondialisation et repose sur des hypothèses de base parfois contestables : concurrence parfaite, prix flexibles.
L'autre discours est celui des anti-mondialisation, coalition de ceux qui sont contre le FMI, contre l'OMC, contre la World company. Le spectre de ce discours est très large: il a le grand mérite de mettre en lumière les risques évidents d'une mondialisation inégalitaire et injuste. Mais à force de se concentrer sur les " dommages collatéraux " de la mondialisation, il n'échappe pas toujours à la nostalgie d'une croissance-zéro idéalisée. Cette remise en cause radicale de l'économie fondée sur l'échange et la monnaie apparaît souvent utopique.
Mais il existe un troisième discours, moins audible car plus austère peut-être. C'est le discours politique, qui ne remet pas en cause les apports de la théorie économique et fait place aux courants critiques. Pour ne prendre que cet exemple, les politiques de l'environnement, tant dans notre pays que dans les négociations internationales, ont en effet beaucoup bénéficié de la vigilance des organisations non-gouvernementales.
Le discours politique a aussi des contraintes propres. Tributaire des enjeux diplomatiques, des rapports de force internationaux, des calendriers de négociations, il a une responsabilité essentielle : celle de l'intérêt général, qui n'est pas la somme des intérêts égoïstes. La première responsabilité du politique est en effet de défendre les intérêts des citoyens dont il tient son mandat.
Un discours politique et responsable s'appuie aujourd'hui sur la nécessité de permettre à chacun de trouver sa place dans le village mondial qui s'esquisse. Il s'agit donc de donner de nouvelles règles à l'échange international pour en garantir l'équité et en maximiser les profits pour tous !
Ce discours, c'est celui que je veux vous tenir aujourd'hui.
I. Les bienfaits de la mondialisation
Je voudrais tout d'abord rappeler les bienfaits de la mondialisation. La mondialisation est en effet l'un des soubassements de la croissance économique d'après-guerre aux Etats-Unis et en Europe.
Ces bienfaits, ils sont énoncés, tant par la théorie classique du commerce international que par les nouvelles théories. Ils sont surtout largement confirmés par les faits.
Selon la démonstration ricardienne classique des avantages comparatifs, le commerce international est positif. La spécialisation permet une meilleure allocation des ressources et entraîne des gains d'efficacité, et donc une augmentation du bien-être national: les consommateurs ont accès à des gammes de produits plus larges et à des prix inférieurs, en comparaison d'une situation d'autarcie.
La question posée concrètement à la société est fondamentale: pourquoi choisir une économie de l'échange plutôt que l'autarcie? Serions-nous prêts à payer le prix de l'autarcie: moindre pouvoir d'achat, moindre choix pour les consommateurs que nous sommes, moindre bien-être collectif? S'il faut parler franchement, alors reconnaissons que le fait-même de participer à l'échange implique des coûts d'ajustement. Cette ouverture peut menacer des secteurs économiques, détruire certains emplois et creuser des inégalités au sein même de notre société. Mais renoncer à l'échange au nom du refus des inégalités devrait se payer d'une croissance amputée et d'un appauvrissement collectif.
Par ailleurs, les nouvelles théories mettent en évidence d'autres bienfaits de la mondialisation. Les rendements d'échelles croissants, par exemple : dans un pays de taille moyenne comme la France, la seule dimension du marché national serait insuffisante pour justifier le maintien sur notre territoire de la production aéronautique et automobile.
II. Les défis de la mondialisation.
Oui, la mondialisation, comme toute découverte, comme toute " révolution ", entraîne certains déséquilibres, au moins à court terme, et peut donc entraîner des coûts d'ajustement importants. En outre, des risques inédits surgissent, qui sont autant de défis pour les gouvernants. Voyons d'abord quels sont ces principaux défis de la mondialisation.
Il est certain qu'un décalage se créee entre le rythme échevelé de la mondialisation, indexé sur celui des technologies, et le rythme du quotidien de bon nombre de nos concitoyens.
Ces décalages technologiques imposent des adaptations. On comprend bien comment ces décalages nourrissent la crainte des effets secondaires de la mondialisation. Cette crainte légitime est celle de l'exclusion :
exclusion de certains groupes sociaux dans nos sociétés tout d'abord.
marginalisation de certains pays au sein de l'économie mondialisée ensuite.
A. Exclusion dans nos sociétés.
La mondialisation pénalise-t-elle les travailleurs des pays avancés ? Il est indiscutable que les bénéfices liés à la mondialisation des échanges profitent en valeur absolue à la collectivité, mais accentuent les inégalités entre les groupes sociaux, et même à l'intérieur de chaque catégorie sociale. A court terme les travailleurs les moins qualifiés dans les pays industrialisés souffrent de la mondialisation.
Une des principales craintes suscitées par la mondialisation tourne en effet autour de ce qu'on appelle le dumping social. Ce terme générique recouvre trois problématiques :
1) les délocalisations vers les pays du sud, vers ces terres où le salaire est dérisoire et la législation peu encombrante.
2) les destructions d'emplois causées par les importations en provenance des pays du sud.
3) l'attractivité du territoire
1). S'agissant des délocalisations, on met en cause la concurrence fiscale et sociale entre Etats. Le dumping social est bien un problème propre à la mondialisation, car il surgit du décalage entre la mobilité des capitaux et la fixité, si j'ose dire, du facteur travail.
Il s'agit d'une pratique déloyale et surtout funeste puisqu'elle est censée déclencher une course à l'abîme social.
A cette inquiétude, je répondrai que les délocalisations sont très limitées par rapport à l'importance des investissements français: elles représentent à peine 5% de nos investissements directs dans les zones géographiques proches telles que les pays d'Europe centrale et orientale ou le Maghreb. Ces implantations à l'étranger s'inscrivent d'ailleurs souvent dans des stratégies de conquête de nouveaux marchés.
2 En ce qui concerne les importations en provenance des pays en développement, je veux rappeler plusieurs points importants.
les importations en provenance des pays en développement ne représentent que 2 à 3 % du PIB dans les pays industrialisés.
la croissance de nos importations en provenance de ces pays est parallèle à celle de nos exportations vers les pays en développement ou en transition.
les importations en provenance des pays en développement bénéficient aux consommateurs sous forme de baisse des prix, donc de gains de pouvoir d'achat, ce qui permet la création d'emplois dans d'autres secteurs, notamment celui des services.
Cette redistribution des cartes économiques n'est pas spontanément équitable. Elle enrichit les uns plus que les autres. L'ouverture des économies favorise en effet les plus mobiles, et les plus diplômés, ceux-là même qui sont le plus aptes à s'insérer dans les réseaux d'une économie globalisée éminemment sélective. Cela n'est supportable que si les inégalités nouvelles sont contrebalancées par une politique forte de redistribution des chances, une politique de solidarité qui permette de traiter les effets secondaires de cette double accélération du progrès technologique et des échanges.
Il faut également mettre en place des politiques d'ajustement à court terme : politique sectorielle en faveur du textile par exemple, politique globale visant à alléger le coût de travail peu qualifié. Cette politique donne aujourd'hui des résultats tangibles avec une baisse significative du chômage des non-qualifiés dont la part dans l'emploi total est en augmentation, selon une étude récente de la DARES.
3). Le capital humain est à l'évidence un facteur essentiel de l'attractivité d'un territoire. A l'intérieur de ce territoire, la formation, les compétences dispensées par l'école, deviennent le facteur discriminant, celui qui évite les exclusions et polarise les revenus. L'éducation et la formation doivent donc être nos priorités: antidotes aux inégalités sociales, elles sont déjà la " sécurité sociale " du 21ème siècle.
Mais l'éducation et la formation ne sont seulement un " filet de sécurité " : elles constituent le meilleur atout de notre pays dans la mondialisation. Ce sont les ferments de ce qui constitue désormais à mes yeux, l'avantage comparatif de notre économie: l'innovation. Favoriser la création d'entreprises, favoriser l'innovation sont au coeur du projet européen de bâtir " l'économie de la connaissance la plus performante ". Le gouvernement de Lionel Jospin en a fait l'un des axes forts de sa politique économique et je souhaite que nous puissions revenir sur ces enjeux tout à l'heure.
B. La marginalisation de certains pays.
Les problématiques ne sont guère différentes à l'échelle du village planétaire. Les bienfaits de la mondialisation ont été inégalement répartis. Une majorité de pays bénéficie de la mondialisation, mais d'autres courent le risque d'être marginalisés, et cette dynamique d'exclusion est aujourd'hui renforcée par la fracture numérique. Le PIB par habitant du quart des pays les plus riches a pratiquement sextuplé durant la seconde moitié du siècle, celui du quart des pays les plus pauvres moins que triplé.
L'écart relatif de revenus réels entre les pays les plus pauvres et les plus riches s'est creusé et les inégalités entre pays se sont aggravées.
Cela explique que la problématique nord-sud soit aujourd'hui plus complexe que jamais. De nombreux pays en développement sont lancés dans une phase de rattrapage rapide, à tel point que la dichotomie nord-sud devient inopérante. Certains pays en développement d'Asie participent avec succès au commerce mondial et sont en train de rattraper les pays industrialisés.
L'économie chinoise aura connu une croissance de 8 % en 2000 et ses exportations ont augmenté de plus d'un tiers l'année dernière. Savez-vous combien il s'y vend de téléphones portables chaque mois? Plus de 2 millions. Il y aurait aujourd'hui 70 millions d'utilisateurs dans le pays. Il s'agit déjà du deuxième marché mondial pour la téléphonie mobile, devant le Japon.
En revanche, d'autres pays, en particulier ceux de l'Afrique sub-saharienne, ont aujourd'hui un revenu inférieur à ce qu'il était il y a une trentaine d'années. Les 48 pays les plus pauvres, essentiellement africains, représentent aujourd'hui un demi pour cent du total des exportations mondiales, alors même que les échanges internationaux auront augmenté l'année dernière de 14 %, selon les chiffres de l'OMC. Ces pays courent aujourd'hui le risque d'être exclus de la mondialisation.
En 10 ans, on a recensé entre 70 et 80 millions de " nouveaux " pauvres en Afrique sub-saharienne. Si un ménage américain sur deux est connecté à l'Internet, un Africain sur mille peut y avoir accès. De façon plus imagée, on peut souligner que la ville de New York compte plus d'internautes que l'ensemble du continent africain.
Le cercle vertueux entre ouverture, croissance et développement est maintenant bien connu. Les échanges de marchandises et de services et les investissements directs étrangers sont des facteurs puissants de développement économique. Mais, rappelons-le, l'ouverture commerciale est une condition nécessaire à la croissance mais non suffisante. Elle doit être accompagnée de réformes institutionnelles et s'intégrer dans une stratégie globale de lutte contre la pauvreté. J'y reviendrai tout à l'heure.
C. Les " risques collatéraux " de la croissance .
1). Le risque de propagation rapide à l'ensemble de la planète des crises financières frappe également les esprits
Les crises financières ne sont plus rares dans les pays émergents le Mexique, l'Asie, puis la Russie, et, en ce moment, l'Argentine.
Prenons l'exemple de la crise asiatique en 1997 : elle est née d'une funeste interaction entre l'effondrement des taux de change, lié à la perte de confiance des investisseurs internationaux, et la fragilité du financement des entreprises, exposées à un fort endettement à court terme en devises.
Alors qu'au départ cette crise était localisée en Thaïlande, elle s'est rapidement propagée à l'ensemble des économies faisant craindre le pire, c'est-à-dire le risque d'une propagation à l'ensemble de la planète.
Ces crises financières sont-elles la conséquence directe et inévitable de la mondialisation ?
La crise a révélé d'une part les insuffisances de régulation interne et les déséquilibres microéconomiques.
La croissance vigoureuse des économies de la zone asiatique a longtemps dissimulé la gravité des lacunes. Je peux en énumérer quelques-unes :
suraccumulation du capital dans certains secteurs liée la doctrine fallacieuse du To Big to fail, à l'exemple des chaebols coréens.
inadéquation des structures bancaires, financières et industrielles.
insuffisance du cadre réglementaire national, en particulier l'absence de loi sur les faillites
des politiques monétaires et de change inappropriées, avec notamment un ancrage systématique au dollar.
Par ailleurs, la crise asiatique a bien mis en évidence le besoin d'une meilleure régulation du système monétaire et financier international. J'y reviendrai.
Mais la mondialisation recèle aussi d'autres dangers. Le progrès est rapide, parfois trop. La recherche forcenée de productivité enclenche parfois un tourbillon où l'homme peut se laisser griser et finir par se perdre. Ces risques sont largement médiatisés désormais : ils touchent notamment à l'environnement.
2). Les OGM
Si je choisis cet exemple, c'est qu'il suscite des controverses passionnées : cultures arrachées, cargo arraisonnés, et j'en passe. Il y a deux manières d'envisager les problèmes posés par les OGM.
La première consiste à encadrer leur culture et leur commercialisation, de manière à prévenir les risques pour l'environnement. C'est ce qu'a choisi de faire l'Union européenne: notre position est qu'on ne mesure pas encore de manière suffisamment satisfaisante les risques éventuels pour l'environnement, voire la santé, pour pouvoir considérer les OGM comme des produits agricoles ordinaires. Nous sommes donc favorables à ce que l'on peut appeler une bio-vigilance.
Les Etats-Unis sont d'un avis différent. Ils en sont de loin les premiers producteurs, avec près de 30000 hectares cultivés l'année dernière.
La question peut donc être posée en termes de préférences collectives différentes. Sans la mondialisation, ces préférences collectives pourraient coexister sans problème. En revanche, avec l'interdépendance des économies et l'intensification des flux commerciaux, ces différences d'appréciation et de réglementation deviennent plus difficiles à gérer. Mais tout le rôle du droit international c'est de trouver des moyens d'accorder ces points de vue, comme ça a été le cas, sur ce sujet précisément, avec le protocole de Carthagène sur le commerce transfrontalier d'OGM.
Pourquoi, dans ce cas, la conférence de suivi qui s'est tenue avant les fêtes, à Montpellier, a-t-elle suscité une nouvelle fois la vindicte des organisations non gouvernementales ? Pour certaines d'entre elles, encadrer le commerce des OGM, cela revient à l'accepter. Or, les OGM symbolisent l'intrusion de la dépendance technologique au sein d'un monde agricole perçu comme une sphère préservée.
amiante.
Nous nous sommes trouvés en conflit avec le Canada au sujet de l'amiante. Au nom de l'impératif de santé publique, nous avons refusé de continuer à importer des produits contenant de l'amiante. Le Canada a dénoncé une entrave au libre-échange et nous a attaqué. L'ORD a réuni un panel qui a finalement tranché en notre faveur cet automne, en jugeant que l'article 20 du GATT autorise des exceptions au titre de la protection de la santé humaine. Cela souligne que les préoccupations mises en avant par la France et ses partenaires de l'Union sont prises en compte.
Mais cette recherche de régulation doit se faire dans cohérence et la coordination. De nouvelles institutions spécialisées semblent nécessaires, en particulier une organisation mondiale de l'environnement, comme la France l'a proposé. Mais nous devons aussi trouver des modes d'actions qui permettent d'associer le FMI, la Banque mondiale, l'OMC et les autres institutions spécialisées. Aux côtés de l'ONU enfin, des institutions moins formelles comme le G7-G8 ou le G20, ont un rôle à jouer.
Je vous laisse méditer cette ébauche d'une nouvelle architecture internationale plus cohérente qui reste à construire.
Conclusion :
Je veux, pour conclure, m'adresser directement à vous. A l'orée de ce siècle encore neuf, je suis mal placé pour décider si 20 ans est le plus bel âge de la vie. Mais c'est l'âge auquel rien encore n'est impossible. Le monde que je viens de décrire très sommairement vous appartient déjà un peu. Faites en bon usage, vous qui en serez demain les acteurs. Mais, surtout, n'hésitez pas à le parcourir, et revenez plein d'usage et raison.
Antonio Gramsci opposait l'optimisme de la volonté et le pessimisme de l'intelligence. J'aime assez cette formule. Il me semble en effet que nous devons avoir l'intelligence de ne pas minimiser les risques et les déséquilibres provoqués par la mondialisation. Mais ce diagnostic ne doit pas déboucher sur une condamnation sans appel. L'effervescence citoyenne grandissante depuis Seattle verse parfois dans l'excès. Elle témoigne pourtant de cet optimisme de la volonté, de la certitude que nous pouvons agir sur les mutations en cours, que nous pouvons influer sur le cours de la mondialisation, que nous pouvons lui donner le visage du progrès, un progrès dont la dimension économique n'occulte pas la valeur humaniste.

(Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 25 janvier 2001)