Texte intégral
M. Biraben, C. Roux & L. Mercadet.- M. Biraben : Si vous nous rejoignez, "La Matinale" pique sa crise ce matin. Après avoir reçu J. Attali pour parler des origines de la crise, qu'on n'a pas voulu voir, nous sommes maintenant avec E. Woerth et nous parlons de la France et de l'Europe face à la crise que vous n'avez pas vu venir. Et si vous ne l'avez pas vu venir, c'est peut-être parce que les crédits hypothécaires, vous y avez cru vous aussi. Voilà ce qu'on trouve sur le site de l'UMP, Caroline.
C. Roux : Oui, c'est une phrase qu'on a trouvé : « Je souhaite développer », c'est N. Sarkozy qui parle, je souhaite développer le crédit hypothécaire pour les ménages. Je propose que ceux qui ont des rémunérations modestes puissent garantir leur emprunt par la valeur de leur logement ». C'est les subprimes.
Ca a marché pendant très longtemps, pendant des années et des années. Donc cet exemple avait été connu. Donc il y avait, effectivement, dans les différents partis politiques - mais N. Sarkozy l'avait noté - en face d'une demande de logements, d'un besoin de relance de l'immobilier, il y avait des possibilités.
C. Roux : C'est dans ce sens-là qu'il voulait aller alors ?
Je vous ferai juste remarquer, c'est qu'on ne l'a pas fait. On aurait pu le faire dès l'élection du Président, on ne l'a pas fait pour un certain nombre de raisons.
C. Roux : Pourquoi ? Parce que c'était une mauvaise idée, en fait, du candidat Sarkozy ? Non. Heureusement que les campagnes sont faites pour qu'il y ait des débats. S'il y a bien un moment donné pour ça...
C. Roux : Pour dire des trucs qu'on ne fait pas.
J'ai l'impression qu'on fait plutôt des trucs qu'on a dit et ça, on nous le dit quand même très souvent.
M. Biraben : J'en étais à "on fait des trucs qu'on n'a pas dit", je ne comprenais plus là.
On dit des trucs... enfin on fait des trucs qu'on a dit. Ne m'embrouillez pas à 7 heures 30 du matin. On respecte totalement nos promesses et on s'adapte évidemment à la crise. Donc cette idée qui avait circulé n'a évidemment pas été appliquée et puis finalement tant mieux.
M. Biraben : Léon, une question ?
L. Mercadet : Oui il y a plusieurs questions, monsieur le ministre, qui vont dans le même sens. Toujours la même. C'est les gens inquiets pour leurs économies, pour leurs dépôts en banque, pour leur assurance-vie. Alors le Président a dit qu'il garantissait jusqu'au dernier euro. Il y a un fonds de garantie des dépôts dans lequel il y a un peu moins de deux milliards d'euros.
Vous êtes bien renseigné.
L. Mercadet : Il y a 1,7 milliard, oui, et simplement il y a beaucoup plus que ça comme dépôts. Donc le fonds de garantie ne garantie rien. Qu'est-ce que vous pouvez dire aux gens qui disent : est-ce que je dois aller retirer mon argent à la banque ?
Bien sûr que non.
L. Mercadet : Oui mais c'est quoi la garantie ?
Il faut dans ce domaine-là garder vraiment un maximum de sang-froid. Les épargnants français, les gens qui ont un compte en banque, comme tout le monde qui a son compte dans une banque, il n'y a aucun risque à cela. Ca a été répété, il faut le redire sans arrêt. Alors je sais bien qu'il y a de l'inquiétude et c'est normal. Je sais bien qu'il y a de la peur. Je sais bien aussi que parfois, on ne croit pas à ce qu'on dit et pourtant c'est la réalité. Il n'y a pas de risque pour les épargnants, pour les déposants français. Il n'y en a aucun et s'il y en avait un, c'est ce qu'a dit le Président, s'il y avait un coup dur, s'il y avait etc., l'Etat en dernier ressort serait là. Au-delà de ce fonds de garantie...
L. Mercadet : Mais quel argent s'il n'y en a plus ?
Ça, les modalités... Vous savez les Américains viennent de sortir 700 milliards de dollars, donc... Quand il y a les Belgo Néerlandais, Luxembourgeois qui viennent sortir beaucoup d'argent pour Fortis. Donc il y a évidemment à situation de crise des financements de crise et là-dessus, les choses seraient faites. On sort à ce moment-là du modèle classique.
C. Roux : C'est-à-dire on sort des critères de Maastricht, c'est ça que vous voulez dire ? On sort du modèle classique ?
On sort du modèle classique. Il peut y avoir beaucoup de manières de financer cela. Ce que je veux dire, c'est que les modalités techniques, on en discutera à ce moment-là. Ce qui est très important, c'est de dire : l'Etat sera là parce que derrière l'Etat, il y a plus rien. Donc l'Etat sera là et sera clairement là. Donc il n'y a pas de risque.
L. Mercadet : Oui mais comment ? En augmentant le déficit ou en augmentant les impôts ? C. Roux : Tout le monde a entendu cette phrase de N. Sarkozy et peut-être que tout le monde voulait l'entendre : "L'Etat sera là". Mais un, est-ce qu'il va falloir augmenter les impôts et deux, pardonnez-moi d'insister sur cette question, mais est-ce qu'il est possible qu'un jour, si les circonstances l'exigent, la France sorte des critères de Maastricht ? Parce que l'Europe, parfois on trouve ça commode.
Non. Aujourd'hui, ce n'est pas du tout le cas. Le budget que j'ai présenté, il est à 2,7% de déficit. Alors certes, on ne réduit pas notre déficit parce qu'il y a la crise mais enfin on ne l'augmente pas et on verra en 2008 et on verra en 2009.
L. Mercadet : Vous n'augmentez pas le déficit ?
Non.
L. Mercadet : Attendez ! C'est un budget déficitaire à un point jamais atteint depuis 2003.
Non, non, non, ce n'est pas vrai. Enfin 2,7% c'était le chiffre de 2007. 2008 ce sera 2,7%. Les critères de Maastricht c'est sur l'ensemble des finances publiques.
L. Mercadet : Vous pouvez prendre l'engagement ici de dire que les 3%...
Le déficit est stabilisé. Heureusement d'ailleurs. Il y a beaucoup de pays où il est pas du tout stabilisé vous savez.
L. Mercadet : D'accord mais est qu'on sera dans les 3%, vous êtes sûr ?
On sera en dessous des 3% dans les hypothèses qu'on se donne. C'est-à-dire 1% de croissance en 2009, un peu plus de croissance. Alors après on commence à réduire les choses parce qu'on pense que la situation va rebondir. Il y a un moment donné, je vais vous donner un scoop absolu, à un moment donné, la crise va passer, la croissance va revenir. D'ailleurs probablement aussi brutalement dans l'autre sens que la dégradation s'est faite dans ce sens-là. Donc sincèrement, je pense qu'il n'y a pas de risque, il n'y a vraiment aucun risque pour les épargnants, pour les gens qui ont un compte en banque. Et deuxième point, les déficits publics sont tenus. Jamais la maîtrise de la dépense, c'est très important, jamais la maîtrise de la dépense a été à ce niveau-là. Et en même temps, enfin jamais, depuis 20 ans, on n'a jamais autant tenu la dépense publique et en même temps, on finance nos priorités.
L. Mercadet : C'est vrai mais vous aviez déjà misé sur une relance par le bouclier fiscal et vous avez grillé, en quelque sorte, 10 milliards d'euros ?
Non on n'a pas grillé. Je crois que c'est finalement de très, très bonne circonstance d'avoir pu faire en sorte que ce projet de loi qui est devenu une loi sur les heures supplémentaires etc., etc., puisse venir un an en réalité avant la crise. Il a été parfaitement bien positionné. Il définit... moi je trouve qu'en réalité je ne suis pas sûr qu'on aurait 1% de croissance si on avait pas fait cela.
L. Mercadet : C'est donc le bouclier fiscal qui a généré les 1% de croissance.
Regardez les plans de relance que font les autres gouvernements. Ils ressemblent assez étrangement à ce que nous avons fait il y a un an.
M. Biraben : On va passer au chômage, Caroline ? C. Roux : Oui le chômage, les chiffres les plus mauvais depuis 15 ans. On dit, c'est la faute à la crise ?
On dit qu'il faut quand même mettre tout ça en historique. Depuis un an et demi, le chômage baissait beaucoup. On est à 7,2% de chômage, donc c'est encore trop mais en même temps, on n'avait jamais atteint un point aussi bas depuis longtemps. Et puis c'est vrai, maintenant le chômage a repris et reprend. Je crois que les statistiques sont publiées ce soir. C. Lagarde hier a annoncé un chiffre aux alentours de 40 000. C'est beaucoup mais vous savez, il faut regarder les choses en face malheureusement. C'est qu'avec 1%, 1 petit pourcent de croissance, vous ne créez pas beaucoup de richesses. Et à ce moment-là, vous détruisez de l'emploi. Vous n'avez pas assez de croissance pour faire de l'emploi et vous n'avez pas assez de croissance non plus pour continuer à alimenter le pouvoir d'achat. Donc il faut retrouver de la croissance. Nous ce qu'on pense, c'est qu'il faut faire plus de réformes, être plus mobile. Dans une crise, il ne faut pas être immobile, tétanisé. Il faut y mettre encore plus d'énergie, encore plus réformer pour reprendre le train de la croissance. C'est la seule façon d'y arriver.
C. Roux : Comment est-ce que vous expliquez cette augmentation si brutale au mois d'août, comme ça ? Quelle explication vous avez ?
Christine l'expliquera lorsqu'elle commentera ces chiffres. Et finalement il y a notamment un certain nombre de contrats intérimaires qui n'ont pas été renoués. Il y a un certain nombre de circonstances comme celle-là.
C. Roux : Les socialistes disent, c'est la faute du Gouvernement qui a favorisé les heures sup plutôt que la création d'emploi.
Ecoutez, vous aurez F. Hollande tout à l'heure donc...
C. Roux : Justement, répondez-lui avant qu'il arrive.
Ce n'est pas le cas. Les heures supplémentaires, ce n'est pas le cas. D'abord il y a eu beaucoup de contrats dans les entreprises d'intérim sur cette dernière année. Au mois d'août je ne sais pas, spécifiquement au mois d'août mais enfin sur l'ensemble de la dernière année, les entreprises d'intérim ont beaucoup embauché et puis en même temps, les heures supplémentaires par centaines de millions se sont faites. Donc dans un monde qui ralentit, il faut quand même voir les choses, dans un monde qui ralentit la France a moins ralenti. Regardez ce qui se passe dans les autres pays. Ce n'est pas du tout pour tresser quelque chose ou pour donner l'impression d'être naïf. Il faut regarder la situation telle qu'elle est, elle est très difficile. Evidemment qu'elle est très difficile. Et en même temps, il ne faut pas qu'on reste les deux pieds dans le même sabot. Donc on bouge, on réforme, on essaie de rendre confiance, on vote un budget qui privilégie l'ensemble des priorités de l'Etat, l'enseignement supérieur, la recherche etc. Tout ça est bien protégé, privilégié. Et puis en même temps, on serre la dépense publique parce qu'il y a trop de dépenses publiques. Là aussi, d'une certaine façon, on nous attaque, on nous dit mais alors vous devriez totalement lâcher les vannes. Je lisais l'interview de monsieur Ayrault, "vous devriez totalement...". On n'est pas dans le laisser faire, le laisser aller. On n'est pas dans le laxisme. On doit évidemment contrôler les choses.
M. Biraben : Je vais vous demander un truc infernal pour un ministre, essayez de faire très court comme ça vous aurez le temps de répondre à la question de Léon, s'il vous plait. Léon ? L. Mercadet : Plusieurs internautes qui s'interrogent sur les paradis fiscaux. Est-ce qu'ils ont une responsabilité dans la crise, est-ce qu'il faut fermer, interdire tous les paradis fiscaux ?
Il faut s'en occuper avec, (selon) moi, me semble t-il, beaucoup plus de sérieux. Il y a beaucoup de paradis fiscaux qui, d'ailleurs, ne sont pas dans la liste de l'OCDE des paradis fiscaux. Moi je réunis, je vais vous dire quelque chose, personne ne le sait d'ailleurs, je réunis, parce qu'on ne l'a pas dit, je réunis bientôt...
C. Roux : C'est normal. Jusque-la tout va bien. M. Biraben : Voilà, on va le savoir maintenant.
Voilà j'ai fini. Oui là j'ai du temps. Je réunis avec mon collègue allemand qui s'appelle P. Steinbruck, d'ici le mois d'octobre ou novembre, l'ensemble des pays de l'OCDE pour parler des paradis fiscaux au niveau politique. Il y a des réunions qui se font depuis des années au niveau technique donc nous voulons aller plus loin dans le contrôle des paradis fiscaux. Il y a beaucoup à faire là-dessus et c'est la communauté internationale qui, en réalité, en est responsable. Donc on va faire cette réunion pour relancer en réalité le combat contre les paradis fiscaux.
L. Mercadet : Il y a bien un problème de ce côté-là ?
Oui bien sûr mais écoutez un paradis fiscal c'est quoi ? C'est quelqu'un qui prend la richesse des autres comme un braconnier vient braconner en dehors de toute législation sur les terres de quelqu'un qui respecte la loi. Donc il faut beaucoup combattre les paradis fiscaux mais ce n'est pas uniquement la France, ce n'est même pas uniquement l'Europe. Il faut que l'ensemble de la communauté internationale s'en occupe de façon plus active.
M. Biraben : ...S'y mette comme pour la crise. Merci beaucoup E. Woerth d'avoir été avec nous. Je vous en prie.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 29 septembre 2009
C. Roux : Oui, c'est une phrase qu'on a trouvé : « Je souhaite développer », c'est N. Sarkozy qui parle, je souhaite développer le crédit hypothécaire pour les ménages. Je propose que ceux qui ont des rémunérations modestes puissent garantir leur emprunt par la valeur de leur logement ». C'est les subprimes.
Ca a marché pendant très longtemps, pendant des années et des années. Donc cet exemple avait été connu. Donc il y avait, effectivement, dans les différents partis politiques - mais N. Sarkozy l'avait noté - en face d'une demande de logements, d'un besoin de relance de l'immobilier, il y avait des possibilités.
C. Roux : C'est dans ce sens-là qu'il voulait aller alors ?
Je vous ferai juste remarquer, c'est qu'on ne l'a pas fait. On aurait pu le faire dès l'élection du Président, on ne l'a pas fait pour un certain nombre de raisons.
C. Roux : Pourquoi ? Parce que c'était une mauvaise idée, en fait, du candidat Sarkozy ? Non. Heureusement que les campagnes sont faites pour qu'il y ait des débats. S'il y a bien un moment donné pour ça...
C. Roux : Pour dire des trucs qu'on ne fait pas.
J'ai l'impression qu'on fait plutôt des trucs qu'on a dit et ça, on nous le dit quand même très souvent.
M. Biraben : J'en étais à "on fait des trucs qu'on n'a pas dit", je ne comprenais plus là.
On dit des trucs... enfin on fait des trucs qu'on a dit. Ne m'embrouillez pas à 7 heures 30 du matin. On respecte totalement nos promesses et on s'adapte évidemment à la crise. Donc cette idée qui avait circulé n'a évidemment pas été appliquée et puis finalement tant mieux.
M. Biraben : Léon, une question ?
L. Mercadet : Oui il y a plusieurs questions, monsieur le ministre, qui vont dans le même sens. Toujours la même. C'est les gens inquiets pour leurs économies, pour leurs dépôts en banque, pour leur assurance-vie. Alors le Président a dit qu'il garantissait jusqu'au dernier euro. Il y a un fonds de garantie des dépôts dans lequel il y a un peu moins de deux milliards d'euros.
Vous êtes bien renseigné.
L. Mercadet : Il y a 1,7 milliard, oui, et simplement il y a beaucoup plus que ça comme dépôts. Donc le fonds de garantie ne garantie rien. Qu'est-ce que vous pouvez dire aux gens qui disent : est-ce que je dois aller retirer mon argent à la banque ?
Bien sûr que non.
L. Mercadet : Oui mais c'est quoi la garantie ?
Il faut dans ce domaine-là garder vraiment un maximum de sang-froid. Les épargnants français, les gens qui ont un compte en banque, comme tout le monde qui a son compte dans une banque, il n'y a aucun risque à cela. Ca a été répété, il faut le redire sans arrêt. Alors je sais bien qu'il y a de l'inquiétude et c'est normal. Je sais bien qu'il y a de la peur. Je sais bien aussi que parfois, on ne croit pas à ce qu'on dit et pourtant c'est la réalité. Il n'y a pas de risque pour les épargnants, pour les déposants français. Il n'y en a aucun et s'il y en avait un, c'est ce qu'a dit le Président, s'il y avait un coup dur, s'il y avait etc., l'Etat en dernier ressort serait là. Au-delà de ce fonds de garantie...
L. Mercadet : Mais quel argent s'il n'y en a plus ?
Ça, les modalités... Vous savez les Américains viennent de sortir 700 milliards de dollars, donc... Quand il y a les Belgo Néerlandais, Luxembourgeois qui viennent sortir beaucoup d'argent pour Fortis. Donc il y a évidemment à situation de crise des financements de crise et là-dessus, les choses seraient faites. On sort à ce moment-là du modèle classique.
C. Roux : C'est-à-dire on sort des critères de Maastricht, c'est ça que vous voulez dire ? On sort du modèle classique ?
On sort du modèle classique. Il peut y avoir beaucoup de manières de financer cela. Ce que je veux dire, c'est que les modalités techniques, on en discutera à ce moment-là. Ce qui est très important, c'est de dire : l'Etat sera là parce que derrière l'Etat, il y a plus rien. Donc l'Etat sera là et sera clairement là. Donc il n'y a pas de risque.
L. Mercadet : Oui mais comment ? En augmentant le déficit ou en augmentant les impôts ? C. Roux : Tout le monde a entendu cette phrase de N. Sarkozy et peut-être que tout le monde voulait l'entendre : "L'Etat sera là". Mais un, est-ce qu'il va falloir augmenter les impôts et deux, pardonnez-moi d'insister sur cette question, mais est-ce qu'il est possible qu'un jour, si les circonstances l'exigent, la France sorte des critères de Maastricht ? Parce que l'Europe, parfois on trouve ça commode.
Non. Aujourd'hui, ce n'est pas du tout le cas. Le budget que j'ai présenté, il est à 2,7% de déficit. Alors certes, on ne réduit pas notre déficit parce qu'il y a la crise mais enfin on ne l'augmente pas et on verra en 2008 et on verra en 2009.
L. Mercadet : Vous n'augmentez pas le déficit ?
Non.
L. Mercadet : Attendez ! C'est un budget déficitaire à un point jamais atteint depuis 2003.
Non, non, non, ce n'est pas vrai. Enfin 2,7% c'était le chiffre de 2007. 2008 ce sera 2,7%. Les critères de Maastricht c'est sur l'ensemble des finances publiques.
L. Mercadet : Vous pouvez prendre l'engagement ici de dire que les 3%...
Le déficit est stabilisé. Heureusement d'ailleurs. Il y a beaucoup de pays où il est pas du tout stabilisé vous savez.
L. Mercadet : D'accord mais est qu'on sera dans les 3%, vous êtes sûr ?
On sera en dessous des 3% dans les hypothèses qu'on se donne. C'est-à-dire 1% de croissance en 2009, un peu plus de croissance. Alors après on commence à réduire les choses parce qu'on pense que la situation va rebondir. Il y a un moment donné, je vais vous donner un scoop absolu, à un moment donné, la crise va passer, la croissance va revenir. D'ailleurs probablement aussi brutalement dans l'autre sens que la dégradation s'est faite dans ce sens-là. Donc sincèrement, je pense qu'il n'y a pas de risque, il n'y a vraiment aucun risque pour les épargnants, pour les gens qui ont un compte en banque. Et deuxième point, les déficits publics sont tenus. Jamais la maîtrise de la dépense, c'est très important, jamais la maîtrise de la dépense a été à ce niveau-là. Et en même temps, enfin jamais, depuis 20 ans, on n'a jamais autant tenu la dépense publique et en même temps, on finance nos priorités.
L. Mercadet : C'est vrai mais vous aviez déjà misé sur une relance par le bouclier fiscal et vous avez grillé, en quelque sorte, 10 milliards d'euros ?
Non on n'a pas grillé. Je crois que c'est finalement de très, très bonne circonstance d'avoir pu faire en sorte que ce projet de loi qui est devenu une loi sur les heures supplémentaires etc., etc., puisse venir un an en réalité avant la crise. Il a été parfaitement bien positionné. Il définit... moi je trouve qu'en réalité je ne suis pas sûr qu'on aurait 1% de croissance si on avait pas fait cela.
L. Mercadet : C'est donc le bouclier fiscal qui a généré les 1% de croissance.
Regardez les plans de relance que font les autres gouvernements. Ils ressemblent assez étrangement à ce que nous avons fait il y a un an.
M. Biraben : On va passer au chômage, Caroline ? C. Roux : Oui le chômage, les chiffres les plus mauvais depuis 15 ans. On dit, c'est la faute à la crise ?
On dit qu'il faut quand même mettre tout ça en historique. Depuis un an et demi, le chômage baissait beaucoup. On est à 7,2% de chômage, donc c'est encore trop mais en même temps, on n'avait jamais atteint un point aussi bas depuis longtemps. Et puis c'est vrai, maintenant le chômage a repris et reprend. Je crois que les statistiques sont publiées ce soir. C. Lagarde hier a annoncé un chiffre aux alentours de 40 000. C'est beaucoup mais vous savez, il faut regarder les choses en face malheureusement. C'est qu'avec 1%, 1 petit pourcent de croissance, vous ne créez pas beaucoup de richesses. Et à ce moment-là, vous détruisez de l'emploi. Vous n'avez pas assez de croissance pour faire de l'emploi et vous n'avez pas assez de croissance non plus pour continuer à alimenter le pouvoir d'achat. Donc il faut retrouver de la croissance. Nous ce qu'on pense, c'est qu'il faut faire plus de réformes, être plus mobile. Dans une crise, il ne faut pas être immobile, tétanisé. Il faut y mettre encore plus d'énergie, encore plus réformer pour reprendre le train de la croissance. C'est la seule façon d'y arriver.
C. Roux : Comment est-ce que vous expliquez cette augmentation si brutale au mois d'août, comme ça ? Quelle explication vous avez ?
Christine l'expliquera lorsqu'elle commentera ces chiffres. Et finalement il y a notamment un certain nombre de contrats intérimaires qui n'ont pas été renoués. Il y a un certain nombre de circonstances comme celle-là.
C. Roux : Les socialistes disent, c'est la faute du Gouvernement qui a favorisé les heures sup plutôt que la création d'emploi.
Ecoutez, vous aurez F. Hollande tout à l'heure donc...
C. Roux : Justement, répondez-lui avant qu'il arrive.
Ce n'est pas le cas. Les heures supplémentaires, ce n'est pas le cas. D'abord il y a eu beaucoup de contrats dans les entreprises d'intérim sur cette dernière année. Au mois d'août je ne sais pas, spécifiquement au mois d'août mais enfin sur l'ensemble de la dernière année, les entreprises d'intérim ont beaucoup embauché et puis en même temps, les heures supplémentaires par centaines de millions se sont faites. Donc dans un monde qui ralentit, il faut quand même voir les choses, dans un monde qui ralentit la France a moins ralenti. Regardez ce qui se passe dans les autres pays. Ce n'est pas du tout pour tresser quelque chose ou pour donner l'impression d'être naïf. Il faut regarder la situation telle qu'elle est, elle est très difficile. Evidemment qu'elle est très difficile. Et en même temps, il ne faut pas qu'on reste les deux pieds dans le même sabot. Donc on bouge, on réforme, on essaie de rendre confiance, on vote un budget qui privilégie l'ensemble des priorités de l'Etat, l'enseignement supérieur, la recherche etc. Tout ça est bien protégé, privilégié. Et puis en même temps, on serre la dépense publique parce qu'il y a trop de dépenses publiques. Là aussi, d'une certaine façon, on nous attaque, on nous dit mais alors vous devriez totalement lâcher les vannes. Je lisais l'interview de monsieur Ayrault, "vous devriez totalement...". On n'est pas dans le laisser faire, le laisser aller. On n'est pas dans le laxisme. On doit évidemment contrôler les choses.
M. Biraben : Je vais vous demander un truc infernal pour un ministre, essayez de faire très court comme ça vous aurez le temps de répondre à la question de Léon, s'il vous plait. Léon ? L. Mercadet : Plusieurs internautes qui s'interrogent sur les paradis fiscaux. Est-ce qu'ils ont une responsabilité dans la crise, est-ce qu'il faut fermer, interdire tous les paradis fiscaux ?
Il faut s'en occuper avec, (selon) moi, me semble t-il, beaucoup plus de sérieux. Il y a beaucoup de paradis fiscaux qui, d'ailleurs, ne sont pas dans la liste de l'OCDE des paradis fiscaux. Moi je réunis, je vais vous dire quelque chose, personne ne le sait d'ailleurs, je réunis, parce qu'on ne l'a pas dit, je réunis bientôt...
C. Roux : C'est normal. Jusque-la tout va bien. M. Biraben : Voilà, on va le savoir maintenant.
Voilà j'ai fini. Oui là j'ai du temps. Je réunis avec mon collègue allemand qui s'appelle P. Steinbruck, d'ici le mois d'octobre ou novembre, l'ensemble des pays de l'OCDE pour parler des paradis fiscaux au niveau politique. Il y a des réunions qui se font depuis des années au niveau technique donc nous voulons aller plus loin dans le contrôle des paradis fiscaux. Il y a beaucoup à faire là-dessus et c'est la communauté internationale qui, en réalité, en est responsable. Donc on va faire cette réunion pour relancer en réalité le combat contre les paradis fiscaux.
L. Mercadet : Il y a bien un problème de ce côté-là ?
Oui bien sûr mais écoutez un paradis fiscal c'est quoi ? C'est quelqu'un qui prend la richesse des autres comme un braconnier vient braconner en dehors de toute législation sur les terres de quelqu'un qui respecte la loi. Donc il faut beaucoup combattre les paradis fiscaux mais ce n'est pas uniquement la France, ce n'est même pas uniquement l'Europe. Il faut que l'ensemble de la communauté internationale s'en occupe de façon plus active.
M. Biraben : ...S'y mette comme pour la crise. Merci beaucoup E. Woerth d'avoir été avec nous. Je vous en prie.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 29 septembre 2009