Texte intégral
C. Barbier.- 30.000 emplois supprimés l'année prochaine dans la fonction publique, départs en retraite non remplacés. C'est suffisant ?
C'est beaucoup déjà, et déjà ce n'est pas loin du 1 sur 2 qui est le chiffre qui a plusieurs fois été indiqué.
Mais ce n'est pas tout à fait ...
Ce n'est pas tout à fait mais on n'a pas une vision comptable, on a souvent indiqué là-dessus. Et puis l'idée c'est que, bien sûr, ce soit respecté durant le quinquennat, mais c'est beaucoup plus que ça n'a jamais été fait, c'est plus que l'année dernière, en 2008, c'était plutôt 22.000 suppressions d'emplois par le non remplacement de personnes en retraite, je le précise pour que les choses soient bien claires. C'est possible.
On ne met personne à la porte.
On ne met évidemment personne à la porte, on réorganise les services publics, donc ce n'est pas au détriment du service public, ce n'est pas non plus au détriment des fonctionnaires puisqu'on renvoie 50 % de l'économie réalisée sur des mesures financières catégorielles concernant les fonctionnaires. Donc, c'est quelque chose je pense de très positif pour le service public, pour les usagers, pour les contribuables, mais aussi pour les fonctionnaires.
Alors, X. Darcos, le ministre de l'Education a précisé que dans son secteur, ce serait 13.500 suppressions de postes en 2009, toujours par non remplacement des départs à la retraite. Si on faisait le calcul de 1 sur 2, ça serait 18.000. Donc, il traîne les pieds à l'Education nationale ?
Ce n'est pas tout à fait 18.000, c'est plutôt entre 16 et 17.000. Mais, non, X. Darcos doit faire en fonction des réformes que lui-même met en oeuvre, d'ailleurs avec beaucoup de courage et d'efficacité sur l'Education nationale. Rendre un meilleur service aux élèves, c'est le but de l'Education nationale, ça doit être fait avec des réformes, il doit y avoir des réformes, ces réformes Xavier les met en oeuvres au fur et à mesure du temps, rentrée scolaire après rentrée scolaire, et donc 13.500 non remplacements de postes dans l'Education nationale, d'abord c'est une bonne chose, et puis cela incite aussi à la réforme. Ce que je veux dire aussi c'est que, ça se fait en mobilisant des ressources qui ne sont aujourd'hui pas suffisamment mobilisées ; je pense aux remplaçants, il y a 50.000 remplaçants qui ne sont pas suffisamment mobilisés. Donc, il y a beaucoup de façons de parvenir à réaliser ces 13.500 suppressions de postes dans l'Education nationale. Il y a aussi pas que des profs, il y aussi évidemment du personnel administratif.
F. Fillon a également annoncé qu'il escomptait 1,7 % de croissance pour l'année 2008. Vous avez construit l'année dernière un budget sur 2, 2,5 de croissance. Alors les comptes n'y sont pas ?
Oui, on a intégré ça en fait. On a effectivement, l'année dernière à la même époque, commencé à construire le budget 2008 à la même époque, et les circonstances économiques étaient très différentes. Si vous m'aviez invité l'année dernière à la même époque - peut-être que vous m'avez invité d'ailleurs - les circonstances étaient très, très différentes : pas d'inflation, une croissance qui était plutôt légèrement en augmentation. Aujourd'hui, ce n'est pas la même chose, il faut tenir compte des circonstances. Donc on a revu les prévisions de croissance, entre 1,7 et 2 par rapport au budget qui était entre 2 et 2,5. On a revu aussi nos prévisions de déficit public, puisque la prévision de déficit public pour 2008, en pourcentage du PIB, c'était 2,3. On a remonté cette prévision à 2,5 pour tenir compte de cette prévision de croissance revue et corrigée.
Et donc, repousser l'échéance de 2 % qu'on vous demande à Bruxelles ?
Non, non, non, je ne repousse rien. Ça exige...
2010 on y sera.
Non, pas 2010, 2012. L'engagement du Président c'est 2012, nous serons à l'équilibre des finances publiques en 2012, le président de la République nous l'a demandé, c'est ce que nous faisons. Et le budget que je présenterai pour 2009, après les arbitrages rendus par le Premier ministre, ce débat d'orientation budgétaire, d'ailleurs qui a lieu à partir de ce soir en commission des finances, nous...
Oui, vous commencez à la commission des Finances. Qu'allez-vous leur annoncer alors pour 2012 ?
D'abord, je vais essayer de leur réserver mes annonces, si vous me le permettez. D'abord les parlementaires, bien évidemment, c'est cela le sens de la démocratie. Je vais d'abord leur dire que nous tiendrons un budget en non augmentation de la dépense par rapport à l'année dernière, à l'inflation près, puisqu'on prend en compte l'inflation, et ça on doit le faire sur du long terme. En faisant cela sur du long terme, on parvient avec un peu de croissance - c'est vrai qu'il faut que dans les années qui viennent la croissance redémarre- nous parvenons à l'équilibre des finances publiques. L'équilibre des finances publiques, c'est le budget de l'Etat mais c'est évidemment aussi le budget de la Sécurité sociale. Et ce soir, je suis auditionné aussi sur le budget de la Sécurité sociale et des collectivités locales.
On va en parler. Y a-t-il des tensions entre l'Elysée qui dépense, qui fait des cadeaux fiscaux, qui dit "oui" quand il s'agit notamment d'améliorer la protection sociale des Français, et Matignon et vous, qui essayez de serrer la ceinture ?
Mais l'Elysée ne dépense pas - enfin, j'ai lu ça je ne sais où - l'Elysée ne dépense pas. L'Elysée oriente, le président de la République anime la plupart des réunions qui nous permettent de réformer le pays, donne ses orientations d'une façon précise et nous mettons en oeuvre sous l'autorité du Premier ministre. L'Elysée ne dépense pas, l'Elysée fixe des orientations. Quand l'Elysée souhaite, le Président... L'Elysée c'est quoi ? C'est le président de la République, c'est un président de la République issu d'une campagne électorale. Quand le président de la République indique que la priorité c'est l'Education supérieure et la Recherche, nous mettons les moyens supplémentaires. Même dans des temps de vaches maigres, en termes budgétaires, nous mettons ces moyens, et ces moyens nous allons évidemment les financer en réduisant des postes qui sont considérés comme moins prioritaires. On essaye de bien créer de vraies priorités, de ne pas en avoir partout, c'est ce que nous faisons sous l'autorité de l'Elysée. Donc l'Elysée ne dépense pas.
La santé, c'est plutôt une priorité. Comment allez-vous faire pour éviter le dérapage - on attend 700 millions d'euros de trop de dépenses sur l'assurance maladie en 2008 -, comment allez-vous faire pour réaliser 4 milliards d'économies d'ici... ?
C'est un vrai problème. La Sécurité sociale c'est un acquis formidable pour nous tous, c'est le pacte républicain notre Sécurité sociale, l'assurance maladie. On voit bien que chaque fois qu'on propos des modifications, ici ou là, ça provoque des débats, beaucoup souvent d'émotion, et je le comprends très bien. Et en même temps, il faut qu'on ait un système durable de Sécurité sociale. Donc, un système qui soit équilibré. Aujourd'hui, la Sécurité sociale, l'assurance maladie pour être exact, c'est près de 4,5 milliards de déficit, alors que c'était 11 milliards il y a trois ou quatre ans. Donc, c'est vrai qu'on en train de réduire ce déficit, mais ce n'est pas suffisant. On ne peut pas sans arrêt se soigner aux dépens ou aux frais des générations qui viennent. Il faut donc que l'on puisse revoir ce système.
Donc, on dépense moins, on remboursera moins ?
Non, je crois qu'il faut à la fois... le système doit se réguler un peu mieux, il y a des régulations médicales ; l'hôpital doit mieux s'organiser. R. Bachelot est en train de le faire. La médecine de ville doit aussi mieux s'organiser, on doit répartir les choses entre les mutuelles, les assurances, la Sécurité sociale, différemment. Mais tout cela dans le consensus. Ce n'est pas une guerre les uns contre les autres, enfin, ce n'est pas une guerre.
Enfin, c'est quand même les mutuelles qui vont payer plus ?
Non, je ne... D'abord, les mutuelles... Vous savez, chaque année, je vais vous dire un chiffre, chaque année, parce que beaucoup de gens rentrent en affections de longue durée, c'est un débat qui a été extrêmement virulent la semaine dernière, il y a de plus en plus de gens qui sont malades chroniques, c'est comme cela, ça peut nous arriver à tous, ils sont pris en charge à 100 %, ça veut dire qu'ils sortent du système de mutuelles, ça veut dire que chaque année, il y a à peu près 500 millions d'euros qui passent du système de mutuelles ou d'assurances, pas uniquement des mutuelles, du système d'assurances privées vers le système d'assurance collective. Donc, on doit à un moment donné...
Il faut changer ça ?
Non, il ne faut pas changer, il faut juste bien veiller à ce que les curseurs soient corrects. L'assurance maladie, c'est 77 % aujourd'hui de remboursements ; les mutuelles ça doit être aux alentours de 10 ou 15, et le reliquat c'est les personnes privées. Donc on doit pouvoir continuer. Hier, on a réuni avec R. Bachelot, à la fois la mutualité, à la fois l'assurance maladie, pour essayer de travailler encore plus ensemble à des mesures qui nous permettront d'assurer, au fur et à mesure du temps, l'équilibre financier de la Sécurité sociale. C'est protéger la Sécurité sociale, c'est protéger les malades, c'est donner l'accès à des soins de plus en plus coûteux à des malades qui ne peuvent évidemment pas se les payer que de protéger les finances de la Sécurité sociale.
On peut augmenter les cotisations aussi ?
On n'est pas sur cette base-là. On peut augmenter les impôts pour tous, c'est vrai aussi pour le budget de l'Etat ; on pourrait dire, allez c'est plus simple. On pourrait augmenter la CSG, on pourrait augmenter les impôts, enfin. Beaucoup l'ont fait, les socialistes ont toujours fait ça, beaucoup l'ont fait. Nous, nous pensons au contraire que le taux d'imposition, le taux de prélèvements obligatoires est très, très élevé, beaucoup plus élevé que dans la plupart des pays. Donc que ce n'est pas un chemin, que le chemin est véritablement celui de la réforme.
Bruxelles vous propose, propose aux Etats qui le veulent, d'augmenter le péage pour les poids-lourds, les poids-lourds qui polluent. Souhaitez-vous que la France aille dans ce sens ?
Il faut être prudent avec ça. L'idée de base, qui est une taxe écologique, en réalité c'est de taxer ceux qui produisent le plus, rejettent du carbone dans l'atmosphère, c'est évidemment important. Tout à l'heure, avec le Premier ministre nous rencontrons J.-L. Borloo sur le budget du MENAT (phon). J.-L. Borloo porte évidemment tous ces sujets. Et en même temps donc, évidemment, il faut une fiscalité écologique, bien sûr. Et en même temps, il faut faire très attention au poids financier qui pèse aujourd'hui sur un certain nombre de professions, c'est le cas notamment pour les routiers. Donc, il y a une discussion à avoir.
Alors, on veut soulager le poids financier qui pèse sur les restaurateurs en baissant la TVA, la France se bat pour ça. Si elle obtient gain de cause à Bruxelles, ce n'est pas gagné, ça coûterait 3 milliards environ d'euros à l'Etat. Comment allez-vous compenser ?
On n'en est pas là. La France a une position constante, donc on peut saluer cette disposition constante, mais si elle n'est pas facile à assumer sur le plan financier. C'est une position constante, c'était une promesse du précédent président de la République. N. Sarkozy s'est engagé à la tenir, il agit clairement, honnêtement, pour essayer de le faire. Je vois que la Commission européenne commence à suivre la France dans ce domaine-là, il y aura maintenant un vote, il faut que ce soit l'unanimité, mais on progresse sur ce chemin-là. Comment financer ? D'abord, ce sera plus tard, ce ne sera pas avant 2011, j'espère que la France sera revenue vers l'équilibre financier, donc, plus de marge de manoeuvre, plus aussi de croissance. Et puis, il y a beaucoup d'aides qui sont consacrées aujourd'hui à ce secteur. Il faudra faire la balance entre tout cela. Mais c'est une mesure annoncée depuis longtemps, et je crois aussi que c'est la dignité des politiques de tenir leurs engagements.
J'ai trouvé de l'argent pour vous : privatisez La Poste, elle ouvre son capital, allons vers la privatisation.
Ça c'est un sujet qu'il faut regarder. Evidemment, chaque entreprise peut être... L'ouverture du capital est quelque chose d'important, ça amène aussi des moyens supplémentaires, ça confronte aussi au secteur privé ou aux secteurs concurrentiels qu'il est nécessaire de faire. Je veux dire, au président de La Poste, au Gouvernement, à C. Lagarde, qui est chargée de ces sujets, de le faire dans de bonnes conditions. Mais c'est au contraire une vision moderne, évolutive des choses, dans la protection évidemment du statut, et puis dans la protection du service public de La Poste.
En un mot très bref, T. Saussez, qui s'occupe de la communication du Gouvernement, désire, selon Le Canard Enchaîné, passer de 5,7 à 22,4 millions d'euros son budget : + 292 ! Vous allez dire oui ?
Je ne porte pas de jugement là-dessus, à ce stade. Qu'est-ce qu'on doit retenir ? On doit retenir qu'un gouvernement il doit communiquer. Parce que, si l'ensemble...
(Inaudible)
...Oui, enfin, disons par rapport à... Si vous voulez, c'est 330 milliards. Donc si on met 20 millions pour communiquer, ce n'est pas vraiment le... bien qu'il faut faire attention à tout dérapage, un million c'est un million évidemment, et c'est très important. Mais enfin, d'une certaine façon, il faut communiquer. Pourquoi est-ce que ce serait le Gouvernement qui communiquerait le moins ? Un gouvernement communique moins que les grandes entreprises. Il faut évidemment créer du consensus. Plus on réforme plus il faut communiquer, plus il faut expliquer, il faut le faire par tous les moyens, en venant dans vos émissions, par exemple.
Qui sont gratuites....
Absolument.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 1er août 2008
C'est beaucoup déjà, et déjà ce n'est pas loin du 1 sur 2 qui est le chiffre qui a plusieurs fois été indiqué.
Mais ce n'est pas tout à fait ...
Ce n'est pas tout à fait mais on n'a pas une vision comptable, on a souvent indiqué là-dessus. Et puis l'idée c'est que, bien sûr, ce soit respecté durant le quinquennat, mais c'est beaucoup plus que ça n'a jamais été fait, c'est plus que l'année dernière, en 2008, c'était plutôt 22.000 suppressions d'emplois par le non remplacement de personnes en retraite, je le précise pour que les choses soient bien claires. C'est possible.
On ne met personne à la porte.
On ne met évidemment personne à la porte, on réorganise les services publics, donc ce n'est pas au détriment du service public, ce n'est pas non plus au détriment des fonctionnaires puisqu'on renvoie 50 % de l'économie réalisée sur des mesures financières catégorielles concernant les fonctionnaires. Donc, c'est quelque chose je pense de très positif pour le service public, pour les usagers, pour les contribuables, mais aussi pour les fonctionnaires.
Alors, X. Darcos, le ministre de l'Education a précisé que dans son secteur, ce serait 13.500 suppressions de postes en 2009, toujours par non remplacement des départs à la retraite. Si on faisait le calcul de 1 sur 2, ça serait 18.000. Donc, il traîne les pieds à l'Education nationale ?
Ce n'est pas tout à fait 18.000, c'est plutôt entre 16 et 17.000. Mais, non, X. Darcos doit faire en fonction des réformes que lui-même met en oeuvre, d'ailleurs avec beaucoup de courage et d'efficacité sur l'Education nationale. Rendre un meilleur service aux élèves, c'est le but de l'Education nationale, ça doit être fait avec des réformes, il doit y avoir des réformes, ces réformes Xavier les met en oeuvres au fur et à mesure du temps, rentrée scolaire après rentrée scolaire, et donc 13.500 non remplacements de postes dans l'Education nationale, d'abord c'est une bonne chose, et puis cela incite aussi à la réforme. Ce que je veux dire aussi c'est que, ça se fait en mobilisant des ressources qui ne sont aujourd'hui pas suffisamment mobilisées ; je pense aux remplaçants, il y a 50.000 remplaçants qui ne sont pas suffisamment mobilisés. Donc, il y a beaucoup de façons de parvenir à réaliser ces 13.500 suppressions de postes dans l'Education nationale. Il y a aussi pas que des profs, il y aussi évidemment du personnel administratif.
F. Fillon a également annoncé qu'il escomptait 1,7 % de croissance pour l'année 2008. Vous avez construit l'année dernière un budget sur 2, 2,5 de croissance. Alors les comptes n'y sont pas ?
Oui, on a intégré ça en fait. On a effectivement, l'année dernière à la même époque, commencé à construire le budget 2008 à la même époque, et les circonstances économiques étaient très différentes. Si vous m'aviez invité l'année dernière à la même époque - peut-être que vous m'avez invité d'ailleurs - les circonstances étaient très, très différentes : pas d'inflation, une croissance qui était plutôt légèrement en augmentation. Aujourd'hui, ce n'est pas la même chose, il faut tenir compte des circonstances. Donc on a revu les prévisions de croissance, entre 1,7 et 2 par rapport au budget qui était entre 2 et 2,5. On a revu aussi nos prévisions de déficit public, puisque la prévision de déficit public pour 2008, en pourcentage du PIB, c'était 2,3. On a remonté cette prévision à 2,5 pour tenir compte de cette prévision de croissance revue et corrigée.
Et donc, repousser l'échéance de 2 % qu'on vous demande à Bruxelles ?
Non, non, non, je ne repousse rien. Ça exige...
2010 on y sera.
Non, pas 2010, 2012. L'engagement du Président c'est 2012, nous serons à l'équilibre des finances publiques en 2012, le président de la République nous l'a demandé, c'est ce que nous faisons. Et le budget que je présenterai pour 2009, après les arbitrages rendus par le Premier ministre, ce débat d'orientation budgétaire, d'ailleurs qui a lieu à partir de ce soir en commission des finances, nous...
Oui, vous commencez à la commission des Finances. Qu'allez-vous leur annoncer alors pour 2012 ?
D'abord, je vais essayer de leur réserver mes annonces, si vous me le permettez. D'abord les parlementaires, bien évidemment, c'est cela le sens de la démocratie. Je vais d'abord leur dire que nous tiendrons un budget en non augmentation de la dépense par rapport à l'année dernière, à l'inflation près, puisqu'on prend en compte l'inflation, et ça on doit le faire sur du long terme. En faisant cela sur du long terme, on parvient avec un peu de croissance - c'est vrai qu'il faut que dans les années qui viennent la croissance redémarre- nous parvenons à l'équilibre des finances publiques. L'équilibre des finances publiques, c'est le budget de l'Etat mais c'est évidemment aussi le budget de la Sécurité sociale. Et ce soir, je suis auditionné aussi sur le budget de la Sécurité sociale et des collectivités locales.
On va en parler. Y a-t-il des tensions entre l'Elysée qui dépense, qui fait des cadeaux fiscaux, qui dit "oui" quand il s'agit notamment d'améliorer la protection sociale des Français, et Matignon et vous, qui essayez de serrer la ceinture ?
Mais l'Elysée ne dépense pas - enfin, j'ai lu ça je ne sais où - l'Elysée ne dépense pas. L'Elysée oriente, le président de la République anime la plupart des réunions qui nous permettent de réformer le pays, donne ses orientations d'une façon précise et nous mettons en oeuvre sous l'autorité du Premier ministre. L'Elysée ne dépense pas, l'Elysée fixe des orientations. Quand l'Elysée souhaite, le Président... L'Elysée c'est quoi ? C'est le président de la République, c'est un président de la République issu d'une campagne électorale. Quand le président de la République indique que la priorité c'est l'Education supérieure et la Recherche, nous mettons les moyens supplémentaires. Même dans des temps de vaches maigres, en termes budgétaires, nous mettons ces moyens, et ces moyens nous allons évidemment les financer en réduisant des postes qui sont considérés comme moins prioritaires. On essaye de bien créer de vraies priorités, de ne pas en avoir partout, c'est ce que nous faisons sous l'autorité de l'Elysée. Donc l'Elysée ne dépense pas.
La santé, c'est plutôt une priorité. Comment allez-vous faire pour éviter le dérapage - on attend 700 millions d'euros de trop de dépenses sur l'assurance maladie en 2008 -, comment allez-vous faire pour réaliser 4 milliards d'économies d'ici... ?
C'est un vrai problème. La Sécurité sociale c'est un acquis formidable pour nous tous, c'est le pacte républicain notre Sécurité sociale, l'assurance maladie. On voit bien que chaque fois qu'on propos des modifications, ici ou là, ça provoque des débats, beaucoup souvent d'émotion, et je le comprends très bien. Et en même temps, il faut qu'on ait un système durable de Sécurité sociale. Donc, un système qui soit équilibré. Aujourd'hui, la Sécurité sociale, l'assurance maladie pour être exact, c'est près de 4,5 milliards de déficit, alors que c'était 11 milliards il y a trois ou quatre ans. Donc, c'est vrai qu'on en train de réduire ce déficit, mais ce n'est pas suffisant. On ne peut pas sans arrêt se soigner aux dépens ou aux frais des générations qui viennent. Il faut donc que l'on puisse revoir ce système.
Donc, on dépense moins, on remboursera moins ?
Non, je crois qu'il faut à la fois... le système doit se réguler un peu mieux, il y a des régulations médicales ; l'hôpital doit mieux s'organiser. R. Bachelot est en train de le faire. La médecine de ville doit aussi mieux s'organiser, on doit répartir les choses entre les mutuelles, les assurances, la Sécurité sociale, différemment. Mais tout cela dans le consensus. Ce n'est pas une guerre les uns contre les autres, enfin, ce n'est pas une guerre.
Enfin, c'est quand même les mutuelles qui vont payer plus ?
Non, je ne... D'abord, les mutuelles... Vous savez, chaque année, je vais vous dire un chiffre, chaque année, parce que beaucoup de gens rentrent en affections de longue durée, c'est un débat qui a été extrêmement virulent la semaine dernière, il y a de plus en plus de gens qui sont malades chroniques, c'est comme cela, ça peut nous arriver à tous, ils sont pris en charge à 100 %, ça veut dire qu'ils sortent du système de mutuelles, ça veut dire que chaque année, il y a à peu près 500 millions d'euros qui passent du système de mutuelles ou d'assurances, pas uniquement des mutuelles, du système d'assurances privées vers le système d'assurance collective. Donc, on doit à un moment donné...
Il faut changer ça ?
Non, il ne faut pas changer, il faut juste bien veiller à ce que les curseurs soient corrects. L'assurance maladie, c'est 77 % aujourd'hui de remboursements ; les mutuelles ça doit être aux alentours de 10 ou 15, et le reliquat c'est les personnes privées. Donc on doit pouvoir continuer. Hier, on a réuni avec R. Bachelot, à la fois la mutualité, à la fois l'assurance maladie, pour essayer de travailler encore plus ensemble à des mesures qui nous permettront d'assurer, au fur et à mesure du temps, l'équilibre financier de la Sécurité sociale. C'est protéger la Sécurité sociale, c'est protéger les malades, c'est donner l'accès à des soins de plus en plus coûteux à des malades qui ne peuvent évidemment pas se les payer que de protéger les finances de la Sécurité sociale.
On peut augmenter les cotisations aussi ?
On n'est pas sur cette base-là. On peut augmenter les impôts pour tous, c'est vrai aussi pour le budget de l'Etat ; on pourrait dire, allez c'est plus simple. On pourrait augmenter la CSG, on pourrait augmenter les impôts, enfin. Beaucoup l'ont fait, les socialistes ont toujours fait ça, beaucoup l'ont fait. Nous, nous pensons au contraire que le taux d'imposition, le taux de prélèvements obligatoires est très, très élevé, beaucoup plus élevé que dans la plupart des pays. Donc que ce n'est pas un chemin, que le chemin est véritablement celui de la réforme.
Bruxelles vous propose, propose aux Etats qui le veulent, d'augmenter le péage pour les poids-lourds, les poids-lourds qui polluent. Souhaitez-vous que la France aille dans ce sens ?
Il faut être prudent avec ça. L'idée de base, qui est une taxe écologique, en réalité c'est de taxer ceux qui produisent le plus, rejettent du carbone dans l'atmosphère, c'est évidemment important. Tout à l'heure, avec le Premier ministre nous rencontrons J.-L. Borloo sur le budget du MENAT (phon). J.-L. Borloo porte évidemment tous ces sujets. Et en même temps donc, évidemment, il faut une fiscalité écologique, bien sûr. Et en même temps, il faut faire très attention au poids financier qui pèse aujourd'hui sur un certain nombre de professions, c'est le cas notamment pour les routiers. Donc, il y a une discussion à avoir.
Alors, on veut soulager le poids financier qui pèse sur les restaurateurs en baissant la TVA, la France se bat pour ça. Si elle obtient gain de cause à Bruxelles, ce n'est pas gagné, ça coûterait 3 milliards environ d'euros à l'Etat. Comment allez-vous compenser ?
On n'en est pas là. La France a une position constante, donc on peut saluer cette disposition constante, mais si elle n'est pas facile à assumer sur le plan financier. C'est une position constante, c'était une promesse du précédent président de la République. N. Sarkozy s'est engagé à la tenir, il agit clairement, honnêtement, pour essayer de le faire. Je vois que la Commission européenne commence à suivre la France dans ce domaine-là, il y aura maintenant un vote, il faut que ce soit l'unanimité, mais on progresse sur ce chemin-là. Comment financer ? D'abord, ce sera plus tard, ce ne sera pas avant 2011, j'espère que la France sera revenue vers l'équilibre financier, donc, plus de marge de manoeuvre, plus aussi de croissance. Et puis, il y a beaucoup d'aides qui sont consacrées aujourd'hui à ce secteur. Il faudra faire la balance entre tout cela. Mais c'est une mesure annoncée depuis longtemps, et je crois aussi que c'est la dignité des politiques de tenir leurs engagements.
J'ai trouvé de l'argent pour vous : privatisez La Poste, elle ouvre son capital, allons vers la privatisation.
Ça c'est un sujet qu'il faut regarder. Evidemment, chaque entreprise peut être... L'ouverture du capital est quelque chose d'important, ça amène aussi des moyens supplémentaires, ça confronte aussi au secteur privé ou aux secteurs concurrentiels qu'il est nécessaire de faire. Je veux dire, au président de La Poste, au Gouvernement, à C. Lagarde, qui est chargée de ces sujets, de le faire dans de bonnes conditions. Mais c'est au contraire une vision moderne, évolutive des choses, dans la protection évidemment du statut, et puis dans la protection du service public de La Poste.
En un mot très bref, T. Saussez, qui s'occupe de la communication du Gouvernement, désire, selon Le Canard Enchaîné, passer de 5,7 à 22,4 millions d'euros son budget : + 292 ! Vous allez dire oui ?
Je ne porte pas de jugement là-dessus, à ce stade. Qu'est-ce qu'on doit retenir ? On doit retenir qu'un gouvernement il doit communiquer. Parce que, si l'ensemble...
(Inaudible)
...Oui, enfin, disons par rapport à... Si vous voulez, c'est 330 milliards. Donc si on met 20 millions pour communiquer, ce n'est pas vraiment le... bien qu'il faut faire attention à tout dérapage, un million c'est un million évidemment, et c'est très important. Mais enfin, d'une certaine façon, il faut communiquer. Pourquoi est-ce que ce serait le Gouvernement qui communiquerait le moins ? Un gouvernement communique moins que les grandes entreprises. Il faut évidemment créer du consensus. Plus on réforme plus il faut communiquer, plus il faut expliquer, il faut le faire par tous les moyens, en venant dans vos émissions, par exemple.
Qui sont gratuites....
Absolument.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 1er août 2008