Texte intégral
ANNE FULDA
Bonsoir, bienvenue au "Talk Orange Le Figaro" ce soir, nous recevons André SANTINI, secrétaire d'Etat à la Fonction publique. André SANTINI bonsoir.
ANDRE SANTINI
Salut !
ANNE FULDA
Première question, question curiosité : est-ce que vous avez beaucoup d'homologues dans les pays européens, étrangers qui sont ministres de la Fonction publique ? Dans les pays anglo-saxons, il y a des ministres de la Fonction publique ?
ANDRE SANTINI
Je ne garantis pas, parce que je n'ai pas été encore à Londres. Mais j'ai été à Berlin, j'ai été à Lisbonne, j'ai été à Bruxelles, j'ai été à Luxembourg, j'ai été à Madrid, il y a partout des ministres de la Fonction publique, souvent avec 30 secrétaires d'Etat, comme moi, pas plus, mais des gens de grande qualité. J'envisageais d'ailleurs, pendant la présidence française, d'échanger avec un ministre européen, la fonction, pendant 24 heures. Et en plus j'échangeais aussi les syndicats. Alors comme d'ordinaire, ils en ont deux, et nous huit, ils font une bonne affaire.
ANNE FULDA
Mais les syndicats, ça se passe bien les négociations avec les syndicats français...
ANDRE SANTINI
Oui, ça se passe bien. Oui, on a mis un certain temps, mais finalement ils reconnaissent que nous les écoutons et que nous les respectons, c'est les instructions du président de la République. Et ça se passe bien, vous l'avez vu encore tout récemment, avec la grève modeste de La Poste.
ANNE FULDA
A La Poste.
ANDRE SANTINI
Où il y a 53 % de fonctionnaires, faut-il le rappeler au passage.
ANNE FULDA
Donc c'est un taux de grève qui vous satisfait ?
ANDRE SANTINI
Non, on n'a pas à être content qu'on fasse grève, ou qu'on ne la fasse pas. On veut simplement que d'après les accords sur le dialogue social que nous avons signé, 6 syndicats sur 8, ce qui est extraordinaire. La FSU, SUD, la CGT ont signé, qui ne signent jamais, nous voulons simplement, nous avons réussi à convaincre en partie, qu'on discute d'abord, on fait grève ensuite.
ANNE FULDA
Alors l'actualité pour vous, c'est surtout cette concertation sur la réforme de l'ENA que vous avez lancée ce matin, avec Eric WOERTH, mais le problème, c'est qu'il y a déjà eu 23 réformes de l'ENA. Alors qu'est-ce qu'elle va changer celle-là ?
ANDRE SANTINI
Oh ! Je crois qu'on va attaquer des tabous. Le premier c'est le classement de sortie. Depuis toujours, depuis 60 ans, il y a un classement de sortie, en 68, je crois qu'il y a eu la proposition de le supprimer mais ça n'a pas été suivi des faits. Ce matin nous étions avec Eric WOERTH devant les deux promotions en cours, Willy BRANT et Emile ZOLA et bizarrement, les deux promotions ont demandé qu'on leur applique à eux la règle. 76 % des étudiants de l'ENA ont demandé la suppression du classement de sortie, contrairement à tout ce qu'on nous avait dit.
ANNE FULDA
Alors la suppression du classement de sortie, ça signifie de facto la suppression des grands corps, l'inspection des finances, le conseil d'Etat...
ANDRE SANTINI
On ne va pas si loin. On ne va pas si loin.
ANNE FULDA
C'est peu la porte ouverte, vers cette réforme ?
ANDRE SANTINI
Nous allons effectivement, nous essayons d'aller vers la suppression des corps. Il y en avait 850, il en reste 500, aujourd'hui on est en train de fusionner par exemple, à la sortie de polytechnique, les mines, et les télécoms. On laisse à part, les Ponts et Chaussées, mais on avance doucement partout. Et ce n'est pas lié directement, mais effectivement nous allons dans ce sens-là.
ANNE FULDA
Donc vous allez un peu avoir, vous dites que cette réforme passe bien chez les jeunes, puisque les promotions de l'ENA de cette année, la promotion de l'ENA de cette année, a approuvé, mais alors chez les anciens, ça risque de passer un peu plus difficilement. Parce que le prestige de l'Inspection des Finances, qu'est-ce que vous allez en faire ? Vous allez avoir des gens comme Valéry GISCARD d'ESTAING, qui vont être très chagrin ?
ANDRE SANTINI
Bien sûr, oui, oui sans doute. Il n'y a pas que lui, beaucoup me disent discrètement, par quoi remplacez-vous le classement ? Car c'est ça la vraie question. Effectivement, il ne faut pas qu'on retombe dans le coup de téléphone dans les réseaux, ceux qui sont connus trop, ceux qui ne sont pas connus, on sent bien ça. Donc nous allons, là encore, élaborer doucement des procédures, des dossiers qui vont être transmis, pour le choix.
ANNE FULDA
Alors l'école a été crée en 1945, est-ce que ça veut dire qu'aujourd'hui, son fonctionnement ne correspond plus à l'époque actuelle ? Est-ce que vous êtes en train d'en faire une espèce de business school ?
ANDRE SANTINI
Alors on nous dit vous êtes en train de déscolariser l'ENA. 27 mois de formation, pour des jeunes qui ont toujours fait quelque chose d'autres avant, qui ne sont plus en préparation, qui ont parfois Bac+5, donc leur donner encore 27 mois, c'est sans doute trop. Le stage par exemple, est très apprécié par les jeunes étudiants. Ils nous ont demandé ce matin, qu'on le prolonge. Mais si évidemment on réduit la durée totale de la scolarité, on ne pourra pas non plus développer davantage les stages. Nous allons donc voir avec eux, pour professionnaliser l'école.
ANNE FULDA
Alors l'ENA, c'est enfin l'Ecole Nationale d'Administration, on le rappelle finalement au passage, est synonyme d'élite. Alors est-ce que ça veut dire qu'en France, aujourd'hui, on n'a plus besoin d'élite, on a besoin d'élites différentes ou est-ce que le mot est mal perçu en fait ?
ANDRE SANTINI
Il est quand même une réalité, ces jeunes sont un véritable produit extraordinaire de notre enseignement, qu'on critique par ailleurs, de même qu'on critique l'ENA. Nous avons aujourd'hui, 120 pays qui demandent à l'ENA de recevoir des stagiaires, de fournir des kits de formation. Tous les pays d'ailleurs, les appels d'offres sont remportés à égalité, puisque cela fait 20 % du budget de l'ENA en plus, du budget attribué. On nous a demandé aussi davantage de diversité, davantage de parité pour les femmes, pour les femmes mères de famille. Le problème du deuxième concours, ceux qui viennent de l'intérieur ont plus de mal à s'affirmer, parce qu'ils sont avancés dans la vie familiale. Toute cette concertation démarre très, très bien. Nous allons après, bien sûr, rencontrer les anciens de l'ENA, les directeurs, les représentants des grands corps, quelques personnalités et bien connues.
ANNE FULDA
Plus de diversité, ça veut dire que vous pourriez par exemple entamer une réforme, comme celle qui a été entamée à Sciences Po. par Richard DESCOINGS ?
ANDRE SANTINI
Nous allons recevoir Richard DESCOINGS, bien sûr. Parce qu'il apporte quelque chose. Alors on n'a pas encore vu, à l'ENA, le produit de ces banlieues...
ANNE FULDA
Voilà, c'est ceux qui sont sortis de Sciences Po. qui normalement pourraient aller vers l'ENA, ne sont pas arrivés encore l'ENA ?
ANDRE SANTINI
Ils arrivent, on va voir, mais nous allons signer avec Eric WOERTH et le président SCHWEITZER, la charte de l'égalité avec la HALDE, pour montrer là encore que l'Etat n'est pas à la traîne.
ANNE FULDA
Alors on a encore aujourd'hui, l'impression que les énarques, enfin ceux qui sont médiatisés, ceux qui sont mis en avant, sont toujours un petit peu intouchables. Qu'il y a une espèce, qu'ils bénéficient d'une espèce de, pas des parachutes dorés, mais enfin des parachutes administratifs. Est-ce que c'est quelque chose qui peut changer ça ?
ANDRE SANTINI
Tous les fonctionnaires sont à même de voir leurs responsabilités invoquer. Personne n'est à l'abri et donc les énarques sont très respectés, mais il n'y a pas de zone intouchable, ils ne sont pas eux-mêmes à l'abri, ils le savent. Et ils ne le revendiquent pas outre mesure.
ANNE FULDA
Alors à propos de responsabilité, nous allons passer à la vidéo du jour, qui est une vidéo dans laquelle on voit le président...
NICOLAS SARKOZY, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, NEW YORK, 22 SEPTEMBRE 2008
Nous devons nous interroger sur nos responsabilités, aujourd'hui des millions de gens à travers le monde, ont peur, pour leurs économies, pour leur appartement, qui est responsable du désastre ? Que ceux qui sont responsables en soient sanctionnés et rendent des comptes.
ANDRE SANTINI
Mais quel rapport avec l'ENA ? Il y a forcément des anciens de l'ENA, qui ont été dans les grandes entreprises, mais ce ne sont pas les énarques en tant que tels...
ANNE FULDA
Vous trouvez que... certains présidents de banques, oui, non, c'est effectivement facile, il ne s'agit pas de montrer les énarques comme principal responsable, c'était une cheville sur la responsabilité donc. Qu'est-ce que vous pensez de façon générale...
ANDRE SANTINI
Oui, mais je vois l'intention de la ligne...
ANNE FULDA
Non ! De façon générale, qu'est-ce que vous pensez de ces propos du président de la République ? Est-ce que ça ne peut pas paraître un peu démago de désigner comme ça...
ANDRE SANTINI
Il a quand même raison, d'ailleurs, je crois que des enquêtes vont être déclenchées aux Etats-Unis sur certaines banques bien connues et qui ont eu de graves difficultés récemment. C'est eux, à leur tour, qui ne peuvent pas rester impunis.
ANNE FULDA
Il a raison si c'est suivi des faits, si ce n'est pas juste des paroles en l'air ?
ANDRE SANTINI
Oui.
ANNE FULDA
Très bien. Alors question un peu plus politique, vous avez quitté le MoDem pour le Nouveau Centre, aujourd'hui...
ANDRE SANTINI
Non, non, non. Non, non, non, c'est BAYROU qui a quitté l'UDF. Moi, je suis toujours à l'UDF, j'y suis depuis ma naissance politique, et je regrette qu'il ait joué le joueur de flûte de Hamelin en entraînant les joueurs, les politiques ailleurs. Mais moi, je suis toujours à l'UDF.
ANNE FULDA
Vous, vous êtes toujours à l'UDF. Mais alors vous n'êtes plus proche de François BAYROU, c'est le moins que l'on puisse dire. Vous estimez qu'aujourd'hui...
ANDRE SANTINI
Je l'ai été longtemps !
ANNE FULDA
Il est dans la majorité ?
ANDRE SANTINI
Ah ! Non certainement pas. Non, non, il est en train de jouer, un jeu très dangereux à l'égard des socialistes d'ailleurs. Parce que quand vous parlez avec les socialistes, ils finissent par le craindre. Ils craignent bientôt, autant BAYROU que BESANCENOT. Ça devient intéressant, pour un parti qui se prétend un parti de gouvernement.
ANNE FULDA
Mais est-ce que l'UMP ne le craint pas aussi un peu ?
ANDRE SANTINI
Il est en train de s'orienter nettement vers une opposition de gauche quand même ! Au Nouveau Centre, nous avons à peu près récupéré nos adhérents d'avant. Hier, il y avait une réunion autour de Laurent LAFON, pour les centristes d'Ile de France. Il y avait beaucoup de monde. Les gens ont retrouvé leur clivage naturel.
ANNE FULDA
Très bien, alors nous allons en venir aux questions des internautes, qui ont été posées sur "Orange actu" et "Lefigaro.fr" alors d'abord une question de Chris, qui demande : qu'en est-il du projet de loi sur la mobilité dans la Fonction publique ?
ANDRE SANTINI
Très bonne question ! C'est quelqu'un de très informé, ce projet de loi qui a été encore demandé par les énarques aujourd'hui. Ils veulent pouvoir bouger. Les fonctionnaires à 67 % veulent pouvoir bouger. C'est-à-dire bouger dans leurs fonctions, fonction d'Etat, fonction territoriale, ou fonction hospitalière, bouger entre les fonctions et bouger même avec le privé. Nous avons prévu la possibilité pour quelques-uns, moyennant deux ans, de traitement, d'aller dans le privé, et de changer de vie. Alors le texte est passé au Sénat, il a déjà été approuvé par la Commission des Lois à l'Assemblée, et on attend maintenant qu'il soit inscrit à l'Assemblée en séance plénière.
ANNE FULDA
D'accord, ensuite deux petites questions encore. Olivier : Quand seront vraiment appliquées les dispositions relatives au handicap dans la Fonction publique (soit 6 % des emplois) ? Parce qu'il y a pas mal de questions là-dessus.
ANDRE SANTINI
Oui, voilà, alors j'ai présenté une communication en Conseil des ministres, à la demande du président et du Premier ministre, pour qu'on atteigne vraiment les effectifs, on ne les a pas aujourd'hui. On n'est pas aux 6 %. C'est honteux, que ce soit au niveau de l'Etat...
ANNE FULDA
On en est à combien ?
ANDRE SANTINI
On doit à 4, n'est-ce pas ! Ce n'est pas possible que l'Etat ne donne pas l'exemple. Alors nous avons introduit une mesure nouvelle, les budgets des ministères seront prélevés en partie pour ceux qui n'auront pas atteint la progression attendue. C'est-à-dire on leur demande pratiquement 25 % de plus chaque année. Ça marche pas mal du tout !
ANNE FULDA
D'accord !
ANDRE SANTINI
C'est normal.
ANNE FULDA
Très bien, je vous remercie, André SANTINI, et à demain, pour une nouvelle émission du "Talk Le Figaro Orange." Au revoir.
Source http://www.le-nouveaucentre.org, le 26 septembre 2008
Bonsoir, bienvenue au "Talk Orange Le Figaro" ce soir, nous recevons André SANTINI, secrétaire d'Etat à la Fonction publique. André SANTINI bonsoir.
ANDRE SANTINI
Salut !
ANNE FULDA
Première question, question curiosité : est-ce que vous avez beaucoup d'homologues dans les pays européens, étrangers qui sont ministres de la Fonction publique ? Dans les pays anglo-saxons, il y a des ministres de la Fonction publique ?
ANDRE SANTINI
Je ne garantis pas, parce que je n'ai pas été encore à Londres. Mais j'ai été à Berlin, j'ai été à Lisbonne, j'ai été à Bruxelles, j'ai été à Luxembourg, j'ai été à Madrid, il y a partout des ministres de la Fonction publique, souvent avec 30 secrétaires d'Etat, comme moi, pas plus, mais des gens de grande qualité. J'envisageais d'ailleurs, pendant la présidence française, d'échanger avec un ministre européen, la fonction, pendant 24 heures. Et en plus j'échangeais aussi les syndicats. Alors comme d'ordinaire, ils en ont deux, et nous huit, ils font une bonne affaire.
ANNE FULDA
Mais les syndicats, ça se passe bien les négociations avec les syndicats français...
ANDRE SANTINI
Oui, ça se passe bien. Oui, on a mis un certain temps, mais finalement ils reconnaissent que nous les écoutons et que nous les respectons, c'est les instructions du président de la République. Et ça se passe bien, vous l'avez vu encore tout récemment, avec la grève modeste de La Poste.
ANNE FULDA
A La Poste.
ANDRE SANTINI
Où il y a 53 % de fonctionnaires, faut-il le rappeler au passage.
ANNE FULDA
Donc c'est un taux de grève qui vous satisfait ?
ANDRE SANTINI
Non, on n'a pas à être content qu'on fasse grève, ou qu'on ne la fasse pas. On veut simplement que d'après les accords sur le dialogue social que nous avons signé, 6 syndicats sur 8, ce qui est extraordinaire. La FSU, SUD, la CGT ont signé, qui ne signent jamais, nous voulons simplement, nous avons réussi à convaincre en partie, qu'on discute d'abord, on fait grève ensuite.
ANNE FULDA
Alors l'actualité pour vous, c'est surtout cette concertation sur la réforme de l'ENA que vous avez lancée ce matin, avec Eric WOERTH, mais le problème, c'est qu'il y a déjà eu 23 réformes de l'ENA. Alors qu'est-ce qu'elle va changer celle-là ?
ANDRE SANTINI
Oh ! Je crois qu'on va attaquer des tabous. Le premier c'est le classement de sortie. Depuis toujours, depuis 60 ans, il y a un classement de sortie, en 68, je crois qu'il y a eu la proposition de le supprimer mais ça n'a pas été suivi des faits. Ce matin nous étions avec Eric WOERTH devant les deux promotions en cours, Willy BRANT et Emile ZOLA et bizarrement, les deux promotions ont demandé qu'on leur applique à eux la règle. 76 % des étudiants de l'ENA ont demandé la suppression du classement de sortie, contrairement à tout ce qu'on nous avait dit.
ANNE FULDA
Alors la suppression du classement de sortie, ça signifie de facto la suppression des grands corps, l'inspection des finances, le conseil d'Etat...
ANDRE SANTINI
On ne va pas si loin. On ne va pas si loin.
ANNE FULDA
C'est peu la porte ouverte, vers cette réforme ?
ANDRE SANTINI
Nous allons effectivement, nous essayons d'aller vers la suppression des corps. Il y en avait 850, il en reste 500, aujourd'hui on est en train de fusionner par exemple, à la sortie de polytechnique, les mines, et les télécoms. On laisse à part, les Ponts et Chaussées, mais on avance doucement partout. Et ce n'est pas lié directement, mais effectivement nous allons dans ce sens-là.
ANNE FULDA
Donc vous allez un peu avoir, vous dites que cette réforme passe bien chez les jeunes, puisque les promotions de l'ENA de cette année, la promotion de l'ENA de cette année, a approuvé, mais alors chez les anciens, ça risque de passer un peu plus difficilement. Parce que le prestige de l'Inspection des Finances, qu'est-ce que vous allez en faire ? Vous allez avoir des gens comme Valéry GISCARD d'ESTAING, qui vont être très chagrin ?
ANDRE SANTINI
Bien sûr, oui, oui sans doute. Il n'y a pas que lui, beaucoup me disent discrètement, par quoi remplacez-vous le classement ? Car c'est ça la vraie question. Effectivement, il ne faut pas qu'on retombe dans le coup de téléphone dans les réseaux, ceux qui sont connus trop, ceux qui ne sont pas connus, on sent bien ça. Donc nous allons, là encore, élaborer doucement des procédures, des dossiers qui vont être transmis, pour le choix.
ANNE FULDA
Alors l'école a été crée en 1945, est-ce que ça veut dire qu'aujourd'hui, son fonctionnement ne correspond plus à l'époque actuelle ? Est-ce que vous êtes en train d'en faire une espèce de business school ?
ANDRE SANTINI
Alors on nous dit vous êtes en train de déscolariser l'ENA. 27 mois de formation, pour des jeunes qui ont toujours fait quelque chose d'autres avant, qui ne sont plus en préparation, qui ont parfois Bac+5, donc leur donner encore 27 mois, c'est sans doute trop. Le stage par exemple, est très apprécié par les jeunes étudiants. Ils nous ont demandé ce matin, qu'on le prolonge. Mais si évidemment on réduit la durée totale de la scolarité, on ne pourra pas non plus développer davantage les stages. Nous allons donc voir avec eux, pour professionnaliser l'école.
ANNE FULDA
Alors l'ENA, c'est enfin l'Ecole Nationale d'Administration, on le rappelle finalement au passage, est synonyme d'élite. Alors est-ce que ça veut dire qu'en France, aujourd'hui, on n'a plus besoin d'élite, on a besoin d'élites différentes ou est-ce que le mot est mal perçu en fait ?
ANDRE SANTINI
Il est quand même une réalité, ces jeunes sont un véritable produit extraordinaire de notre enseignement, qu'on critique par ailleurs, de même qu'on critique l'ENA. Nous avons aujourd'hui, 120 pays qui demandent à l'ENA de recevoir des stagiaires, de fournir des kits de formation. Tous les pays d'ailleurs, les appels d'offres sont remportés à égalité, puisque cela fait 20 % du budget de l'ENA en plus, du budget attribué. On nous a demandé aussi davantage de diversité, davantage de parité pour les femmes, pour les femmes mères de famille. Le problème du deuxième concours, ceux qui viennent de l'intérieur ont plus de mal à s'affirmer, parce qu'ils sont avancés dans la vie familiale. Toute cette concertation démarre très, très bien. Nous allons après, bien sûr, rencontrer les anciens de l'ENA, les directeurs, les représentants des grands corps, quelques personnalités et bien connues.
ANNE FULDA
Plus de diversité, ça veut dire que vous pourriez par exemple entamer une réforme, comme celle qui a été entamée à Sciences Po. par Richard DESCOINGS ?
ANDRE SANTINI
Nous allons recevoir Richard DESCOINGS, bien sûr. Parce qu'il apporte quelque chose. Alors on n'a pas encore vu, à l'ENA, le produit de ces banlieues...
ANNE FULDA
Voilà, c'est ceux qui sont sortis de Sciences Po. qui normalement pourraient aller vers l'ENA, ne sont pas arrivés encore l'ENA ?
ANDRE SANTINI
Ils arrivent, on va voir, mais nous allons signer avec Eric WOERTH et le président SCHWEITZER, la charte de l'égalité avec la HALDE, pour montrer là encore que l'Etat n'est pas à la traîne.
ANNE FULDA
Alors on a encore aujourd'hui, l'impression que les énarques, enfin ceux qui sont médiatisés, ceux qui sont mis en avant, sont toujours un petit peu intouchables. Qu'il y a une espèce, qu'ils bénéficient d'une espèce de, pas des parachutes dorés, mais enfin des parachutes administratifs. Est-ce que c'est quelque chose qui peut changer ça ?
ANDRE SANTINI
Tous les fonctionnaires sont à même de voir leurs responsabilités invoquer. Personne n'est à l'abri et donc les énarques sont très respectés, mais il n'y a pas de zone intouchable, ils ne sont pas eux-mêmes à l'abri, ils le savent. Et ils ne le revendiquent pas outre mesure.
ANNE FULDA
Alors à propos de responsabilité, nous allons passer à la vidéo du jour, qui est une vidéo dans laquelle on voit le président...
NICOLAS SARKOZY, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, NEW YORK, 22 SEPTEMBRE 2008
Nous devons nous interroger sur nos responsabilités, aujourd'hui des millions de gens à travers le monde, ont peur, pour leurs économies, pour leur appartement, qui est responsable du désastre ? Que ceux qui sont responsables en soient sanctionnés et rendent des comptes.
ANDRE SANTINI
Mais quel rapport avec l'ENA ? Il y a forcément des anciens de l'ENA, qui ont été dans les grandes entreprises, mais ce ne sont pas les énarques en tant que tels...
ANNE FULDA
Vous trouvez que... certains présidents de banques, oui, non, c'est effectivement facile, il ne s'agit pas de montrer les énarques comme principal responsable, c'était une cheville sur la responsabilité donc. Qu'est-ce que vous pensez de façon générale...
ANDRE SANTINI
Oui, mais je vois l'intention de la ligne...
ANNE FULDA
Non ! De façon générale, qu'est-ce que vous pensez de ces propos du président de la République ? Est-ce que ça ne peut pas paraître un peu démago de désigner comme ça...
ANDRE SANTINI
Il a quand même raison, d'ailleurs, je crois que des enquêtes vont être déclenchées aux Etats-Unis sur certaines banques bien connues et qui ont eu de graves difficultés récemment. C'est eux, à leur tour, qui ne peuvent pas rester impunis.
ANNE FULDA
Il a raison si c'est suivi des faits, si ce n'est pas juste des paroles en l'air ?
ANDRE SANTINI
Oui.
ANNE FULDA
Très bien. Alors question un peu plus politique, vous avez quitté le MoDem pour le Nouveau Centre, aujourd'hui...
ANDRE SANTINI
Non, non, non. Non, non, non, c'est BAYROU qui a quitté l'UDF. Moi, je suis toujours à l'UDF, j'y suis depuis ma naissance politique, et je regrette qu'il ait joué le joueur de flûte de Hamelin en entraînant les joueurs, les politiques ailleurs. Mais moi, je suis toujours à l'UDF.
ANNE FULDA
Vous, vous êtes toujours à l'UDF. Mais alors vous n'êtes plus proche de François BAYROU, c'est le moins que l'on puisse dire. Vous estimez qu'aujourd'hui...
ANDRE SANTINI
Je l'ai été longtemps !
ANNE FULDA
Il est dans la majorité ?
ANDRE SANTINI
Ah ! Non certainement pas. Non, non, il est en train de jouer, un jeu très dangereux à l'égard des socialistes d'ailleurs. Parce que quand vous parlez avec les socialistes, ils finissent par le craindre. Ils craignent bientôt, autant BAYROU que BESANCENOT. Ça devient intéressant, pour un parti qui se prétend un parti de gouvernement.
ANNE FULDA
Mais est-ce que l'UMP ne le craint pas aussi un peu ?
ANDRE SANTINI
Il est en train de s'orienter nettement vers une opposition de gauche quand même ! Au Nouveau Centre, nous avons à peu près récupéré nos adhérents d'avant. Hier, il y avait une réunion autour de Laurent LAFON, pour les centristes d'Ile de France. Il y avait beaucoup de monde. Les gens ont retrouvé leur clivage naturel.
ANNE FULDA
Très bien, alors nous allons en venir aux questions des internautes, qui ont été posées sur "Orange actu" et "Lefigaro.fr" alors d'abord une question de Chris, qui demande : qu'en est-il du projet de loi sur la mobilité dans la Fonction publique ?
ANDRE SANTINI
Très bonne question ! C'est quelqu'un de très informé, ce projet de loi qui a été encore demandé par les énarques aujourd'hui. Ils veulent pouvoir bouger. Les fonctionnaires à 67 % veulent pouvoir bouger. C'est-à-dire bouger dans leurs fonctions, fonction d'Etat, fonction territoriale, ou fonction hospitalière, bouger entre les fonctions et bouger même avec le privé. Nous avons prévu la possibilité pour quelques-uns, moyennant deux ans, de traitement, d'aller dans le privé, et de changer de vie. Alors le texte est passé au Sénat, il a déjà été approuvé par la Commission des Lois à l'Assemblée, et on attend maintenant qu'il soit inscrit à l'Assemblée en séance plénière.
ANNE FULDA
D'accord, ensuite deux petites questions encore. Olivier : Quand seront vraiment appliquées les dispositions relatives au handicap dans la Fonction publique (soit 6 % des emplois) ? Parce qu'il y a pas mal de questions là-dessus.
ANDRE SANTINI
Oui, voilà, alors j'ai présenté une communication en Conseil des ministres, à la demande du président et du Premier ministre, pour qu'on atteigne vraiment les effectifs, on ne les a pas aujourd'hui. On n'est pas aux 6 %. C'est honteux, que ce soit au niveau de l'Etat...
ANNE FULDA
On en est à combien ?
ANDRE SANTINI
On doit à 4, n'est-ce pas ! Ce n'est pas possible que l'Etat ne donne pas l'exemple. Alors nous avons introduit une mesure nouvelle, les budgets des ministères seront prélevés en partie pour ceux qui n'auront pas atteint la progression attendue. C'est-à-dire on leur demande pratiquement 25 % de plus chaque année. Ça marche pas mal du tout !
ANNE FULDA
D'accord !
ANDRE SANTINI
C'est normal.
ANNE FULDA
Très bien, je vous remercie, André SANTINI, et à demain, pour une nouvelle émission du "Talk Le Figaro Orange." Au revoir.
Source http://www.le-nouveaucentre.org, le 26 septembre 2008