Texte intégral
L. Bazin.- L. Chatel, bonjour.
Bonjour.
Secrétaire d'Etat à l'Industrie et à la Consommation, porte-parole du Gouvernement. Autant dire que vous êtes un des hommes qu'on a envie d'entendre ce matin. Une première réflexion : C. Lagarde, on l'entendra tout à l'heure dans le zapping, dit « il faut que les dirigeants d'entreprise et les actionnaires paient les pots cassé en cas de mauvaise gestion ». Ce n'est pas un peu démago de dire ça en ce moment ? Est-ce que ça résout le problème de la crise, franchement ?
Ce n'est pas démago dans la mesure où c'est ce que nous disons depuis longtemps, c'est ce qu'avait dit le Président de la République...
... oui, sans le faire !
Non, en l'occurrence lorsque le Gouvernement a décidé il y a quelques jours, à 5 h du matin, de prendre une minorité de blocage dans la banque Dexia, il l'a conditionnée par le départ des deux dirigeants et par la décision de ne pas attribuer de prime de départ, de parachute doré, aux dirigeants responsables exécutifs qui avaient mis la banque Dexia dans une situation difficile. Donc, nous avons démontré par la preuve que, effectivement, nous étions attachés à la responsabilité jusqu'au bout. Quand on est dirigeant, on est responsable, à ce titre on peut bénéficier d'une rémunération exceptionnelle, mais lorsqu'on rencontre des difficultés, lorsqu'on fait des erreurs, lorsqu'on entraîne sa banque ou son établissement financier en faillite, eh bien effectivement on est aussi responsable.
Ce n'est pas faire du Besancenot, comme certains vous accusent de le faire ?
Non, ce n'est pas du Besancenot !
On entend la gauche dire ça : « Finalement, N. Sarkozy fait du Besancenot en ce moment ». Trop facile ?
Relisez les discours de N. Sarkozy pendant sa campagne présidentielle, tout y est : la volonté d'avoir un capitalisme qui soit un capitalisme d'entrepreneur et non plus un capitalisme financier.
Il faut assainir le capitalisme, ça vous semble évident aujourd'hui ? Mais bien sûr ! Vous qui venez du privé, vous connaissez bien.
Bien sûr, moi qui viens du privé. Moi qui viens du privé j'ai toujours été choqué de voir qu'un dirigeant pouvait, entre guillemets, gagner à tous les coups. Pour moi, un responsable d'entreprise c'est un entrepreneur qui par ses choix conduit son entreprise au succès, et lorsqu'il ne réussit pas, il doit aussi être responsable. Et l'idée même qu'il puisse être rémunéré parce qu'il a mis son entreprise en faillite est extrêmement choquante. Moi qui suis libéral, je le dis. Le libéralisme c'est le moins mauvais des systèmes qu'on n'ait jamais inventé, à condition qu'il soit encadré, qu'il soit régulé, et c'est ce que nous disons.
Donc, il faudra une loi ou on se contente de ce que le Medef a suggéré, un code de bonne conduite ?
Si vous voulez, le président de la République avait dit à Toulon, « je demande aux partenaires de nous faire des propositions »...
... oui, on a vu !
.... « À défaut, je prendrai mes responsabilités, je demanderai au Gouvernement de légiférer ».
Est-ce que c'est suffisant ?
Le Medef et l'Afep - l'Association française des entreprises privées - nous ont fait des propositions qui sont beaucoup plus audacieuses que ce qui avait été envisagé il y a quelques semaines, où ils proposent la suppression précisément des parachutes dorés lorsqu'il y aura eu des difficultés dans l'entreprise, qui proposent d'encadrer les rémunérations, qui proposent une plus grande transparence, qui proposent lorsqu'il y a distribution de stock options, qu'elle soit systématiquement proposée aux salariés. C'est ce que nous demandions depuis longtemps. Donc, le Gouvernement a pris acte de cette avancée. Simplement, il souhaite aller plus loin. Nous avons demandé à ce que ça ne reste pas un principe, une charte, mais que chaque entreprise s'engage à cette charte, c'est-à-dire qu'individuellement les entreprises disent « oui, cette charte nous y adhérons et nous allons la mettre en oeuvre chez nous ». A défaut, le Gouvernement prendra ses responsabilités, c'est-à-dire si avant la fin de l'année les entreprises n'ont pas adhéré individuellement, eh bien à ce moment-là, nous prendrons nos responsabilités et nous légiférerons.
Deux questions très claires, réponses très franches. Vous craigniez un krach boursier dans l'économie réelle maintenant du côté des PME, ou dans l'industrie, vous êtes secrétaire d'Etat à l'Industrie ? Vous craigniez que ça s'effondre ?
Vous savez, dans une période de telle crise, je crois qu'avec le recul on dira sûrement qu'il y a eu la crise de 29 dans le domaine économique et financier et la crise de 2008 dans le domaine financier. Je crois qu'il faut d'abord faire preuve de beaucoup de sang-froid, et du sang-froid et de détermination, et c'est ce que s'efforce de faire le Gouvernement. D'abord, il faut soutenir nos banques parce qu'on a bien vu que tout s'est accéléré dans cette crise au moment de la faillite de Lehman Brothers.
Et on voit bien qu'on est déjà au-delà, c'est-à-dire il y a les banques, et puis, au-delà les banques ne prêtent plus, les entreprises n'ont plus d'argent dans les caisses, plus de trésorerie, vous connaissez ça mieux que moi, pour être passé à la tête d'entreprise ou en tout cas dans des staffs dirigeants d'entreprise, et donc ça risque de s'effondrer. Est-ce que vous êtes conscients de ça, est-ce que vous acceptez ce risque-là ?
C'est pour ça que toute l'action du Gouvernement est concentrée là-dessus. 1) soutenir nos banques pour éviter la faillite. On n'est pas en train de faire un chèque en blanc aux banques en soutenant les produits financiers et en ne s'occupant pas de la direction, ce qu'on dit c'est que quand on veut soutenir nos banques, on intervient au capital, comme on l'a fait pour Dexia, et en contrepartie on a notre mot à dire.
Donc, ça c'est 1.
Ca, c'est le premier point. Deuxième point, action coordonnée en Europe parce que c'est indispensable.
On n'y est pas encore !
Je vais y revenir. Troisième point, et ça répond directement à votre question, en parallèle nous veillons à ce que l'économie du réel elle soit toujours en santé, en bonne santé et c'est l'engagement que nous avons pris à destination des PME : 22 milliards d'euros. Pour faire quoi ? Pour garantir l'accès au crédit des PME, parce que le pire ce serait qu'après la crise financière, l'économie du réel soit victime d'une crise de l'investissement par le manque de crédit. Donc, nous avons fait un choix important, nous avons mobilisé des moyens, c'est les excédents du Livret de développement durable que nous avons redéployés vers la garantie des crédits aux PME pour que les PME de France, de Haute Marne, elles puissent continuer à emprunter pour investir, parce qu'il ne faut pas qu'il y ait un contrecoup économique dans l'économie du réel à cette crise financière.
Donc, ce scénario, on l'entend, est pris en compte...
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 9 octobre 2008
Bonjour.
Secrétaire d'Etat à l'Industrie et à la Consommation, porte-parole du Gouvernement. Autant dire que vous êtes un des hommes qu'on a envie d'entendre ce matin. Une première réflexion : C. Lagarde, on l'entendra tout à l'heure dans le zapping, dit « il faut que les dirigeants d'entreprise et les actionnaires paient les pots cassé en cas de mauvaise gestion ». Ce n'est pas un peu démago de dire ça en ce moment ? Est-ce que ça résout le problème de la crise, franchement ?
Ce n'est pas démago dans la mesure où c'est ce que nous disons depuis longtemps, c'est ce qu'avait dit le Président de la République...
... oui, sans le faire !
Non, en l'occurrence lorsque le Gouvernement a décidé il y a quelques jours, à 5 h du matin, de prendre une minorité de blocage dans la banque Dexia, il l'a conditionnée par le départ des deux dirigeants et par la décision de ne pas attribuer de prime de départ, de parachute doré, aux dirigeants responsables exécutifs qui avaient mis la banque Dexia dans une situation difficile. Donc, nous avons démontré par la preuve que, effectivement, nous étions attachés à la responsabilité jusqu'au bout. Quand on est dirigeant, on est responsable, à ce titre on peut bénéficier d'une rémunération exceptionnelle, mais lorsqu'on rencontre des difficultés, lorsqu'on fait des erreurs, lorsqu'on entraîne sa banque ou son établissement financier en faillite, eh bien effectivement on est aussi responsable.
Ce n'est pas faire du Besancenot, comme certains vous accusent de le faire ?
Non, ce n'est pas du Besancenot !
On entend la gauche dire ça : « Finalement, N. Sarkozy fait du Besancenot en ce moment ». Trop facile ?
Relisez les discours de N. Sarkozy pendant sa campagne présidentielle, tout y est : la volonté d'avoir un capitalisme qui soit un capitalisme d'entrepreneur et non plus un capitalisme financier.
Il faut assainir le capitalisme, ça vous semble évident aujourd'hui ? Mais bien sûr ! Vous qui venez du privé, vous connaissez bien.
Bien sûr, moi qui viens du privé. Moi qui viens du privé j'ai toujours été choqué de voir qu'un dirigeant pouvait, entre guillemets, gagner à tous les coups. Pour moi, un responsable d'entreprise c'est un entrepreneur qui par ses choix conduit son entreprise au succès, et lorsqu'il ne réussit pas, il doit aussi être responsable. Et l'idée même qu'il puisse être rémunéré parce qu'il a mis son entreprise en faillite est extrêmement choquante. Moi qui suis libéral, je le dis. Le libéralisme c'est le moins mauvais des systèmes qu'on n'ait jamais inventé, à condition qu'il soit encadré, qu'il soit régulé, et c'est ce que nous disons.
Donc, il faudra une loi ou on se contente de ce que le Medef a suggéré, un code de bonne conduite ?
Si vous voulez, le président de la République avait dit à Toulon, « je demande aux partenaires de nous faire des propositions »...
... oui, on a vu !
.... « À défaut, je prendrai mes responsabilités, je demanderai au Gouvernement de légiférer ».
Est-ce que c'est suffisant ?
Le Medef et l'Afep - l'Association française des entreprises privées - nous ont fait des propositions qui sont beaucoup plus audacieuses que ce qui avait été envisagé il y a quelques semaines, où ils proposent la suppression précisément des parachutes dorés lorsqu'il y aura eu des difficultés dans l'entreprise, qui proposent d'encadrer les rémunérations, qui proposent une plus grande transparence, qui proposent lorsqu'il y a distribution de stock options, qu'elle soit systématiquement proposée aux salariés. C'est ce que nous demandions depuis longtemps. Donc, le Gouvernement a pris acte de cette avancée. Simplement, il souhaite aller plus loin. Nous avons demandé à ce que ça ne reste pas un principe, une charte, mais que chaque entreprise s'engage à cette charte, c'est-à-dire qu'individuellement les entreprises disent « oui, cette charte nous y adhérons et nous allons la mettre en oeuvre chez nous ». A défaut, le Gouvernement prendra ses responsabilités, c'est-à-dire si avant la fin de l'année les entreprises n'ont pas adhéré individuellement, eh bien à ce moment-là, nous prendrons nos responsabilités et nous légiférerons.
Deux questions très claires, réponses très franches. Vous craigniez un krach boursier dans l'économie réelle maintenant du côté des PME, ou dans l'industrie, vous êtes secrétaire d'Etat à l'Industrie ? Vous craigniez que ça s'effondre ?
Vous savez, dans une période de telle crise, je crois qu'avec le recul on dira sûrement qu'il y a eu la crise de 29 dans le domaine économique et financier et la crise de 2008 dans le domaine financier. Je crois qu'il faut d'abord faire preuve de beaucoup de sang-froid, et du sang-froid et de détermination, et c'est ce que s'efforce de faire le Gouvernement. D'abord, il faut soutenir nos banques parce qu'on a bien vu que tout s'est accéléré dans cette crise au moment de la faillite de Lehman Brothers.
Et on voit bien qu'on est déjà au-delà, c'est-à-dire il y a les banques, et puis, au-delà les banques ne prêtent plus, les entreprises n'ont plus d'argent dans les caisses, plus de trésorerie, vous connaissez ça mieux que moi, pour être passé à la tête d'entreprise ou en tout cas dans des staffs dirigeants d'entreprise, et donc ça risque de s'effondrer. Est-ce que vous êtes conscients de ça, est-ce que vous acceptez ce risque-là ?
C'est pour ça que toute l'action du Gouvernement est concentrée là-dessus. 1) soutenir nos banques pour éviter la faillite. On n'est pas en train de faire un chèque en blanc aux banques en soutenant les produits financiers et en ne s'occupant pas de la direction, ce qu'on dit c'est que quand on veut soutenir nos banques, on intervient au capital, comme on l'a fait pour Dexia, et en contrepartie on a notre mot à dire.
Donc, ça c'est 1.
Ca, c'est le premier point. Deuxième point, action coordonnée en Europe parce que c'est indispensable.
On n'y est pas encore !
Je vais y revenir. Troisième point, et ça répond directement à votre question, en parallèle nous veillons à ce que l'économie du réel elle soit toujours en santé, en bonne santé et c'est l'engagement que nous avons pris à destination des PME : 22 milliards d'euros. Pour faire quoi ? Pour garantir l'accès au crédit des PME, parce que le pire ce serait qu'après la crise financière, l'économie du réel soit victime d'une crise de l'investissement par le manque de crédit. Donc, nous avons fait un choix important, nous avons mobilisé des moyens, c'est les excédents du Livret de développement durable que nous avons redéployés vers la garantie des crédits aux PME pour que les PME de France, de Haute Marne, elles puissent continuer à emprunter pour investir, parce qu'il ne faut pas qu'il y ait un contrecoup économique dans l'économie du réel à cette crise financière.
Donc, ce scénario, on l'entend, est pris en compte...
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 9 octobre 2008