Texte intégral
N. Demorand Bonjour J.-F. Copé.
Bonjour.
Moins 11,41 % pour la Bourse de Tokyo, c'est la deuxième pire chute de
son histoire. Débâcle également hier sur les marchés financiers en
Europe ou Wall Street. La liste est longue. Est-ce que, d'après vous,
un épisode supplémentaire du yoyo ou le signe que cette crise est
encore très grave et peut-être devant nous ?
La crise est évidemment très grave. En même temps je pense que
maintenant les réponses sont sur la table. Il faut être très lucide sur
le fait qu'on ne peut pas imaginer qu'une crise de cette ampleur puisse
trouver sa solution en quelque 24 heures, à la seule faveur du
lancement d'un plan gouvernemental, même si on voit bien ce plan est
très massif, très concerté par de nombreux pays.
C'est insuffisant, d'après vous ?
C'est toujours difficile d'anticiper. Je crois que oui, parce qu'en
fait il apporte la réponse opérationnelle à "LA" question majeure qui
est celle de la crise de crédit. Il faut que chacun comprenne une chose
: on ne manque pas d'argent, on manque de confiance, c'est-à-dire que
les liquidités elles existent, mais que les banques aujourd'hui sont
tellement tétanisées par la situation qu'elles n'osent pas se prêter
entre elles et prêter aux entreprises et aux particuliers. C'est la
raison pour laquelle la réponse des Etats est la bonne, parce que les
Etats disent : nous on garantit vos activités de prêt, on garantit que
si une banque est en risque de faillite, on la recapitalise, ce qui
fait qu'en réalité on garantit le système. C'est d'ailleurs en cela que
moi je considère que c'est vraiment les moments, les crises où les
politiques doivent être au meilleur d'eux même, parce que c'est dans
ces moments-là que les acteurs normaux ne sont plus, si je puis dire, à
l'aise dans leurs baskets et font des choses totalement irrationnelles.
Il n'y a pas de plan B ?
Je ne sais pas ce que c'est un plan B. Ce que je peux vous dire
simplement...
Que ça continue à dévisser, si...
Vous voulez dire à la suite d'autres mesures ? Eh bien, écoutez...
Tout est sur la table, là, aujourd'hui.
Je crois qu'en tout cas ce qui est important maintenant, c'est que les
uns e t les autres prennent leurs esprits, que les acteurs du marché
voient bien qu'il y a derrière cela des réponses lourdes et
structurantes et que ceux qui spéculent encore jusqu'à la dernière
seconde pour essayer de voir s'ils ne peuvent pas encore faire couler
quelques actions avant le mirage ( ?), je pense maintenant que tout
cela se calme et s'apaise parce que le risque devient après ingérable.
Les conséquences sur l'économie réelle vont être massives, d'après vous
?
Je crains qu'elles soient importantes. Voilà, il faut dire les choses
telles qu'elles sont. Moi je pense que la responsabilité qui est celle
des hommes politique, elle est de ne pas avoir peur de dire la vérité,
à condition bien sûr de montrer qu'il y a des réponses. La vérité c'est
quoi ? C'est que quand vous avez une crise financière de cette
importance, cela aura forcement des conséquences sur le niveau de l'
emploi, sur le niveau de l'activité des entreprises, ne serait-ce que
durant toute cette période, vous avez des tas d'entreprises qui ne
peuvent pas se refinancer, et donc il y a des vrais risques. C'est pour
cela qu'on accompagne, dans tous les Etats d'ailleurs, par différentes
mesures les contrats aidés, les mesures de financement d'urgence des
PME, etc.
On est en récession, J.-F. Copé ou pas ?
Bah, je veux dire c'est difficile, ce qu'il y a c'est que c'est un
terme technique.
Technique et polémique.
Justement, c'est cela le problème, c'est qu'on utilise le même mot pour
une approche technique et puis on donne une interprétation qui est
psychologique. Alors, je me méfie beaucoup de la formule. Sur le plan
technique, quand vous avez deux trimestres successifs de croissance
négative, on appelle ça récession. Mais le problème c'est que cela ne
suffit pas pour déterminer l'idée d'une espèce de dépression profonde
de l'économie. On n'en n'est pas là. Il faut remettre les choses à
leurs justes proportions. La crise de 29 dont on parle souvent en ce
moment, on oublie juste qu'en six mois, des pays entiers comme les
Etats-Unis ou certains pays d'Europe avaient diminué leur croissance de
moitié. Il faut voir de quoi on parle. 50 % ! Donc on n'est plus du
tout dans la même démarche. Je crois qu'il faut bien voir qu'on n'est
pas dans cela, d'abord parce qu'il y a une plus grande maturité, parce
que les interdépendances entre les économies font que les Gouvernements
se parlent, alors qu'en 1929, ils ne se parlaient pas, ils ne
réagissaient pas, il n'y a pas de culture économique. Aujourd'hui, tout
cela on connaît. Donc, ce sont des sujets sur lesquels on est les uns
et les autres beaucoup plus mobilisés qu'on ne l'était à l'époque, et
donc il faut maintenant utiliser les outils que les Gouvernements
peuvent utiliser pour cela.
130 députés UMP, nous dit Le Parisien ce matin, n'ont pas participé au
vote sur le plan de sauvetage des banques. 130 sur 317, ça fait quand
même beaucoup, non ?
Non, non. Il ne faut pas se méprendre sur l'interprétation de ces
votes. Il ne s'agissait pas d'un vote qu'on appelle "scrutin public" où
là il faut que chacun soit à son banc pour appuyer sur le bouton
électronique. Là, il fallait passer ce texte en urgence. Nous avons
bouleversé la totalité de nos agendas. Il faut que vous sachiez qu'à la
même heure, nous travaillons en même temps le Grenelle de l'
environnement et que j'avais pris la responsabilité de partager nos
troupes de telle manière que nous ayons une majorité sans conteste bien
entendu pour voter ce texte - ce fut le cas - et qu'en même temps, ceux
qui travaillent sur le Grenelle de l'environnement, puissent continuer
de le faire en commission.
Donc, ce n'est pas de l'absentéisme d'après vous ? C'est l'organisation
simplement du travail parlementaire.
Le mardi, mercredi, jeudi, les députés ils sont à Paris. Alors après,
il peut y avoir des gens qui ont différentes activités, mais ce n'est
pas un sujet de... En tout les cas, ne l'interprétons pas comme un
refus par un certain nombre de députés de soutenir ce texte. Ce serait
un malentendu total. Non, au contraire. Il y a eu une très grande
adhésion des députés UMP. Notre problème - c'est pour cela que vous m'
avez d'ailleurs entendu être très critique contre le PS - je n'ai rien
compris au fait que le PS se soit abstenu. C'est un truc de fou. A la
limite, j'aurais presque préféré qu'ils disent non, on vote contre le
plan du Président Sarkozy, et on vous dit pourquoi, et on vous propose
autre chose. Mais cette espèce d'abstention socialiste qui est pour moi
la négation de l'engagement politique est incompréhensible. Là, en
gros, on dit : "on est d'accord avec votre plan mais on ne vote pas,
parce que vous êtes de droite". C'est ridicule, on voit bien que c'est
totalement inadapté à l'urgence de la situation.
La Marseillaise huée et un emballement politico-médiatique d'ampleur,
n'est-ce pas un peu exagéré, tout cela ?
Moi, je vous dis les choses tel que je le pense. Je considère que
siffler la Marseillaise c'est simplement inacceptable, inqualifiable et
qu'il faut absolument le dire avec une très grande force.
"Quand on a la chance d'avoir été - je voudrais faire une citation,
tout de même - d'avoir été accueilli dans un pays qui vous permet d'
avoir le ventre rempli et d'y vivre libre, on le respecte. Tous ceux
qui ont sifflé note hymne national devraient en tirer les conséquences
et faire leur valise pour réintégrer le pays de leurs origines et de
leur rêve". Signé : L. Luca, député UMP.
Oui ! Enfin, moi je n'utilise pas tous ces mots, mais après tout...
Et vous les condamnez ?
Non, mais moi attendez, je vous dis les choses très simplement, je ne
suis pas le porte-parole des autres. Moi je parle en mon nom...
Oui mais enfin, vous êtes quand même le patron des députés UMP !
Je vais surtout vous dire ce que je pense, moi.
Je vous pose une question sur l'un des membres du groupe que vous
dirigez.
J'ai compris, j'ai compris. Mais enfin ma réponse c'est que chacun dans
mon groupe s'exprime et qu'il y a derrière cela une réalité. Quels que
soient les mots choisis, ils ne sont pas les miens et que je n'aurais
pas utilisés, c'est une...
Il va trop loin L. Luca, là, en disant cela ?
Je vais vous dire, mon sujet, excusez-moi, ce n'est pas...
Non, mais j'espère que vous allez me répondre, J.-F. Copé, après on
passe à autre chose.
Cela fait deux fois que je vous le dis, je veux bien vous le redire une
troisième, ce n'est pas les mots que j'aurais choisis. Pour autant, je
vous dis très simplement, l'indignation que nous ressentons tous à ce
qui s'est passé avec notre hymne national est quelque part le
révélateur du fait que sur ces sujets, et moi je vous le dis
simplement, on a à nouveau baissé la garde, voilà, et qu'il faut qu'on
en sorte. Je pense que nous avions très légitimement, durant le début
des années 2000, après ce qui s'était passé une première fois sur un
match France/Algérie, reparlé de la Nation, reparlé du respect de l'
appartenance à la France.
On est en 2008.
Eh bien, qu'est-ce qui s'est passé ? C'est des combats qu'on ne doit
pas mener une fois de temps en temps ? Mais tous les jours...
Mais que fait le ministère de l'Identité nationale ?
Non, mais détendez-vous avec cela. Vous savez très bien que le problème
n'est pas...
Ah ben, moi je suis parfaitement détendu. Je vous demande simplement
que fait le ministère de l'Identité nationale ? Ce n'est pas faire
aimer la France et ne pas faire siffler la Marseillaise ?
C'est marrant que vous me disiez cela parce que quelque part c'est
imaginer que c'est au ministère de l'Identité nationale à lui tout
seul.
Je ne sais pas, non, c'est quand même sa zone de compétence, comme on
dit ?
Oui, enfin, écoutez, si je peux aller un peu au-delà, je crois que c'
est la responsabilité de chacun. Vous attendez-vous - je ne sais pas si
vous êtes père de famille ?
Oui, oui.
Vous attendez un ministère de l'Identité nationale pour expliquer à vos
enfants qu'on ne doit pas siffler l'hymne de votre pays ? Non. Bon.
Peut-être que vous l'avez peut-être fait...
Je pensais qu'un ministère avait été créé pour cela. Mais bon. Je me
suis trompé.
Non, le ministre il n'a pas... Oui, vous ne vous êtes pas trompé, et
puis, comme vous êtes journaliste, vous êtes précis, vous savez très
bien à quoi sert un ministère de l'Identité nationale. Le vrai sujet,
il n'est pas là...
Non.
Oui, non, mais ça c'est parce que vous avez par ailleurs des opinions
personnelles...
Ah ! Mais nous y voilà...
...Elles sont sympathiques. Et puis, c'est pour ça... Non ?
...Le jour de la sainte "EDVIGE". Nous y voilà !
Vous vous faites vachement plaisir, vous, ce matin !
Ah non, je ne me fais pas plaisir. Mais vous aussi, visiblement, vous
vous faites plaisir.
Alors, on reprend. Donc, le ministère de l'Identité nationale, il a une
vocation : c'est de mener une politique en matière de lutte contre l'
immigration clandestine et d'accueil des étrangers qui viennent en
France. Le vrai sujet il n'est pas là. Vous avez bien compris que
beaucoup des gens qui ont sifflé la Marseillaise sont des gens qui sont
parfaitement français, d'origine immigrée récente, sans nul doute, mais
qui visiblement ont par rapport à tout cela une perte de repères totale
et font n'importe quoi. Donc, ce n'est pas simplement une question d'un
ministère qui est en poste depuis un an - c'est cela que je me
permettais de dire, je ne voulais pas du tout vous gâcher votre
matinée...
Non, non, non, mais moi ça va parfaitement.
Mais c'était simplement pour vous dire que cela dépassait très
largement cette seule question du ministère. C'est de la responsabilité
de tout le monde : des parents, des associations, des éducateurs, de
toutes celles et de ceux qui doivent parler de la France. Je pense que
sur ce sujet, on a baissé la garde, et c'est mon dernier mot là-dessus,
et qu'il faut absolument y revenir plein pot. Moi, j'ai créé un club,
qui s'appelle "Génération France" et dont la question de l'identité
sera un débat majeur.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 16
octobre 2008
Bonjour.
Moins 11,41 % pour la Bourse de Tokyo, c'est la deuxième pire chute de
son histoire. Débâcle également hier sur les marchés financiers en
Europe ou Wall Street. La liste est longue. Est-ce que, d'après vous,
un épisode supplémentaire du yoyo ou le signe que cette crise est
encore très grave et peut-être devant nous ?
La crise est évidemment très grave. En même temps je pense que
maintenant les réponses sont sur la table. Il faut être très lucide sur
le fait qu'on ne peut pas imaginer qu'une crise de cette ampleur puisse
trouver sa solution en quelque 24 heures, à la seule faveur du
lancement d'un plan gouvernemental, même si on voit bien ce plan est
très massif, très concerté par de nombreux pays.
C'est insuffisant, d'après vous ?
C'est toujours difficile d'anticiper. Je crois que oui, parce qu'en
fait il apporte la réponse opérationnelle à "LA" question majeure qui
est celle de la crise de crédit. Il faut que chacun comprenne une chose
: on ne manque pas d'argent, on manque de confiance, c'est-à-dire que
les liquidités elles existent, mais que les banques aujourd'hui sont
tellement tétanisées par la situation qu'elles n'osent pas se prêter
entre elles et prêter aux entreprises et aux particuliers. C'est la
raison pour laquelle la réponse des Etats est la bonne, parce que les
Etats disent : nous on garantit vos activités de prêt, on garantit que
si une banque est en risque de faillite, on la recapitalise, ce qui
fait qu'en réalité on garantit le système. C'est d'ailleurs en cela que
moi je considère que c'est vraiment les moments, les crises où les
politiques doivent être au meilleur d'eux même, parce que c'est dans
ces moments-là que les acteurs normaux ne sont plus, si je puis dire, à
l'aise dans leurs baskets et font des choses totalement irrationnelles.
Il n'y a pas de plan B ?
Je ne sais pas ce que c'est un plan B. Ce que je peux vous dire
simplement...
Que ça continue à dévisser, si...
Vous voulez dire à la suite d'autres mesures ? Eh bien, écoutez...
Tout est sur la table, là, aujourd'hui.
Je crois qu'en tout cas ce qui est important maintenant, c'est que les
uns e t les autres prennent leurs esprits, que les acteurs du marché
voient bien qu'il y a derrière cela des réponses lourdes et
structurantes et que ceux qui spéculent encore jusqu'à la dernière
seconde pour essayer de voir s'ils ne peuvent pas encore faire couler
quelques actions avant le mirage ( ?), je pense maintenant que tout
cela se calme et s'apaise parce que le risque devient après ingérable.
Les conséquences sur l'économie réelle vont être massives, d'après vous
?
Je crains qu'elles soient importantes. Voilà, il faut dire les choses
telles qu'elles sont. Moi je pense que la responsabilité qui est celle
des hommes politique, elle est de ne pas avoir peur de dire la vérité,
à condition bien sûr de montrer qu'il y a des réponses. La vérité c'est
quoi ? C'est que quand vous avez une crise financière de cette
importance, cela aura forcement des conséquences sur le niveau de l'
emploi, sur le niveau de l'activité des entreprises, ne serait-ce que
durant toute cette période, vous avez des tas d'entreprises qui ne
peuvent pas se refinancer, et donc il y a des vrais risques. C'est pour
cela qu'on accompagne, dans tous les Etats d'ailleurs, par différentes
mesures les contrats aidés, les mesures de financement d'urgence des
PME, etc.
On est en récession, J.-F. Copé ou pas ?
Bah, je veux dire c'est difficile, ce qu'il y a c'est que c'est un
terme technique.
Technique et polémique.
Justement, c'est cela le problème, c'est qu'on utilise le même mot pour
une approche technique et puis on donne une interprétation qui est
psychologique. Alors, je me méfie beaucoup de la formule. Sur le plan
technique, quand vous avez deux trimestres successifs de croissance
négative, on appelle ça récession. Mais le problème c'est que cela ne
suffit pas pour déterminer l'idée d'une espèce de dépression profonde
de l'économie. On n'en n'est pas là. Il faut remettre les choses à
leurs justes proportions. La crise de 29 dont on parle souvent en ce
moment, on oublie juste qu'en six mois, des pays entiers comme les
Etats-Unis ou certains pays d'Europe avaient diminué leur croissance de
moitié. Il faut voir de quoi on parle. 50 % ! Donc on n'est plus du
tout dans la même démarche. Je crois qu'il faut bien voir qu'on n'est
pas dans cela, d'abord parce qu'il y a une plus grande maturité, parce
que les interdépendances entre les économies font que les Gouvernements
se parlent, alors qu'en 1929, ils ne se parlaient pas, ils ne
réagissaient pas, il n'y a pas de culture économique. Aujourd'hui, tout
cela on connaît. Donc, ce sont des sujets sur lesquels on est les uns
et les autres beaucoup plus mobilisés qu'on ne l'était à l'époque, et
donc il faut maintenant utiliser les outils que les Gouvernements
peuvent utiliser pour cela.
130 députés UMP, nous dit Le Parisien ce matin, n'ont pas participé au
vote sur le plan de sauvetage des banques. 130 sur 317, ça fait quand
même beaucoup, non ?
Non, non. Il ne faut pas se méprendre sur l'interprétation de ces
votes. Il ne s'agissait pas d'un vote qu'on appelle "scrutin public" où
là il faut que chacun soit à son banc pour appuyer sur le bouton
électronique. Là, il fallait passer ce texte en urgence. Nous avons
bouleversé la totalité de nos agendas. Il faut que vous sachiez qu'à la
même heure, nous travaillons en même temps le Grenelle de l'
environnement et que j'avais pris la responsabilité de partager nos
troupes de telle manière que nous ayons une majorité sans conteste bien
entendu pour voter ce texte - ce fut le cas - et qu'en même temps, ceux
qui travaillent sur le Grenelle de l'environnement, puissent continuer
de le faire en commission.
Donc, ce n'est pas de l'absentéisme d'après vous ? C'est l'organisation
simplement du travail parlementaire.
Le mardi, mercredi, jeudi, les députés ils sont à Paris. Alors après,
il peut y avoir des gens qui ont différentes activités, mais ce n'est
pas un sujet de... En tout les cas, ne l'interprétons pas comme un
refus par un certain nombre de députés de soutenir ce texte. Ce serait
un malentendu total. Non, au contraire. Il y a eu une très grande
adhésion des députés UMP. Notre problème - c'est pour cela que vous m'
avez d'ailleurs entendu être très critique contre le PS - je n'ai rien
compris au fait que le PS se soit abstenu. C'est un truc de fou. A la
limite, j'aurais presque préféré qu'ils disent non, on vote contre le
plan du Président Sarkozy, et on vous dit pourquoi, et on vous propose
autre chose. Mais cette espèce d'abstention socialiste qui est pour moi
la négation de l'engagement politique est incompréhensible. Là, en
gros, on dit : "on est d'accord avec votre plan mais on ne vote pas,
parce que vous êtes de droite". C'est ridicule, on voit bien que c'est
totalement inadapté à l'urgence de la situation.
La Marseillaise huée et un emballement politico-médiatique d'ampleur,
n'est-ce pas un peu exagéré, tout cela ?
Moi, je vous dis les choses tel que je le pense. Je considère que
siffler la Marseillaise c'est simplement inacceptable, inqualifiable et
qu'il faut absolument le dire avec une très grande force.
"Quand on a la chance d'avoir été - je voudrais faire une citation,
tout de même - d'avoir été accueilli dans un pays qui vous permet d'
avoir le ventre rempli et d'y vivre libre, on le respecte. Tous ceux
qui ont sifflé note hymne national devraient en tirer les conséquences
et faire leur valise pour réintégrer le pays de leurs origines et de
leur rêve". Signé : L. Luca, député UMP.
Oui ! Enfin, moi je n'utilise pas tous ces mots, mais après tout...
Et vous les condamnez ?
Non, mais moi attendez, je vous dis les choses très simplement, je ne
suis pas le porte-parole des autres. Moi je parle en mon nom...
Oui mais enfin, vous êtes quand même le patron des députés UMP !
Je vais surtout vous dire ce que je pense, moi.
Je vous pose une question sur l'un des membres du groupe que vous
dirigez.
J'ai compris, j'ai compris. Mais enfin ma réponse c'est que chacun dans
mon groupe s'exprime et qu'il y a derrière cela une réalité. Quels que
soient les mots choisis, ils ne sont pas les miens et que je n'aurais
pas utilisés, c'est une...
Il va trop loin L. Luca, là, en disant cela ?
Je vais vous dire, mon sujet, excusez-moi, ce n'est pas...
Non, mais j'espère que vous allez me répondre, J.-F. Copé, après on
passe à autre chose.
Cela fait deux fois que je vous le dis, je veux bien vous le redire une
troisième, ce n'est pas les mots que j'aurais choisis. Pour autant, je
vous dis très simplement, l'indignation que nous ressentons tous à ce
qui s'est passé avec notre hymne national est quelque part le
révélateur du fait que sur ces sujets, et moi je vous le dis
simplement, on a à nouveau baissé la garde, voilà, et qu'il faut qu'on
en sorte. Je pense que nous avions très légitimement, durant le début
des années 2000, après ce qui s'était passé une première fois sur un
match France/Algérie, reparlé de la Nation, reparlé du respect de l'
appartenance à la France.
On est en 2008.
Eh bien, qu'est-ce qui s'est passé ? C'est des combats qu'on ne doit
pas mener une fois de temps en temps ? Mais tous les jours...
Mais que fait le ministère de l'Identité nationale ?
Non, mais détendez-vous avec cela. Vous savez très bien que le problème
n'est pas...
Ah ben, moi je suis parfaitement détendu. Je vous demande simplement
que fait le ministère de l'Identité nationale ? Ce n'est pas faire
aimer la France et ne pas faire siffler la Marseillaise ?
C'est marrant que vous me disiez cela parce que quelque part c'est
imaginer que c'est au ministère de l'Identité nationale à lui tout
seul.
Je ne sais pas, non, c'est quand même sa zone de compétence, comme on
dit ?
Oui, enfin, écoutez, si je peux aller un peu au-delà, je crois que c'
est la responsabilité de chacun. Vous attendez-vous - je ne sais pas si
vous êtes père de famille ?
Oui, oui.
Vous attendez un ministère de l'Identité nationale pour expliquer à vos
enfants qu'on ne doit pas siffler l'hymne de votre pays ? Non. Bon.
Peut-être que vous l'avez peut-être fait...
Je pensais qu'un ministère avait été créé pour cela. Mais bon. Je me
suis trompé.
Non, le ministre il n'a pas... Oui, vous ne vous êtes pas trompé, et
puis, comme vous êtes journaliste, vous êtes précis, vous savez très
bien à quoi sert un ministère de l'Identité nationale. Le vrai sujet,
il n'est pas là...
Non.
Oui, non, mais ça c'est parce que vous avez par ailleurs des opinions
personnelles...
Ah ! Mais nous y voilà...
...Elles sont sympathiques. Et puis, c'est pour ça... Non ?
...Le jour de la sainte "EDVIGE". Nous y voilà !
Vous vous faites vachement plaisir, vous, ce matin !
Ah non, je ne me fais pas plaisir. Mais vous aussi, visiblement, vous
vous faites plaisir.
Alors, on reprend. Donc, le ministère de l'Identité nationale, il a une
vocation : c'est de mener une politique en matière de lutte contre l'
immigration clandestine et d'accueil des étrangers qui viennent en
France. Le vrai sujet il n'est pas là. Vous avez bien compris que
beaucoup des gens qui ont sifflé la Marseillaise sont des gens qui sont
parfaitement français, d'origine immigrée récente, sans nul doute, mais
qui visiblement ont par rapport à tout cela une perte de repères totale
et font n'importe quoi. Donc, ce n'est pas simplement une question d'un
ministère qui est en poste depuis un an - c'est cela que je me
permettais de dire, je ne voulais pas du tout vous gâcher votre
matinée...
Non, non, non, mais moi ça va parfaitement.
Mais c'était simplement pour vous dire que cela dépassait très
largement cette seule question du ministère. C'est de la responsabilité
de tout le monde : des parents, des associations, des éducateurs, de
toutes celles et de ceux qui doivent parler de la France. Je pense que
sur ce sujet, on a baissé la garde, et c'est mon dernier mot là-dessus,
et qu'il faut absolument y revenir plein pot. Moi, j'ai créé un club,
qui s'appelle "Génération France" et dont la question de l'identité
sera un débat majeur.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 16
octobre 2008